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  • Monétique en Algérie: les raisons d’un malaise

    Monétique en Algérie: les raisons d’un malaise

    À l’heure où la monétique n’est toujours pas ancrée dans la culture et l’esprit même du citoyen Lambda, il n’est pas possible de prétendre à la digitalisation au sens propre du terme.

    Pour ce faire, la transition du fiduciaire vers la monétique est un passage obligé, une passerelle indispensable qui permettra à l’utilisateur de se familiariser avec ce concept sur le plan psychologique principalement. Un obstacle qui subsiste, non pas par réticence à l’innovation technologique, sachant que les chiffres démontrent que la mutation technologique est bien accueillie par les Algériens, la familiarisation se fait sans équivoque, à voir l’utilisation d’internet smartphone et la panoplie qui s’ensuit, cela parait logique, sans pour autant avoir utilisé par le passé le Minitel ou le Bipeur.

    A partir du moment où l’avancée technologique ne constitue pas un obstacle pour les Algériens, qui sont plus de 37 millions d’utilisateurs d’internet mobile et dont 50% annonceraient adopter la 5G une fois disponible (enquête menée par Ahmed Reda Berrah, architecte du ConsumerLab d’Ericsson), une soif technologique existe bel et bien, il est donc clair que l’anxiété ne vient pas de là, mais plutôt de multiples facteurs.

    Parmi ces causes, la passivité des banques, GIE Monétique, pouvoirs publics à vulgariser les produits de la monétique (carte CIB, DAB, TPE), conclusion faite à travers l’absence de communication entre les banques, leurs clients et l’abstention des associations de protection des consommateurs qui joueraient le rôle de partie garante, certificatrice, mais aussi médiatrice en cas de litiges à ce sujet adossée à une publicité qui, récemment encore, est limitée à des affiches visibles une fois à l’intérieur des banques.

    Autre critique faite aux banques surtout publiques, celle de ne pas avoir mené une approche commerciale performante, négligeant ainsi la commercialisions des produits monétiques (carte CIB et TPE) comme tel produit à promouvoir.

    Notant que la pensée dans ces banques est administrative plutôt que commerciale, le fait d’avoir délivré des milliers de cartes ces dernières années n’a rien de prometteur car la signature du contrat CIB est en majorité imposée à la clientèle dans le but d’alimenter les bulletins d’activité. Un esprit anachronique qui se limite à la délivrance de la carte sans garantir pour autant la mise en marche ni l’alimentation des DAB, ni même de pallier à ce déficit en amplifiant la fourniture de TPE aux agents économiques.

    Sachant que le nombre de TPE livrées à fin 2019 est de 23 762 (déclaration de M. Madjid Messaoudène, administrateur du GIE monétique). Un chiffre dérisoire comparé au nombre de commerçants inscrits au Registre de commerce dont la dernière estimation fournie fait état de 1 837 389. En considérant dans une approche extrêmement minimaliste que seulement 40% activent dans la vente aux particuliers soit 734.955 vendeurs, cela donne le taux de couverture des TPE à fin 2019 de 3,2%.

    La négligence d’un marketing de niche n’est pas, à elle seule, à l’origine de ce moratoire, un autre facteur vient s’ajouter, il s’agit du traumatisme subi par les Algériens à la suite des affaires Khalifa Bank et la BCIA déshéritant davantage la confiance dans un système bancaire tourmenté et insoucieux de la quiétude de sa clientèle.

     Aujourd’hui encore, beaucoup d’Algériens n’ont toujours pas digéré ces deux affaires, mais surtout la défaillance de la Banque d’Algérie dans son rôle de gouvernance et application des règles prudentielles soit la protection de système bancaire dont les usagers. Un fait dramatique, nuisible en lui-même à la bancarisation, qui va servir à enfoncer davantage l’idéologie du cash déjà ancrée dans les mœurs des Algériens, profitant ainsi à une économie souterraine de plus en plus active.   

    En 2020, deux évènements majeurs viennent envenimer encore une fois le sujet de la monétique en Algérie. La pandémie du Corona, le virus de la COVID-19 se transmet par les gouttelettes respiratoires répandues par les personnes infectées lors des contacts directs dépourvus de gestes barrières, aussi bien les postillons de salive laissés sur les surfaces. Les pièces de monnaie et billets de banque sont pointés du doigt.

    Comme un malheur ne vient jamais seul, un deuxième évènement s’invite, celui du manque de liquidités qu’enregistrent quelques banques mais surtout la Poste. Face à cette situation, les détenteurs de carte Edahabia se sont retrouvés confrontés à un problème de taille, celui de voir leurs cartes rejetées par de nombreux DAB des banques, en plus des bugs entrainant des opérations enregistrées sur leurs comptes (débit) sans que les Distributeurs automatiques ne fournissent les billets. Des files d’attente se forment devant les guichets des Distributeurs des banques dont beaucoup ne joueront pas le jeu et éviteront volontairement d’alimenter leurs DAB en billets. 

    La deuxième alternative a été que les usagers font leurs achats dans les commerces, boutiques et sites internet (E-commerce) en payant sur TPE ou sur les sites (prélèvement par carte), ce qui n’est pas possible chez tous les commerçants en l’occurrence du manque de TPE, mais aussi en raison de l’informel et de la prohibition des TPE et du E-paiement par les commerçants de peur d’être fiscalisés, un autre problème de notre économie.

    Rappelons que le TPE fut exigé pour tout agent économique par le ministère du Commerce lors de la Loi de finances 2018, prescrivant la date limite pour s’équiper au 31/12 /2018, date reportée par la LF 2019 au 31/12/2019, puis encore une fois lors du PLF 2021 au 31/12/2021. Un sursis de plus qui ne fera que reporter la problématique.

    Le président de l’APOCE, Mustapha Zebdi, invité par les ondes de la Radio nationale, annonce que 25% des commerçants usent de terminaux de paiement électronique (TPE) (source Dzair Daily, 13 décembre 2020), un chiffre qui nous semble très loin de la réalité en prenant en compte le taux calculé en 2019, en plus du constat sans appel dressé par les adeptes du paiement par CIB qui peinent à trouver des commerces dotés de TPE. Encore faut-il que ceux qui sont déjà équipés acceptent le paiement par carte bancaire !     

    Repoussés par les uns et les autres, mitigés sont les porteurs de CIB quant à l’utilisation de ce moyen de retrait et paiement. Des effets néfastes qui alimentent refus et négligence des usagers face à cette dématérialisation censée servir à l’inclusion financière. En plus d’un énorme gâchis en termes de rentabilité pour les banques en matière de commissions perdues (PNB en moins).   

    Le M-paiement, un paiement par mobile, le client scanne à l’aide de son smartphone le code QR, affiché sur la caisse du commerçant, le paiement est illico fait par un débit enregistré sur la carte CIB liée au compte bancaire du détenteur. Une solution plausible à cette crise qui n’a toujours pas vu le jour. Il s’agit là d’une autre victime de la corruption qui toucha de plein fouet notre pays ces dernières années.

    Stoppé en 2015 par l’ex-ministre des Postes et Télécommunication alors que la Banque d’Algérie avait donné son aval pour ce produit dont le lancement était imminent, le M-paiement annoncé par M. Madjid Messaoudène (selon N’tic magazine) Administrateur du GIE Monétique en 2019, puis en fin de cette année 2020 demeurera attendu peut être en 2021.   

    La création du Groupement d’Intérêt Économique Monétique (GIE Monétique) en juin 2014, par 18 banques et la poste, dans l’intérêt d’appuyer une démarche stratégique visant la régulation du système monétique interbancaire ne semble pas avoir boosté la monétique en Algérie. 

    À l’ère des néo banques, les Algériens continuent d’utiliser la carte CIB pour retirer du liquide servant à régler leurs transactions courantes, seule une minorité préconise le paiement par carte quand cela leur est permis surtout.      

    Elias Hamzaoui, Cadre, diplômé en sciences économiques, spécialité monnaie finance et banque

  • Les propositions du GAAN pour faire du numérique un moteur de la croissance économique

    Les propositions du GAAN pour faire du numérique un moteur de la croissance économique

    L’Algérie gagnerait à se doter d’une stratégie nationale du numérique pour accompagner l’élan et l’enthousiasme actuels en vue de la modernisation et de la diversification de l’économie. Une telle stratégie devrait permettre de :

    1. Faire du numérique un levier de croissance de l’économie nationale, notamment à travers l’apport des entreprises de la filière du numérique.
    1. Bâtir les fondements nécessaires pour généraliser l’usage du numérique dans les différents secteurs et permettre l’essor d’une société de l’information et d’une économie de la connaissance.

    L’idée étant d’avoir une approche holistique et d’encadrer, à travers cette stratégie, le maximum des mesures et d’actions entreprises dans le pays en vue de créer des synergies et améliorer l’efficacité et l’efficience de nos efforts dans ce domaine.

    Nous résumons dans ce document les principaux axes sur lesquels devrait s’appuyer cette stratégie ainsi que les mesures prioritaires à considérer dans le proche avenir.

    Ce travail est le fruit d’un groupe de réflexion au sein du GAAN qui a élaboré ces propositions durant les derniers mois.

    1. Une Infrastructure fiable, sécurisée et performante :
    1. Développer l’accès à l’Internet très haut débit.
    1. En mettant à profit les différentes technologies et réseaux existants (fixe, mobile, satellite) ;
    2. En dynamisant le marché des Providers Internet par la mise en œuvre des textes d’application découlant de la dernière loi sur les télécommunications, notamment sur le volet ouverture de la boucle locale.
    3. Le renforcement de la bande passante internationale et l’optimisation de son rendement grâce notamment à la mise en œuvre d’un Peering local (GIX).
    1. Accélérer la mise en service de la certification électronique pour les administrations et structures publiques, mais également pour le secteur économique et privé.
    1. Favoriser la disponibilité de Centres de Données sur le territoire national répondant aux standards internationaux afin de :
    • Diminuer la sollicitation de la bande passante internationale ;
    • Améliorer la performance des services en ligne par la réduction des temps de latence ;
    • Consacrer la souveraineté nationale sur les données ;
    • Améliorer l’attractivité du pays vis-à-vis des Investissements Directs Etrangers dans le domaine numérique et augmenter la contribution du numérique dans le PIB.

    Pour cela il y a lieu de lever les obstacles techniques (ex : disponibilité, qualité et coût de la bande passante, énergie), et prendre des mesures pour rassurer les investisseurs et inciter les investissements conséquents requis par les projets de Data Centers.

    1. Engager proactivement la préparation pour la 5G, notamment pour :
    • Assurer la disponibilité du spectre des fréquences requis ;
    • Eliminer les obstacles potentiels au déploiement (ex : pour généraliser la 5G, il sera utile d’avoir des sites cellulaires supplémentaires équipés de la 5G. Les autorités en charge doivent disposer de ressources et d’un cadre réglementaire pour équilibrer entre les préoccupations des consommateurs et la planification urbaine avec des exigences en matière de construction d’infrastructures).
    • E-Gouvernement pour offrir un service public efficace, transparent et inclusif, centré sur le citoyen et l’entreprise :

    Il est attendu du Gouvernement de donner l’exemple en matière d’adoption et d’usage des TIC et du numérique afin de de rallier les citoyens, les entreprises et d’autres acteurs nationaux pour édifier une société de l’information.

    Pour cela, il y a lieu d’assurer les éléments clés et facilitateurs ci-après :

    1. Capitaliser sur la numérisation de l’état civil et le Numéro d’Identification National, pour mettre en œuvre une Identité Numérique unique pour chaque citoyen, permanente, disponible et authentifiable en ligne et pas seulement par le moyen de la carte nationale biométrique physique. Cette identité numérique devrait convenir aux transactions institutionnelles mais aussi commerciales (ex : Banques).
    1. Mettre en place un Système d’Echange Sécurisé de Données assurant l’interopérabilité entre les différents systèmes d’information des administrations, structures gouvernementales, et services publics (ex : CNR/Etat Civil).
    1. Mettre en service le Portail Gouvernemental de Services Intégrés et accessibles depuis des plateformes en ligne et mobiles. Même si les services en question seront développés par les structures concernées, il est important de simplifier l’accès aux citoyens en intégrant les services les plus courants au sein d’un portail (guichet) unique.
    1. Renforcer la Cybersécurité pour établir la confiance entre Gouvernement, Citoyens, et Entreprises.
    1. Favoriser l’Open Data afin de rendre disponibles, pour les administrations centrales, les collectivités locales et les investisseurs – les données pour les systèmes d’aide à la décision et au développement.

    Il est utile de rappeler que les retombées et bénéfices du e-Gouvernement sont multiples :

    • Amélioration de l’efficacité et de la productivité des services de l’administration.
    • Amélioration des services aux citoyens et un meilleur engagement des citoyens avec le gouvernement.
    • Accélération de la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) et des politiques sociales ; le numérique étant un catalyseur clé des secteurs sociaux tels que l’éducation et la santé.
    • Economie des coûts : des économies substantielles peuvent être réalisées en numérisant et en automatisant les processus.
    • Promotion de la transparence, la responsabilité, la bonne gouvernance et la réduction des opportunités et possibilités de corruption.
    • Amélioration de la compétitivité et l’attractivité économique du pays, en favorisant un environnement propice aux affaires, comme en témoigne le classement « Doing Business » pour l’Algérie en 2020 qui peine à améliorer son classement à la 157ème place depuis deux ans.
    Une population qualifiée pour l’ère du numérique (Capital humain) :
    1. Développer la « Littéracie Digitale » au sein des différents segments de la population.

    Alors que le taux de pénétration des Smartphones/Tablettes a évolué significativement en Algérie, ils demeurent des appareils adaptés d’abord pour un usage de consommation de contenu. La crise du Covid-19 a mis en exergue le faible taux de pénétration des ordinateurs chez les Etudiants, Employés, Ménages…etc. (la base installée des ordinateurs personnels ne dépasse pas les 3 Millions d’ordinateurs pour une population qui dépasse les 40 Millions, dont 40% environ au sein des administrations et entreprises), ce qui a réduit significativement l’éventail des solutions envisageables pour assurer une flexibilité dans le lieu de travail ou d’apprentissage.

