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  • Dérapage du dinar, financement non conventionnel et tensions budgétaires

    Dérapage du dinar, financement non conventionnel et tensions budgétaires

    Par Dr Abderrahmane MEBTOUL, Professeur des Universités, expert international

    Cette contribution est une brève note sur le dérapage du dinar, le niveau des réserves de change  et la problématique du déficit budgétaire  

    1.-Le Ministère des finances  annonce que les  recettes de la fiscalité pétrolière effectivement réalisées sur les 7 premiers mois de 2017 ont enregistré une hausse de 25,03% par rapport à la même période de 2016, tandis que le déficit du Trésor a reculé de plus de 65%. Entre janvier et fin juillet 2017, les recettes fiscales pétrolières recouvrées ont augmenté à 1.275,05 milliards de dinars (mds DA) contre 1.019,8 mds DA sur la même période de 2016. Mais le Ministère des finances  ne  précise les causes. Selon nos calculs, cette hausse  est due essentiellement  à des facteurs exogènes indépendants  de la gestion interne,  de  19% à la hausse du cours du pétrole sur le marché international, les quantités exportables ayant peu évoluées  et 6% au dérapage du dinar    par rapport au dollar. Rappelons que pour  la loi de finances 2018 nous avons globalement 80 milliards de dollars de dépenses et  60 milliards de dollars de recettes soit un besoin de financement d’environ 20 milliards de dollars.  L’accroissement  d’un dollar en moyenne annuelle permet un gain d’environ 500 millions de dollars. Sous l’hypothèse d’une stabilisation de la production , pour 2018 , à  un cours moyen de 60 dollars cela permettra d’avoir un excédent par rapport à la loi de finances établie à 50 dollars  de 5 milliards de dollars et à un cours prévu par le FMI de 55 dollars   trois milliards de dollars.

    Le ministre des finances  a indiqué que les besoins en matière de financement non conventionnel sont estimés à 570 milliards de dinars en 2017 et devraient augmenter à 1815 milliards de dinars, 181.500 milliards de centimes en 2018 soit uniquement  pour 2018 l’équivalent au cours de 115 dinars un dollar   de près de 16 milliards de dollars.

    Le déficit global du Trésor s’élèvera ainsi à près de 9% du Produit intérieur brut devant trouver l’équivalent de 20 milliards de dollars,  déficit qui sera couvert par la planche à billet. Cette masse monétaire injectée ira t-le aux segments productifs ou aux segments sans contre parties  productives? Pour le  recouvrement de la fiscalité,  le Ministère des finances dans une déclaration le 06 septembre 2017  la dette fiscale s’élevait à environ 3500 milliards de dinars en 2015, alors que les restes à recouvrer par l’administration fiscale au titre des amendes judiciaires avoisinaient les 7500 mds DA. Précisément,  le reste à recouvrer (RAR) de la fiscalité avait  atteint   10982 milliards de dinars, pour  soit l’équivalent de plus de 100 milliards de dollars au cours de l’époque. Les régions qui échappent largement au fisc, étaient  la willaya d’Oran avec plus de 5800 milliards de dinars, suivie par Constantine avec 1742 milliards DA et  Alger  avec plus de 1066 milliards de dinars. Par catégorie,  la valeur ajoutée (TVA) représente  1293 milliards ne sont pas récupérés  suivie de l’impôt sur le revenu global, (IRG) 674 milliards de Da et la taxe sur l’activité professionnelle  500 milliards de dinars,  les sommes non recouvrées les plus importantes étant  les amendes judiciaires d’environ  7522 milliards de dinars. Pour le premier Ministre Ahmed OUYAHIA dans une déclaration du  20 septembre 2017,  la vrai valeur de la fiscalité non recouvrée  était de 2500 milliards de dinars,   affirmant qu’un nombre de dossiers étaient au niveau du tribunal administratif et d’autres sont en cours de récupération à travers les démarches du ministère des Finances. Et cela, sans compter les déficits structurels de certaines entreprises publiques dont le montant des assainissements a largement dépassé les 70 milliards de dollars entre 1992/2016 où comme Air Algérie la solution de facilité est d’envisager ‘augmenter les tarifs  alors que les compagnies étrangères les baissent.

    2.– Quelle a été  l’évolution de la cotation du dinar algérien de 1970 à 2017 ?

    1970 : 4,94 dinars un dollar
    1980 : 5,03 dinars un dollar
    1985 : 5,03 dinars un dollar
    1989 : 8,03 dinars un dollar
    1990 : 12,02 dinars un dollar
    1991 : 18,05 dinars un dollar
    1994 : 36,32 dinars un dollar
    1995 : 47,68 dinars un dollar 

    1996 : 54,74 dinars un dollar
    1997 : 57,71 dinars un dollar
    1998 : 58,76 dinars un dollar
    1999 : 66,64 dinars un dollar


    2001…69,20 dinars un euro 77,26 dinars un dollar
    2002…75,35 dinars un euro -69,20 dinars un dollar
    2003…87,46 dinars un euro 77,36 dinars un dollar
    2004…89,64 dinars un euro 72,06 dinars un dollar
    2005…91,32 dinars un euro 73,36 dinars un dollar
    2006…91,24 dinars un euro 72,64 dinars un dollar
    2007…95,00 dinars un euro 69,36 dinars un dollar
    2008…94,85 dinars un euro 64,58 dinars un dollar
    2009..101,29 dinars un euro 72,64 dinars un dollar
    2010..103,49 dinars un euro 74,31 dinars un dollar
    2011..102,21 dinars un euro 72,85 dinars un dollar
    2012..102,16 dinars un euro 77,55 dinars un dollar
    2013..105,43 dinars un euro 79,38 dinars un dollar
    2014..106,70 dinars un euro 80,06 dinars un dollar
    2015..108,60 dinars un euro 99,50 dinars un dollar
    2016 .
    120,70.dinars un eur 108,47 dinars un dollar

    2017- 11 décembre ………..-115,48 dinars un dollar et   135,84 dinars un euro. 

    Selon la banque d’Algérie «le taux de change du dinar vis-à-vis des principales devises est déterminé de manière flexible sur le marché interbancaire des changes, en fonction des conditions de l’offre et de la demande » et de préciser que «la valeur externe du dinar est fixée au taux du marché interbancaire des changes où la dépréciation de la valeur du dinar, par rapport à l’euro et le dollar, est le résultat du différentiel entre le taux d’inflation enregistré en Algérie et celui constaté dans le reste du monde». Or paradoxe le taux d’inflation dans les pays développés entre 2013/2017 est inférieur à ½%, le dérapage du dinar continue et les produits importés ne connaissent pas de baisses sensibles.  Or, dans une économie productive structurée, la dévaluation ou le dérapage du dinar favorise les exportations – entendu hors hydrocarbures et freine les importations, en Algérie c’est tout le contraire qui s‘est produit montrant que les mesures monétaires sans vision stratégique n’ont pas d’impacts. Tout cela renvoie à la nature de l’économie rentière et à la faiblesse d’un tissu productif local, la rente des hydrocarbures donnant une cotation officielle artificielle. L’Etat dérape (la Banque d’Algérie parle de glissement) le dinar pour voiler l’importance du déficit budgétaire, biaisant les comptes publics. On voit que lorsque le cours du dollar baisse et le cours de l’euro hausse, la Banque d’Algérie dévalue, pour des raisons politiques à la fois le dinar par rapport tant au dollar que de l’euro alors que le dinar, dans une véritable économie de marché, le dinar devrait s’apprécier par rapport à la monnaie internationale qui se déprécie. Pourquoi cet artifice comptable ? La raison essentielle est qu’en dévaluant le dinar par rapport au dollar, nous aurons une augmentation artificielle de la fiscalité des hydrocarbures, et la fiscalité ordinaire à travers la taxe des produits importés, sachant que les besoins des entreprises publiques et privées dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15% sont importés :. Car les recettes des hydrocarbures sont reconverties en dinars, passant, par exemple, de 75 DA un dollar à 115 dinars un dollar. Idem pour les importations libellées en monnaie étrangère, les taxes douanières se calculant sur la partie en dinars, cette dévaluation accélérant l’inflation intérieure. Tout cela voile l’efficacité réelle du budget de l’Etat à travers la dépense publique, et avait gonflé par le passé  artificiellement le fonds de régulation des recettes calculé en dinars qui s’est épuisé fin 2017. L’inflation étant la résultante, cela renforce la défiance vis-à-vis du dinar où le cours officiel se trouve déconnecté par rapport au cours du marché parallèle traduisant le cours réel du marché. Cela ne peut que conduire à terme à accélérer le processus inflationniste.  La valeur de la monnaie, rapport social, traduit avant tout la faiblesse de la production et de la productivité interne, corrélée en Algérie à 70% aux réserves de change qui eux mêmes proviennent de la rente des hydrocarbures. Le niveau d’inflation ne peut être compris qu’en analysant d’abord la productivité du travail et les liens dialectiques entre le développement, la répartition du revenu et le modèle de consommation par couches sociales. Celui qui perçoit 200 euros par mois n’a pas la même perception de l’inflation que celui qui perçoit 30 000 euros Sixièmement. Selon un rapport de l’OCDE, la productivité du travail en Algérie est une des plus faibles dans le Bassin méditerranéen. Pour se prémunir contre l’inflation, et, donc, la détérioration du dinar, l’Algérien ne place pas seulement ses actifs dans le foncier, l’immobilier ou l’or, mais une partie de l’épargne est placée dans les devises. C’est un choix de sécurité dans un pays, où l’évolution des prix pétroliers est décisive.

    3.-En Algérie malgré cette dévaluation qui ne dit pas son nom, certaines règles juridiques comme celle des 49/51% généralisée vivant de l’illusion de l’aisance financière, non adaptée à la conjoncture actuelle où le passage du Remdoc au Credoc et actuellement certaines mesures techniques ne font que s’attaquer à des aspects conjoncturels alors que le blocage est d’ordre systémique, impliquant une nette volonté politique de profondes réformes structurelles. Avec la tendance à la diminution des réserves de change, il sera impossible de continuer à verser des salaires sans contreparties productives, et consacrer le montant faramineux de subventions et transferts sociaux, non ciblés qui ne s’adressent pas essentiellement aux plus démunis,  quitte à conduire le pays au suicide collectif.  Si les réserves de change tendaient vers 10/20 milliards de dollars, la banque d’Algérie coterait le dinar à plus de 200 dinars un euro. Ce qui explique que les actions d’intégration du capital argent de la sphère informelle au sein de la sphère réelle auront certainement un impact très mitigé. Par ailleurs, la différence de la valeur du dinar entre le cours officiel et celui du marché parallèle et la distorsion avec les cotations des monnaies de pays voisins expliquent également les fuites de produits hors des frontières. Les mesures administratives ne peuvent qu’être ponctuelles, sinon il faudrait une armée de contrôleurs.  Aussi, il s’agit d’éviter de fausses solutions à des problèmes mal posés. La solution réside en de nouveaux mécanismes de régulation conditionnant la dynamisation de la production locale dans des segments à valeur ajoutée au sein de filières internationalisées ainsi que des mécanismes de contrôle démocratiques reposant sur une plus grande moralité de ceux qui dirigent la cité. Cela rend urgent l’approfondissement de la réforme globale, notamment réhabiliter l’entreprise et son fondement le savoir, la réforme du système financier de distribution de la rente, inséré aux réseaux internationaux, actuellement de simples guichets administratifs, où les banques publiques contrôlent plus de 85 % du crédit octroyé, les banques privées malgré leur nombre étant marginales.  Des partenariats gagnant/gagnant pour pénétrer les marchés internationaux sont nécessaires notamment en direction de l’Afrique, continent d’avenir et à enjeux multiples, où l’Algérie peut avoir des avantages comparatifs. L’Algérie avec l’amenuisement de ses recettes d’hydrocarbures peut-elle continuer à généraliser ces taux d’intérêt bonifiés au profit de jeunes dont la majorité n’a pas la capacité d’être entrepreneurs et qui ne pourront pas rembourser même le principal ? Un bilan des avantages et des résultats des bénéficiaires des différentes agences d’investissement (exonération TVA, taux d’intérêt bonifiés) devient urgent afin d’éviter de dépenser sans compter pour une paix sociale fictive grâce, toujours, à une rente des hydrocarbures éphémère, laquelle, si elle est bien utilisée, devient une bénédiction, mais mal utilisée, elle est, par contre, une malédiction, source de corruption et de gaspillage. Toutefois évitons la sinistrose.  La situation est différente de la crise de 1986 avec le niveau relativement élevé des réserves officielles de change, bien qu’en baisse et le niveau historiquement bas de la dette extérieure pouvant surmonter les «chocs» externes, mais transitoirement , sous réserve d’une nouvelle gouvernance centrale et locale et d’une réorientation urgente de toute la politique socio-économique actuelle. Le cas contraire,  les réserves de change horizon 2020 tendront vers zéro  avec  un retour au FMI  et des conditionnalités draconiennes et une dévaluation importante du dinar entraînant la hausse des taux d’intérêts des banques si elles veulent éviter leurs faillites.

