Depuis la crise internationale de 2008 et dont les effets négatifs sur l’économie et notamment sur la croissance demeurent un obstacle à la création de nouveaux postes de travail, la lutte contre le chômage est devenue un souci majeur pour les politiciens et les stratèges de l’économie.
Dans les pays en développement, comme l’Algérie, la récession dans les pays occidentaux a des conséquences plus ou moins graves sur l’activité économique et commerciale.
Les politiques de l’emploi se trouvent confrontées à des obstacles : récession, absence ou insuffisance de nouveaux investissements, bureaucratie, déficit en personnel qualifié…
L’économie verte, option de développement peu prospectée, s’impose aux décideurs qui n’ont pas beaucoup de choix comme une alternative intéressante sur un double plan :
• C’est une option de développement qui s’inscrit dans un contexte économique difficile
• C’est une approche qui permet la création de nouveaux postes de travail.
Cette démarche offre des opportunités intéressantes qui peuvent constituer un facteur efficace de lutte contre le chômage des jeunes.
Mais avant d’aborder la question de l’emploi et l’économie verte, il est utile de rappeler les définitions de quelques notions pour mieux placer la notion d’économie verte dans le développent d’un pays et son impact sur le bien – être en général.
A comprendre par économie verte, « une économie qui recouvre l’ensemble des activités économiques liées directement ou indirectement à la protection de l’environnement.
L’économie verte recouvre ainsi la gestion des ressources rares, les énergies renouvelables, le changement climatique, la prévention des risques ou encore la gestion des déchets. » (Dictionnaire de l’environnement).
La première repose sur une analyse des impacts : une activité est considérée comme verte quand elle est moins polluante et moins consommatrice de ressources.
La seconde s’appuie sur sa finalité : une activité est dite verte si elle vise la protection de l’environnement
Le développement durable, en plus d’un souci de préservation de l’environnement et des ressources, intègre des aspects économiques.
Il est défini par la commission Brundtland comme « un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » (l’ONU en 1987).
Nous pouvons donc dire que l’économie verte et le développement durable intègrent une notion supplémentaire à la notion classique de développement en privilégiant le bien- être et la préservation des capacités des générations futures.
Ces choix passent inévitablement par le respect et la protection de l’environnement, et une consommation raisonnable des ressources naturelles.
Les activités à développer touchent l’ensemble des aspects d’une économie, notamment :
• Les énergies renouvelables
• L’agriculture
• Le BTP
• La gestion des déchets
• Le recyclage
• L’industrie agroalimentaire
• La biodiversité
En économie verte, les spécialistes font la distinction entre « les professions vertes », qui sont des métiers liés directement à la protection de l’environnement et « les professions verdissantes » qui nécessitent de nouvelles compétences pour pouvoir s’intégrer dans le processus de l’économie verte.
Les métiers sont multiples et diversifiés et concernent :
• des métiers de base (peu de qualification) comme les ouvriers qualifiés en isolation, agent spécialisé forestier, ouvrier qualifié dans le tri, le traitement et la valorisation des déchets…
• des métiers de niveau intermédiaire : technicien, technicien supérieur : technicien forestier, technicien et TS spécialisés en énergie renouvelable…..
• des métiers qui nécessitent une formation de haut niveau : ingénieur en agriculture, ingénieur bâtiment, architecte, paysagiste, chercheur…
Les métiers qui peuvent être facilement développés dans l’économie algérienne et apporter rapidement un « plus» à l’économie et à l’emploi peuvent concerner :
la protection de l’air, le traitement des eaux usées, le traitement des déchets, la gestion des espaces verts, la protection du patrimoine naturel, le nettoyage de l’espace urbain, dans les travaux d’étanchéité et d’isolation dans les bâtiments, la collecte et la sélection des ordures dans l’agriculture, dans la protection du littoral…
Le terrain est vierge et offre des opportunités intéressantes à condition que la formation et l’encadrement soient efficaces.
Le constat est que les décideurs, les chefs d’entreprises, les organismes spécialisés dans ce domaine éprouvent des difficultés à passer aux mesures concrètes et ont du mal à passer à l’action.
Est-ce que par manque de conviction ou est-ce une question liée à l’insuffisance d’informations sur l’économie verte et son impact sur la création d’emplois ?
Pour convaincre les récalcitrants ou les réticents, citons des exemples concrets :
En Europe et au Canada, l’économie verte est devenue une option dont il faut tenir compte pour relancer l’économie et créer des emplois.
Deux expériences nous montrent l’impact positif des politiques de protection de l’environnement sur l’économie dans son ensemble et sur l’emploi en particulier.
En France, malgré une conjoncture économique défavorable, la création de postes de travail dans les métiers se rapportant aux énergies renouvelables a connu une croissance de + 19% en 2009.
En outre, le secteur de l’économie verte absorbe déjà 4 % des emplois du pays.
Une étude du Boston Consulting Group(2009) prévoit la création d’ici 2020 de plus de 600.000 emplois si, bien sûr, les mesures de Grenelle sont totalement concrétisées.
Un observatoire national des emplois et des métiers de l’économie verte a été créé en 2010 dans le but d’assister les différents intervenants par la fourniture de données statistiques sur les actions entreprises au niveau national, sur les métiers et la formation, de procéder à des diagnostics et de capitaliser les expériences.
Un autre exemple pertinent concerne l’Autriche où un emploi sur 20 est créé dans les métiers de protection de l’environnement. Le chiffre d’affaires dans l’activité « économie verte » évolue annuellement de 7 % ; dans la période actuelle, ce taux est assez significatif.
L’option « économie verte » ne peut évoluer et être bénéfique à l’économie, à l’emploi et à l’amélioration du bien- être, de façon générale, dans l’improvisation et l’imprécision.
Il y a une démarche à suivre basée sur une volonté politique infaillible, des compétences, une politique de communication adéquate, l’implication de la société civile et des collectivités locales, la formation et la sensibilisation.
A ce titre, nous reproduisons quelques recommandations retenues par la conférence « promotion de l’entreprenariat et l’employabilité des jeunes et des femmes dans l’économie verte en Algérie », mars 2012, organisée conjointement par le ministère de l’Industrie et des PME et le GIZ Allemand..
• Concrétiser, d’ici à 2014, l’objectif de création de 200 000 PME dans les activités relatives à la protection de l’environnement, conformément au plan arrêté par le ministère des PME.
• Privilégier les investissements orientés vers l’économie verte
• Intégrer les activités (vertes) dans la nomenclature des dispositifs d’appui à la création de micro- entreprises.
• Promouvoir la formation dans les métiers de l’économie verte Introduction de modules de formation sur l’économie verte
• dans les formations universitaires.
• Elaborer une nomenclature des activités et des postes de travail.
L’approche « création de nouveaux postes de travail par le développement des activités dans le secteur de l’économie verte » est récente mais elle peut être bénéfique et pertinente pour notre pays.
Dans le souci d’ouvrir de nouvelles pistes pour la création d’emplois au profit des jeunes, il est judicieux de faire moins de discours et de philosophie, mais de sélectionner et de programmer des actions, de préciser les responsabilités de chacun, d’arrêter un calendrier et de choisir des indicateurs d’évaluation ; en un mot ,soyons concret.
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