    Dans ce cadre, il y a lieu de :

    • Revoir à la baisse les taux de taxation actuels en droits et taxes appliqués aux ordinateurs personnels et d’autres équipements informatiques essentiels (switch et routeurs, serveurs…etc.) qui se trouvent actuellement à un niveau excessif, rendant ainsi l’accès à un outil aussi essentiel que l’ordinateur impossible pour la plus grande frange de la population.
    • Engager, dans les plus brefs délais, des programmes et initiatives à caractère national à travers un partenariat public-privé et visant à offrir des solutions (Ordinateur + Contenu + Services) adaptées par segment de la population (ex : Etudiants/Elèves/Enseignants, Fonctionnaires, Ménages, PME…etc).
    • Favoriser la formation par le e-Learning pour les différentes franges de la population : A l’ère de la digitalisation, la formation à distance est aujourd’hui utilisée officiellement au même titre que les formations et enseignements prodigués en présentiel (Universités, grandes écoles, centres de formation, entreprises etc..). Elle a permis aux cadres, salariés, apprenants de travailler ensemble et de se former en dehors de leurs horaires de travail. C’est désormais une volonté affichée des pouvoirs publics d’insuffler l’économie du savoir.
    1. Préparer la future génération et main d’œuvre à l’ère de l’industrie 4.0.

    La 4ème révolution industrielle est en train de définir un bon nombre des compétences et aptitudes requises pour réussir dans le monde du travail. Au-delà des défis nés avec la crise du Covid-19 comme l’enseignement/apprentissage à distance, les responsables de l’éducation sont confrontés au défi supplémentaire de combler l’écart de compétences créé par l’industrie 4.0 et les exigences d’une société mondialement compétitive, dans laquelle certains emplois existants sont en déclin tandis que de nouveaux emplois faisant plus appel à des compétences en technologie et des compétences cognitives émergent.

    Il est donc primordial d’engager une réflexion sur une intégration efficace des Technologies dans les programmes d’enseignement au niveau de l’éducation nationale mais aussi au niveau de la formation professionnelle en vue de développer les compétences requises à l’ère de l’intelligence artificielle et de l’industrie 4.0 et préparer ainsi notre future génération d’innovateurs.

    1. Formation de compétences hautement qualifiées dans les technologies phares, comme l’intelligence artificielle ou la cybersécurité, afin de soutenir la transformation économique et sociale du pays par des compétences locales.
    1. Mettre à profit les compétences algériennes résidant à l’étranger pour bénéficier de l’expérience et de l’expertise des expatriés algériens, exerçant dans de grandes entreprises internationales, notamment dans le domaine des Technologies de l’Information et de la Communication.
    • Ecosystème et économie numérique
    1. Renforcer la transparence et l’équité dans l’accès à la commande publique et aux opportunités d’affaires d’une manière générale, à travers notamment :
    • La dématérialisation des procédures de participation aux marchés publics, notamment par la mise en place d’un portail des appels d’offres du secteur public.
      • La mise en œuvre de SLA (contrat de niveau de service) au niveau des structures et administrations en charge de délivrer des autorisations ou agréments spécifiques aux activités du numérique.
      • La consécration de la préférence nationale par les entreprises et organismes publics dans l’octroi des marchés.
    1. Paiement électronique et inclusion financière : la disponibilité et l’utilisation de tous les services financiers par les différents segments de la société dont les institutions et les particuliers.
    1. e-Commerce : le e-commerce en Algérie peine à se développer, en raison du retard dans la promulgation des textes réglementaires et l’absence d’une culture digitale auprès des consommateurs.
    1. Contraintes Banques / Commerce international / Change : Certaines réglementations dépassées limitent le développement du secteur et la digitalisation de l’économie. Le contrôle des changes et les problématiques liées à la détention de devises (i.e. rapatriement de fonds de l’étranger, convertibilité du dinar, manque de cadre légal nécessaire aux paiements électroniques).
    1. Incentives : accompagner les porteurs de projet dans le digital par des mesures incitatives et d’encouragement : exonération fiscale, accès aux crédits bancaires, etc.
    2. Coordination / Collaboration / Partenariat Public Privé : nécessité d’instaurer un climat de confiance et créer des passerelles de partenariat entre les entreprises du secteur public et celles du privé. Le but étant identique : créer de la richesse et développer l’économie nationale.
    3. Startups : simplifier les procédures de création de startups et instaurer un fonds d’aide financière et un accompagnement technologique (incubateurs).
    • Gouvernance et capacités organisationnelles :

    La transversalité du numérique engendre la nécessité d’impliquer tous les secteurs afin de réussir l’atteinte des objectifs ciblés. L’absence de coordination est souvent la raison derrière l’échec des expériences de transformation numérique.

    Dans ce contexte, il y a lieu de :

    1. Mettre en place une Structure centrale responsable de la mise en œuvre de la stratégie nationale du numérique qui transcende les différents départements ministériels et administrations afin justement d’assurer la coordination entre eux.
    1. Assurer la pérennité du financement des projets par la mise en œuvre de modèles de financement adaptés, notamment par la diversification des sources de financement.
    1. Favoriser le Partenariat Public-Privé.
    1. Mettre en place un tableau de bord ou observatoire du numérique en collaboration avec toutes les parties prenantes afin d’assurer le suivi et le pilotage de la feuille de route.
    1. Conduire le changement, notamment par des actions de sensibilisation et une communication efficace afin d’obtenir l’adhésion de toutes les parties prenantes qui s’approprieront et porteront la stratégie et feuille de route de développement du numérique.
    1. L’éducation financière :

    Nécessité d’instaurer des mécanismes d’éducation et de sensibilisation financière à travers l’élaboration d’une stratégie nationale visant à promouvoir l’enseignement et la culture financière, encourageant l’usage des moyens de paiement dématérialisés.

    Le développement de cette stratégie par des organismes gouvernementaux et le secteur privé, afin d’améliorer les connaissances financières des citoyens, en particulier les catégories vulnérables tels que les petites et moyennes entreprises, les jeunes et les femmes.

    Comité de rédaction :

    Karim BIBI TRIKI –  Président de la commission Stratégie Nationale

    Yazid AGUEDAL –  Président de la commission Intégrateurs / Logiciels

    Bachir TADJEDDINE –  Président du GAAN

    Nassim LOUNES –  VP Communication

    Abdelouahab GAOUA –  VP Relation Institutionnelles

    Abdelkrim EMBAREK –  VP Startups

    Omar ALI YAHIA –  VP Partenariats Stratégiques

    Roslane BENCHARIF –  VP Stratégie

  • Les ZI clés en main: Une alternative pour l’émergence économique de l’Algérie

    Les ZI clés en main: Une alternative pour l’émergence économique de l’Algérie

    L’Algérie dispose d’atouts attractifs voir des facteurs clés pour l’émergence rapide, lui permettant d’attirer le maximum d’investisseurs algériens et étrangers. Notamment, sa situation géographique stratégique, la disponibilité de la main d’œuvre et des ressources énergétiques à moindre coût.

    Une plaque tournante entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie qui est susceptible de faire d’elle la locomotive du développement économique en Afrique surtout avec l’ouverture de la zone de libre-échange avec l’Algérie avec les 54 pays signataires.

    Néanmoins l’émergence économique de l’Algérie traîne toujours et les causes sont multiples. Les alternatives existent aussi pour accélérer son développent. En l’occurrence, les zones industrielles ( ZI clés en main) et complètement viabilisé.

    La ZI clés en main est une alternative qui permet de raccourcir les délais, d’anticiper les procédures administratives, d’optimiser les coûts et ainsi d’offrir aux investisseurs une disponibilité immédiate pour produire. Et tous ces avantages qu’offrent ces ZI clés en mains, permettent en conséquence de réaliser des gains de productivités.

    Les ZI clés en mains permettrons de réaliser des valeurs ajoutées permettant aux opérateurs économiques d’optimiser, de moderniser et de pérenniser leurs investissements. Cette solution permettra aux promoteurs économiques nationaux et étrangers d’avoir accès aux sites industriels aménagés et dotés de toutes les commodités, répondant aux normes internationales.

    La réalité est là, le modèle économique prôné par l’Algérie depuis l’indépendance est obsolète en termes de coûts d’investissement et de délais de réalisation. L’investisseur est obligé d’établir une Etude Technico-économique, puis la déposer auprès de l’ex- Calpiref qui décide après délais de lui attribué ou pas un terrain. C’est à dire, que la problématique du foncier industriel constitue le nerf de tout investissement. Et, pour cela, il doit attendre une ou plusieurs années pour avoir l’autorisation. Ces lenteurs font que les délais de réalisation, initialement accordés, se trouvent consommés.

    En conséquence, pas mal de projets ne trouvent pas concrétisation à cause de cette politique dévastatrice qui n’a jamais donné impotence au temps. « Time is money ». Un système d’investissement obsolète qui impose d’établir des études, attendre les décisions puis construire les Hangars. Alors, il faut renverser l’équation pour rationaliser les délais et les coûts de réalisation.

    De ce fait, l’intervention du gouvernement actuel étant plus qu’impérative pour débloquer cette situation. Mais pour ce faire, nécessité oblige : il faut revoir toute la législation inhérente à l’acte d’investir.

    Doter le pays d’un dispositif de lois permettant l’accélération, la facilitation et  la simplification des procédures administratives pour la promotion des investissements. Cela œuvrera à la création de nouveaux écosystèmes, en l’occurrence, les sites industriels et des ZI Clés en main et viabilisés.

    Ces sites anticipent les études aux investisseurs et les attentes interminables, leurs permettant de passer à la production le plus rapidement possible. Ces écosystèmes contribuent de manière efficiente à générer des plus-values à l’Etat, notamment les taxes au Trésor public. De surcroît, ils constituent une solution pour booster rapidement la croissance économique nationale.

    Impératif oblige, la création de ZI clés en main et viabilisés reste l’unique solution. Ces derniers seront dotés d’Hangars de production de différentes surfaces et de les louer à des prix attractifs pour les investisseurs nationaux ou étrangers selon un cahier de charge.

    Cette solution, permet de raccourcir les délais, et économiser les coûts de réalisation. Il s’agit seulement de placer les machines ou les lignes de production et commencer à produire de manière efficace.

    Cela apportera une technologie et un savoir-faire nécessaires, contribuant à la formation de la main d’œuvre locale véritablement qualifiée. C’est la solution qui permet à l’Algérie une performance économique et un développement rapide et durable.

    Le constat est là, des centaines de milliards de dollars ont été consommés, durant ces deux dernières décennies, sans aucune valeur ajoutée sur la croissance économique du pays. Alors qu’un milliard de dollars seulement suffirait à construire 10000 Hangars de 1000 m2, financé par l’état algériens ou partiellement par des promoteurs immobiliers. Cela dit, ces derniers peuvent construire des Hangars de production en créant un écosystème adéquat.

    L’amortissement d’un hangar de 1000 m2 qui coute environ 10 000 000 DA peut être fait dans un délai maximum de  4 ans en prenant en considération un loyer mensuel très abordable de 300 000 DA HT par mois. Dans ce sillage, les promoteurs immobiliers Algériens et étrangers peuvent avoir accès à des terrains de l’Etat soit en dinar symbolique ou à un prix attractif afin de construire des zones de 30 à 100 Hangars et plus, de différentes surfaces pour la location aux investisseurs selon un cahier de charge.

    Pour construire ces ZI clés en mains , la coopération avec les chinois serait hautement productive. Ces derniers peuvent construire une zone industrielle de 100 Hangars de 1000 m2 chacun dans un délai ne dépassant pas les 06 mois. Les Communes, à leurs tours, s’occuperont de la viabilisation de ces ZI clés en main. On doit accorder une importance au temps « time is money »

    ZI clés en mains: un apport pour le développement durable

    En somme, promouvoir les ZI clés en main, serait d’un grand apport au développent durable du pays. L’exemple de la Pologne, la Turquie, le Rwanda,  le Vietnam et l’Ethiopie est édifiant. Ces pays, en optant pour la solution des ZI clés en main et viabilisés, exportent maintenant pour des centaines de milliards de dollars par an.

    L’économie algérienne est fortement liée aux hydrocarbures. La chute drastique des prix de pétrole survenue à partir de juin 2014, a engendré un déséquilibre financier et budgétaire des plus hypothétiques pour le pays à moyen terme. Les recettes pétrolières ont chuté de 60 milliards de dollars en 2014 à 30 milliards de dollars en 2016. Le budget de l’Etat est dépendant à près de 60 % de la fiscalité pétrolières.

    Le manque à gagner de cette fiscalité cause pour l’année 2020 un déficit budgétaire de près de 08 % de produit intérieur brut (PIB). C’est l’équivalent de 15 milliards de dollars nécessaire à rééquilibrer le budget de l’Etat. C’est l’équivalent de la création de plus de deux millions de PME/PMI hors fiscalité pétrolière.

    Ces dernières en généreront en retour également des millions d’emplois et des richesses considérables et pérennes qui contribuera à la création de 03 à 05 millions de postes d’emplois. En effet, il s’agit de créer un tissu industriel des plus denses, via l’apport direct des zones industrielles Clés en main et viabilisés, assurant la diversification de l’économie nationale.

    Pour contourner d’éventuels chocs qui s’annoncent à cause de cette fragilité, les ZI clés en main et viabilisés seraient la meilleure solution pour faire sortir définitivement l’économie nationale de cette morosité et la mise en place de ces nouveaux écosystèmes est susceptible de contribuer à l’essor de l’économie. C’est cette diversification qui la rendra solide en l’extirpant définitivement de sa fragilité causée par sa quasi-dépendance aux hydrocarbures.

    Mohamed Sayoud,

    Consultant International en Investissement Industriel

    Fondateur du cabinet de conseils et d’études en Investissement

    Invest Design Consulting

  • L’amortissement dégressif en 7 points

    L’amortissement dégressif en 7 points

    1. L’amortissement dégressif, c’est quoi ?

    Outil d’optimisation fiscale, l’amortissement dégressif est un mode d’amortissement caractérisé par des annuités décroissantes d’année en année, ce qui influe sur la réalité de la consommation des avantages économiques de l’actif amorti. Or, et selon un point de vue objectif, l’amortissement dégressif est plus proche de la réalité en raison de la déperdition de l’actif ‘Une voiture est plus performante durant ses premières années d’utilisation’.