    4.En résumé, les  réserves de change étaient   estimées à 56 milliards de dollars en 2005, 77,78 milliards en 2006, 110  milliards en 2007 à 138,35 milliards de dollars en 2008, à 147,2 milliards en 2009, à 157 milliards de dollars fin 2010 , 188,8 milliards de dollars en 2011, 190, 66 en 2012, 194 milliards de dollars en 2013, 179,9 milliards de dollars en 2014, 114 milliards de dollars fin 2016 et à 100 milliards de dollars en novembre 2017, le niveau entre 2018/2020  , dépendant fondamentalement  de l’évolution du cours des hydrocarbures, les sections hors rente embryonnaires, dépendant  des réformes structurelles. En effet,   les recettes en devises   directement et indirectement avec les dérivées  à plus de 98%, proviennent des exportations d’hydrocarbures, les exportations  hors hydrocarbures non compris les dérivées d’hydrocarbures sont en fluctuent entre 300/ 500 millions de dollars. Le taux de croissance en 2018  via la dépense publique, principal moteur de l’économie  en  baisse selon le FMI, taux qui  devrait être inférieur à 1%  inférieur  au taux de croissance démographique  et donc  le taux d’emploi avec un taux de chomage selon le FMI dépassant les 13% ainsi que les subventions généralisées non ciblées qui permettent d’amortir  le taux d’inflation entre 6/7% en 2017, ainsi que le montant des réserves de change  qui conditionnent la valeur officielle du dinar  à plus de 70% , sont permis en grande partie à Sonatrach. Car l’économie algérienne  est dominée par la sphère informelle et   le tissu productif public/privé est embryonnaire 95/97% de PMI/PME peu innovantes.. Le financement non conventionnel, outre qu’il contribuera par le biais de l’octroi de crédits   à accroître les importations avec le risque  de réduire les réserves de change et  non maîtrisée,  pouvant   accélérer  le processus inflationniste qui jouera comme une épargne forcée au détriment des revenus fixes, et donc  étant impôt indirect.  En ce mois de décembre 2017, Sonatrach c’est l’Algérie et l’Algérie c’est  Sonatrach. Le temps en économie ne se rattrapant jamais, face à cette mondialisation irréversible, cela pose l’urgence, étant une question de sécurité nationale, de profondes réformes structurelles, supposant un consensus national,  afin de dynamiser les sections hors rente dans le cadre des valeurs internationalesL’optimisme béat de certains responsables inconscients de la gravité de la situation socio-économique, qui risque de déstabiliser le pays à terme, n’inaugurent rien de bon nous faisant penser aux pronostics faux des anciens dirigeants des années 1986, pensant que des solutions monétaires, schémas importés, peuvent résoudre les problèmes du fonctionnement de la société. En fait, il faut recadrer le débat, et par un langage de vérité, s’attaquer à l’essence et non aux apparences.

     ademmebtoul@gmail.com 

     

  • Quelles perspectives pour la réunion de l’OPEP à Vienne,  le 30 novembre 2017 ?

    Quelles perspectives pour la réunion de l’OPEP à Vienne,  le 30 novembre 2017 ?

     

    Par le Pr Abderhamane Mebtoul

    La cotation du Brent  avant la réunion de Vienne le 30 novembre 2017, accord qui sera reconduit,  est  dans la matinée  à  62,91 dollars et  57,92 dollars   pour le WIT et pour le gaz naturel de 2,93 dollars le MBTU en net  recul  alors qu’il représente un tiers des recettes de Sonatrach. Evitons l’euphorie, comme je viens de le démontrer dans une contribution internationale (1) la cotation  à  plus de 60 dollars pour le pétrole,  s’explique par le fait que le monde entre  dans l’hiver, les tensions en Irak, la baisse  relative du cours du dollar  par rapport à l’euro une timide relance  de la croissance de l’économie mondiale,  les tensions en Irak où la zone kurde produit environ 500.000 barils jour , les tensions politiques internes  en Arabie Saoudite, la déclaration du président américain vis-à-vis de l’ Accord  avec l’Iran  des  tensions géopolitiques Iran Arabie Saoudite ,  des déclarations rassurantes du respect de l’accord  de Vienne par deux grands producteurs  la Russie et l’Arabie saoudite, et enfin un  fait oublié la cession de 5% du géant pétrolier  l’Aramco  courant 2018 par l’Arabie Saoudite espérant faire grimper l’action.

    1.-Les déterminants du cours du pétrole

    Je recense huit   facteurs déterminants du cours du pétrolé devant se méfier des conjonctures  lais toujours raisonner à moyen et long terme afin d ‘éviter des surprises surtout pour des pays  rentiers.

    Premièrement, l’élément central de la détermination du prix du pétrole  est la croissance de l’économie mondiale et notamment  de la Chine et notamment sa structure énergétique 2020/2030 et les facteurs géostratégiques.

     Deuxièmement, du côté de l’offre, nous assistons à une hausse plus rapide que prévue de la production de pétrole (non conventionnel) des USA qui bouleverse toute la carte énergique mondiale. Durant le premier semestre 2017 la production de brut a nettement augmenté de 79.000 barils par jour, et dépasserait  globalement   9,5 millions de barils par jour.

    Troisièmement, les rivalités au niveau de l’OPEP dont certains ne respectent pas les quotas. L’Arabie Saoudite est le seul pays producteur au monde actuellement qui est en mesure de peser sur l’offre mondiale, et donc sur les prix, tout dépendant d’une entente entre les USA, (ces derniers n’étant pas concernés par les  accords OPEP/non OPEP),  et l’Arabie Saoudite pour déterminer le prix plancher.

    Quatrièmement,  tout concourt ainsi à un soutien mesuré  de la Russie à un accord de régulation des prix. Récemment, la Russie a accru sa production, et ouvert de nouveaux gisements en Sibérie ou dans l’Arctique, témoignant d’une stratégie agressive. L’Algérie doit être attentive à la stratégie gazière mondiale. En effet, les  recettes de Sonatrach sont représentées  pour un tiers du gaz naturel et du GNL.

    Cinquièmement, du retour sur le marché de la Libye  pouvant aller facilement vers 2 millions de barils/jour, de l’Irak avec 3,7 millions de barils jour (réservoir mondial à un coût de production inférieur à 20% par rapport à ses concurrents) pouvant aller vers plus de 6/7 millions/jour. Et surtout l’Iran après les accords sur le nucléaire  ayant  des réserves de 160 milliards de barils de pétrole lui permettant facilement d’exporter entre 5/6 millions de barils jour et le deuxième réservoir de gaz traditionnel avec plus de 34.000 milliards de mètres cubes gazeux.

    Sixièmement, les nouvelles découvertes dans le monde notamment en offshore notamment en Méditerranée orientale (20.000 milliards de mètres cubes gazeux expliquant en partie les tensions au niveau de cette région) et en Afrique dont le Mozambique qui pourrait être le troisième réservoir d’or noir en Afrique et les nouvelles technologies permettent l’exploitation et la réduction des couts des gisements marginaux de gaz et pétrole de schiste.

    Septièmement, les USA/Europe qui représentent actuellement plus de 40% du PIB mondial pour une population inférieure à un milliard d’habitants poussent à l’efficacité énergétique avec une prévision de réduction de 30%  et l’urgence d’aller vers   la transition énergétique afin de luter contre le réchauffement climatique car si les chinois,  les indiens et les africains avaient le même modèle de consommation énergétique que les USA et l’Europe  il faudrait cinq  fois la planète actuelle La Chine selon l’agence Reuters de septembre 2017, vient de faire savoir qu’elle réduira de 50% son parc de voitures fonctionnant au gasoil et à l’essence  horizon 2020.  La stratégie mondiale devrait reposer sur des efforts de limitation du recours aux énergies fossiles, le monde s’orientant  vers un Mix énergétique, l’énergie de l’avenir  horizon 2030/2040 étant l’hydrogène où la recherche développement connait un réel  essor.

    Huitièmement, l’évolution des cotations du dollar et l’euro, toute hausse du dollar, bien que n’existant pas de corrélation linéaire, pouvant entraîner une baisse du prix du baril, ainsi que les  stocks américains et souvent oubliés les stocks chinois.

    2.- L’OPEP face aux accords de Vienne

    L’Arabe Saoudite représente plus de 33% de la part de la production de l’OPEP. Les pays du Golfe représentent à eux seuls 60% de cette production. Pour les pays hors OPEP, le producteur traditionnel le plus important reste la Russie. L’engagement correspondant  à l’effort envisagé lors de la réunion d’Alger de septembre 2016   a permis  la remontée des cours du pétrole entre une fourchette fluctuant entre 55/60 dollars le baril. Suite aux travaux du  comité de haut niveau, qui a permis d’aplanir les tensions notamment entre l’Arabie Saoudite et l’Iran,  la dernière  réunion à Vienne de décembre 2016 , a permis  aux  pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole  et certains pays non OPEP  de parvenir à un accord de réduction  et ce pour la première fois depuis 2008, et qui devrait réduire l’offre de pétrole de 1,8 millions de barils/jour. L’accord des pays non-OPEP s’applique, comme celui de l’OPEP, à partir du 1er janvier 2017 pour 6 mois, avec des  prolongations possibles à chaque fois  de 6 mois supplémentaires selon l’état du marché. Les limites de production prévues par l’accord touchent 11 des 14 pays membres de l’OPEP. L’essentiel de l’accord du 30 novembre est porté par les plus gros producteurs du cartel : Arabie Saoudite, l’Irak, Émirats arabes unis, Koweït, tandis qu’Iran, Nigeria et Libye en ont été exemptés. Le Nigeria avait annoncé fin  février 2017 un accroissement de sa production  de plus de 300.000 barils jour entre 2017/2018 sans compter le retour de la Libye qui peut exporter entre 1,5 et 2 millions de barils jour. Or, à la dernière réunion de l’OPEP, la Russie qui produit plus de 10 millions barils/jour a demandé que ces pays participent à l’effort de réduction pour stabiliser le marché.  Rappelons que l’Iran a bénéficié de la référence la plus favorable  avec un volume de 3,97 Mb/j retenu (contre un niveau de 3,69 Mb/j, bien que  l’Iran souhaite que sa production remonte à 4,2 Mb/j. L’Iran et l’Irak pourraient être tentés de dépasser leurs quotas s’ils disposent d’excédents. L’Arabie saoudite  premier exportateur mondial de pétrole, a accepté de ramener sa production à 10,06 millions de barils par jour (bpj) et donc de  réduire sa production de 500 000 barils. Les pays non OPEP  ont convenu d’une  réduction de 558.000 barils/j qui   s’ajoute à la réduction de 1,2 million de bpj des pays OPEP soit près  de 1,8 million de b/j. Pour les non OPEP,  la Russie  est le plus important de ces contributeurs avec une réduction de  300 000 bpj. Les autres pays devant participer à l’effort seront le Mexique, le Kazakhstan, la Malaisie, Oman, l’Azerbaïdjan, Bahreïn, la Guinée équatoriale, le Soudan du Sud, le Soudan et Bruneï.

    3.- Le niveau de réduction des pays OPEP/non OPEP

    Les pays membres de l’Opep sont  tombés d’accord, mercredi 30 novembre  2016 , sur une baisse de la production de pétrole lors devant  être ramenée de 33,6 millions de barils par jour à 32,5 millions/jour. Selon l’Accord de Vienne la répartition des quotas de l’Opep est la suivante :

    – L’Arabie saoudite  premier exportateur mondial de pétrole, a accepté de ramener sa production à 10,06 millions de barils par jour (bpj) et donc de  réduire sa production de 500.000 barils/jour.

    – l’Iran a bénéficié de la référence la plus favorable  avec un volume de 3,97 Mb/j retenu (contre un niveau de 3,69 Mb/j,

    -l’Algérie, dispose d’un quota de 1,089 million de barils jour, avec une réduction de 50.000 barils / jour son quota passe à   1,039 million   barils/j,

    -l’Angola passant de 1,751 million barils/jour à 1,679 barils/j, – l’Arabie Saoudite passant de 10, 544 million  barils/j à 10,058 barils/j,

    les Emiraties Arabes Unies passant de 3,013 barils/j à 2,874 barils/jour,

    l’Equateur passant de 548.000 barils jour à 522.000 barils/j,

    -le Gabon de 202.000 barils jour à 193.000 barils/jour,

    -l’Iran de 3,975 millions barils/jour à 3,797 millions barils/j,

    -l’Irak  de 4,561 millions barils/j à 4,351 millions barils/j,

    -le Koweït  de 2,838 millions barils/j à 2, 707 millions barils/j,

    -le Qatar (pays essentiellement gazier  3ème réserve mondiale de gaz traditionnel après la Russie et l’Iran   avec entre 15 à 17.000 milliards de mètres cubes gazeux), 648.000 barils/j à 618.000 barils/j,

    -le Venezuela, paradoxe le premier réservoir de pétrole mondial avant l’Arabie Saoudite mais un pétrole lourd actuellement en semi-faillite, de 2,067 millions de barils/j à 1,972 millions de barils jour.

    Les  autres pays hors OPEP concernés par l’accord conclu sont :

    -la Russie 300.000 barils jour de réduction dont la production russe de pétrole

    -le Mexique (2,1 Mb/j en octobre/novembre 2016)

    le Kazakhstan (1,7 Mb/j) ;

    Oman (1 Mb/j) ;

    -l’Azerbaïdjan (0,8 Mb/j) ;

    -la Malaisie (0,7 Mb/j) ;

    -la Guinée équatoriale (0,2 Mb/j),

    -le Soudan du Sud (0,1 Mb/j) ;

    -le Soudan (0,1 Mb/j) ;

    -le Brunei (0,1 Mb/j).

    Dans les faits, l’essentiel de cette baisse est assuré par les deux plus grands producteurs de ce groupe hétérogène : la Russie (- 0,3 Mb/j) et le Mexique (- 0,1 Mb/j).

    3- Quelles perspectives ?

