Abderrahmane Mebtoul : “Le retour au FMI est inéluctable vers 2018/2019”
Méditons les instructions de son Excellence Mr le Président de la République afin de mobiliser la population algérienne consciente des enjeux par un discours de vérité : ni sinistrose ni autosatisfaction source de névrose collective : arrêtons ces contres vérités et déclarations démagogiques de certains responsables vivant dans une autre planète, qui ont besoin d’une révolution culturelle, qui font sourire les étrangers
1.-Selon le Centre national de l`informatique et des statistiques des Douanes (CNIS, les résultats globaux obtenus en matière des réalisations des échanges extérieurs de l’Algérie pour la période de l’année 2016 a fait ressortir un déficit de la balance commerciale de 17,84 milliards de dollars US, soit une légère augmentation de 4,8% par rapport à celui enregistré durant l’année 2015.
En termes de couverture des importations par les exportations, les résultats en question, dégagent un taux de 62% en 2016 contre 67% enregistré en 2015. Les importations Algérienne ont diminué de 9,62% par rapport à l’année 2015, passant de 51,7 milliards de dollars US à 46,72 milliards de dollars US. Les exportations ont totalisé en 2016 28,886 milliards de dollars dont les hydrocarbures ont représenté l’essentiel des exportations durant l’année 2016, soit 27,102 milliards de dollars, avec une part de 93,84% du volume global des exportations, et une diminution de 17,12% par rapport à l’année 2015.
Les exportations « hors hydrocarbures », dont 60% de dérivées d’hydrocarbures, sont restées marginales, avec seulement 6,16% du volume global des exportations avec 1,78 milliard de Dollars US avec une diminution de 9,55% par rapport à l’année 2015. Les importations réalisées au cours de l’année 2016 ont été financées par CASH à raison de 59,49%, soit près 27,8 milliards de dollars US, enregistrant ainsi une diminution de 8,63% par rapport à l’année 2015.
Les lignes de crédits ont financé 36,94% du volume global des importations, soit une baisse de 11,36%. Le reste des importations est réalisé par le recours aux autres transferts financiers à raison de 3,57%, soit en valeur absolue de 1,66 milliard de dollars US
2.-Toujours selon le Centre national de l`informatique et des statistiques des Douanes (CNIS), durant les quatre mois de 2017 de janvier à avril, les exportations sont estimées à 11,92 milliards de dollars US contre 8,81 mds usd sur la même période de 2016, soit une hausse de 35,3% correspondant à une augmentation de 3,11 mds usd, et ce grâce au redressement des cours pétroliers qui ont oscillé entre 50 et jusqu’à parfois 55 dollars.
Les exportations des hydrocarbures, ont représenté 94,26% du total avec 11,236 mds usd contre 8,205 mds usd à la même période de 2016, en hausse de près de 37%. Quant aux exportations hors hydrocarbures (5,75% du montant global des. Au rythme actuel du cours entre 50/55 dollars, les exportations devraient clôturer fin 2017 à 35,76 milliards de dollars. Mais ce sont les recettes brutes et pour avoir le profit net il faut soustraire 20% des couts.
Pour les importations de biens non compris les services, elles ont légèrement diminué en s`établissant à 15,42 mds usd en janvier-fin avril 2017 contre 15,44 mds usd en janvier-fin avril 2016, soit un recul de 0,14%. Signalons que les importations ont chuté dans les groupes des biens destinés à l’outil de production à 4,45 mds usd contre 4,84 mds usd (-8,1%) et les biens de consommation non alimentaires à 2,18 mds usd contre 2,63 mds usd (-16,75%). Au rythme actuel elles devraient clôturer fin 2017 à 46 ,26 milliards de dollars contre 46,72 milliards de dollars pour 2016. Les exportations ont assuré la couverture des importations à hauteur de 77% contre 57%. Sur les 15,42 mds usd d`importations enregistrées, des montants de 9,37 mds usd ont été payés par cash (60,7% des importations), soit une hausse de 4,8% des règlements par cash par rapport à la même période de 2016.
Les lignes de crédit ont financé les importations à hauteur de 35,8% pour un montant de 5,52 mds usd (-5,52%).
3.-Certes, le déficit global s’est établi à 3,5 milliards de dollars US entre janvier et avril 2017, contre 6,63 pour la même période de 2016, soit une baisse de 47,2%, mais cette baisse n’est pas du essentiellement à une baisse importante des importations mais grâce à la hausse des prix du pétrole permettant un accroissement relatif des recettes de Sonatrach.