    1. Quels sont les immobilisations susceptibles de faire objet d’un  amortissement  dégressif ?

    En se référant au décret exécutif n°92-271 du 06 juillet 1992 portant sur l’amortissement dégressif, tout équipement lié à la production, autre que les immeubles, les chantiers, les bâtiments et locaux servant à l’exercice de l’activité (activité touristique comprise) peuvent être soumis à l’amortissement dégressif. Outre ceux cités précédemment, les équipements susceptibles d’être amortis de manière dégressive sont énumérés comme suit :

    -Tout matériel industriel lié à la production ou à la transformation d’un produit;

    -Tout matériel spécialement conçu pour l’activité du BTP ;

    -Engins spécifiques utilisés dans l’industrie des mines ;

    -Matériels ferroviaires non immatriculé ou non classés et circulant sur des voies privés et embranchement particuliers des entreprises commerciales ou industrielles ;

    -Tracteurs, moto-bennes utilisés à des opérations de terrassement, déblaiement, manutentions internes, sur carrières ou chantiers de travaux immobiliers ainsi que tout véhicule hors gabarit utilisé pour les fins cités précédemment;

    -Machines et outils de tout ordre tels que les perceuses, tours…

    – Tout appareil de laboratoire ;

    -Tout matériel de manutention ;

    -Tout équipement des centres d’apprentissage placés sous la dépendance directe de l’entreprise et constituant le prolongement de son activité ;

    -Tout matériel constituant un moyen de transport ;

    -Tout équipement lié à l’activité agricole ;

    -Tout matériel ou installation conçu contre la pollution de l’eau ou de l’air ;

    -Toute installation produisant de la chaleur, vapeur ou énergie ;

    -Toute installation de sécurité et autres à caractère médico-sociale ;

    -Tout matériel et outillage utilisé à des fins de recherche scientifiques ;

    -Toute machine  à  caractère   bureautique  à  l’exclusion des machines  à écrire ;

    -Toute installation de magasinage ou de stockage à l’exception des locaux ;

    -Tout immeuble et matériel liés aux entreprises hôtelières ;

    -Tout équipement nécessitant une installation fixe, adapté à l’établissement auquel il est intégré ;

    -Tout matériel et équipement spéciaux affecté aux établissements de thermalisme.

    1. Quels avantages à l’adopter  ?

    Par son caractère décroissant, la charge d’amortissement est plus importante durant la première année, ce qui permettra de payer moins d’impôt, constituant ainsi un crédit d’impôt payable ultérieurement. Cette économie d’impôt peut constituer une liquidité pouvant être réinvestie. Il permet également et sur le long terme, d’améliorer le résultat, pouvant ainsi être avantageux en cas de demande de crédit, procurant ainsi un avantage de trésorerie ‘la charge d’amortissement étant moins importante durant les dernières années’.

    1. Quand l’utiliser ?

    Utilisé exclusivement pour les biens acquis neufs tout en respectant les dispositions légales citées précédemment, l’amortissement dégressif est souvent utilisé pour des raisons techniques. Certe, les avantages économiques d’une machine travaillant 24h/24 ne se consomment pas de la même manière qu’une machine travaillant 8h/24, d’où la nécessité d’utiliser ce mode d’amortissement. Outre les besoins techniques, les besoins financier et d’optimisation fiscale, l’amortissement fiscal peut constituer une aubaine pour tout chef d’entreprise désirant réinvestir ses bénéfices, et ainsi se développer.

    1. Comment opter pour le   mode dégressif ?

    Le contribuable peut opter pour ce mode d’amortissement selon les conditions suivantes :

    -Le contribuable doit être soumis au régime réel d’imposition ;

    -Dépôt d’une demande auprès de l’administration fiscale, ceci lors du dépôt de la liasse fiscale ;

    -La durée d’amortissement du bien visé par ce  mode doit  être  au  minimum  de  3 ans.

    1. Peut-on changer de mode d’amortissement ?

    Le mode d’amortissement doit être choisi dès l’enregistrement comptable de l’acquisition du bien en question, et est irréversible durant toute sa durée d’utilisation. Néanmoins, un changement du plan d’amortissement peut être envisagé dans certains cas ‘changement d’estimations comptables’.

    1. Et d’un point de vue fiscal ?

    Selon l’article 174 du CIDTA, et le décret 92-271 du 06 juillet 1992, l’administration fiscale autorise la pratique de ce mode d’amortissement selon les conditions précédemment citées. Toutefois son utilisation demeure peu courante au sein des entreprises algériennes, par manque d’informations ou par méconnaissance des règles et lois en vigueurs. Ainsi selon un sondage réalisé sur le site web coges-bibliotheque.com, plus de 95% des professionnels de la comptabilité ont attestés n’avoir jamais utilisé ce mode d’amortissement, plus de 49% d’entre eux ont affirmés l’indisponibilité d’informations sur le sujet, le reste ont exprimés la peur de faire une erreur qui engendra un redressement fiscal.

    En conclusion, le but de cet article est d’attirer l’attention des praticiens de la comptabilité & de la finance sur les avantages que peut apporter à l’entreprise le recours à ce mode d’amortissement qui demeure assez peu connu et très peu utilisé.

    Djamel Mansour

    Djamel MANSOUR, est  titulaire d’une licence en comptabilité & fiscalité et étudiant en Master 01 à l’université d’Alger 03, spécialité comptabilité et fiscalité approfondie. Fondateur de COGES bibliothèque première plate-forme d’aide aux étudiants et aux professionnels dans les domaines de la l’économie et des finances.

  • Complexe de phosphate de Tébessa : Quelle place au sein de la filière internationalisée?

    Complexe de phosphate de Tébessa : Quelle place au sein de la filière internationalisée?

    Le 18  août 2009 le gouvernement annone officiellement  un important projet de phosphate  qui permettra de créer 5.000 emplois permanents, évalué entre 1,5 et 2 milliards de dollars. Le 18 juillet 2016, l’ex ministre algérien de l’industrie et des Mines annonce que le conglomérat industriel Indorama (né en Indonésie mais basé à Singapour) a signé trois accords d’investissement  à Alger, portant  la création de trois co-entreprises entre Indorama (49 %) et ses partenaires algériens (51 %) d’un montant de  4,5 milliards de dollars d’investissement afin  d’assurer la transformation de cinq millions de tonnes de phosphates marchands en engrais phosphatés et la production d’un million de tonnes d’ammoniac et de 800 000 tonnes de calcium ammonium nitrate .

    En ce mois de novembre 2018, le ministre  de l’industrie annonce que le coût du projet du Complexe de phosphate à l’Est du pays en partenariat entre deux groupes algériens Sonatrach et ASMIDAL-MANAL et deux groupes chinois CITIC et WENGFU, opérationnel selon les prévisions en 2022,  devrait s’élever à près de 6  milliards de dollars.

    Sans verser dans la sinistrose, en espérant que ce projet soit rentable dans le temps, et que les responsables nous expliquent le pourquoi de toutes ces réévaluations,  l’objet de cette présente contribution  est une analyse objective de cette filière  afin d‘éviter  les erreurs du passé qui se sont chiffrées en pertes évaluées à des milliards de dollars

    Le phosphate, utilisé comme engrais, soit à l’état naturel soit à l’état chimique, avec l’azote et le potassium, est l’un des éléments indispensables à la croissance végétale étant  l’un des trois principaux nutriments nécessaires aux cultures pour atteindre leur plein potentiel et ses différents composants.

    C’est  une ressource critique dans un contexte de démographie et de besoins alimentaires en forte croissance. Avec l’augmentation de la population donc de la consommation, et la demande de nourriture diversifiée , la disponibilité limitée des terres labourées, la  taille du marché mondial des engrais phosphatés devrait atteindre quelque 78,06 milliards de dollars américains d’ici 2025, selon le  rapport de Grand View Research, Inc, qui prévoit pour le secteur un taux de croissance annuel composé de 5,1% et donc un accroissement de la demande d’engrais phosphatés.

    Ainsi  le marché africain de fertilisant  est considéré comme vierge  à cause de la faiblesse de consommation d’engrais  4,7kg par habitant contre 200kg en Inde et en Chine

    Selon l’agence Wikipédia  en 2016, les  réserves mondiales sont estimées à 68.000.000 millions de tonnes, réparties n’ayant retenu que les principaux pays :

    -Chine, 3.100.000t (d’autres sources donnent 3.700.000)

    – Maroc 5.000.000t

    -Etats Unis 1.100.000t

    -Russie  1.300.000t

    -Algérie 2.200.000t

    -Jordanie  1.300.000t

    -Afrique du Sud  1.500.000t

    -Australie  1.100.000t

    -Brésil  320.000t

    -Egypte 1.200.000t

    -Pérou  820.000t

    -Arabie Saoudite réserves 680.000-

    -Tunisie 100.000t

    -Syrie avec  des réserves de 1.300.000 tonnes.

    La production mondiale pour 2016 est de  261.000 tonnes répartie ainsi :

    -Chine 138.000 kt

    -Maroc 30.000kt

    -Etats Unis  27800kt

    -Russie 11600kt

    -Algérie 1500 kt

    -Jordanie  n 8300kt

    -Afrique du Sud  1700 kt

    -Australie  2500kt

    -Brésil  6500kt

    -Egypte 5500kt

    -Pérou production 4000kt

    -Arabie Saoudite 4000kt

    -Tunisie 3500 kt

    Cependant l’important n’est pas d’analyser le volume produit mais de voir l’évolution du prix qui dépend de bon nombre de facteurs, dont le prix de l’énergie qui  est la principale cause de la volatilité des prix des engrais phosphatés, mais également les coûts de transport, les décisions politiques, les taux de change et d’autres facteurs incontrôlables  qui affectent le commerce mondial des produits fertilisant

    Le prix du phosphate brut a été divisé par trois depuis son pic de l’année 2008 ; ayant chuté de -43,2% depuis l’année 2011, étant resté stabilisé autour de 115 dollars US la tonne métrique, en moyenne mensuelle en 2015. Depuis  les prix sont à la baisse et  très fluctuants : ainsi en avril 2018, le  phosphate brut  était coté à 88,00 dollars la tonne, en juillet 2018 à 86,88,  en septembre à 87,50 dollars et en octobre 2018 à 91,2 dollars la tonne.

    Selon les prévisions de la Banque mondiale, la tendance générale et à moyen terme des prix des produits phosphatés reste orientée à la baisse, le phosphate brut se négocierait en 2020 au tour de 80-85 dollars U.S la tonne métrique, celui du DAP autour de 377,5 dollars US la tonne métrique  et le TSP à près de 300 dollars U.S la tonne métrique.

    Dans une nouvelle analyse, l’agence de notation mondiale estime que les prix des roches de phosphate resteront en moyenne à 105 dollars la tonne (sans frais à bord), en  2019 (sans frais à bord)  à 110 dollars sur le long terme.  Car pour les dérivés du phosphate,  les circuits de commercialisation mondiaux sont contrôlés étroitement par  quelques firmes et  les  prix étant   très fluctuants, dépendant à la fois des couts et des zones.

    Nous avons  une forte concurrence et  la présence d’acteurs clés limités qui obtiennent une part importante des revenus mondiaux. Les principaux intervenants comprennent notamment les russes Eurochem Group AG et PJSC PhosAgro; les canadiens Agrium Inc. et Potash Corp. de Saskatchewan Inc; le norvégien Yara International ASA; les américains CF Industries Holdings Inc. et Mosaik Co.; l’indien Coromandel International Ltd.; le géant marocain OCP S.A. et Israel Chemicals Ltd.

    Et ce sont ces grands groupes qui  mènent des activités de recherche et de développement pour fabriquer des engrais phosphatés biologiques et économiques afin de répondre aux besoins du marché mondial.  A titre d’exemple,  pour l’urée granulés du Moyen Orient, la cotation est passée de 256 dollars en octobre 2017 à 238 en juin 2018 et à 301 fin  septembre 2018. Pour l’urée granulée d’Indonésie/Malaise, le cours est passé pour la même période de 282, à 261 et à 305 dollars. Quant au cours  de l’ammoniac, (yuzhny), il est passé de 243 dollars en octobre 2017 à 243 en juin 2018 et à 341 dollars fins septembre 2018.

    L’engrais /urée était vendue à plus de 423 dollars  la tonne en 2014 et a été coté  en moyenne  le 20 novembre 2018  à 327 euros soit au cours actuel (1,13 dollar un euro) 369 dollars contre une moyenne annuelle  en 2017 de 327 dollars  la tonne. C’est que le  prix de l’ammoniac est fonction du prix du gaz sur le marché international.

    Selon des experts, lorsque le prix du gaz est de 4 dollars le MBTU le cout de revient de l’ammoniac est d’environ  au cours actuel du dollar environ 140 dollars. Lorsque le prix du gaz est de 7 dollars le MBTU le prix de revient est  d’environ  242 dollars. Qu’en est-il pour l’Algérie ?

    Le coût du projet du Complexe de phosphate à l’Est du pays en partenariat entre deux groupes algériens Sonatrach et ASMIDAL-MANAL et deux groupes chinois CITIC et WENGFU, opérationnel selon les prévisions en 2022,  qui permettra la création de près de 2.500 postes d’emplois directs permanents, devrait s’élever à près de 6 milliards de dollars.

    Il est  réparti entre la mine de Bled El-Hadba à Tebessa (1,2 milliards de dollars), la plateforme de Hadjer Kebrit à Souk Ahras (2,2 milliards de dollars), la plateforme de Hadjar Essoud à Skikda (2,5 milliards de dollars) et le port d’Annaba (0,2 milliards de dollars).

    Ce projet porte sur l’exploitation du phosphate extrait du champ de Bled El-Hadba dans la wilaya de Tébessa, d’une capacité de 500 millions de tonnes et la valorisation de cette ressource naturelle à travers la production des engrais, de l’ammoniac, du silicium et autres matières utilisées dans les différentes activités économiques.

    Le projet prévoit l’extraction de 6 millions de tonnes/an de phosphate de haute qualité de Bled El-Hadba (Tébessa), la production de 3 millions de tonnes d’acide phosphorique à Oued Kebrit (Skikda) et la réalisation d’une unité d’accompagnement pour la récupération des rejets fluorés à partir des unités de production de l’acide phosphorique, ce qui permettra de produire 60.000 tonnes d’Acide fluorhydrique anhydre (AHF) et 57.000 tonnes de SIO².

    Il est question également de la production de 1,2 millions de tonnes/an d’ammoniac et 4 millions de tonnes d’engrais. .Ainsi si l’Algérie  exporte trois millions de tonnes de phosphate brut annuellement à un cours moyen même de 100 dollars entre 2019/2020, nous aurons un chiffre d’affaire, à ne pas confondre avec le profit net devant déduire les charges et le partage du profit avec la compagnie étrangère, d’environ   300 millions de dollars et  pour dix millions  de tonnes brut  un (1)  milliards de dollars.