    Selon l’OPEP la différence entre 102 dollars et 45 dollars  depuis juin  2014  a occasionné une perte de 1.000 milliards de dollars en termes de revenus et 1.000 milliards de dollars en termes de pertes d’investissement. A un cours de 55 dollars la réduction occasionne  une perte de 3780 millions de barils/an et environ 219 milliards de dollars pour les pays de l’OPEP. Une étude de l’OPEP montre en moyenne que la rentabilité pour bon nombre pays OPEP  pour équilibrer leur budget, le prix  qui couvre les frais et une marge de profit raisonnable,  doit se situer à 60 dollars. Pour l’Algérie la rentabilité des gisements marginaux se situe à un prix  supérieur à 60 dollars, les gisements moyens entre 40/50 dollars et les  grands gisements  entre 30/40 dollars le baril. Mais bon nombre d’experts  s’interrogent  sur la tentation pour les producteurs de «maquiller» des déclins naturels, liés à l’épuisement de certains gisements et déjà intégrés aux prévisions, afin de les faire passer pour des réductions volontaires. L’OPEP bien que représentant  les plus grandes réserves mondiales, n’a plus le même impact sur le marché que dans les  années 70.  Avant de décider d’une réduction de la production de 1,2 millions barils/ jour, celle-ci représentait seulement 33% de la production mondiale commercialisée mondiale, les 67% restants se faisant hors OPEP. Un redressement des cours du baril à 55/60  dollars et plus sera    fonction de la croissance de l’économie mondiale, sans préjuger du risque d’un accroissement de  l’offre. Car,  depuis la hausse du prix, il y a une entrée massive du pétrole gaz de schiste américain dont les coûts de production ont baissé depuis trois années de 40 à 50% grâce aux nouvelles technologies étant rentables pour  les  grands gisements  à 30 dollars, pour  les gisements moyens  à 40 dollars et pour les gisements marginaux entre 50/60 dollars. Selon l’agence Bloomberg  en date de février 2017,  les  producteurs de pétrole non conventionnel ont réalisé d’énormes efforts pour réduire leurs seuils de rentabilité, gagnant  de l’argent avec un baril autour entre 40/ 50 dollars, alors qu’il fallait au moins 70 à 80 dollars, il y a encore deux ans et à 30 dollars dans certains comtés du Texas où les investissements devraient ainsi augmenter de 30 % dans le secteur en 2017. Chef de file du cartel, l’Arabie Saoudite avait longtemps soutenu une politique de prix bas, espérant évincer les concurrents de l’OPEP, notamment les producteurs de pétrole de schiste américains. Mais la chute des cours avait fini par affecter son économie, l’incitant à changer de stratégie. Mais, en plus des stocks américains qui ont atteint un niveau record, d’une croissance de l’économie mondiale molle, notamment de la Chine,  qui tire la demande, un prix supérieur à 60 dollars rendrait les gisements marginaux américains rentables, accroissant l’offre pouvant dès alors aboutir à un prix bas en raison de la surabondance de l’offre. D’où cette proposition de l’Arabie Saoudite d’avoir un prix d’équilibre qui tourne autour de 55/60 dollars le baril devant concilier les intérêts des producteurs et des consommateurs et surtout afin de faire face à la concurrence américaine.

    4.-En résumé, selon nos informations internationales, l’accord sera certainement reconduit. Le rapport offre/ demande à court terme, la structuration de la croissance de l’économie mondiale  et la nouvelle configuration énergétique mondiale qui se dessinent 2017/2030, avec de nouvelles énergies alternatives concurrentes, seront à l’avenir les déterminants tant du cours du pétrole que celui du gaz naturel. Devant éviter de raisonner en termes de modèle de consommation énergétique linéaire, nous devrions assister à une transition énergétique fondée sur l’efficacité énergétique, et les énergies renouvelables qui devraient connaitre un grand essor selon le dernier rapport  de l’AIE avec des réductions des couts prévus de plus de 60%. Pour l’Algérie l’énergie étant au coeur du développement et de la sécurité nationale, dont 98 % des recettes en devises proviennent directement et indirectement,  des hydrocarbures et de leurs dérivées,   elle se doit d’être attentive à l’évolution des cours du pétrole mais également  du gaz représentant  33% des recettes de Sonatrach et surtout d’avoir une vision claire de la transition énergétique mondiale ayant des avantages comparatifs importants pour impulser les énergies renouvelables, tout ne négligeant pas les autres énergies.

    Pr A.M, Professeur des Universités, expert international directeur d’Etudes Ministère Energie/Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000/2007

    ademmebtoul@gmail.com

    (1)

    -Site international Mena/Forum diffusion mondiale à partir  de Bruxelles /Londres –« The Vienna agreement and the Oil / Natural Gas 2017 / 2030 prospects » by Dr A. Mebtoul | Oct 29, 2017 | Oil and GasOil priceOPEC

     

  • Dr Abderrahmane Mebtoul  « On ne gouverne pas par la peur »

    Dr Abderrahmane Mebtoul « On ne gouverne pas par la peur »

    Face aux tensions budgétaires,  les dernières données du DG du trésor  le 03 octobre 2017 contredisent  la sinistrose généralisée que l’on a propagée sur la situation financière du pays, ayant eu un impact négatif  tant au niveau national qu’international, le déficit du Trésor public s’étant  établi à 287,32 milliards de dinars à la fin mai 2017 contre 1.783,13 milliards à la même période de 2016, soit une baisse de 84%(source APS) .

    La déclaration du conseil des ministres en date du 04 octobre 2017, un discours apaisé,  contraste avec les déclarations alarmistes propagées ces dernières semaines qui ont fait un dégât social. Certains méconnaissent la  réalité du corps social  de 2017 composé à) plus de 70% de jeunes n’ayant pas connu la la période tragique 1991/1997,  qui  selon nos enquêtes ont rejeté ce discours, pouvant avoir l’effet inverse ce qui est recherché accroissant les tensions sociales,  je  les cite «  ces discours ne nous font  pas peur ».

    On ne gouverne pas par la peur mais par la bonne gouvernance et le dialogue productif permanent.   Mais l’on doit être réaliste ,   la distribution de revenus sans contre parties productives et la non vision stratégique étant à l’aube de la quatrième révolution économique et sociale mondiale ont  des incidences négatives, politiques et sociales et géostratégique du fait de la position névralgique de l’Algérie au niveau du bassin méditerranéen et de l’Afrique.

    1.-Selon  le communiqué du conseil des ministres, -adoption de l’avant projet de loi de finances 2018,  le projet affiche 6521 milliards DA  en recettes et près de 8628 milliards DA en dépenses  une différence de  20 milliards de dollars, le déficit global du Trésor s’élevant  ainsi à près de 9% du Produit intérieur brut contre plus de 14% pour l’exercice 2016 , un  déficit qui sera couvert par le financement non conventionnel c’est-à-dire  la    planche à billet. Le budget de fonctionnement s’élèvera à 4584 milliards DA  en baisse de 7 milliards DA par rapport à 2016 et pour le budget d’équipement,  les crédits de paiements inscrits  s’élèvent à 4043 milliards DA contre 2291 milliards DA pour 2016,   contenant une provision de 400 milliards DA pour le remboursement des entreprises locales et étrangères qui détiennent des créances sur l’Etat et ses démembrements.

    Le budget prévoit 1760 milliards de DA alloués aux transferts sociaux, montant en hausse de près de 8% par rapport à 2017, et qui est destiné notamment, aux soutiens aux familles, à l’habitat, à la santé, ainsi qu’aux subventions des prix des produits de première nécessité, à savoir les céréales, le lait, le sucre, et les huiles alimentaires.

    Le recul du cours du pétrole depuis le deuxième trimestre 2014 a fortement impacté les recettes de la fiscalité pétrolière bien que l’on ait  artificiellement gonflé  par une dévaluation rampante du dinar comme l’on a gonflé artificiellement la fiscalité ordinaire, les importations en euros,  par la dévaluation du dinar par rapport  à l’euroDurant le premier trimestre 2017, le taux de croissance est en baisse de 3,7% par rapport à la même période de 2016 qui était de 3,9%, tiré essentiellement du secteur des hydrocarbures dont le taux de croissance  est passé de 2,6% en 2016 à 7,1%  durant le premier trimestre 2017 grâce essentiellement à la hausse des prix facteurs exogènes.

    Le taux de croissance hors hydrocarbures a baissé  passant pour la même période de 4,0% à 2,6% .Le  dollar était coté » 77,55 dollars en 2012 (officiel ) il est coté le 04 octobre 2017 à plus de 113 dollars   et l’euro était coté à 102,95 dinars pour la même période  dépassant  133 dollars. Les réserves de change  était au 01 janvier 2014 pus de 194 milliards de dollars  sont de 102 milliards de dollars début septembre 2017 et termineront certainement moins de 97 milliards de dollars  fin 2017.

    Sur le marché parallèle après les discours de sinistrose  « faillite de l’Algérie » ,  le cours en une année est passé de 180 dinars un euro début 2016   à   198/200 dinars un euro mi septembre 2016 avec une poussé inflationniste sans précédent  pour les produits de première nécessité non  subventionnés allant de 20 à 60% et plus pour certains produits.

    Sans une explication sereine et le retour à la confiance,  l’effet d’anticipation risque d’avoir un effet désastreux  sur toutes les sphères économiques et sociales, posant un problème sécuritaire. Pour le FMI le taux de croissance devrai être seulement de 1,7% en 2017 et moins de 1% en 2018 avec un taux de chômage officiel incluant la sphère informelle (plus de 35%), les emplois temporaires,  et les  sureffectifs des administrations  de 13,2% en 2018  12,3% selon l’ONS en 2017.

    Les sorties de devises en 2016 ont été d’environ 60 milliards de dollars –biens services  et transferts légaux de capitaux -Pour 2017 elles varieront entre 55/60 milliards de dollars pour une entrée d’environ 32/33 milliards de dollars contre 29,5 en 2016. 

    Selon le professeur Ahmed Bouyacoub  dans plusieurs de  ses contributions que je tiens à  remercier pour ses aimables conseils, six éléments méritent d’être mis en relief pour caractériser la profonde crise de l’économie algérienne et la réduction de sa place au plan international.

    a-  la chute du PIB Global et par tête d’habitant en dollars Les données de l’ONS montrent que le PIB algérien est passé de 209,4 milliards de $ en 2014 à 157.95 milliards de $en 2016, soit une chute de 24,6 %. Cette chute traduit la dévalorisation de la richesse produite par le pays en raison des dévaluations opérées entre 2014 et 2016. La valeur internationale de la production algérienne a perdu presque 25 % en deux ans.  Le PIB par tête d’habitant en dollars a perdu 30 % entre 2012 et 2016.

    b- Une très forte croissance démographique à partir de 2003 (peu analysée dont les conséquences sont énormes sur les dépenses publiques.  En 2002, le nombre de naissances est de 617000. En 2016, les naissances atteignent 1067000. Les conséquences sont inestimables sur le secteur d’éducation, la santé, le logement et l’emploi, à court et long terme.

    c-un emballement du taux d’investissement plus  un emballement du taux de consommation et un emballement du taux d’importation , un mélange explosif au moment où le PIB connait un effondrement.   Le taux d’investissement ( FBCF/PIB) est passé de 31,7 % du PIB en 2011 à 42,9 % en 2016 Le taux de consommation des ménages est également passé de 31,2 % à 42,8 %. Ces deux croissances ont généré la croissance du taux d’importation passé de 28,7 % à 35,3 %.

    d- Contrairement à ce qui est avancé : un affaiblissement du poids des salaires (dans le PIB hors hydrocarbures) passant e 40 ;,2% en 2011 à 38,8% en 20125, 36,4% en 2013, 36,0% en 2017, 35,7% en 2015 et 35,5% en 2016.  E-° Un déséquilibre profond du budget jusqu’en 2017 et enfin   la masse monétaire n’a pas connu d’emballement jusqu’à la fin 2016.

    2.-Je tiens  à remercier Mr Hasni Tewfik ancien directeur de la stratégie de Sonatrach pour certaines remarques concernant l’énergie. Ici se pose plusieurs questions selon quelques experts consultés.

    Le recours à l’endettement extérieur a été prohibé. Les avoirs du Fonds de Régulation des Recettes qui ont culminé à plus de 5000 milliards DA en 2012 ont été épuisés 2017  par le fait de déficits budgétaires successifs. On renfloue  en dinars mais comme 70% des inputs et équipements sont importés, cela permet à son tour la possibilité à travers le canal  bancaire d’importer ce qui influe sur la balance des paiements des sorties de devises.  Sonelgaz a besoin de près de 300 milliards de DA/an pour financer ses projets d’investissement.

    -Le responsable de Sonatrcah dans une déclaration à l’APS,  a confirmé que  le programme de 50/70 milliards de dollars  au lieu de 100 milliards de dollars initialement pour les investissements du groupe pour les 5 prochaines années.

    Quel avenir pour les caisses de retraie devant distinguer les caisses spéciales des hauts cadres de l’Etat de la caisse ordinaire, l’espérance de vie ayant dépassé pour l’Algérie 75 ans contre plus de 80 ans dans certains pays développés ?  La population résidente totale en Algérie a atteint 41,3 millions d’habitants au 1er janvier 2017, selon de l’Office national des statistiques (ONS  L’Algérie comptera 41,2 millions d’habitants début 2017, avec un taux de croissance annuel atteignant 2,15.

    Selon le  ministère de la Santé et de la Population, cette croissance est principalement due au taux de natalité en huasse. Le nombre de naissances en Algérie a atteint un million en 2015, soit presque le double du taux de natalité en 2000 (600 000) La Caisse nationale des retraites (CNR) est en faillite  et  ne doit sa survie qu’à l’apport de la Caisse nationale des assurés sociaux selon la déclaration de septembre 2017 du   directeur de la CNR. Le déficit qu’elle connait actuellement et qui est estimé à 500 milliards DA, lequel a été compensé par un apport de la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) et de la Caisse nationale d’assurance chômage (CNAC) de l’ordre de 900 milliards DA. Dans les années 1980 selon l’ex premier ministre devant les partenaires sociaux à Annaba en 1980 on avait sept (7) travailleurs pour un retraité Fin 2016 on avait trois pour un  retraité. 2,2 millions de retraités en 2015 et trois millions en 2017 .

    C’est naturellement autant de cotisants à compter en moins et de manque à gagner pour la Caisse dont les dépenses s’élèvent annuellement à près de 200 milliards de dinars. Le même responsable relève que les travailleurs partent à la retraite à 69 ans avec des taux de pension d’à peine 50 %, au moment qu’elle est établie à 80 % en Algérie. Il a expliqué que la situation de déficit de la caisse est liée notamment à l’importance des départs à la retraite en 2015 (150.000) et en 2016 (180.000), alors que les prévisions pour 2017 tournent autour 40.000 à 50.000 partants.