Le paradoxe est que l’on fournit à la presse nationale toujours le niveau de la balance commerciale et jamais celle de la balance des paiements. Or, le document permettant une appréciation objective n’est pas la balance commerciale mais la balance des paiements qui en plus de la valeur des importations de biens, prend en compte les services et les transferts légaux de capitaux. Selon les documents du FMI (fournies par la banque d’Algérie), les sorties de devises des services ont été 10,7 milliards de dollars en 2013, 11,7 en 2014, 11,0 en 2015, 9,9 en 2016 avec une prévision de 10,6 milliards de dollars en 2017. Le rapatriement légal des bénéfices selon les sources du FMI, a été de 8 milliards de dollars en 2013, 8 en 2014, 6,5 en 2015, 3,1 en 2016 et une prévision de 3,7 milliard de dollars en 2017 , prévoyant une moyenne entre 4,5 et 5 milliards de dollars entre 2018/2020.
Dans ce cas au rythme des indicateurs financiers des quatre (04) premiers mois de 2017, en toute hypothèse, les sorties de devises sans compter les transferts légaux de capitaux, clôtureraient fin 2017 à 46,26 milliards de dollars (biens) plus 10,6 milliards de dollars (services) soit 56,86 milliards de dollars et tendant vers 60 milliards de dollars ou plus avec les sorties légaux de capitaux. Ce montant de sorties de devises correspond pour l’équilibre à un baril variant entre 85/88 dollars pour éviter des tensions au niveau de la balance des paiements.
Ce qui fait dire au FMI dans ses derniers rapports que le solde global négatif a été de 5,9 milliards de dollars en 2013, à 27,5 en 2014, 26,0 en 2015, 21,8 en 2016 avec une prévision de 15,6 milliards de dollars en 2017, pour une dette brute extérieure de 3,4 milliards de dollars en 2013, 3,7 en 2014, 3,0 en 2015, 4,4 en 2016 et une prévision pessimistes de 8,2 milliards de dollars en 2017, 11,9 en 2018, 13,8 en 2019 et 15,7 en 2020 (12,5%) du PIB.
4.-Face cette situation qui prélude à d’importantes tensions budgétaires entre 2017/2020, ne devant plus se faire d’illusion d’un cours supérieur à 80 dollars, ( selon le FMI, un cours du baril variant entre 49/52 dollars à prix constants -2017/2020), sous réserve d’une discipline des accords OPEP/non OPEP, il y a pour l’Algérie, urgence de profondes réformes structurelles afin d’engager le pays vers une nouvelle orientation de la politique socio-économique permettant de dynamiser les sections hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales.
Faute de quoi le retour au FMI est inéluctable vers 2018/2019 avec un épuisement progressif des réserves de change qui tiennent actuellement la cotation du dinar officiel, le risque étant 200 dinars un euro et 250/300 dinars sur le marché parallèle.
Comment dès lors financer, sans un endettement extérieur ciblé pour les seuls projets productifs selon leurs programmes rendus publics entre 2017/2022, les 50 milliards de dollars de Sonelgaz, 100 milliards de dollars sur les dix prochaines années, ( en déficit structurel) supposant la garantie de l’Etat et les 100 milliards de dollars de Sonatrach,( seule société présentant des garanties) soit 30 dollars dollar/an , sans compter les autres secteurs , alors que les recettes de Sonatrach fluctueront entre 30/32 milliards de dollars/an ( hypothèse d’un cours entre 50/55 dollars) et des réserves de change établies à 109 milliards de dollars en février 2017 ?
Méditons les instructions de son Excellence Mr le Président de la République afin de mobiliser la population algérienne consciente des enjeux par un discours de vérité : ni sinistrose ni autosatisfaction source de névrose collective : arrêtons ces contre-vérités et déclarations démagogiques de certains responsables surtout dans des rencontres internationales, qui ont besoin d’une révolution culturelle, qui font sourire les étrangers où leur politique conduit le pays droit au mur «: l’Algérie sera un des plus grand pôle industriel en Afrique » grâce au ciment, le fer et le montage des voitures, sans vision stratégique au sein des filières internationalisées en perpétuelle mutation grâce à l’innovation permanente ( la destruction créatrice pour reprendre le grand économiste Joseph Schumpeter) nous faisant penser à ce slogan utopique des années 1970, l’Algérie sera le Japon de l’Afrique en 1980.
Or le monde est à l’aube de la quatrième révolution industrielle fondée sur la bonne gouvernance (bonne gestion et surtout la moralité ) et comme vient de le souligner avec force le Président de la république le 20 mai 2017, la ressource humaine,, richesse plus importante que toutes les ressources naturelles : une Nation sans son élite est un corps sans âme. ademmebtoul@gmail.com <mailto:ademmebtoul@gmail.com> –
Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités, expert international
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