    Car  dans cette filière les charges sont très élevées (amortissement et charges salariales notamment) minimum de 40%, le profit net serait pour dix millions de tonnes  de tonnes environ 600 millions de dollars. En cas d’association avec un partenaire étranger selon la règle des 49/51%, le profit net restant à l’Algérie serait légèrement supérieur à 300 millions de dollars. On est loin des profits dans le domaine des hydrocarbures. Pour accroitre le profit net, il faut donc se lancer dans des unités de transformation hautement capitalistiques avec des investissements lourds et à rentabilité à moyen terme avec une exportation de produits nobles, passant  par un partenariat avec une firme de renom du fait du contrôle de cette filière par quelques firmes au niveau mondial.

    Le projet prévoit justement, mais sans donner de précisions  sur la synchronisation datée des unités en aval, la production  3 millions de tonnes d’acide phosphorique, 60.000 tonnes d’Acide fluorhydrique anhydre (AHF), 57.000 tonnes de SIO²,  1,2 millions de tonnes/an d’ammoniac et 4 millions de tonnes d’engrais, le chiffre d’affaire exportable pourrait fluctuer selon les cours entre 1,5 et 2 milliards de dollars, avec un profit net  si l’on prend 40% de charge entre 900 millions et 1,2 milliards de dollars, montant auquel il faut soustraire le profit des associés étrangers,  soit beaucoup plus  si on exportait le brut).

    Mais on est  loin du gain des hydrocarbures où avec une augmentation de  4 à 5 dollars,  moyenne annuelle du cours du pétrole qui occasionnerait pour l’Algérie un gain en devises  fluctuant entre 1,6 et 2 milliards de dollars. Comme  la rentabilité est lente  et l’investissement lourd,  comme le projet entrerait en fonctionnement  en 2022, et en fonction  des cadences -normes internationales- 25% 1ère année, 50% 2ème année pour atteindre la vitesse de croisière la troisième année -2025-, l’amortissement de l’investissement se ferait vers 2030.

    Ainsi, le phosphate et les dérivées sont loin de procurer (idem pour le fer)  une importante  rente contrairement à certaines déclarations tendancieuses. Par ailleurs,  quel sera le prix de cession du gaz  afin d’éviter des rentes de situation de ces unités fortes consommatrice d’énergie, un bas prix en plus des avantages financiers et fiscaux, fausserait  à la fois la capacité véritablement concurrentielle de ces projets sur le marché mondial qui interdit le dumping  et donc  le véritable cout et qui constituerait  une perte pour le trésor algérien.  C’est dans ce cadre  objectif, que   je me permets de mettre  en garde le gouvernement contre les utopies  du passé.

    Tout cela pose la problématique de la maitrise du management stratégique pour éviter les surcoûts, la mauvaise gestion et surtout le pilotage à vue, ignorant les nouvelles mutations mondiales ou l’initiation de projets non muris qui risquent de faire faillite à terme. Comme cette dérive  du montage de voitures où l’on recense plus des dizaines  de constructeurs qui n’existent nulle part dans le monde, allant vers  la sortie de devises et des faillites prévisibles ,  après avoir  perçu des avantages financiers et fiscaux considérables.  D’où l’importance de comprendre les nouvelles mutations  de ces  filières internationalisées  en perpétuel mutation technologique afin d d‘éviter pour l’Algérie des pertes financières qui peuvent se chiffrer en dizaines  de milliards de dollars.

    L’Algérie a besoin d’une vision stratégique au sein de laquelle doit s’insérer la politique industrielle (institutions, système financier, fiscal, douanier, domanial, système socio-éducatif, le marché du travail, le foncier ect.), afin de s’adapter aux nouvelles filières mondiales en perpétuelles évolutions poussées par l’innovation. Sans cette nécessaire adaptation au nouveau monde en perpétuelle mutation,  renvoyant à une nette volonté politique d’accélérer les réformes, donc à un renouveau culturel pas seulement des responsables mais de la société, l’Algérie ayant toutes les potentialités pour dépasser le statut quo actuel, il est vain de pénétrer le marché mondial et encore moins la filière minière contrôlée par quelques firmes internationales.

    Il ne faut pas vendre des rêves : l’Algérie dépendra encore pour de longues années des hydrocarbures. Les autres matières premières permettent de réaliser tout juste un profit moyen.

    Ainsi le profit net  de ce complexe après amortissement ne se fera, sauf  pannes techniques  ou autres désagréments,  ce qui  donnerait un temps plus long, que vers 2030.  Evitons donc  l’euphorie. Tant pour le phosphate que pour le fer (brut ou semi-brut) ,  la commercialisation dépend tant des contraintes de l’environnement international, du management stratégique interne, de la teneur de ces minerais qui détermine le coût d’exploitation, et surtout de la croissance de l’économie mondiale dont  sa future structure avec la quatrième révolution industrielle qui se met progressivement en place 2020/2030.

    Dans ces segments internationalisés, quelques firmes multinationales contrôlent les techniques et les circuits de distribution. Un partenariat gagnant-gagnant avec des compagnies qui contrôlent les circuits internationaux est la seule voie pour valoriser le phosphate et pour avoir une plus grande valeur ajoutée car exporter  la matière brute constitue une entrée en devise dérisoire.

    Evitons l’illusion de la rente éternelle par les matières premières, car  aucun pays dans le  monde qui a misé uniquement sur les matières premières, n’a réalisé un développement  durable. .Comme il faut éviter ce mythe  de la puissance du capital-argent  qui n’est qu’un moyen. Remémorons-nous le déclin de l’Espagne pendant plus d’un siècle, après avoir épuisé ses stocks d’or venu d’Amérique.

    Etudions  l’expérience de la Roumanie communiste de Nicolae Ceausescu avec une dette nulle mais une économie, une corruption généralisée et une économie en ruine. Que l’on prenne les pays  exportateurs d’hydrocarbures qui ont eu des centaines  de milliards de dollars depuis  les  trois  dernières décennies qui ne sont pas  des pays émergents.

    Depuis que le monde est monde, et cela s’avère plus vrai avec la quatrième révolution  économique mondiale 2020/2030/2040, la prospérité des différentes civilisations a toujours reposé sur la bonne gouvernance et  le travail.

    Le fondement du développement repose sur  l’économie de la connaissance qui est l’investissement le plus sûr pour un pays, un pays sans son élite étant comme un corps sans âme.  L’objectif stratégique pour l’Algérie 2019/2025 est  un développement des sections hors rente dans le cadre des valeurs internationales, conditionnées par de profondes réformes structurelles qui trouveront  des résistances de forces sociales conservatrices assis sur la  rente,   car déplaçant  forcément  des segments de pouvoir.

    Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des universités, expert international ademmebtoul@gmail.com

    (Voir nos contributions www.google.com <http://www.google.com/>  sur l’incohérence de la politique économique notamment industrielle 2013/2018).   ademmebtoul@gmail.com

     

     

     

  • Consommation énergétique : Où on est-on ?

    Consommation énergétique : Où on est-on ?

    Les contraintes internationales sont là et face aux mutations mondiales, les filières industrielles, énergétiques, agricoles, de services connaissent des restructurations, des fusions et des délocalisations des grands groupes, avec des capacités de production élevées avec une adaptation des services collectifs et des administrations locales et centrales y compris celui du ministère de la Défense nationale et des services de sécurité, gérés selon le principe de la rationalisation des choix budgétaires.   Il semble bien que certains des responsables algériens vivent sur une autre planète oubliant que la mondialisation est bien là avec des incidences politiques, sécuritaires et économiques voulant perpétuer un modèle dépassé des années 1970. Se pose cette question, face aux mutations mondiales, quel politique économique conciliant justice sociale et efficacité économique, tenant compte du seuil de rentabilité et de la concurrence internationale, loin de l’illusion tant monétaire que de l’ère mécanique, de l’âge de pierre reposant sur un modèle de consommation énergétique linéaire vision périmée et utopique

    1. Le monde s’oriente vers la quatrième révolution économique mondiale : primat de l’intelligence artificielle et digital qui bouleversera les organisations

    L’émergence d’une économie et d’une société mondialisée produit du développement du capitalisme, processus non encore achevé, et la fin de la guerre froide depuis la désintégration de l’empire soviétique, remettent en cause d’une part la capacité des Etats- nations à faire face à ces bouleversements et d’autre part les institutions internationales héritées de l’après-guerre. Ce n’est plus le temps où la richesse d’une Nation s’identifiait aux grandes firmes des Nations, les grandes firmes ayant été calquées sur l’organisation militaire et ayant été décrites dans les mêmes termes: chaîne de commandement –classification des emplois- portée du contrôle avec leurs chefs- procédures opératoires et standards pour guider tous les dossiers

    Tous les emplois étaient définis à l’avance par des règles et des responsabilités préétablis. Comme dans la hiérarchie militaire les organigrammes déterminaient les hiérarchies internes et une grande importance était accordée à la permanence du contrôle, la discipline et l’obéissance. Cette rigueur était indispensable afin de mettre en œuvre les plans avec exactitude pour bénéficier des économies d’échelle dans la production de masse et pour assurer un contrôle strict des prix sur le marché. Comme dans le fonctionnement de l’armée, la planification stratégique demandait une décision sur l’endroit où vous voulez aller, un suivi par un plan pour mobiliser les ressources et les troupes pour y arriver. A l’ère mécanique totalement dépassée, la production était guidée par des objectifs pré- établis et les ventes par des quotas déterminés à l’avance. Les innovations n’étaient pas introduites par petits progrès, mais par des sauts technologiques du fait de la rigidité de l’organisation

    Au sommet de vastes bureaucraties occupaient le rectangle de l’organigramme, au milieu des cadres moyens et en bas les ouvriers. L’enseignement du primaire au supérieur en passant par le secondaire, n’était que le reflet de ce processus, les ordres étant transmis par la hiérarchie, les écoles et universités de grandes tailles pour favoriser également les économies d’échelle.  L’éclatement des vieilles bureaucraties industrielles en réseaux mondiaux leur a fait perdre leur pouvoir de négociation expliquant également la crise de l’Etat providence (avec le surendettement des Etats) et de l’ancien modèle social-démocrate qui se trouve confronté à la dure réalité de la gestion gouvernementale. Or actuellement une nouvelle organisation fondée sur les réseaux est en train de s’opérer montrant les limites de l’ancienne organisation avec l’émergence d’une dynamique nouvelle des secteurs afin de s’adapter à la nouvelle configuration mondiale.

    Nous assistons au passage successif de l’organisation dite « tayloriste » marquée par une intégration poussée, à l’organisation divisionnelle, puis matricielle qui sont des organisations intermédiaires et enfin à l’organisation récente en réseaux où la firme concentre son management stratégique sur trois segments : la recherche développement (cœur de la valeur ajoutée), le marketing et la communication et sous traite l’ensemble des autres composants.  Et ce avec des organisations de plus en plus oligopolistiques, quelques firmes contrôlant la production, la finance et la commercialisation tissant des réseaux comme une toile d’araignée. Les firmes ne sont plus nationales, même celles dites petites et moyennes entreprises reliées par des réseaux de sous-traitants aux grande

    Les firmes prospères sont passées de la production de masse à la production personnalisée (Pr Reich ex-secrétaire d’Etat US). Ainsi, les grandes firmes n’exportent plus seulement leurs produits mais leur méthode de marketing, leur savoir-faire sous formes d’usines, de points de vente et de publicité. Parallèlement à mesure de l’insertion dans la division internationale du travail, la manipulation de symboles dans les domaines juridiques et financiers s’accroît proportionnellement à cette production personnalisée. Indépendamment du classement officiel de l’emploi, la position compétitive réelle dans l’économie mondiale dépend de la fonction que l’on exerce.

    Au fur et à mesure que les coûts de transport baissent, les produits standards et de l’information qui les concernent, la marge de profit sur la production se rétrécit en raison de l’absence de barrières à l’entrée et la production standardisée se dirige inéluctablement là où le travail est compétitif, moins cher et le plus accessible. Fait nouveau en ce XXIème siècle, la qualification devient un facteur déterminant. Ce qui explique que certains pays du tiers- monde qui tirent la locomotive de l’économie mondiale se spécialisent de plus en plus dans ces segments nouveaux, préfigurant horizon 2020/2030 de profonds bouleversements géostratégiques recomposant le pouvoir économique mondial.

    Les emplois dans la production courante tendent à disparaître comme les agents de maîtrise et d’encadrement impliquant une mobilité des travailleurs, la généralisation de l’emploi temporaire, et donc une flexibilité permanente du marché du travail avec des recyclages de formation permanents étant appelés à l’avenir à changer plusieurs fois d’emplois dans notre vie.

    Ainsi, apparaissent en force d’autres emplois dont la percée des producteurs de symboles dont la valeur conceptuelle est plus élevée par rapport à la valeur ajoutée tirée des économies d’échelle classiques, remettant en cause les anciennes théories et politiques économiques héritées de l’époque de l’ère mécanique comme l’ancienne politique des industries  industrialisantes calquée sur le modèle de l’ancien empire soviétique alors que le XXIème siècle est caractérisée par la dynamisme des grandes firmes mais surtout les PMI/PME reliés en réseaux à ces grandes firmes.

    Avec la prédominance des services qui ont un caractère de plus en plus marchand contribuant à l’accroissement de la valeur ajoutée, la firme se transforme en réseau mondial, et impossible de distinguer les individus concernés par leurs activités, qui deviennent un groupe vaste, diffus, répartis dans le monde. Cela a des incidences sur le futur système d’organisation à tous les niveaux, politique, économique et social.

    2.-Le monde s’oriente vers  changement du modèle de consommation énergétique horizon 2020/2030 (énergies renouvelables et hydrogène)

    La quatrième révolution économique mondiale sera marquée par l’efficacité et un  Mix énergétique. Les responsables algériens doivent éviter l’utopie du passé d’un modèle de consommation linéaire. nous devrions assister entre 2020/2030 à des perspectives technologiques futures tenant compte du nouveau défi écologique, (voitures hybrides, électriques), la Chine étant en passe de devenir le leader mondial des voitures propres toutes catégories profitant ainsi au premier chef des plans de relance «verts» des Etats-Unis, de l’Europe et du Japon.

    Selon Bloomberg New Energy Finance (BNEF) dans son rapport «New Energy Outlook 2016»  les énergies renouvelables représenteront 32% de la production d’électricité en Europe principal marché de l’Algérie horizon 2020/2025.  Toujours selon ce rapport les énergies renouvelables produiront près de 70% de l’électricité européenne en 2040, avec des couts inférieurs (si l’on soustrait les subventions) aux énergies fossiles classiques, qui  avec la  généralisation de la taxe carbone,  la demande mondiale devrait baisser .Aux Etats-Unis, les énergies dites vertes (hydroélectricité, éolien, solaire, etc.) vont passer de 14% en 2015 en mix électrique à 44 % en 2040. Au total, 7 800 milliards de dollars seront investis dans les énergies «vertes» entre 2016 et 2040 au niveau mondial, quand les énergies fossiles attireront que 2 100 milliards de dollars, Comme source d’électricité au niveau mondial, le gaz sera dépassé par les renouvelables en 2027.