    – Il s’agira d’éclairer l’opinion publique afin d ‘éviter la cacophonie sur le montant exact de la sphère informelle  en ne faisant pas de confusion en distinguant la part dans le PIB qui serait d’environ 45% selon l’ONS, en référence à l’emploi qui serait selon le Ministère du travail à environ 35/40% et en référence à la masse monétaire en circulation qui serait d’environ 40%.

    Et en référence à la masse monétaire en circulation le montant de la monnaie fiduciaire qui selon le gouverneur de la banque d’Algérie serait d’environ 35% en 2016 en augmentation par  rapport à 2012 et à l’intérieur de ce montant la part effective de  la sphère informelle spéculatives (moins de 17 milliards de dollars  selon  le premier ministre)  et la part  détenue normalement par les ménages pour leurs besoins quotidiens.

    L’ex Premier ministre Abdelmalek Sellal   a avancé ( APS 2016)  le montant de 37 milliards de dollars et l’ex ministre en 2015  entre 40/50 milliards de dollars sans préciser les références aux indicateurs économiques ou financiers, la méthode d’évaluation existant quatre donnant chacune un montant différent soit par rapport soit au PIB, au revenu national ou par rapport à la masse monétaire en circulation .( voir étude pour l’Institut Français des Relations Internationales sur la sphère informelle au Maghreb du Pr A.Mebtoul -Paris décembre 2013)

    Le responsable de Sonatrcah dans une déclaration à l’APS,  a confirmé que  le programme de 50/70 milliards de dollars  au lieu de 100 milliards de dollars initialement pour les investissements du groupe pour les 5 prochaines années.

    Pour les nouvelles raffineries, il prévoit la réalisation du plan en question, dans le cadre de la priorité, estimant qu’il verra la possibilité de concrétiser l’ensemble des cinq (05) nouvelles raffineries ou simplement une partie.  Nous voyons que les déclarations des PDG de Sonatrach et Sonelgaz laissent comprendre que les besoins de financement pour les 5 prochaines années seront au minimum de 50 milliards $ , il n’y aura que la raffinerie de Hassi Messaoud qui sera réalisée dans cette période.

    Pour Sonelgaz les investissements de 2624 milliards DA n’ont pas été au service du développement, ils ont servi à la consommation des ménages. Pour le moment Sonelgaz ne rembourse pas sa dette, mais à partir de 2024, Sonelgaz sera obligée de rembourser 164 milliards DA par an jusqu’à 2031. Sonelgaz est déficitaire, les résultats de l’année passée étaient négatifs pour la première fois.

    Les prévisions d’investissement pour la période 2017 à 2027 sont de 4664 milliards DA, soit plus de 466 milliards DA par an. Ceci entre autre pour doubler la production d’électricité, Sonelgaz envisage 2000 MW par de centrales à GAZ. Ceci nécessitera 3 milliards de M3 de gaz en plus chaque année. Nous avons l’impression que le programme de développement des énergies renouvelables qui prévoyait 22 000 MW d’ici à 2030 est abandonné. Par ailleurs, il est impossible de satisfaire les nouveaux besoins en gaz pour cela.

    Nos réserves ne le permettent pas. Même le gaz de schiste ne pourrait être prêt pour cette échéance. Il faut arrêter cette incohérence qui réfute la nécessité d’un modèle de consommation énergétique et le fait que la transition énergétique est un objectif arrêté à tous les niveaux de décision.

    Pour rester au plan financier, nous pouvons déduire que les besoins de Sonatrach  50/70 milliards de dollars 2017/2022 et Sonelgaz 150 milliards de dollars pour les cinq   prochaines années selon la déclaration du 29 septembre 2017 du PDG ( 30 milliards de dollars/an) seront couverts à 70% par la partie devises et seulement à 30% pour la partie dinars ce qui accélèrera la baisse des réserves de change en cas du maintien d’un cours  de 50/55 dollars..

    Les transferts sociaux dans le budget de l’État prévus pour l’année 2018 enregistreraient une légère augmentation. Selon des sources du ministère des Finances, le projet de loi de finances 2018 prévoit plus de 1 700 milliards de dinars de transfert sociaux, en hausse de près de 8% par rapport au montant consacré dans la loi de finances 2017. Pour rappel, les transferts sociaux à partir du budget de l’État en 2017 étaient estimés à 1 630,8 milliards de dinars, représentant 8,4% du produit intérieur brut. L’Algérie peut-elle continuer dans cette trajectoire source de gaspillage notamment des carburants  et d’injustice sociale   sans ciblage au profit des plus démunis ?

    Les objectifs qui  visent à sortir de la dépendance des hydrocarbures par la stratégie suivante : l’Exécutif a ainsi placé en tête des priorités l’électronique, le numérique, les industries agroalimentaires, l’automobile, suivis du ciment, de l’industrie pharmaceutique, du tourisme, de l’aval des hydrocarbures et des ressources minières. Il entend également promouvoir les énergies renouvelables et les énergies fossiles non conventionnelles, autrement dit le gaz de schiste. Il ne donne aucune information sur la mise en œuvre et les raisons de ce choix.

    Il ne définit pas la niveau de croissance pour l’année prochaine avec la précision des secteurs prioritaires qui vont être lancées. Il ne peut arrêter un plan précis sachant que les conditions préalables, à savoir les réformes recommandées doivent être lancées.  On reste sceptique sur cette idée, car toutes les prévisions annoncent des croissances faibles  sur les deux prochaines années.

    Le prix du pétrole et du gaz, a fait que les banques ne financent plus les investissements dans les hydrocarbures. Il sera difficile d’avoir des investissements dans le seul secteur qui parait attractif : les hydrocarbures. Les nouvelles taxes sur les produits pétroliers vont réduire la rente pour les pays producteurs et réduire la demande. Les questions qui se posent : quel est le programme d’investissement prévu pour l’année prochaine  et quels sont les besoins de financement de ce programme

    – Le premier ministre  avance  que ce  redéploiement se veut décentralisé et se fera grâce à une carte territoriale des investissements réalisée avec la contribution des wilayas et avec le concours des associations patronales ainsi que des Chambres nationale et régionales de commerce et d’industrie».

    Pour lutter contre le chômage et étoffer le tissu des PME, l’Ansej financera un minimum de 23.000 projets pour chacun des exercices 2018 et 2019 avec un impact de création de près de 150.000 emplois par année. Pour la Cnac, il s’agira d’accompagner le lancement de plus de 30.000 projets sur la période 2018-2019 avec la création de près de 80.000 emplois». Les programmes ANSEJ et CNNAC   sont –ils  la panacée.

    Il faut demander le bilan réel de ces programmes. Combien d’emplois durables a-t-on créé réellement et combien a couté chaque emploi créé ? Quelle sera la véritable création  de valeur ajoutée  et ces projets sont-ils fiables (cout/qualité) dans le temps  face à la concurrence ? Comment en décentralisant sans les ressources nécessaires et sans réformes préalables et sans financement arrivera-t-on à relancer l’économie ? Le fait de créer des zones industrielles n’est pas suffisant. L’exemple de passé le prouve.

    – Le premier ministre doit préciser la nature  de l’’impôt sur la fortune et qui devrait  concerner tous les particuliers dont le patrimoine atteint un certain seuil. C’est un sujet délicat et en cas d’impair fera fuir les capitaux  restants de la sphère réelle vers la sphère informelle.

    A t- on un système d’information  fiable. Comment comptabiliser les fortunes dans la sphère informelle ? Comment prendre en compte les personnes ayant du capital  argent  et des biens à l’étranger  surtout dans les paradis fiscaux ?

    Le calcul de cet impôt ne s’effectue donc pas vis-à-vis du revenu, mais sur la base du calcul de la valeur de tous les biens que possède un citoyen. Plusieurs pays appliquent un impôt sur la fortune, tels que la Norvège, la Suisse, l’Argentine ou encore la France. Comment ça se passe en France ? En France, tout particulier dont la valeur de son patrimoine excède 1.3 million d’euros est concerné par l’impôt sur la fortune, nommé impôt de solidarité sur la fortune (ISF). L’ISF concerne également tous les biens (meubles et immeubles), droits (usufruit, droit d’usage…) et valeurs (action, titre…) composant le patrimoine d’un individu.

    Le premier ministre  n’a fourni aucun montant pour les besoins de financement de ses investissements, notamment le montant exact du financement non conventionnel durant les cinq prochaines années  tout en il a rejetant  le recours au financement extérieur .

    Concernant la modification de l’article 45  relative à la Loi sur la monnaie et le crédit, il s’agit de  clarifier les missions de la commission indépendante  de contrôle et  le plafond de l’émission monétaire 

    a- l’avant projet de la loi  modifiant l’article 45 de la loi sur la monnaie et le  crédit a prévu une commission de contrôle composé d’experts indépendants  pour éviter que l’autorisation de la banque d’ Algérie à financier le trésor entraine une dérive inflationniste à la vénézuélienne.

    b-L’on doit comme dans tous les  pays  du monde même dans les pays   auxquels fait référence l’avant  projet , structure socio-économique totalement différente de celle de l’Algérie caractérisés par une bonne gouvernance  et un appareil productif performant, distinguer la politique monétaire qui relève  de la banque d’Algérie  qui est sous l’autorité  du Président de la république, de la politique budgétaire qui relève  du gouvernement , l’objectif stratégique étant de synchroniser leur action.

    c-Devant comparer le comparable  concernant le financement non conventionnel, évitons la comparaison avec l’Europe, le Royaume Unis , le Japon( trois monnaies internationales convertibles et de grandes puissances économiques)   et surtout les Etats Unis d’Amérique ,  le dollar étant une monnaie internationale qui finance à la fois l’économie américaine mais également le reste du monde, avec un fort  déficit budgétaire, depuis la décision de Nixon de décréter la non convertibilité du dollar vis-à-vis de l’or (1971). 

    Pour le cas  du Japon c’est un pays qui a une grande épargne, la dette intérieure étant couverte par cette même épargne, les Japonais ayant préféré ’endetter leur Etat plutôt que d’augmenter les impôts expliquant la déflation. Pour le  cas de la Turquie, pays émergent,  ayant connu  par le passé  une dérive  monétaire, cette dernière a été amortie car possédant d’importantes capacités productives. Comparons pour plus d’objectivé des  cas similaires comme le Venezuela et le  Nigeria pour ne pas commettre les mêmes erreurs.

     d- Le ministre des finances  devant  les députés de l’APN le 26 septembre 2017 annonce  que ce  comité sera sous l’autorité du   ministre des finances  ( Racham Hmida-Laâb Hmida)  alors que le premier ministre lors de l’adoption du programme devant  le parlement  n’avait pas  délimité le périmètre de contrôle.

    Selon nos informations cette décision  a accru la méfiance que le gouvernement ne veut pas être soumis au contrôle pour le montant de l’émission monétaire  L’exécutif ne devant pas être juge et partie. Si cette décision du ministre des finances devait être adoptée,  elle accroîtra la méfiance nationale et internationale  sur  les possibilités de la dérive inflationniste. Cette commission  alors aura un impact  limité pour ne pas  dire nul

    Pour le stock d’or évoqué par le premier ministre,  les responsables  entre 2010/2015  ayant évoqué une production supérieure  à trois tonnes/an  et après la déboire avec les australiens, afin d’ éviter toute mauvais procès d’intention,  , la production d’ or de l’ENAOR entité commerciale  ne relève pas de la banque d’Algérie. Il appartient au Ministre de l’industrie  de préciser le montant de la production de 2009 à 2017, sa destination, vente aux bijoutiers, à la banque d’Algérie  ou  l’exportation

     Selon la déclaration de la majorité des pays qui veulent investir en Algérie, l’assouplissement de la règle 49/51% est nécessaire si l’on veut attirer des investisseurs potentiels.  En  maintenant la règle des 49/51%  instaurée en 2009 sous le gouvernement Ouyahia plus pour des raisons plus idéologiques qu’économiques n’ayant pas permis la réduction des importations, bien contraire ayant doublé, et ce  sans qu’aucun  bilan n a été fait à ce jour, généralisable  à tous les  secteurs, , cela équivaut, à un  endettement extérieur indirect transfert de devises sans risques,  en donnant  des rentes  de situations à certains opérateurs, notamment privés algériens qui n’ont ni les capacités managériales et technologiques

    – Le premier ministre dans une  déclaration le 01 octobre 2017 a fait savoir que l’exploitation du gaz de schiste est une option pour l’Algérie et la modification  de la loi des hydrocarbures de 2013. Pour l’amendement de la loi des hydrocarbures j’avais déjà suggéré dans plusieurs contributions internationales et nationales entre 2014/2015 de revoir l’article sur la fiscalité progressive au-delà de 30 dollars , qui s’appliquait pour un baril de 100 dollars pour plus d’attractivité  et pour les petits gisements et les canalisations et certains à l’aval de mettre une minorité de blocage de 30%.

    Pour éviter  de perturber la gestion  de Sonatrach, société commerciale  stratégique, les experts ont souhaité  que ses dirigeants évitent  de s’exposer aux débats, devant laisser au Premier Ministre  et au Ministre  de l’Energie  seul habilité  politiquement, à exposer ses arguments.

    Le dialogue avec les populations concernées est vital.   De toute manière l’Algérie est en phase de prospection et l’exploitation rentable avec d’éventuelles nouvelles techniques qui économisent l’eau et remplaceront  la  fracturation hydraulique évitant l’injection massive de  produits chimiques, ne se fera pas  avant 2020/2025 selon l’avis de la majorité  des experts du domaine (1).

    Conclusion

    On ne gouverne pas par la peur mais par la bonne gouvernance et le dialogue productif car le corps social de 2017 n’est pas celui de 1995/1997 . Le problème central qui se pose à l’Algérie, du fait de la faiblesse de ses capacités d’absorption, est d’éviter de se focaliser uniquement sur les  hydrocarbures et d’avoir une stratégie claire pour une économie diversifiée. L’objectif est d’avoir une vision  stratégique afin d’opérer la transition rapide d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures, supposant également une nouvelle transition énergétique en utilisant au mieux cette ressource éphémère.  Cela implique forcément un Etat de droit, une gouvernance renouvelée, de profondes réformes politiques et économiques solidaires, la valorisation de l’entreprise et son support, la ressource humaine, richesse bien plus importante que toutes les ressources en hydrocarbures.

    ademmebtoul@gmail.com

    Références Pr A. Mebtoul(1)- « pétrole  et gaz de schiste, opportunités et risques »  parution en anglais – site international Mena /Forum diffusion Bruxelles/Londres 03 octobre 2017-« Going for Shale Oil and Gas in Algeria » 

     

     

     

  • Abderrahmane Mebtoul : « Le retour au FMI est inéluctable vers 2018/2019 »

    Abderrahmane Mebtoul : « Le retour au FMI est inéluctable vers 2018/2019 »

    Méditons les instructions de son Excellence Mr le Président de la République afin de mobiliser la population algérienne  consciente des enjeux  par  un discours de vérité : ni sinistrose ni autosatisfaction source de névrose collective : arrêtons  ces contres vérités et déclarations démagogiques de certains responsables  vivant dans une autre planète, qui ont besoin d’une révolution  culturelle,  qui font sourire  les étrangers

    1.-Selon le Centre national de l`informatique et des statistiques des Douanes (CNIS, les résultats globaux obtenus en matière des réalisations des échanges extérieurs de l’Algérie pour la période de l’année 2016 a fait  ressortir un déficit de la balance commerciale de 17,84 milliards de dollars US, soit une légère augmentation de 4,8% par rapport à celui enregistré durant l’année 2015.

    En termes de couverture des importations par les exportations, les résultats en question, dégagent un taux de 62% en 2016 contre 67% enregistré en 2015. Les importations Algérienne ont diminué de 9,62% par rapport à l’année 2015, passant de 51,7 milliards de dollars US à 46,72 milliards de dollars US. Les  exportations ont totalisé en 2016  28,886 milliards de dollars dont  les hydrocarbures ont représenté l’essentiel des exportations  durant l’année 2016, soit 27,102 milliards de dollars,  avec une part de 93,84% du volume global des exportations, et une diminution de 17,12% par rapport à l’année 2015.

    Les exportations « hors hydrocarbures », dont 60% de dérivées d’hydrocarbures, sont  restées   marginales, avec seulement 6,16% du volume global des exportations  avec 1,78 milliard de Dollars US  avec  une diminution de 9,55% par rapport à l’année 2015. Les importations réalisées au cours de l’année 2016 ont été financées par CASH à raison de 59,49%, soit près 27,8 milliards de dollars US, enregistrant ainsi une diminution de 8,63% par rapport à l’année 2015.

    Les lignes de crédits ont financé 36,94% du volume global des importations, soit une baisse de 11,36%. Le reste des importations est réalisé par le recours aux autres transferts financiers à raison de 3,57%, soit en valeur absolue de 1,66 milliard de dollars US

    2.-Toujours selon le Centre national de l`informatique et des statistiques des Douanes (CNIS), durant les quatre mois de 2017  de janvier à avril, les  exportations  sont estimées à 11,92 milliards   de dollars US  contre 8,81 mds usd sur la même période de 2016, soit une hausse   de 35,3% correspondant à une augmentation de 3,11 mds usd, et ce  grâce au redressement des cours pétroliers qui ont oscillé entre 50 et jusqu’à parfois 55 dollars.

    Les exportations des hydrocarbures, ont  représenté 94,26% du total avec 11,236 mds usd contre 8,205 mds usd à la même période de 2016, en hausse de près de 37%. Quant aux exportations hors hydrocarbures (5,75% du montant global des. Au rythme actuel  du cours entre 50/55 dollars, les exportations  devraient clôturer fin 2017 à 35,76 milliards de dollars. Mais ce sont les recettes brutes   et pour avoir le profit net il faut soustraire 20% des couts.

    Pour les importations  de  biens non compris les services, elles ont  légèrement diminué en s`établissant à 15,42 mds usd en janvier-fin avril 2017 contre 15,44 mds usd en janvier-fin avril 2016, soit un recul de 0,14%. Signalons que les importations ont chuté dans les groupes des biens destinés à l’outil de production à 4,45 mds usd contre 4,84 mds usd (-8,1%) et les biens de consommation non alimentaires à 2,18 mds usd contre 2,63 mds usd (-16,75%). Au rythme actuel elles devraient clôturer fin 2017 à 46 ,26 milliards de dollars contre 46,72 milliards de dollars pour 2016. Les exportations ont assuré la couverture des importations à hauteur de 77% contre 57%. Sur les 15,42 mds usd d`importations enregistrées, des montants de 9,37 mds usd ont été payés par cash (60,7% des importations), soit une  hausse de 4,8% des règlements par cash par rapport à la même période de 2016.

    Les lignes de crédit ont financé les importations à hauteur de 35,8% pour un montant de 5,52 mds usd (-5,52%).

    3.-Certes, le déficit global   s’est établi à 3,5 milliards de dollars   US   entre janvier et avril 2017, contre 6,63 pour la même période de 2016, soit une baisse de 47,2%, mais  cette baisse n’est pas du essentiellement à une  baisse importante  des importations mais grâce à la hausse des prix du pétrole permettant  un accroissement relatif  des  recettes   de Sonatrach.

    Le paradoxe est que l’on fournit à la presse nationale toujours le niveau de la balance commerciale et jamais celle de la balance des paiements. Or, le document permettant une appréciation objective n’est pas la balance commerciale mais la balance des paiements qui en plus de la valeur des importations de biens, prend en compte les services et les transferts légaux de  capitaux. Selon les documents du FMI (fournies par la banque d’Algérie), les sorties de devises des services ont été  10,7 milliards de dollars en 2013, 11,7 en 2014, 11,0 en 2015, 9,9 en 2016 avec une prévision de 10,6  milliards de dollars en 2017. Le rapatriement  légal  des bénéfices selon les sources du FMI, a été  de 8 milliards de dollars en 2013, 8 en 2014, 6,5 en 2015, 3,1 en 2016 et une  prévision de 3,7 milliard de dollars en 2017 , prévoyant une moyenne  entre 4,5 et 5 milliards de dollars entre 2018/2020.

    Dans ce cas au rythme des indicateurs financiers  des quatre (04)  premiers mois de 2017, en toute hypothèse, les sorties  de devises sans compter les transferts légaux de capitaux, clôtureraient fin 2017 à 46,26 milliards de dollars (biens)  plus 10,6 milliards de dollars  (services)  soit 56,86 milliards  de dollars et tendant vers 60 milliards de dollars ou plus  avec les sorties légaux de capitaux.  Ce montant de sorties de devises correspond pour l’équilibre à un baril variant entre 85/88 dollars pour éviter  des tensions au niveau de la balance des paiements.

    Ce qui fait dire au FMI dans ses derniers rapports   que le  solde global négatif  a été de 5,9 milliards de dollars en 2013, à  27,5 en 2014, 26,0 en 2015, 21,8 en 2016 avec une prévision de 15,6 milliards de dollars en 2017, pour une dette brute  extérieure de 3,4 milliards de dollars en 2013, 3,7 en 2014, 3,0 en 2015, 4,4 en 2016 et une prévision pessimistes  de 8,2 milliards de dollars en 2017, 11,9 en 2018, 13,8 en 2019 et 15,7 en 2020 (12,5%)  du PIB.

    4.-Face cette situation qui prélude à d’importantes tensions budgétaires entre 2017/2020, ne devant plus se faire d’illusion d’un cours supérieur à 80 dollars, ( selon le FMI, un cours du baril variant entre 49/52 dollars à prix constants -2017/2020), sous réserve d’une discipline des accords OPEP/non OPEP, il y  a pour l’Algérie, urgence  de profondes réformes structurelles afin d’engager le pays vers une nouvelle  orientation de la politique socio-économique  permettant de dynamiser les sections hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales.

    Faute de quoi le retour au FMI est inéluctable vers 2018/2019 avec un épuisement progressif des réserves de change qui tiennent actuellement la cotation du dinar officiel, le risque étant  200 dinars un euro et  250/300 dinars sur le  marché parallèle.

    Comment dès lors  financer, sans un endettement extérieur ciblé pour les seuls  projets  productifs selon leurs programmes rendus publics entre 2017/2022,  les 50 milliards de dollars de Sonelgaz, 100 milliards de dollars sur les dix prochaines années,  ( en déficit structurel) supposant la garantie de l’Etat   et les 100 milliards de dollars  de Sonatrach,( seule société présentant des garanties)   soit 30 dollars dollar/an , sans compter les autres secteurs ,  alors que les recettes de Sonatrach fluctueront entre 30/32 milliards de dollars/an  ( hypothèse d’un cours entre 50/55 dollars) et des réserves de change établies à 109 milliards de dollars en février 2017 ?

    Méditons les instructions de son Excellence Mr le Président de la République afin de mobiliser la population algérienne  consciente des enjeux  par  un discours de vérité : ni sinistrose ni autosatisfaction source de névrose collective : arrêtons  ces contre-vérités et déclarations démagogiques de certains responsables surtout dans des rencontres internationales,   qui ont besoin d’une révolution  culturelle,  qui font sourire  les étrangers où leur politique conduit le pays droit au mur «: l’Algérie sera  un des plus grand pôle industriel en Afrique » grâce au ciment, le fer et le montage des voitures, sans vision stratégique au sein des filières internationalisées en perpétuelle mutation grâce à l’innovation permanente ( la destruction créatrice  pour reprendre le grand économiste Joseph Schumpeter) nous faisant  penser à ce slogan utopique des années 1970, l’Algérie sera le Japon de l’Afrique en 1980.

    Or  le monde  est à l’aube de la quatrième révolution industrielle fondée sur la  bonne gouvernance (bonne gestion et  surtout la moralité ) et comme vient de le  souligner avec force le  Président de la  république  le 20 mai 2017,  la ressource humaine,,  richesse plus importante que toutes les ressources naturelles : une Nation sans son élite est un  corps sans âme. ademmebtoul@gmail.com <mailto:ademmebtoul@gmail.com> –

    Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités, expert international

     

  • Dr MEBTOUL: Les  8 solutions, face aux tensions budgétaires de l’économie algérienne

    Dr MEBTOUL: Les 8 solutions, face aux tensions budgétaires de l’économie algérienne

    Pour la première fois la référence avec l’épuisement  du fonds de régulation comme je l’ai préconisé il y a quatre années pour plus de transparence d’efficacité de la dépense publique,  le gouvernement a retenu avec réalisme,  la moyenne du marché prévue c’est à dire 50 dollars le baril pour 2017 avec un important déficit du trésor dont l’avenir entre 2017/2020 sera lié à l’évolution du cours du pétrole/gaz.

    Avec l’épuisement du fonds de régulation des recettes fin 2016,  que faire car  tout accroissement des dépenses  rapport aux recettes prévues  accroîtra le déficit budgétaire avec un impact inflationniste?

    Il faudra distinguer la part des dépenses en dinars (solutions internes) de la part en devises et distinguer les actions conjoncturelles, des actions structurelles qui seules sont une réponse appropriée aux défis futurs du pays.

    Selon le rapport Perspectives de l’Économie Mondiale  du  4 octobre, présenté par le Fonds monétaire international (FMI), contrairement aux prévisions euphoriques de certains experts le cours du pétrole s’établirait  à 51 dollars en moyenne annuelle pour 2017. Toujours selon le FMI,  le PIB algérien devrait passer de 3,6 en 2016 à 2,9 en 2017.  Mais le plus inquiétant c’est le prix de cession du  gaz traditionnel représentant un tiers des recettes de Sonatrach  avec une prévision de 50% en 2020. Or, selon le FMI a atteint son  cours le plus bas en douze ans en raison certes du à  la chute des cours du pétrole, mais également  par la vigueur de l’offre russe en gaz naturel et par l’affaiblissement de la demande asiatique. La loi  des finances 2017 prévoit malgré une baisse d’environ 30% du budget d’équipement, un solde global du Trésor de 1248 milliards de dinars  soit au cours du 04/10/2016 de 109 dinars un dollar   un  déficit 11,44 milliards de dollars soit de 8%, contre un déficit de 15% en 2016.

    Alors que faire ?

    Premièrement, il ya urgence d’aller vers une allocation ciblée  des  ressources financières  et une rationalisation des dépenses (économies de gestion)  tant pour la partie devises que dinars, supposant de lutter contre les surcouts et la corruption.*  Mais existent des limites tant économiques que sociales quitte à étouffer toute l’économie, puisque l’Algérie est  une économie rentière où les recettes en devises avec les dérivées représentent 97%. Les exportations hors hydrocarbures étant marginales 83% du tissu économique repose  sur le petit commerce/services, le secteur productif, excepté l’agriculture, étant embryonnaire et environ 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dépendent  de l’extérieur.

    Deuxièmement accroitre la fiscalité ordinaire pour la  sphère réelle pour les  ménages tout   et les entreprises,  l’impôt direct étant le signe d’une plus grande citoyenneté, la facilité pour tout gouvernement étant l’accroissement de l’impôt indirect injuste par  définition), tout en  étant conscient que l’impôt peut tuer l’impôt , supposant une réforme fiscale fondement à la fois de l’équité et de l’efficacité,   tout en intégrant intelligemment par des mécanismes transparents la sphère informelle loin de toute action administrative bureaucratique.