    Selon BNEF, cette forte expansion des renouvelables sera permise par la baisse continue des coûts des technologies éoliennes (-41% d’ici 2040) et solaires (-60%). Elles seront les sources d’électricité les moins chères dans de nombreux pays dans la décennie 2020 et dans la quasi-totalité du monde à partir de 2030. Les voitures électriques représenteront 35% des ventes de nouveaux véhicules dans le monde en 2040, soit 41 millions de voitures avec un fort développement comme source de stockage de courant associé à des panneaux solaires. Ces données de 2015 vérifient le diagnostic d’une importante étude de la CEE qui note que la   production d’énergie renouvelable dans l’UE-28 a progressé au total de 84,4 % entre 2003 et 2013, ce qui équivaut à une augmentation moyenne de 6,3 % par an. La biomasse et les déchets, déchets constituaient les sources d’énergie renouvelables les plus importantes de l’UE-28 et représentaient un peu moins des deux tiers (64,2 %) de la production primaire d’énergie renouvelable en 2013.

    L’énergie hydraulique jouait également un rôle important dans le bouquet des énergies renouvelables (16,6 % du total). Quant aux énergies éolienne et solaire, bien que leur production soit restée à un niveau relativement bas (respectivement 10,5 % et 5,5 % de l’énergie renouvelable produite dans l’UE-28 en 2013), elles ont connu une expansion particulièrement rapide. La part restante se partageait entre l’énergie géothermique (3,1 %) et l’énergie hydro cinétique, houlomotrice et marémotrice (0,02 %). Les experts avancent deux scénarios. Le premier scénario est l’optimalisation du fonctionnement des moteurs à essence et diesel, avec une réduction de 20/30% horizon 2015, de la consommation, car pour ce scénario, les ressources en lithium pour les fameuses batteries lithium-ion sont limitées et que les moteurs électriques nécessitent des aimants que l’on fabrique aussi avec des métaux rares, un marché de 70/80 millions de véhicules par an ne pouvant absorber de gros volumes en voitures électriques et que pendant encore dix ans, les moteurs hybrides et classiques devraient rester majoritaires.

    Les nanotechnologies (la recherche dans l’infiniment petit) peuvent révolutionner le stockage de l’énergie, l’avenir appartenant au moteur alimenté par de l’hydrogène gazeux ou au solaire ce qui révolutionnera tous les réseaux de distribution.  Quel est donc l’avenir de notre planète où selon certains analystes, la taille du marché automobile chinois, sans parler de l’Inde, si l’on reste dans l’actuel modèle de consommation, devrait être multipliée par dix horizon 2030 se traduisant par une hausse de dégagement de CO2, alors que la Chine a déjà dépassé les USA comme principal pays producteur de gaz à effet de serre?

    L’avenir des énergies fossiles classiques dépendra des subventions puisque le rapport du Fonds monétaire international –FMI- établi lors de la COP21 à Paris   qui sera suivi de la COP22, prévue en novembre à Marrakech, note que les entreprises d’extraction d’énergies fossiles bénéficient de subventions à hauteur de 4,74 mille milliards d’euros par an, soit l’équivalent de près de 10 millions d’euros par minute, chaque jour.

    Le FMI explique que ses estimations s’appuient sur des bases solides et offrent un aperçu des coûts réels des combustibles fossiles. Les 4 740 milliards d’euros (5 300 milliards de dollars) de subventions estimées pour 2015 dépassent l’ensemble des dépenses liées à la santé publique de tous les gouvernements du monde.

    Ces coûts comprennent notamment les dommages causés aux populations locales par la pollution de l’air, ou encore par toutes les personnes dans le monde qui sont affectées par les inondations, les sécheresses et les tempêtes qui résultent du changement climatique. Ces chiffres du FMI sont cependant optimistes puisque une estimation plus complète des coûts engendrés par le changement climatique montrerait que les subsides implicites dont bénéficie l’industrie des énergies fossiles sont plus élevés. Le FMI, estime que la suppression des subventions aux énergies fossiles permettrait de réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle planétaire.

    En résumé, les responsables algériens doivent éviter l’illusion dépassée du modèle économique  (quand le bâtiment va tout va ou l’industrie mécanique classique comme ce mythe du montage des voitures classiques fonctionnant à l’essence et au diesel) et d’un modèle de consommation énergétique  linéaire,  ignorant  l’impact de la quatrième  révolution économique.

    Dr Abderrahmane MEBTOUL,Professeur des Universités, expert international

    ademmebtoul@gmail.com <mailto:ademmebtoul@gmail.com>

  • Algérie/Allemagne: coopération économique,flux migratoires et stratégie en direction de l’Afrique

    Algérie/Allemagne: coopération économique,flux migratoires et stratégie en direction de l’Afrique

    La visite  de la  chancelière allemande Madame Angela Merkel  suite à l’invitation de son Excellence Mr le Président de la République, Mr Abdelaziz Bouteflika s’inscrit à la fois dans le cadre du renforcement de la stratégie dilection de l’Afrique,  de la coopération économique, algéro-allemande mais également, l’Algérie étant un acteur stratégique de la stabilisation de la région méditerranéenne et africaine.

    1.-Quelle est la situation de l’économie allemande en 2017 ?

    Première économie de l’Union européenne, l’Allemagne est un État fédéral composé de 16 Länder  et  s’étend sur une superficie de  357 027 km² pour une population d’environ  82,5millions d’habitants (mars 2017) avec une population étrangère de plus de 9 millions. Elle a  comme capitale Berlin où nous avons comme villes principales : Hambourg, Munich, Cologne, Francfort-sur-le-Main, Stuttgart, Düsseldorf, Dortmund, Essen, Brême, Dresde, Leipzig, Hanovre, Nuremberg L’organisation institutionnelle de la République fédérale d’Allemagne se fonde sur la Loi fondamentale (Grundgesetz) adoptée le 23 mai 1949.

    Le chef de l’Etat, dont les fonctions sont essentiellement représentatives, est le Président de la République fédérale.  Le chancelier fédéral est le chef de l’exécutif. Les 16 Länder (Etats fédérés) qui composent l’Allemagne disposent de compétences étendues en matière de police, d’éducation, d’environnement, de culture et d’administration. Chaque Land dispose d’un exécutif propre et d’un parlement régional (Landtag).

    Les principaux partis politiques sont  dominés par deux grands mouvements, la CDU-CSU et le SPD.  Mais nous avons d’autres partis qui émergent expliquant récemment la difficulté pour la chancelière de former un gouvernement devant aller vers des coalitions, le parti libéral-démocrate (FDP) , le parti des Verts, le parti Die Linke  solidement implanté dans les anciens Länder de l’Est où il réalise régulièrement des scores supérieurs à 20%, ainsi que dans le Land de Sarre, le parti l’AfD (Alternative für Deutschland) qui  est une formation populiste fondée en 2013 dans un contexte marqué par la crise de l’euro et le sauvetage financier de la Grèce  représenté dans 12 des 16 assemblées régionales, le parti a fait son entrée au Bundestag lors des élections législatives de septembre 2017, obtenant 94 députés et des scores supérieurs à 20% dans les Länder de l’ancienne RDA.

    Sur le plan économique, l’économie allemande se caractérise par quatre spécificités l’’industrie, qui représente une part significative du PIB restée quasi stable depuis 20 ans ;  des entreprises extrêmement internationalisées, l’OMC  la classant  en 2017 au troisième rang des exportateurs mondiaux, derrière la Chine et les États-Unis ; la densité de son tissu d’entreprises de taille moyenne et intermédiaire (le “Mittelstand”) innovantes et exportatrices et enfin la décentralisation avec la répartition des lieux de production et des centres de décision sur le territoire allemand. L’Allemagne poursuit depuis plusieurs années une politique budgétaire marquée par la volonté de réduire l’endettement et les déficits publics (dite « Schwarze Null »), conformément aux objectifs fixés par les traités européens.

    Pour 2017, le produit intérieur brut est estimé à : 3263 milliards d’euros  avec une croissance de 2,2%, le PIB par habitant de 39.454 euros et   les principaux secteurs d ‘activité  sont : services à très haute technologie (69%) ; industrie (30,4%) ; agriculture (0,6%).  Le taux de chômage a été  de 5,7%  (février 2018) et en  moyenne pour 2017 le  taux d’inflation a été de  1,8%.. Sur le plan de l’équilibre de la balance commerciale, la balance commerciale  les exportations pour 2017 ont été de   1279 milliards d’euros et les  importations de 1034 milliards). Les principaux clients sont : Etats-Unis (8,7%) ; France(8,2%) ; Chine(6,7%) ; Pays-Bas(6,7%) ; Royaume-Uni (6,6%)  et les principaux fournisseurs: Chine (9,7%), Pays-Bas (8,8%), France (6,1 %), Etats-Unis (5,9%), Italie (5,4 %)  L’Allemagne étant la  première puissance économique de l’Europe, dans le domaine international, elle entend se donner une place à la mesure de son poids économique et de son influence politique. Dans ce cadre, elle a toujours défendu son ,  engagement en faveur du partenariat transatlantique comme le montre a quasi-totalité de l’effort de défense allemand  qui est consacré à l’OTAN, tout en soutenant   le  projet de Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement(TTIP). Et ce malgré les tensions récentes avec les Etats Unis d’Amérique ( mesures projectionnistes) , l‘Allemagne   est étroitement liée aux Etats-Unis, tout en essayant pour des raisons économiques de maintenir un équilibre avec la Russie. Dans ses relations avec le reste du monde et notamment des pays émergents, l’Allemagne entretient des relations avec la Chine  où elle  est le premier investisseur européen et compte 5 000 entreprises et a signé avec l’Inde  un  « partenariat stratégique » .Récemment la chancelière a fait une tournée en Afrique, continent d’avenir à enjeux multiples..L’Allemagne entend s’engager davantage en Afrique  afin de juguler   le risque terroriste et la crise migratoire  Au-delà des questions politiques et sécuritaires, le maintien d’importants liens économiques, notamment sur le volet « aide au développement » et aide humanitaire, et commerciaux, bien que l’Afrique ne représente encore que 2% du commerce extérieur allemand, est un élément déterminant de la relation de Berlin avec le continent.

    2.- Densifier la coopération algéro-allemande 

    D’une superficie de 2.381.741 km2, ( 6,7 fois l’Allemagne )  mais plus de 90% de désert,  et une population au 01 janvier 2018 de  42,2 millions d’habitants, le  PIB de l’Algérie en termes réel a été d’environ 160 milliards de dollars en 2017, contre 3263 milliards d’euros, soit 3750 milliards de dollars pour l’Allemagne( 23 fois l’Algérie), le pays ayant subi des contrechocs économiques négatifs  depuis la mi 2014 avec la baisse du  cours des hydrocarbures qui contribuent directement et indirectement à 97/98% de ses entrées en devises.

    Dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales, publié le 05 juin  2018  à Washington, la BM prévoit une croissance du PIB réel de l’Algérie à 3,5% en 2018, contre 3,6%, (-0,1 point) anticipé dans l’édition de janvier du rapport. La BM a légèrement abaissé sa prévision pour 2019 à 2%, soit -0,5 point, comparé à la croissance projetée en janvier et a revu sa projection pour 2020 à 1,3% (-0,3 point).. L’Algérie  garde pourtant  une marge de  manœuvre  bien que ses réserves de change sont passées de 195 milliards de dollars fin 2014 à 97 milliards de dollars fin 2017, devant terminer fin 2018 à environ 82/83 milliards de dollars ayant  un répit de trois années pour éviter d’aller vers le FMI horion 2022.

    Selon les statistiques douanières officielles du gouvernement,  les importations non inclus les services qui fluctuent  entre 9/11 milliards de dollars/an,  sont  passées  de 47,08 milliards de dollars US en 2016 à 45,95 milliards de dollars US fin 2017. Les hydrocarbures ont représenté l’essentiel de nos exportations de 30,02 milliards de dollars  et 34,76 en 2017 selon les statistiques douanières contre 1279 milliards d’euros pour l’Allemagne  soit 1470 milliards de dollars au cours de 1,15 dollar un euro soit 43 fois les exportations algériennes, avec une part de 94,54% d’hydrocarbures brut et si brut.  Les exportations « hors hydrocarbures », qui restent toujours marginales ont été   seulement de 5,46% du volume global des exportations soit l’équivalent de près de 1,89 milliard de dollars US. Les pays de l’Union Européenne sont toujours les principaux partenaires de l’Algérie, avec les proportions respectives de 44,03% des importations et de 58,37% des exportations. Les principaux clients sont par ordre décroissant Italie 5,51 milliards de dollars ( 15,96%) –France 4,46 ( 12,92%)-Espagne 4,14(11,91%)- USA  3,39(9,76%)-Brésil 2,08 (5,99%)Turquie 1,96  (5,64%)-Pays Bas 1,84 (5,32%) et la Chine très loin avec un montant dérisoire de 695 millions  de dollars Les principaux fournisseurs  sont  la chine 8,30 milliards de dollars (18,08%)- la France 4,29 ( 9,35%)-l’Italie 3,75 (8,17%) –l’Allemagne 3,21 (7,00%)-l’Espagne 3,12 (6,81%)la Turquie 1,99 (4,35%)- les USA 1,81 (3,95%). Les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Allemagne ont évolué ainsi : 2011, 2,56 milliards de dollars, 2,59 en 2012,  2,86 en 2013, 3,77 en 2014  et environ 3,2 en 2017.

    Les exportations  vers l’Allemagne sont dérisoires 498 millions de dollars en 2011, 238 en 2012, 317 en 2014 et selon certaines sources n’ayant pas dépassées 200 millions de dollars en 2017.   Si l’on tient compte des 3,21 de dollars d’importation, nous aurons un montant global pour 2017  d’environ 3,4milliards de dollars   D’une manière générale, l’Algérie importe essentiellement de ce pays des équipements mécaniques, électriques, sidérurgiques, des véhicules, (ayant assisté récemment à l’installation d’une unité de montage),  et des produits chimiques et des graisses. Les exportations algériennes sont, à l’inverse, constituées essentiellement des hydrocarbures (pétrole et gaz) et dérivés. Or, selon plusieurs  études réalisées en Allemagne,   les  entreprises allemandes ont beaucoup de difficultés à pénétrer le marché algérien, en raison des lourdeurs bureaucratiques, plusieurs étapes à franchir. Malgré ces difficultés, il y a beaucoup d’entreprises allemandes qui sont installées en Algérie, notamment dans les produits de haute technologie.

    En plus des difficultés administratives, ils  rencontreraient  aussi des problèmes avec le secteur finance, comme les banques. comme  l’interdiction de transfert une partie des revenus à l’étranger.  la règle du 49/51% généralisées à tous les secteurs, pouvant imaginer une minorité de blocage ,  régissant le code des investissements étrangers en Algérie qui  constitue selon les allemands un frein pour les entreprises étrangères ,surtout les PMI/PME  innovantes désireuses d’investir . Or les  quelque 4400 entreprises de gouvernance familiale que compte l’Allemagne forment la colonne vertébrale de l’économie, sans compter l’importante diaspora, plutôt «bien intégrée» qui peut favoriser le couroi de transmission.

    Plusieurs centaines de  sociétés d’Outre- Rhin sont implantées en Algérie.  Elles évoluent dans différents secteurs d’activité entre autres l’énergie, les services, l’hydraulique, le transport et les technologies de la construction. Malgré ces échanges minimes loin des potentialités,  la volonté politique « partagée » par les deux capitales et leurs intérêts économiques et géostratégiques respectifs,  restent, malgré la crise économique et financière mondiale, favorables au renforcement des échanges économiques et de la coopération bilatérale dans plusieurs secteurs porteurs.

    L’objectif essentiel est de renforcer le partenariat, tout en étudiant le marché économique des deux pays afin de rechercher les opportunités de coopération en vue d’accroître les échanges commerciaux et la coopération bilatérale notamment dans le secteur de l’énergie (solaire, éolienne et photovoltaïque) , l’Algérie, ayant accordé  pour les prochaines années la priorité aux énergies renouvlables et des technologies de pointe maîtrisées par l’Allemagne.  Aussi, dans le cadre d’un partenariat gagnant/gagnant dans divers domaines en intégrant l’accumulation du savoir faire technologique et managérial des algériens, l’on pourrait aboutir à la conclusion de contrats de coopération avec des entreprises algériennes dans d’autres filières où l’Algérie a un avantage comparatif mondial ,où l’Allemagne par un  partenariat gagnant/gagnant  pourrait utiliser ses réseaux de commerces  internationaux,  car nous sommes à l’ère de la mondialisation.

    En conclusion. Les Allemands qui n’ont pas de contentieux historique avec l’Algérie, privilégiant le pragmatisme ont une vision stratégique, l’Algérie pouvant leur servir de  porte de l’Afrique et par son développement au sein d’une intégration de l’Afrique du Nord  favoriser le co-développement dans la région et atténuer les flux migratoires et les questions sécuritaires qui seront abordés lors  de cette visite.

    Dans différentes rencontres, les entrepreneurs allemands  ont fait savoir souvent au gouvernement algérien  qu’ils étaient prêts à intensifier la coopération sous réserve de lever les contraintes au monde des affaires .loin d’une démarche  administrative. L’économie allemande étant dominée par le secteur privé, et l’économie algérienne par la dominance de la bureaucratie qui produit la sphère informelle, un système financier et socio-éducatif à réformer, en plus de la levée du foncier,  il  appartient aux  Algériens de lever les obstacles, supposant de profondes réformes structurelles, une bonne gouvernance et une visibilité et cohérence de la politique socio- économique. Mais il faut être réaliste, l’Allemagne est la  première économie de l’Union européenne , le  PIB de l’Algérie en termes réel a été d’environ 160 milliards de dollars en 2017, contre  3750 milliards de dollars pour l’Allemagne ( 23 fois l’Algérie) et  les hydrocarbures  représentant  l’essentiel de nos exportations de 34,76 en 2017 contre  pour l’Allemagne   1470 milliards de dollars au cours de 1,15 dollar un euro soit 43 fois les exportations algériennes.

    L’Algérie étant principalement exportateur d’hydrocarbures, il faut être également  conscient  que  l’Allemagne peut  s’approvisionner en pétrole et gaz de la Russie à travers les canalisations déjà opérationnelles En bref,  dans la pratique des affaires n’existant pas de sentiments, mais que des intérêts,  l’Algérie étant un acteur stratégique de la stabilisation de la région méditerranéenne et africaine.

    Pr Abderhmane Mebtoul

    ademmebtoul@gmail.com

     

     

  • Comment dynamiser la bourse d’Alger et le Conseil de la concurrence ?

    Comment dynamiser la bourse d’Alger et le Conseil de la concurrence ?

    L’Algérie possède des institutions qu’il s ‘agit de dynamiser si l’on veut un Etat de Droit, condition pour un développement durable et surtout être crédible tant au niveau national qu’international. Cette présente contribution s’appesantit sur deux institutions stratégiques la bourse d’Alger  et le conseil de la concurrence en léthargie depuis leur création datant de plus de deux décennies. Mais n’oublions pas également la Cour des comptes, et le Conseil Economique et Social, en hibernation, consacré dans la nouvelle constitution, dont la composante n’a pas été changée depuis plusieurs décennies. Les textes juridiques sont une condition nécessaire mais non  suffisantes : l’important est d’agir sur  le fonctionnement de la société algérienne, fonction des rapports de force des différentes composantes politiques, économiques et sociales, elle-même liée au fonctionnent de l’économie mondiale afin que ces lois soient applicables(1)

    Les 05 conditions pour dynamiser la bourse d’Alger

    La bourse d’Alger est régie par le décret législatif n° 93-10 du 23 mai 1993 relatif à la bourse des valeurs mobilières modifié et complété par l’ordonnance n°96-10 du 10 janvier 1996 et la Loi n°03-04 du 17 février 2003. Elle est en léthargie  car les   plus grandes sociétés algériennes comme Sonatrach  et Sonelgaz et plusieurs grands groupes privés  ne sont  pas  cotées en bourse. Sa dynamisation aurait permis d’éviter le financement non conventionnel.  L’important pour une bourse fiable est le nombre d’acteurs fiables au niveau de ce marché pour l’instant limité. Imaginez-vous un très beau stade de football pouvant accueillir plus de 50.000/100.000 spectateurs sans équipe pour disputer la partie. Les autorités algériennes se sont donc contentés de construire le stade mais sans joueurs. Comment dynamiser la Bourse d’Alger? Je recense  cinq axes directeurs.

    Premièrement, la levée des contraintes d’environnement dont les entraves la bureaucratiques impliquant la refonte de l’Etat dans de nouvelles missions devient urgent. Il ne peut y avoir de bourse sans la concurrence, évitant les instabilités juridiques et donc un Etat de droit. Cela n’est pas facile comme le démontre d’ailleurs les scandales financiers au niveau mondial supposant de la transparence.

    Deuxièmement, une bourse doit se fonder sur un système bancaire rénové et j’insisterai sur ce facteur fondamental car le système financier algérien depuis des décennies est le lieu par excellence de la distribution de la rente des hydrocarbures et donc un enjeu énorme du pouvoir.

    Troisièmement, il ne peut y avoir de bourse sans la résolution de titres de propriété qui doivent circuler librement segmentés en actions ou obligations renvoyant d‘ailleurs à l’urgence de l’intégration de la sphère informelle par la délivrance de titres de propriété.

    Quatrièmement, il ne peut y avoir de bourse sans des comptabilités claires et transparentes calquées sur les normes internationales par la généralisation des audits et de la comptabilité analytique afin de déterminer clairement les centres de couts pour les actionnaires. Cela pose la problématique de l’adaptation du système socio-éducatif, n’existant pas d’engeerening financier.

    Cinquièmement, transitoirement comme amorce, nous proposons une privatisation partielle de quelques champions nationaux pour amorcer le mouvement et la création de fonds de private P/P pour sélectionner quelques entreprises privées en vue de leur introduction ultérieure en bourse. On pourrait mette en bourse : 10% de Sonatrach ; 10 à 15% de BEA; 15% de Cosider et 15% de CPA. Cela permettrait de constituer un indice boursier consistant en volume et en qualité amorçant le cercle vertueux et attirer des opérateurs privés. Ces fonds agiraient comme incubateurs de sociétés éligibles à la Bourse. Dans ce cadre, une aide au développement des acteurs privés du secteur de l’investissement (Conseillers IOB, gestionnaires d’actifs) est nécessaire. Mais là n’est pas l’essentiel. Ce qui m’amène à traiter de la deuxième institution d’une importance stratégique comme en témoigne la fonction du conseil de la concurrence aux USA et au niveau de la commission économique européenne où d’ailleurs le fondement de l’organisation mondiale du commerce se fonde sur la concurrence.

    Les 07 conditions pour  la dynamisation du conseil de la concurrence  

    Le Conseil de la concurrence est né avec l’ordonnance numéro 95-06 du 25 janvier 1995 qui a été modifiée par l’ordonnance n° 03-03 19 juillet 2003, puis par la Loi n° 08-12 du 25 juin 2008  est en léthargie depuis sa création. La pratique saine des affaires ne s’accommode pas du monopole source de surcoûts et de mauvaise qualité des produits, d’où l’urgence de l’Etat régulateur stratégique. Ainsi, deux questions se posent : pourquoi donc l’Etat n’a-t-il pas appliqué ses propres lois et pourquoi n’a-t-il pas fait jouer son rôle de régulateur stratégique pour favoriser la concurrence ? Cela ne s’explique-t-il pas par des enjeux de pouvoir, existant des liens dialectiques entre la logique rentière et la logique du monopole qui favorise les délits d’initiés renvoyant à l’urgence d’une profonde moralisation des institutions ? Pourtant la loi est claire renvoyant à sept  principes.

    Premièrement, les ententes entre entreprises qui visent à obtenir un niveau de prix supérieur à celui qui résulterait d’une situation concurrentielle (article 6 de l’Ordonnance modifiée et complétée n° 03-03 du 19 juillet 2003).

    Deuxièmement, les abus de position dominante c’est-à-dire les situations où une entreprise et parfois plusieurs entreprises, sans avoir besoin de s’entendre, disposent d’une position sur le marché suffisamment puissante pour fixer leurs prix (ou leurs conditions commerciales) à un niveau supérieur à celui qui résulterait d’une situation concurrentielle (article 7 de l’Ordonnance modifiée et complétée n° 03-03 du 19 juillet 2003).

    Troisièmement, les abus de dépendance économique: ce type d’abus est le fait d’entreprises en position dominante dans leurs relations avec des opérateurs économiques qui n’ont d’autre choix que de traiter avec elles (article 11 de l’Ordonnance modifiée et complétée n° 03-03 du 19 juillet 2003).

    Quatrièmement, la pratique de prix abusivement bas ayant pour effet d’éliminer ses concurrents pour ensuite relever ses prix au-dessus d’un niveau raisonnable (article 12 de l’Ordonnance modifiée et complétée n° 03-03 du 19 juillet 2003).

    .Cinquièmement, tout acte ou tout contrat conférant à une entreprise une exclusivité (article 10 de l’Ordonnance modifiée et complétée n° 03-03 du 19 juillet 2003).

    Sixièmement, interdiction des opérations de concentration qui aboutissent à la création d’une position dominante (article 15 et suivants de l’Ordonnance modifiée et complétée n° 03-03 du 19 juillet 2003). . L’ordonnance de 2003 avalisée par celle de 2008 précise que les agents économiques doivent notifier à ce Conseil leurs opérations de concentration lorsqu’elles sont de nature à porter atteinte à la concurrence et qu’elles atteignent un seuil de plus de 40% des ventes ou achats à effectuer sur un marché. C’est dans ce cadre que la loi consacre une exception à ce principe en accordant la faculté au Gouvernement d’autoriser, lorsque l’intérêt général le justifie, les concentrations économiques rejetées par le Conseil de la concurrence à chaque fois que des conditions économiques objectives le justifient.

    En résumé,  La dynamisation de la bourse d’Alger et du Conseil de  la  concurrence sera  fonction de rapports de forces, renvoyant  donc à d’autres sphères que l’économique, en un mot au Politique.En fait leur  léthargie trouve son essence dans  des enjeux importants de pouvoir concernant l’approfondissement ou pas des réformes structurelles qui se fondent sur une saine concurrence, loin de tout monopole source d’inefficience , tant dans le domaine politique, économique culturel que social.

    Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des universités et expert international .ademmebtoul@gmail.com

  • Quelle rentabilité financière pour l’exportation du ciment made in Algeria ?

    Quelle rentabilité financière pour l’exportation du ciment made in Algeria ?

    Face à une filière  internationalisée, quelle rentabilité financière  pour l’exportation du ciment made in Algeria ? Récemment dans un communiqué du ministère de l’Industrie et des Mines, avec ses douze cimenteries, GICA  qui en  2017 a enregistré une production record de ciment de près de 14 millions tonnes contre 12.6 millions de tonnes en 2016, sa  filiale de distribution des matériaux de construction,  a effectué  une  première opération d’exportat1on, portant sur une quantité de 45.000 tonnes,  fin avril mais sans mentionner  le chiffre d’affaire et le prix de cession de la tonne. Quant   à LafargeHolcim Algérie possédant  2 cimenteries à M’Sila et Oggaz, et en partenariat avec le Groupe Souakri Cilas Biskra pour une capacité totale annuelle de 11.5 mT/an  et   gérant  en partenariat avec le GICA la cimenterie SCMI Meftah 1.5 MT/an, a lancée en décembre 2017,  la première opération d’exportation a concerné 16.600 tonnes de ciment gris d’une valeur de 600 000 dollars,  soit environ 36 dollars la tonne  et la dernière opération  d’exportation de 8.500 tonnes de ciment gris à destination de l’Afrique de l’Ouest. Dans le prolongement de mes  enquêtes sur le  phosphate, le fer,   le ciment est l’objet de cette présente contribution, pour analyser la réelle rentabilité des exportations

    1.Entre 2015/2016, la production mondiale de ciment a représenté 4,6 milliards de tonnes (croissance moyenne annuelle de 6,9 % depuis 2010 avec production de 3,3 milliards de tonnes). Le chiffre d’affaire des quatre plus grands cimentiers par ordre décroissants sont Lafarge-Holcim 23,20 milliards de dollars, Heidelberg pour 15,7 milliards de dollars , Cemex pour 11,57 milliards de dollars , Italcementi  pour 4,3 milliards de dollars  (racheté par Heidelberg depuis 2016)  et Vicat, producteur de ciment, béton, granulats.  Groupe cimentier français  numéro trois en France,  implanté dans 11 pays pour 2,4 milliards de dollars. Selon les statiques internationales de février 2018, chaque seconde dans le monde, sont coulés 146 000 kilos de ciment (compteur), soit 4,6 milliards de tonnes par an. Entre 2014 et 2016, la Chine a produit respectivement 2480 millions de tonnes en 2014 et 2410  en 2016, l’Inde  stable durant cette période environ 300 millions de tonnes, les USA 84 à 89, ma Turquie 75 à 72, le Brésil 60 à 68, la Russie 56 à 65, l’Iran 53 à 65, l’Indonésie stable 63 millions de tonnes, la Corée du Sud 55  à 60, le Vietnam  70 à 55 et l’Arabie Saoudite  de 61 à 54. Du fait de nouvelles méthodes de construction, les pays développés consomment de moins en moins de ciment, la grande part étant accaparée par les  pays émergents qui consomment aujourd’hui 90 % de la production de ciment, contre 65 % au début des années 1990. Le prix de la tonne de ciment en vrac au niveau international fluctue ces dernières années entre 45 et 65 dollars la tonne, fonction du prix de cession du gaz au niveau mondial.