    Troisièmement, continuer le dérapage du dinar pour la partie dinar, pour ne pas dire dévaluation,  le cours étant passé  de 75 dinars  un dollar il ya trois années à 110 dinars un dollar  et de 85 dinars un    euro à   120dinars un euro  fin 2016, constituant une épargne forcée,  tant par rapport au dollar gonfle la fiscalité pétrolière (vente en dollars)   et par rapport à l’euro la fiscalité ordinaire, les taxes à la douane s ‘appliquant à un dinar dévalué. Avec un cours de 75 dinars un dollar, et85 dinars un euro,  le déficit du trésor dépasserait 20 milliards de dollars.

    Quatrièmement, continuer à puiser dans les réserves de  change pour la partie devises qui selon la banque mondial  clôturerait à 112 milliards fin 2016  et selon la  banque d’Algérie à 120 milliards de dollars  ayant un répit de quatre années au vu des importations de biens et servies incompressibles,   une économie productive mettant du temps à l’instant T0 de sa mise en œuvre  (minimum cinq années), le temps ne se rattrapant jamais en économie.

    Cinquièmement, aller vers un endettement extérieur ciblé pour la partie devises uniquement  pour les segments concurrentiels productifs.

    Sixièmement, mettre en place une politique  a  de subventions et transferts sociaux ciblés inter socioprofessionnelle et inter régionale. Mais n’ayant pas une vision de sinistrose, la justice sociale, pas l’égalitarisme,  n’est pas antinomique avec l’efficacité économique impliquant une plus grande moralisation de la société et des dirigeants, supposant un partage équitable  du sacrifice et dont les responsables doivent donner l’exemple et avoir un langage de vérité. Ainsi, la  loi prévisionnelle des finances 2017 prévoit 1.630,8 mds DA  alloués aux transferts sociaux (23,7% du budget de l’année 2017) essentiellement destinés au soutien aux familles, essentiellement à travers la subvention des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huiles alimentaires), au soutien à la santé et  aux programmes nationaux de logement. A l’avenir  si le cours se maintient  entre 45/60 dollars, cette généralisation  des subventions, injuste par définition,  sera intenable financièrement  impliquant  un ciblage pour les plus démunis  et les secteurs que le gouvernement  veut encourager transitoirement.

    Septièmement, la solution ultime conjoncturelle serait la planche à billet – car avec 50 dollars le baril, il  n’ y a plus de marges de manœuvres en cas d’un cours  de  50 dollars ou moins, ce d’autant plus qu’ avec l’emprunt obligataire qui a concerné surtout les sur liquidités au niveau de la sphère réelle asséchant les banques, tout en ayant permis des rentes spéculatives avec les transfert de fonds des banques à un taux  d‘intérêt de 2% vers le trésor à un taux ‘intérêt de 5% . Cette procédure  n’est  pas  propre à l’Algérie, l’histoire économique montant que la majorité des Etats  en cas de crise budgétaire l’ayant utilisé  pour réduire leur endettement public. Cela induit une épargne forcée,  au détriment des couches défavorisées et moyennes,  le processus inflationniste jouant  comme vecteur de redistribution de revenus au profit des revenus variables  qui en Algérie sont en dominance dans la sphère marchande réelle et informelle. Eviter la dérive inflationniste comme au Venezuela (plus de 300% ) suppose   une régulation forte conciliant le cadre macro-économique et le cadre macro-social.

    Huitièmement, pour éviter le scénario dramatique des impacts de la baisse du cours du pétrole des années 1986, la solution la plus durable est d’avoir une vision stratégique afin d’asseoir une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales*.  Il ne faut plus se faire d’illusions, un cours de pétrole entre 80/100 dollars  est  improbable rendant urgent, pour l’Algérie, si elle  veut éviter sa marginalisation, l’émergence d’une économe diversifiée dans le cadre de la mondialisation. Sans réformes structurelles profondes, supposant un minimum de consensus politique et social et une visibilité et cohérence dans la démarche des réformes,  il ne faut pas  s’attendre à des miracles.

    En résumé, afin comme le prévoit le FMI  d’avoir une  réduction progressive du déficit budgétaire entre 2017-2020, ces huit actions peuvent être combinées mais supposant une vision stratégique  et une maitrise de la régulation d’ensemble évitant les tactiques conjoncturelles qui reportent les tensions dans le temps. Comme instruit par le président de  la

    République et pour des raisons de sécurité nationale, le langage de la vérité s’impose.L’Algérie n’a pas d’autres choix :

    réussir les réformes qui seront douloureuses à court terme mais porteuses d’espoir à moyen et long terme pour les générations présentes et futures, possédant toutes les potentialités pour réussir supposant une autre démarche où le Politique, l’ Économique, le Social, le Culturel  sont dialectiquement liés.  Ou rester   en statut quo en  retardant  les  réformes  structurelles ce qui  conduira inéluctablement à la cessation de paiement horizon 2020avec les risques  de tensions sociales et la déstabilisation de la  région méditerranéenne  et africaine  avec des interférences étrangère, du fait que l’Algérie est  un enjeu géostratégique, ce qu’aucun  patriote algérienne souhaite.

    Professeur des Universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL

    ademmebtoul@gmail.com

     

     

  • 5ème édition du Baromètre Mondial de l’Innovation de GE : la transformation numérique et l’innovation comme leviers de croissance et de compétitivité

    5ème édition du Baromètre Mondial de l’Innovation de GE : la transformation numérique et l’innovation comme leviers de croissance et de compétitivité

    General Electric a dévoilé aujourd’hui les résultats de son cinquième « Baromètre Mondial de l’Innovation ». Ce sondage international a touché un échantillon de 2750 dirigeants d’entreprises dans 23 pays dont l’Algérie. Les 97 cadres dirigeants algériens ont été sélectionnés sur la base de plusieurs critères dont leur implication dans la prise de décisions et la gestion de la stratégie d’innovation de leurs entreprises.

    97 cadres dirigeants algériens dans le secteur public et privé ont été interviewés (Directeur Généraux, Directeur du département recherche et développement, Directeur de la technologie), exerçant dans divers secteurs clés qui sont  la production, l’industrie, la santé et l’énergie. Le Baromètre de l’Innovation de GE a clairement démontré que 78% des Algériens auditionnés sont optimistes quant à la transformation du secteur de l’industrie grâce aux équipements et procédés de production de pointe. 62% sont moins confiants que leurs homologues étrangers (83%) quant à l’impact de l’automatisation et de la robotique sur la transformation du marché du travail.

    1)      La quatrième révolution industrielle en passe de transformer le monde du travail

    Bien que la digitalisation et la robotisation de l’économie sont actuellement sur le point de bouleverser profondément le marché du travail, les cadres dirigeants algériens sont très optimistes (84%) quant à la quatrième révolution industrielle, qui, pour eux, marque le début d’une nouvelle ère économique.

    La transformation numérique heurte en effet le business model des entreprises de manière différenciée selon les secteurs d’activité ; plusieurs changements ont été décelés dont :

    –          L’optimisation du niveau de sécurité au travail (61% des dirigeants algériens Vs. 43% de la moyenne mondiale)

    –          La possibilité aux employés d’occuper de nouveaux postes à responsabilités et à plus grande valeur ajoutée (58% Vs. 48% de la moyenne mondiale).

    –          La création de nouveaux emplois et certaines catégories d’emploi seront fortement demandées  (72% Vs. 53% de la moyenne mondiale).

    –          43% des cadres dirigeants algériens – par rapport à 71% de la moyenne mondiale- considèrent que la transformation digitale entraîne une hausse des « employés nomades » (ou télétravailleur).

    Selon les experts du numérique, certaines entreprises n’arrivent pas à prendre le virage digital, elles sont soit rachetées par de plus grandes sociétés, soit amenées à disparaitre. A ce titre, 75% des cadres algériens interviewés appréhendent le « Darwinisme digital » ; la crainte de ne pas pouvoir s’adapter au rythme de l’évolution de la technologie et de voir son entreprise et ses solutions devenir obsolètes.

    2)      Les obstacles qui empêchent les entreprises d’innover de manière efficace

    La révolution numérique est en effet disruptive, ce qui justifie que les efforts en matière d’innovation soient faits avec ambition, cependant, selon le Baromètre de l’innovation de GE, il existe un bon nombre d’obstacles qui empêchent les entreprises algériennes d’innover efficacement et qui sont similaires à ceux identifiés par l’échantillon mondial. En effet, plusieurs challenges ont été déterminés :

    -La capacité d’acquérir et d’intégrer des innovations externes au sein de l’entreprise (62%)

    – La difficulté à identifier un business model efficace afin d’encourager les nouvelles idées (60% par rapport à 49% en 2014 et 36% de la moyenne mondiale)

    -Le manque d’investissement et d’apports financiers suffisants (53% comparé à 50% de la moyenne).

    -L’incapacité de l’entreprise à prendre des risques (51%).

     

    3)      La stratégie d’innovation en Algérie

    En dépit des nombreux obstacles auxquels les entreprises algériennes font face, la créativité et l’innovation semblent être de puissants leviers de développement au sein des entreprises.

    49% des interviewés en Algérie affirment avoir une stratégie d’innovation au sein de leurs entreprises. Ces dernières se focalisent sur l’innovation incrémentale (60%) permettant d’améliorer les solutions et produits existants, l’innovation interne (60%), investissant dans l’innovation afin d’optimiser les processus internes et les méthodes de travail, et l’innovation organique (80%) permettant d’exploiter les compétences et ressources existantes au sein de l’entreprise.

    Actuellement, 22% des dirigeants algériens auditionnés estiment que les multinationales sont à l’origine de l’innovation en Algérie, et 19% pensent que les PME le sont également, 12% considèrent que les universités et les laboratoires de recherche encouragent l’innovation en Algérie. En ce qui concerne les politiques relatives à l’innovation, près de 47% affirment que les réglementations liées à la confidentialité et à la protection des données peuvent freiner  les entreprises à lancer des innovations radicales et transformatrices (Vs. 64% de la moyenne mondiale).

    Par ailleurs, l’existence d’une culture d’entreprise qui est à la fois une culture d’innovation et une culture d’entreprenariat s’avère essentielle compte tenu du contexte actuel.  Selon 73% des Algériens auditionnés, le modèle « Start-up » devient l’exemple standard pour créer une culture d’innovation quelque soit la taille de l’entreprise.

    4)      Le secteur de l’énergie à l’ère numérique

    Les marchés de l’énergie sont indéniablement confrontés à une transition ayant un impact direct sur leur modèle économique. La transition énergétique et la révolution numérique sont donc deux mutations complémentaires puisqu’elles permettraient à des entreprises de se transformer radicalement et donc de voir leurs modèles d’activités évoluer.

    Bien que les entreprises du secteur appréhendent cela,  61% des citoyens interrogés à travers le monde lors de cette étude considèrent que l’industrie de l’énergie bénéficie le plus d’investissements dans de nouvelles approches en matière d’innovation. Les citoyens questionnés estiment que l’innovation améliorera l’efficacité énergétique permettant ainsi aux consommateurs d’économiser de l’énergie (57%). 43% s’accordent à dire que l’innovation permet d’optimiser la distribution d’énergie tandis que 38% de l’échantillon considèrent qu’elle permettra de réduire les coûts et d’accroîtra l’indépendance énergétiques du pays.

    L’enjeu pour les entreprises est donc d’anticiper les changements à l’œuvre pour parer les risques qu’ils comportent, saisir les potentialités qu’ils recèlent, et être capables d’en initier d’autres afin que la performance économique s’accompagne d’une amélioration de la qualité de vie.

    C’est par sa capacité à maîtriser, anticiper, orienter les différents changements en cours et à venir que l’Algérie saura mettre à profit la révolution numérique pour en faire une source de développement économique et social.

  • Le KAIROS de l’Algérie

    Le KAIROS de l’Algérie

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    [dropcap]A[/dropcap]ux yeux de CARE, la situation financière difficile que traverse le pays devrait être l’occasion d’engager les réformes structurelles qui ont été longtemps retardées jusqu’ici. Ces réformes sont nécessaires et indispensables combien même le baril de pétrole devrait retrouver demain son niveau des 100 $US.

    Le problème de notre économie, c’est sans doute bien celui de la contrainte financière qui pèse sur le budget et sur les comptes extérieurs ; mais, avant cela, c’est surtout celui des retards de notre système de production, de l’insuffisance et de l’inefficacité de nos investissements productifs et, comme chacun le dit, celui de notre excessive dépendance à l’égard des marchés mondiaux des hydrocarbures.
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    [dropcap]L[/dropcap]e gouvernement a raison de dire que l’enjeu d’aujourd’hui, c’est de maintenir un taux de croissance significatif, de créer des emplois et de maintenir la cohésion sociale. Mais, sans un programme ambitieux de réformes structurelles de notre système économique, les mesures prises ne feront que retarder un peu plus les échéances dures qui nous attendent. Ces réformes, tout le monde les connait.

    A CARE, nous avions contribué, il y a de cela quelques années, à dessiner les éléments d’un Pacte économique et social devant servir de base à la réorganisation de notre système économique ; celuici avait été adopté officiellement, mais son contenu a été malheureusement perdu de vue. Ce document est toujours d’actualité et CARE se félicite qu’il ait été placé au coeur de cette Tripartite.
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    [dropcap]N[/dropcap]ous pouvons répéter aujourd’hui et encore une fois que notre pays a besoin de réformes immédiates de son climat des affaires ; qu’il a besoin d’une simplification considérable des procédures à l’investissement, à commencer par la suppression de ce visa préalable du CNI et incluant une position plus ouverte vis-à-vis des IDE ; qu’il y a urgence à réaffirmer un cap clair et sans nuances vers l’insertion franche de notre économie dans les chaines de valeur mondiales ; que nous avons besoin de remettre à niveau notre système financier et bancaire dont tous les experts de notre pays sont unanimes à dire que ses performances sont très en deçà de nos attentes.

    Enfin, nous avons besoin que nos différentes administrations économiques travaillent en cohérence les unes avec les autres et qu’elles se mettent réellement au service de l’entreprise, comme cela est le cas dans l’ensemble des économies concurrentes, dans la région qui est la nôtre.
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    [dropcap]L[/dropcap]es résolutions de toutes les Tripartite tenues jusque-là ont moins besoin d’être rappelées qu’elles n’ont besoin d’être mises en oeuvre et traduites dans la pratique. Notre souhait, à CARE, c’est que notre gouvernement saisisse cette crise financière qui nous frappe comme une opportunité pour dépasser l’obstacle des résistances qui ont jusqu’ici freiné les réformes de notre économie et qui ont, pour résultat de retarder sa nécessaire diversification. Il y a deux mesures emblématiques qui pourraient être retenues en ce sens :

    • D’une part, en procédant, de toute urgence, à un choc de simplification qui touchent l’environnement économique et administratif des entreprises.
      La simplification devrait couvrir un premier paquet de mesures concernant l’investissement, la fiscalité, le secteur bancaire, la gestion portuaire, le foncier, la création d’entreprises, l’information économique, etc.
      Nous sommes prêts, à CARE, à aider à identifier la nature précise de ces mesures.
    • L’autre mesure attendue, d’autre part, serait celle qui consisterait à abolir la distinction, sinon la discrimination, qui règne toujours dans les politiques publiques vis-à-vis du secteur public par rapport au secteur privé.
      L’engagement devrait être celui d’ouvrir de manière organisée mais effective aux investisseurs privés nationaux l’ensemble des secteurs d’activité économique qui leur sont aujourd’hui fermés et qui, paradoxalement, sont ouverts aux investisseurs étrangers.
      Les secteurs principalement concernés sont ceux des banques et assurances, de l’audiovisuel, du transport maritime, du transport aérien, de la pétrochimie et de toutes les activités en aval des hydrocarbures, etc.

    [/box]
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    [dropcap]A[/dropcap]u sein de CARE, nous continuons de croire que la Diaspora algérienne est « notre autre pétrole » et que trop peu est fait de la part des pouvoirs publics à l’attention de cette population.
    Toutes les études et tous les spécialistes de la question s’accorde à dire qu’un lien puissant avec sa diaspora a un impact positif mesurable sur la croissance d’un pays.
    Qu’attendons-nous ?
    [/box]
    [box type= »shadow »]
    [dropcap]C’[/dropcap]est avec beaucoup de satisfaction que nous avons enregistré lors du discours du Premier ministre et de ses diverses interventions, l’existence d’une vision Algérie 2030 qui guide la politique économique actuelle du gouvernement.
    A CARE, nos membres demeurent en effet très inquiets quant aux perspectives qui seront celles de l’économie algérienne à cet horizon et nous voudrions, en même temps que de nombreux citoyens, être rassurés quant au fait que nos autorités prennent au sérieux les échéances difficiles qui résulteront inévitablement de l’accroissement des besoins sociaux de notre population en même temps que du déclin annoncé de nos exportations d’hydrocarbures.
    A nos yeux, une vision Algérie 2030 n’a de signification et de réelle portée que lorsqu’elle est partagée avec les principaux acteurs économiques et sociaux du pays. Elle a besoin d’être exposée et présentée publiquement et de réunir autour d’elle le consensus nécessaire pour créer la confiance entre les acteurs concernés et produire l’effet fédérateur autour d’elle.
    Un tel résultat serait d’un impact majeur sur l’image de l’Algérie et sa crédibilité vis-à-vis des institutions internationales et de tous les investisseurs potentiels.
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    [dropcap]P[/dropcap]lusieurs sujets et non des moindres furent absents de cette tripartite et nous ne pouvons que le déplorer. Il aurait été tellement utile d’aborder de front des questions aussi fondamentales que :

    – Le financement des infrastructures : entre les partisans du tout Etat et ceux des solutions créatives faisant appel à de l’endettement extérieur, il est certain que l’implication du secteur privé et la sensibilisation des syndicats aurait pu aider à rapprocher les points de vue ;

    – L’apport des TIC à la modernisation de nos administrations et au développement de l’offre des services modernes indispensables aux performances de nos entreprises ;

    – La préparation des conditions nécessaires pour garantir le développement d’alternatives durables aux énergies fossiles et la promotion de solutions techniques plus économes en énergie dans tous les secteurs d’activité ;

    – La mise en place d’une politique commerciale extérieure en ligne avec les intérêts à long terme du développement économique de notre pays et qui cesse d’être tiraillé en permanence entre les tenants d’un commerce extérieur administré et ceux d’une libéralisation commerciale débridée.
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    [dropcap]L[/dropcap]e KAIROS, dans la Grèce antique, était le temps de l’occasion opportune… Nous y sommes.
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    Le Club d’Action et de Réflexion autour de l’Entreprise
    CARE

  • 1974-2014 : Des transformations sans résultats

    Les conséquences des poilitiques économiqes menées entre 1974 et 2014 sont très lourdes.
    Elles sont d’autant plus difficiles à supporter aujourd’hui avec la dégradation du cadre macroénomique conjugué aux contraintes de l’environnement international (retournement du marché pétrolier).
    Cela pour dire que la rente n’a pas contribué à mettre l’économie sur la voie de la diversification et des réformes structurelles fortement attendues.

    [dropcap]D[/dropcap]es réformes auxquelles sont directement liées les performances économiques comme l’ont souligné les animateurs de la rencontre organisée, en novembre dernier, sur l’entreprise à l’initiative du Forum des chefs d’entreprises (FCE).

    ]es manquements qui sont à l’origine de la faiblesse du niveau d’industrialisation, de la déficience productivité globale de l’économie, de la forte augmentation des importations. En d’autres termes, la dégradation du taux de couverture du marché intérieur par la production nationale.
    Globalement, les transformations structurelles opérées au cours de ces quatre décennies n’ont pas contribué à améliorer la productivité de l’économie ni à diversifier les exportations.

    Emploi et productivité en faible évolution

    D’ailleurs, que ce soit pour l’agriculture, l’industrie, les services ou le bâtiment et les travaux publics (BTP), la productivuté a faiblement évolué pendant cette période.
    A titre illustratif, entre 1987 et 2014, la variation n’a été que de 37,3% (2,55% pour l’industrie, 5,93% pour l’agriculture et 23,14% pour les services).
    Ce sont là des points parmi les éléments contenus dans l’étude de l’économie Rafik-Bouklia Hassane présentée lors de des 4èmes journées d’entreprise.
    Une étude dans laquelle l’expert analyse également l’évolution de l’emploi entre 1973 et 2014.
    Ainsi, la part de l’emploi dans l’agriculture a fortement baissé pour passer de 40% en 1973 à 9,5% en 2014.
    Ce qui n’a toutefois pas permis d’augmenter ce taux dans l’industrie. Un secteur dans lequel la part de l’emploi a baissé de près de 5,4% entre 1977 et 2014 ( 18% contre 12,6%).
    Ce qui fera dire à l’économiste que « la dés-agriculturisation n’a pas permis la l’industrialisation ».

    C’est dans les services que la variation est positive avec 40,1% en 1973 et 61,4% en 2014.
    Une croissance qui n’a cependant pas été accompagnée par la diversification des services puisque ces derniers restent limités à certaines activités à l’image du transport (via notamment les dispositifs d’aide à la création d’emplois).

    Des importations en hausse et des exportations à faible durée de vie

    Là aussi, l’Algérie enregistre de faibles performances alors que dans les pays développés, c’est dans ce secteur que la valeur ajoutée se réalise le plus.
    « Or, notre pays importe 10 milliards de dollars de services qu’on peut développer dans notre pays », notera le professeur.
    Et de préciser dans l’étude : « Dans les pays développés, c’est dans le secteur des services où se réalise l’essentiel de la valeur ajoutée ».

    A noter par ailleurs, l’importante différence entre la croissance des importations et du PIB. En 2000, un dinar du PIB nécessitait 0,23 dinar de produits importés.
    En 2013, un dinar du PIB à prix constant nécessitait 0,46 dinar d’imporation.
    Du côté des importations, cinq produits industriels (raffinage pétrole, voitures, barres et profilés en fer et acier, médicaments) ont totalisé en 2013 plus de 25 % (26,7%) des importations pour 14,7 milliards de dollars.
    18 produits ont consommé l’enveloppe totale des importations.
    Cette évolution a été accompagnée la non diversification des exportations et leurs faibles chances de survie sur le marché international.
    L’étude en question révèle qu’un produit à 32% de chances d’être exporté au-delà d’une année contre 60% au Maroc.
    Il a moins de 17% de chances d’être exporté au-delà de deux ans. Ainsi, la moyenne de durée de vie d’un produit à l’exportation est de 18 mois.

    Cibler les filières et les territoires

    Autant d’éléments qui illsutrent le retard accusé dans le développement économique et qui montrent la nécessité d’aller vers des réformes structruelles.
    De quelle manière ?
    L’expert suggère le développement de l’innovation, l’intervention de l’Etat pour coordonner le processus de développement et le soutien des activités génétratrices d’externaités.

    Dans ce cadre, faudrait-il commencer, de l’avis de l’expert, par l’assainissement de l’environnement des affaires, l’appui des PME et la compétitivité.
    D’autre part, il s’agit d’aller vers une politique sélective par filières et par territoires.

    En d’autres de termes, miser sur les filières porteuses (pétrochimie notamment) et cibler les territoires suceptibles de contribuer à la diversification économique.
    Dans ce cadre, le gouvernement est en phase de réviser le schéma national d’aménagement du territoire (SNAT).

    C’est ce qu’a annoncé le ministre en charge du secteur, fin novembre dernier, en marge de la présentation de la note de conjoncture du Conseil national économique et social (CNES) pour le premier semestre de l’année en cours.

    « Nous allons revoir le SNAT de manière à ce que chaque région apporte sa contribution au développement économique selon ses potentialités », a déclaré Amar Ghoul à cet effet.

    Etude sur l’entreprise avec graphes

    (source: Etude de Rafik-Hassan-Bouklia)

    DZE35-G1

    Evolution de l’emploi par secteur
    DZE35-G2

    Evolution des importations par rapport au PIB
    DZE35-G3

    Comparaison du nombre des produits exportés par pays
    DZE35-G4

    DZE35-G5

  • Une lecture juridique : La fusion d’entreprises en Algérie.

    Une lecture juridique : La fusion d’entreprises en Algérie.

    Présentation générale :

    La nouvelle dynamique des relations internationales avec l’émergence des multinationales, mais aussi l’interaction entre les entreprises, a stimulé non seulement
    l’économie mondiale mais surtout le contexte socioculturel des gens à travers le globe.
    En effet, on ne peut imaginer ce qu’un groupement entre deux ou plusieurs entités économiques pourra engendrer comme conséquences non seulement sur l’économie
    locale, mais aussi la vie des personnes touchées par ce groupement.
    Toutefois, cette problématique relève plus de l’économie politique et de la sociologie. Pour ce qui est d’une discipline normative qu’est le droit, c’est une autre paire de manche.
    Pour un juriste, le groupement de deux ou plusieurs entités économiques est une série de procédure, mais surtout une expertise au préalable par rapport aux risques juridiques, financiers et fiscaux.
    La nécessité de définir ce groupement s’impose au préalable, le cadre légal de cette opération en Algérie est à démontré et les procédures à suivre sont à définir.

    Définition :

    La fusion d’entreprises se définit comme étant une concentration des patrimoines de deux ou plusieurs sociétés, qui aboutissent à la constitution d’une nouvelle entreprise ou à une prise de contrôle de celle-ci.
    Elle est aussi le résultat de l’union de deux personnes morales ou plus. Les éléments d’actif, aussi bien que les dettes, deviennent alors ceux de l’entreprise issue de la fusion.
    Economiquement, la fusion se définit comme étant « L’opération économique ayant pour objet d’intégrer dans une seule et même entreprise l’ensemble des moyens de production dont dispose la ou les sociétés apporteuses »
    Juridiquement, La fusion est définie comme étant « un phénomène contractuel par lequel, à une pluralité de sociétés, se substitue une seule,
    en deux variantes possibles par incorporation d’une nouvelle société dans laquelle confluent deux ou plusieurs sociétés préexistantes ».

    Types de Fusion :

    Il existe plusieurs types de fusions dont les conséquences sur le plan juridique et fiscal sont différentes. De manière générale, ces montages juridiques peuvent revêtir la forme d’une fusion-absorption, ou d’une fusion-acquisition.

    1/ Fusion Absorption :
    Une ou plusieurs sociétés préexistantes disparaissent pour venir s’annexer à une autre société préexistante : il s’agit de la fusion absorption, appelée aussi « fusion par annexion».
    C’est le cas où une société en absorbe d’autre tout en gardant son identité propre.
    Elle consiste dans l’apport par une ou plusieurs sociétés de l’intégralité de leurs actifs à une société existante qui les absorbe.
    Les sociétés apporteuses étant dissoutes.
    Il découle des définitions précédentes les caractéristiques suivantes :
    – La réunion dans un seul être moral de la totalité des biens actifs et passifs des sociétés fusionnantes.
    – L’opération de fusion doit porter sur le patrimoine de la société absorbée ce qui entraîne systématiquement sa disparition.
    – La société absorbée reçoit en contrepartie de ses apports des titres de la société absorbante, ces titres seront répartis entre les associés ou actionnaires de la société absorbée, dont les parts ou actions seront annulés. De ces développements qui précédent, on déduit que l’apport se traduit
    par l’augmentation de capital de la société absorbante.

    Cette augmentation entraîne la création de nouveaux titres au profit de la société absorbée qui les échange contre ses propres titres détenus par ses propres associés. Par la suite, la société absorbée détruit ses propres titres et disparaît à jamais. Les associés de la société absorbée retrouvent leur qualité d’actionnaires dans l’absorbante.
    (Il faut noter que la fusion absorption est la méthode la plus retenue et ceux pour des raisons fiscales concernant le droit d’enregistrement et juridiques relatives à la constitution des sociétés).