    2.Le ciment étant difficile à transporter, les sites de production se situent généralement près des lieux de consommation. Le marché du ciment restant très local, avec une constellation d’oligopoles au niveau mondial contrôlant les circuits de commercialisation en partenariat avec les acteurs locaux et seulement entre 5/10% de la production mondiale est destinée à l’exportation. D’où l’implantation locale de nombreuses cimenteries dépassant les 10 millions de tonnes/an  notamment en Afrique tant de grands cimentiers dont l’allemand Heidelberg,  la fusion entre le français Lafarge et le Suisse Holcim, l’entreprise chinoise Sinoma International Engineering (investissement d’environ 5 milliards de dollars) pour la construction de nouvelles cimenteries au Cameroun, Ehtiopie, Kenya , Mali, Niger , Nigeria , Sénégal, la Zambie, que des investisseurs privés  locaux. Ainsi selon SFI l’homme le plus riche d’Afrique, le Nigérien Aliko Dangote a investi ces dernières années, environ 8 milliards de dollars a produit uniquement pour 2014 plus de 34 millions de tonnes de ciment et prévoit 100 millions de tonnes pour 2020. Ce regain pour le marché local au lieu d’exportation du pays d’origine, s’explique selon les études internationales,  compte tenu de la très faible valeur spécifique du ciment, la vente sur des marchés très éloignés du site de production n’étant pas économiquement viable, étant en général considéré que le ciment ne peut être avantageusement délivré au-delà d’une certaine distance critique. Le coût du transport peut même se révéler parfois plus élevé que le prix ex-usine et le recours au cabotage constitue une alternative intéressante, particulièrement dans les cas où le réseau routier est défaillant. Ainsi selon une étude du quotidien le monde.fr <http://monde.fr/>, l’importation du bassin méditerranéen pour arriver au Burkina Faso une tonne de clinker coûte entre 53  et 61 euros impactant le coût de production

    3.Qu’en est-il pour l’Algérie ?  Les nouvelles unités bénéficiant d’avantages, en plus du prix du gaz bas, de différentes exonérations fiscales et de bonifications bancaires  qui constituent en cas d’exportation un transfert indirect vers le pays exportateur,  pour avoir une vision objective et voir si une unité est compétitive réellement,  il s ‘agit d’élaborer, du point de vue comptable,  un compte de surplus  en alignant le prix du gaz sur celui du marché internationale et de soustraire tous les avantages financiers et fiscaux. Récemment dans un communiqué du ministère de l’Industrie et des Mines, le groupe  GICA  qui en  2017 a enregistré une production record de ciment de près de 14 millions tonnes contre 12.6 millions de tonnes en 2016, sa  filiale de distribution des matériaux de construction  a effectué  une  première opération d’exportat1on, portant sur une quantité de 45.000 tonnes,  fin avril mais sans mentionner  le chiffre d’affaire et le prix de cession de la tonne. Si l’on prend le prix de cession final de 40 dollars la tonne, le chiffre d’affaire réalisée est de 1.800.000 dollars restant déduction des charges d’environ 40%, un profit net de 1.080.000 dollars, un montant dérisoire par rapport au 33 milliards de dollars d’exportation en 2017 de Sonatrach.  Quant à LafargeHolcim Algérie étant une filiale  de LafargeHolcim étant  leader dans toutes les régions du monde, employant  environ 80 000 collaborateurs dans plus de 80 pays, occupant pour l’Algérie,  5500 collaborateurs (incluant les sous-traitants permanents), possède 2 cimenteries à M’Sila et Oggaz, et en partenariat avec le Groupe Souakri Cilas Biskra pour une capacité totale annuelle de 11.5 mT/an  et   gère en partenariat avec le GICA la cimenterie SCMI Meftah 1.5 MT/an,  elle a  lancée en décembre 2017,  la première opération d’exportation qui a concerné 16.600 tonnes de ciment gris d’une valeur de 600 000 dollars,  soit environ 36 dollars la tonne  et la dernière opération  d’exportation de 8.500 Tonnes de ciment gris à destination de l’Afrique de l’Ouest. Cette stratégie s’inscrit dans un plan  ayant pour objectif d’exporter 2 Millions de Tonnes de ciments et clinkers pour une ambition  avoisinant les 5 Millions de Tonnes en 2020. Si l’on prend plusieurs constructions en Afrique, le coût d’une cimenterie    entre un  et trois millions de tonnes varie entre 200 et 500 millions de dollars,  Une exportation de  10 millions de tonnes, et étant optimiste avec un cours de 60 dollars la tonne sortie usine, le chiffre d’affaire ne dépassera pas 500/600 millions de dollars  pour un capital social  Algérie 100%. Algérie. L’on  devra  soustraire 40% de coûts fixes (amortissement de l’investissement) et les couts variables  y compris le transport. Pour  le même volume d’exportation avec un partenaire étranger, il resterait à se partager  entre 300 et 360 millions de dollars et restant donc pour le trésor algérien avec la règle des 49/51% entre 150 et 180 millions de dollars. Par ailleurs, les  complexes de ciment sont polluants et énergivores, le ciment accaparant  les deux tiers du coût de production, posant la problématique des subventions de gaz à ces unités en Algérie. Cela implique de nouvelles techniques pour réduire la consommation électrique. Selon les experts consultés, cette industrie énergivore devra adapter les combustibles choisis en favorisant l’utilisation de déchets et combustibles secondaires, étant une des solutions pour diminuer les coûts et pouvoir supporter une pression sur les prix

    4.Selon nos informations, la capacité de production en 2020 si toutes les unités actuelles et celles programmées  atteignent la vitesse de croisière, devrait se situer autour de 46 Mt pour une demande estimée à 22 mT, ou nous assistons, du fait des tensions budgétaires, gel de certains projets et  avec  l’inflation la décroissance de l’auto construction,  à un ralentissement de la  demande. Or, si le stockage est de longue durée, accroissant les coûts et il y a  le risque du refroidissement alors inutilisables pour la construction. Pour ce cas, de nouvelles méthodes de construction au niveau mondial sont en cours économisant le rond à béton, le ciment et l’énergie et selon les experts consultés la seule solution, comme en Allemagne, est d’utiliser le béton pour construire les routes revenant souvent moins cher que le bitume importé. Dans ce cas, au niveau de la Méditerranée existant  une surproduction, il est   presque impossible d’exporter vers l’Afrique.

    Contrairement à certains discours ne reposant sur aucune étude de marché sérieuses,  les parts de marché sont déjà pris avec de nombreux complexes en voie de réalisation ou dans certains pays  d’Afrique comme le souligne l’enquête du monde.fr <http://monde.fr/>,  l’offre risque horizon 2020 de dépasser largement la demande. En Afrique  d’importantes unités de production sont mis en place ou en voie de l’être.  Je ne citerai que le Bénin, le Burkina Faso, la Cote d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée –Bissau, le Liberia, le Mali, le Niger, le Nigeria, la Sierra Léone, le Togo, le Sénégal  et au niveau du Maghreb la Mauritanie investissant également dans la production du ciment, le Maroc (ce dernier investissant directement dans ce créneau en Afrique à travers ses banques),  et la Tunisie sont  en excédent.

    5.- En conclusion, ,   la commercialisation du ciment  dépend de la croissance de l’économie locale et  mondiale dont sa future structure avec la quatrième révolution industrielle qui se met progressivement en place 2018/2030 , avec de nouveaux matériaux de construction économisant le ciment et l’énergie, et également des contraintes de l’important coût de transport, de la concurrence internationale  et  du management stratégique  qui déterminent le coût d’exploitation et le prix de cession final au consommateur.  Comme je viens de le rappeler dans un large débat de plus de 30 minutes, à l’occasion de la fête du  1 mai  2018, sur la radio  arabophone chaine 1, l’Algérie n’est pas en faillite,  pas de sinistrose beaucoup de réalisations  entre 2000/2017, mais également des insuffisances  et contrairement à certains oiseaux de mauvais augure, mus par le dénigrement gratuit,  a toutes les  potentilles de relever les  défis. Mais malheureusement, certains responsables politiques ou entrepreneurs mus par des intérêts de rente, oublient que la mondialisation est une réalité dans la  pratique des affaires internationales.  Seul un partenariat  gagnant- gagnant avec les  firmes qui contrôlent la commercialisation  peut favoriser l’exportation du ciment en grande quantité, à l’instar de la filiale Lafarge dont la société mère contrôle une grande part du marché africain. Dans les autres cas, c’est presque une impossibilité en termes de rentabilité réelle,(vente à pertes), sinon des  quantités  dérisoires et en  plus avec des subventions supportées par le trésor  public qui constitue indirectement un transfert déguisé de devises.  Pour éviter les  erreurs du passé, l’Algérie a besoin d’une vision stratégique au sein de laquelle doit s’insérer la politique industrielle (institutions, système financier, fiscal, douanier, domanial, système socio-éducatif, le marché du travail, le foncier ect.) afin de s’adapter aux nouvelles filières mondiales en perpétuelles évolutions poussées par l’innovation. Il y a urgence  de s’adapter au nouveau monde en perpétuelle mutation, renvoyant à une nette volonté politique d’accélérer les réformes, donc à un renouveau culturel pas seulement des responsables mais de la société. L’Algérie a toutes les potentialités pour dépasser le statut quo actuel, car il est vain de pénétrer le marché mondial et encore moins la filière ciment  contrôlée par quelques firmes internationales sans une alliance stratégique avec ces firmes.

    Dr Abderrahmane  Mebtoul,Professeur des Universités, expert international.  ademmebtoul@gmal.com

     

     

  • Charte partenariat public-privé : est-ce la  solution  miracle?

    Charte partenariat public-privé : est-ce la solution miracle?

    Par Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des universités, expert international

    L’UGTA et le patronat se sont  réunis le 23 décembre 2017  pour évaluer le pacte économique et social et  ont signé une charte pour  la dynamisation du partenariat public privé (PPP.), encore largement embryonnaire,  devant  aider en principe à devenir un, outil d’optimisation et de rationalisation de la dépense publique.  Après plus de 20 Triparties   les résultats sont mitigés et peu d’applications concrètes selon l’avis de la majorité des experts. Attention aux illusions et aux solutions utopiques  de court terme comme cela a été le cas pour les licences d’importation avec des pertes au trésor public  se chiffrent en milliards de dollars ?

    L’économie algérienne est caractérisée  toujours directement indirectement par 98/97% des recettes en devises proviennent de Sonatrach. Cette nouvelle réunion s’éloignerait –elle  d’une distribution de la rente en épuisement, fonction des rapports de forces ? Car    à la lumière des expériences internationales, ce partenariat  n’est pas la panacée a besoin d’un cadre juridique clair et surtout d’une vision stratégique qui fait cruellement  défaut (1). Le  PPP s’applique dans des cas exceptionnels aux infrastructures  et que pour le reste de l’économie, à la lumière des expériences mondiales, c’est l’entreprise, loin des injonctions publiques bureaucratiques  face au marché, qui est dominante. Le secteur privé algérien qui  a peu investi dans la recherche développement (R-D) ,  95% du secteur privé étant dominé par des PMI/PME peu concurrentielles et peu innovantes, , l’apport du capital argent souvent via les banques publiques( transfert de rente) n’étant qu’un moyen,  peut-il être un partenaire fiable  comme condition de réussite du PPP?

    Par ailleurs,   l’inopérationnalité de la règle des 49/51% généralisables à tous les secteurs n’est-elle pas un obstacle, l’Etat supportant tous les  surcoûts ? Comme il y a une totale confusion entre deux concepts , celui de la privatisation qui est la cession partielle ou totale d’une entreprise publique en fonctionnement et la dé-monopolisation qui est l’encouragement du secteur privé à investir dans des créneaux noueux afin de favoriser un environnement concurrentiel  L’objet de cette contribution est de poser la problématique de l’efficacité du PPP

    1.- Nous avons dans la terminologie anglo-saxonne trois types de partenariats : les partenariats institutionnels (création de sociétés à capitaux publics et privés telles que les sociétés d’économie mixte ou joint-ventures), les partenariats dans lesquels les entreprises privées conseillent les personnes publiques pour la valorisation de leurs biens et les contrats de Private Finance Initiative (PFI) qui sont la forme la plus répandue. Il s’agit de la différencier des délégations de service public qui sont des contrats par lesquels une personne morale de droit public confie la gestion d’un service public dont elle a la responsabilité à un délégataire public ou privé, dont la rémunération est substantiellement liée aux résultats de l’exploitation du service. Le cocontractant perçoit une rémunération mixte constituée d’une redevance fixe et d’un intéressement qui est fonction de l’amélioration de la qualité du service, du niveau des économies réalisées et du résultat financier de l’exploitation. Précisément le contrat de partenariat est un contrat à long terme (de 10 à 35 ans ou plus) par lequel une personne publique attribue à une entreprise une mission globale de conception, réalisation, financement ainsi que d’entretien, maintenance et/ou d’exploitation de l’ouvrage. Le cocontractant est rémunéré par un paiement de la personne publique pendant toute la durée du contrat, pouvant être liée à des objectifs de performance et intégrant l’amortissement des investissements initiaux.