    Exemple:
    En juillet 2010, le premier groupe de télécommunications japonais Nippon Telegraph and Téléphone (NTT) annonçait le rachat de la société sud-africaine de services informatiques et de télécommunications Dimension Data
    créée en 1983 et cotée à la Bourse de Londres, pour un montant total de 3 milliards de dollars. Puis un an après, en juin 2011, c’était au tour du numéro un mondial de la distribution, le géant américain Walmart, d’acquérir 51% du capital de Massmart pour 17 milliards de rands, soit 2,36 milliards de dollars.

    Se présentant comme le deuxième distributeur d’Afrique avec 9 chaînes de distribution de gros et de détail et 288 magasins dans quatorze pays africains, ce groupe sud-africain a réalisé un chiffre d’affaires en hausse de 12%, à 52,950 milliards de rands (6,61 milliards de dollars) sur l’exercice 2010-2011. Mais cette opération a récemment été contestée par le gouvernement sud-africain qui a plaidé en justice pour son annulation en raison d’un vice de forme.

    Cependant, la plus grande opération fusionacquisition à ce jour reste le rachat en 2010 des filiales africaines du groupe de télécommunications koweïtien Zain par le premier opérateur indien Bharti Airtel, pour un montant de 10,7 milliards de dollars. Il a ainsi coupé l’herbe sous le pied du français Vivendi également intéressé par l’opération, car il ne souhaitait pas revivre l’échec de l’année précédente avec le groupe sud-africain MTN.

    Ce géant des télécoms largement présent en Asie dans de multiples secteurs tels que la distribution, les services financiers, les produits manufacturiers,
    entend désormais prendre pied en Afrique. Mais, cette offre n’inclut pas les filiales au Maroc et au Soudan de Zain qui opère dans 15 autres pays africains, dont le Nigeria, le Ghana et le Tchad.

    2/ Fusion par création d’une société nouvelle :
    Deux ou plusieurs sociétés préexistantes disparaissant pour créer une société nouvelle. La fusion par constitution d’une société nouvelle consiste dans la réunion de deux ou plusieurs sociétés qui disparaissent toutes pour donner naissance à un être moral nouveau, spécialement constitué à cet effet, et au sein duquel elles sont toutes absorbées.
    Les mêmes principes généraux de celui de la fusion absorption restent applicables, le seul élément original consistant dans la disparition simultanée de deux sociétés. Donc deux sociétés au moins sont dissoutes pour faire un apport global de leur situation active et passive à une société nouvelle créée pour recevoir ces apports.
    (Ce procédé est peu fréquent utilisé à cause des contraintes d’ordre fiscal, en effet ; La création d’une société nouvelle entraîne l’exigibilité des droits d’enregistrement sur les apports réalisés par toutes les sociétés qui interviennent dans l’opération.).

    Exemple:
    Récemment, le 09/05/2014, Google a racheté Stackdriver, une startup spécialisée dans le monitoring d’applications et de services dans le cloud.
    Sans donner de détails financiers sur la transaction, la firme de Mountain View a simplement déclaré mercredi que « l’équipe de Stackdriver intégrera celle en charge de la plate-forme cloud de Google ». Celles-ci sont chargées d’intégrer les fonctionnalités de Stackdriver dans Google Cloud Platform.

    Le cadre légal de la fusion d’entreprises en Algérie :
    L’opération de fusion a été prévu dans les dispositions du code de commerce algérien, articles 744 à 746 mais dans un contexte de liquidation pour les différentes formes juridiques.
    Toutefois, Aux termes des dispositions de l’article 15 de l’ordonnance n°03-03 du 19 juillet 2003, modifiée et complétée, relative à la concurrence, une opération de concentration est réalisée :
    • Lorsque deux ou plusieurs entreprises antérieurement indépendantes fusionnent (fusion);
    • Lorsqu’une entreprise acquiert le contrôle d’une autre entreprise (prise de contrôle).
    • Lorsqu’une entreprise commune accomplissant de manière durable toutes les fonctions d’une entité économique autonome est créée par deux ou plusieurs entreprises distinctes.

    Les opérations de concentration ne sont soumises à autorisation que si leur importance dépasse un certain seuil. Pour apprécier cette importance, on dispose de différents critères comme la part de marché ou le chiffre d’affaires des entreprises concernées.

    En application de l’article 17 de l’ordonnance précitée, le seuil retenu en Algérie pour la déclaration d’une concentration est un seuil en part de marché (part de marché supérieure à 40% des ventes ou des achats en cause) et les opérations qui doivent être déclarées au Conseil de la Concurrence sont donc toutes les concentrations qui, du fait qu’elles dépassent ce seuil, sont donc susceptibles de porter atteinte à la concurrence sur un marché donné, quelle que soit – a priori – l’importance de ce marché.

    Les entreprises participantes ne sont pas autorisées à réaliser l’opération de concentration tant que celle-ci n’a pas été notifiée et que le Conseil ne l’a pas déclarée compatible avec le fonctionnement de la concurrence (articles 20 et 61 de l’ordonnance modifiée et complétée n° 03-03 du 19 juillet 2003 ).

    Exemples de fusion en Algérie :
    En 2009, Sonatrach a procédé à la fusion-absorption de la société nationale de raffinage de pétrole (Naftec), et des Entreprises de Gestion des zones industrielles d’Arzew (EGZIA) et de Skikda (EGZIK).

    Analyse juridique de cette fusion :
    Aux termes des actes notariés respectifs, les sociétés Naftec, EGZIA et EGZIK sont dissoutes le 30 juin 2009 par la procédure de fusion-absorption et leurs activités respectives intégrées dans l’objet social de Sonatrach dès le 1er janvier 2009, date «effective» de la fusion-absorption, selon les termes des contrats respectifs approuvés par les assemblées générales de ces sociétés.

    Au capital social de Sonatrach (500 milliards de dinars) vont désormais s’ajouter 50 milliards de DA de Naftec, 3,256 milliards de da d’EGZIA et 160 millions de DA d’EGZIK, selon la même source.

    Selon les explications de l’ex-ministre de l’énergie Chakib Khalil, l’existence d’une filiale complètement indépendante intervenant au même titre que l’entreprise-mère dans l’activité raffinage poserait toujours problème dans ce domaine. «Certaines activités qui sont nécessaires à Sonatrach doivent lui appartenir et le raffinage fait partie des activités intégrantes de Sonatrach», a-t-il expliqué.

    L’autre raison qui a conduit Sonatrach à récupérer cette filiale est, selon M. Khelil, l’incapacité de Naftec de financer son programme d’investissement estimé à prés de 3 milliards de dollars.

    On remarquera que c’est toujours l’enjeu financier et non pas managérial qui prime dans ce type de fusion.

    Appréciations personnelles pour ce qui est de la fusion d’entreprises :
    Lorsque deux ou plusieurs entreprises nouent une alliance, elles cherchent avant tout à réaliser un gain d’ordre qualitatif tel que l’amélioration de leur système de gestion ou leur capacité commerciale ou leur savoir-faire technologique.

    Quand deux entreprises fusionnent, elles répondent à certaines motivations, puisqu’elles permettent de renforcer leur pouvoir sur le marché, d’augmenter le pouvoir de négociation eu égard les partenaires économiques (fournisseurs, clients, banquiers).
    La fusion peut permettre d’augmenter les marges bénéficiaires, constituer une réponse aux actions stratégiques des concurrents en se repositionnant par rapport aux concurrents.

    La réussite d’une fusion dépend donc des facteurs suivants :
    La stabilité de l’alliance et de la fusion, de manière à mener à bien un projet ou une activité spécifique en coordonnant les compétences, moyens et ressources nécessaires.
    La culture d’entreprise que possèdent les dirigeants (ouverture sur le marché, respect des lois, sens du management stratégique,…etc.).
    La prise de conscience du contexte économique, sécuritaire et politique avant la fusion.
    L’étude et l’analyse financière, fiscale chapeauté par une équipe spécialisée (avocats, financiers, expert comptables,…etc).

    En conclusion, pour ce qui est de la fusion en Algérie, le cadre légal demeure assez loin de l’évolution de ce qu’on appelle le droit vivant par rapport aux entreprises algériennes surtout privées. La législation en ce sens, doit absolument être à jour des défis futurs, notamment la probable adhésion de l’Algérie à l’organisation mondiale du commerce, qui engendrera certainement des réformes en ce sens.

    Par MEHDI Tarik Abdallah
    Avocat à la cour et juriste d’entreprise
    maitremehdi@hotmail.fr

  • Maladie d’Alzheimer: Vieillir, ce n’est pas oublier!

    Maladie d’Alzheimer: Vieillir, ce n’est pas oublier!


    « Je ne reconnais plus ma mère, si seulement vous l’aviez connu avant » ou encore « c’est une personne connue pour son calme et sa gentillesse, elle est devenue très irritable » confient d’un ton désolé et effrayé les nombreux parents de malades atteints de la maladie d’Alzheimer durant la consultation mémoire au service neurologique de l’hôpital Amine-Debaghine de Bab El-Oued.

    Reportage réalisé dans le cadre de la formation organisée par Media Diversity Institute sur le journalisme inclusif du 24 au 28 octobre 2013.

    Le regard vague, l’esprit ailleurs… on retrouve la même expression chez ces malades qui supportent le poids d’une maladie incurable. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces personnes sont là, quelque part égarées dans un monde qui n’est pas le nôtre, leur esprit n’est pas inerte et peut être sensible à une stimulation, une odeur, un sourire, un souvenir.

    Cette maladie ravageuse de la mémoire, qui à un certain stade de son développement, expose le patient à tous les dangers auxquels même un enfant de 5 ans peut faire mieux face, se présente souvent à travers la perte de la mémoire récente (ouvrir le robinet et oublier de le refermer), elle prend ensuite de l’ampleur de manière plus généralisée jusqu’à oublier les personnes de son entourage, l’endroit où il se trouve, mais jamais les souvenirs lointains comme son enfance et sa jeunesse.

    Souvent les médecins sont confrontés à deux types de patients dès les premiers signes de la maladie. Des patients conscients de leurs troubles et qui vivent cette situation dans la douleur.
    Un malade dira à au médecin « C’est terrible d’oublier. J’ai peur de l’Alzheimer, mon malheur est de tout oublier ». Et plus fréquemment encore des patients anozognoziques ouqui ne sont pas conscients de leur perte de mémoire.
    C’est dans ce contexte qu’intervient le rôle important de l’entourage immédiat du malade et particulièrement la personne qui va jouer le rôle de l’aidant.
    L’aidant est le proche parent qui aura la tâche de s’occuper en continue du malade, ce peut être le conjoint, l’enfant, la belle-fille, etc., et cela n’est pas sans entraîner certains bouleversements dans sa vie.

    Les personnes âgées de plus de 60 ans représentent 7,9 % de la population algérienne, l’espérance de vie est de 76 ans chez la femme et de 74 ans chez l’homme, la population vieillit et le risque d’une pathologie liée à l’âge est imminent. Malgré cela l’autorité chargée de la Santé de la Population néglige le développement de centres de prise en charge de ce type de maladie.

    Dans les pays développés, on trouve ce qu’on appelle des hôpitaux de jour dédiés aux personnes qui perdent leur autonomie et parmi eux les malades atteints de la maladie d’Alzheimer.
    Ces infrastructures accueillent les malades et leur apportent une série de soins pour une meilleure qualité de vie et elles représentent également un secours et une délivrance pour les proches parents du malade qui peuvent continuer de mener une vie plus ou moins normale.

    Il existe aussi une autre forme de prise en charge, celle de l’apport des auxiliaires de vie.
    Ces personnes sont formées pour accompagner les malades dans leur quotidien, elles doivent s’occuper de leur toilette, le ménage et la cuisine.
    En apparence les tâches sont faciles, mais il ne faut pas oublier les troubles comportementaux du malade, il peut être désagréable, il peut lancer des accusations injustifiées, et même être violent.

    Les auxiliaires de vie doivent être patients, compréhensibles et surtout informés sur la maladie et le malade.
    En Algérie la première promotion d’auxiliaires de vie date seulement de l’année 2013, l ‘initiative de lancer cette formation a été prise par deux associations qui ont mis en commun leur volonté d’apporter de l’aide à ces malades pour concrétiser ce projet, il s’agit de l’association de l’Eglise catholique d’Algérie, Caritas, et de l’association d’aide aux familles de patients atteints de la maladie d’Alzheimer ASMGA Alzheimer Club créée en 2013.

    La présidente de l’association ASMGA nous parle de ce projet : « Ces auxiliaires de vie reçoivent une formation complète et riche, sa particularité est de transmettre des valeurs morales comme le don de soi, la générosité pour un accompagnement personnalisé du malade » elle ajoute qu’aussitôt l’annonce lancée à travers les réseaux sociaux un grand nombre de personnes se sont présentées, motivées par l’envie d’aider leur prochain et l’empathie qu’elles portent aux personnes souffrantes.

    les parents de malades intéressés par ce type de prise en charge déposent un dossier au niveau de l’association qui devra faire passer des entretiens aux auxiliaire de vie afin de trouver parmi eux la personne qui correspond le mieux au malade et la famille de ce dernier se charge du salaire de l’auxiliaire de vie.

    Contrairement aux idées reçues, les Algériens sont, même de façon partielle, sensibilisés à la maladie d’Alzheimer, les campagnes de sensibilisation menées dans notre pays, notamment la marche organisée au mois d’octobre par l’ASMGA « Les foulées de la mémoire », le prouvent.
    L’écho de cette initiative a dépassé les frontières du lieu de son organisation, de nombreuses personnes, venues de wilayas voisines, ont pris part à cette marche, qu’elles soient concernées ou pas par cette maladie.

    Tout cela pour dire que l’entourage s’occupe sérieusement de la prise en charge médicale du parent malade, et la consultation mémoire à l’hôpital le démontre on ne peut mieux.

    Par Latifa Abada