    Le contrat de partenariat diffère de la concession dans la mesure où le cocontractant est uniquement chargé de l’exploitation et non de la gestion des ouvrages étant fondé sur une répartition optimale des risques : le risque de trafic incombe à la personne publique, le cocontractant prenant en charge le risque de construction et de performance. Comme il ne faudrait pas assimiler les PPP à la privatisation. Une privatisation est la vente ou cession par l’État au secteur privé d’une partie ou de la totalité d’une entreprise publique. Dans le cadre d’un PPP, l’État verse une somme au secteur privé en contrepartie de l’offre de service et de la prise en charge éventuelle de la construction et de la gestion des infrastructures. La privatisation suppose que le secteur privé soit le seul responsable d’assurer les services, alors qu’avec un PPP, l’État conserve son rôle de responsable envers les citoyens et reste présent dans le projet étant donné qu’il fait partie du contrat.

    La Banque Mondiale soutient l’émergence d’un modèle basé, entre autres, sur l’adoption de Partenariat Public Privé (PPP). Défini comme une entente contractuelle entre les pouvoirs publics et la sphère privée pour fournir des services traditionnellement proposés par l’Etat, le PPP dans le secteur de l’eau par exemple en Algérie a été règlementé par la nouvelle loi sur l’eau, promulguée en août 2005. Le Code de l’eau autorise le secteur privé à participer en tant qu’opérateur d’une concession au développement du secteur (Loi de 1996 modifiant la loi de 1983, améliorée en 2005).

    2.-D’une manière générale, les PPP présentent un certain nombre d’avantages qui peuvent leur permettre d’optimiser le rapport coûts-résultats de l’intervention du secteur public dans le cadre des projets d’infrastructure, facilitent et encouragent  la mise en œuvre des projets dans les délais et dans les limites du budget. Mais afin d’éviter les dépassements, de s’assurer que le partenaire privé livre et à exploite les actifs du projet dans les délais, cela suppose la maîtrise des coûts est souvent et une meilleure gouvernance. Cette réduction du coût des risques constitue le principal moyen d’optimiser le rapport coûts-résultats du secteur public et, dans le cadre de PPP réussis, elle compense généralement toute augmentation de coût résultant d’un financement par emprunts privés et non par emprunts publics.

    En d’autres termes, le secteur public doit être en mesure de s’assurer que le prix qu’il paie au partenaire privé au titre des investissements et des risques liés au projet correspond à un bon usage de l’argent des contribuables ce qui n’est pas le cas souvent en Algérie où les surcouts surtout dans les infrastructures pouvant varier entre 10 à 30% par rapport aux standards internationaux sont voilés par des transferts via la rente des hydrocarbures. Ainsi, les PPP ne sont pas la panacée car la préparation des projets de type ppp prenant généralement plus de temps que des passations de marchés classique en raison de leur complexité, il est important de bien choisir les projets qui peuvent être effectués sous forme de ppp et de bénéficier de conditions favorables qui incluent des acteurs publics et privés compétents et solvables et un cadre macroéconomique et réglementaire stable. Cela renvoie à l’adaptation du cadre juridique.

    En Algérie, l’on fait référence aux lois de finances 2009/2010 dont la généralisation de la règle des 49/51% sans distinguer les secteurs stratégiques ou pas, l’Etat supportant tous les surcoûts d’où la satisfaction de certains opérateurs étrangers qui drainent des profits sans risques. Cette règle généralisée, où aucun bilan n’a été fait à ce jour, se réfugiant dans l’idéologie, repose sur l’aisance financière.

    3.- Des dispositions légales et réglementaires doivent être prises ou adaptées pour permettre un développement harmonieux de ces opérations, dans le respect des spécificités des opérations de partenariat public-privé notamment dans la loi sur les marchés publics. Cette reconnaissance n’a pas pour effet de sortir les opérations de partenariat de la réglementation sur les marchés publics, ni de créer une nouvelle catégorie de commandes publiques. L’objectif est uniquement de réserver aux PPP un traitement juridique différencié des autres marchés publics en raison des particularités de ce type d’opérations.

    Des actions doivent être menées pour assurer la reconnaissance légale des PPP dont l’insertion d’un titre spécifique dans la loi relative aux marchés publics. Ce nouveau titre regroupera toutes les dispositions applicables aux marchés publics qui sont passés sous la forme d’un partenariat public-privé, dont notamment l’exigence pour le pouvoir adjudicateur concerné de mener une évaluation préalable complète et positive de son projet de PPP avant le lancement de la procédure, les règles spécifiques en matière de délai d’engagement et la rédaction de clauses spécifiques du Cahier général des charges Le cadre juridique des PPP doit être complété par l’adoption d’un cahier général des charges qui traitera des dispositions spécifiques applicables à ce type de marché.

    Ces dispositions spécifiques porteront notamment sur les mécanismes de suivi et de contrôle de l’opération, notamment le rôle du fonctionnaire dirigeant, sur les clauses de paiement, sur les situations de force majeure, sur les pénalités, sur les cas de dissolution du contrat, sur les conséquences d’éventuels changements législatifs devant miser sur la stabilité du contrat et éviter toute rétroactivité contraire au droit international. Mais en dernier ressort le succès des PPP doit reposer sur l’organisation de la transparence du dialogue.

    Il est essentiel d’organiser le dialogue dans des conditions de transparence et de respect de l’égalité de traitement entre les entreprises participantes et ce par une information préalable et la plus complète possible des entreprises participantes sur la manière dont le dialogue sera structuré: l’objet et la portée précis du dialogue, la durée de la procédure, le nombre de réunions, leur caractère éliminatoire ou non, l’acceptation de variantes, une information intermédiaire, après chaque réunion, comportant une synthèse des principaux points traités de manière à s’assurer de la bonne compréhension des parties lors des réunions de travail et enfin la rédaction d’un procès-verbal après chacune des étapes.

    4.- Concernant les  expériences internationales du partenariat public  existe une étude intéressante sur ce sujet  que dirige mon ami le professeur Jean Louis Guigou de l’IPIMED, parue en date de février 2012, le  plan de l’Union européenne 2016/2020, par l’assouplissement des règles budgétaires, surtout après le Brixit britannique, s’orientant  dans ce sens. Face à des besoins en investissements de plus en plus importants et qui sont estimés par l’Union européenne à 300 milliards d’euros d’investissement, d’ici 2030, et dans une conjoncture peu favorable où les budgets publics des Pays du Sud et de l’Est de (Psem) sont contraints par la crise financière et économique, le recours par les différents gouvernements de la région aux partenariats public-privé (PPP) est indispensable. Les marchés publics ne permettant plus de mener à bien tous les projets, cette alternative semble nécessaire tant les dettes de certains États sont colossales.

    En théorie, les principaux avantages découlant de l’utilisation des PPP résident dans l’optimisation du rapport coûts/résultats, la répartition des risques entre l’autorité publique et l’opérateur privé, la conservation par l’entité publique du contrôle stratégique du service, et enfin le gain à traiter avec un secteur privé expérimenté.

    L’intérêt pour un État ou une collectivité locale est de «développer une infrastructure économique pour assurer le développement d’un pays, tout en réduisant son emprunt et les risques associés». Cependant, ce recours croissant à l’usage des PPP ne fait pas sans obstacles du fait que ce mode de financement et de gestion est relativement nouveau dans la zone méditerranéenne.

    En effet, les cadres financiers et juridiques des PPP sont différents d’un pays à l’autre et les projets susceptibles de faire l’objet de PPP ne sont pas clairement identifiés. Enfin, le secteur privé local ne semble pas outillé pour accompagner des projets d’envergure. Aussi pour les experts de l’EPIMED, le développement de tels mécanismes pourrait être favorisé à travers notamment l’élaboration et l’adoption d’un cadre régional harmonisé de PPP qui reste encore à définir.

    5.- Pour l’Algérie, force est de constater que le tissu économique du secteur privé constituée à plus de 97% d’entreprises  de types familiales peu initiés au management stratégique en majorité des TPE rendent difficiles ce genre de partenariat. Pour des raisons historiques, l’entreprise publique conserve en 2017 encore, une supériorité de fait sur les sociétés privées n’étant souvent pas  assujetties  à l’obligation de résultats puisque l’Etat propriétaire la renfloue souvent  financièrement en cas de difficultés (Cas Eel Hadjar – SNVI). Encore  que les  grandes sociétés nationales en activités (Sonatrach, Sonelgaz, SNVI, Cosider etc.) coopèrent depuis longtemps déjà avec des sous-traitants privés strictement cantonnés à leurs périphéries, sans réelles possibilités d’interférer dans leurs stratégies.  En faisant une comparaison avec les pays voisins où le taux d’intégration est plus élevé par rapport à l’Algérie, des experts ont souligné lors  forum à El Moudjahid   qu’en Tunisie,  le nombre des entreprises sous-traitantes représente 20% des entreprises industrielles (1.000 entreprises de sous-traitance parmi 5.000 entreprises industrielles), alors qu’au Maroc, le taux est de 28% (2.000 entreprises de sous-traitance sur 7.000 sociétés industrielles). Et que le  secteur industriel représente actuellement 5% seulement du PIB, alors que  les besoins exprimés en matière d’équipement industriel et de toute autre composante industrielle et de pièces de rechange sont globalement de 25 milliard de dollars.

     Le nombre total des entreprises algériennes activant dans la sous-traitance industrielle ne dépasse pas les 900 entreprises, soit 10% des entreprises du tissu industriel, le reste opérant  soit dans le secteur commercial, la distribution, les services et  le BTPH.  Selon  le président du réseau des bourses de sous-traitance et de partenariat. Le nombre d’entreprises sous-traitantes recensées en Algérie sont des PME, voire de toutes petites entreprises (TPE) avec moins de 10 employés.  Par ailleurs,   législation régissant les entreprises publiques économiques n’autorise ce type d’association qu’à condition que le partenaire privé adhère à la réglementation très restrictive qui régit le secteur public (soumission au code des marchés publics, possibilité d’être contrôlées à tous moments par la cour des comptes, l’IGF, les commissaires aux comptes et le ministère de tutelle) bloque ce genre de partenariat.

    Il y aurait lieu d’autoriser les EPE et leurs filiales à entrer dans le capital social des sociétés privées de même que ces dernières pourront détenir une part des actions des entreprises publiques ainsi que de confier le management des entreprises  à l’un comme à l’autre des détenteurs du capital social, supposant une modification  des  conseils d’administration selon  les  parts du capital social impliquant par là de revoir certains articles du  code commerce et le droit privé.  Une autre question souvent soulevé par des experts : quel est  le niveau de capitalisation autorisé, et si privé  est  majoritaire dans le capital social d’une entreprise publique , elle serait évidemment régie  par le  le statut de société privée avec toutes les implications juridiques sur son statut d’entreprise nationale dont le droit de regard sur la nomination des dirigeants, les  injonctions des pouvoirs publics, l’astreinte au code des marchés et la  pénalisation de l’acte de gestion.

     Le  PPP peut devenir un   outil de financement alternatif, pour l’accélération et la multiplication des investissements d’infrastructures, l’amélioration de la qualité du service public, l’optimisation des coûts et délais de réalisation ainsi que le transfert du savoir-faire. D’où l’urgence de la mise en place d’un cadre juridique et institutionnel clair pour une meilleure conduite des projets, impliquant le secteur privé dans toutes les étapes de préparation et de maturation des projets publics objets de PPP, tout en optant, dans une première étape, pour les petits projets pilotes et rentables afin de pouvoir mobiliser les financements nécessaires.

    6.-La manne pétrolière a permis à l’Algérie d’effacer une énorme dette de consommation  et d’engager des dépenses d’infrastructures jamais égalées. C’est un acquis pour le pays il faut le reconnaître. Mais ce modèle a atteint ses limites comme par le passé, devant se méfier de l’actuel programme d’industrialisation tout azimut des années 70 que certains voudraient remette en vogue. Le schéma directeur «des industries industrialisantes» des années 70 est mort, étant bien placé puisque ayant été directeur d’Etudes au ministère de l’Industrie et de l’Energie entre 1974/1979. Le schéma directeur de la production en substitution aux importations est frappé de désuétude, s’orientant vers un nouveau modèle de croissance mondial avec la quatrième révolution économique qui est irréversible entre 2018/2030. Il faut dorénavant miser sur l’investissement immatériel qui manque cruellement au pays. Sans cet investissement, l’Algérie peut investir autant de milliards de US$ sans connaître de développement voire régresser Il s’agit de réunir les conditions pour attirer les meilleurs cadres de la nation pour transformer notre diplomatie, notre administration et notre économie en moteur du développement. La formation continue doit être généralisée à tous les niveaux et l’ordre de mérite devenir le levier de la promotion sociale Les expériences historiques montrent clairement que les richesses naturelles n’ont pas d’effet direct sur le niveau de développement et que l’on construit une société développée d’abord sur les valeurs morales L’Algérie doit impérativement recomposer ses valeurs et ses principes pour reconstruire une société moderne et ouverte à la culture et au développement économique, technique et social autour d’un projet de société qui donne espoir à une jeunesse désabusée..D’où l’importance d’une gouvernance centrale et locale rénovée fondé sur un système participatif et qui appelle aux compétences algériennes locales et celles établies à l’étranger.

    C’est ainsi que l’on donnera aux algériens l’envie de construire ensemble leur pays et d’y vivre dignement et harmonieusement, de rétablir la confiance entre les citoyens et les institutions de la République, de préserver les libertés individuelles et consolider la cohésion sociale à laquelle je suis profondément attachée. Le grand problème pour l’Algérie est de s’adapter au grand défi de la mondialisation afin de construire une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales. Depuis des décennies tous les pouvoirs ont eu pour objectif l’après hydrocarbures. Après plus de 50 ans avec les dérivées 97% des recettes en devises proviennent toujours des hydrocarbures et ce faute de vision stratégique d’adaptation au nouveau monde, du fait de rigidités culturelles et politiques des tenants de la rente.

    Ces derniers qui propagent un discours soit disant nationaliste, voient l’ennemi extérieur partout, discours populistes d’une autre époque, auquel aucun algérien ne croit. Or avec la forte consommation intérieure l’épuisement pour l’Algérie est dans moins de 10/15 ans, devant éviter de vivre éternellement sur l’illusion de la rente éternelle. D’où l’importance d’un nouveau modèle de consommation énergétique devant éviter l’erreur de fonder la stratégie sur un modèle de consommation énergétique linéaire.

    7.-Toute Nation qui n’avance pas, en ce monde turbulent et instable en perpétuel mouvement recule et le temps presse pour redresser le bateau Algérie et l’éloigner de la zone de tempête que certains experts occidentaux lui prédisent. Pour cela nous devons procéder sans complaisance à un examen très lucide de la situation et dresser le cas échéant un constat d’échec pour mieux réagir dans plusieurs segments de la vie économique et sociale tels: éducation-formation, santé, stratégie industrielle réaliste, modernisation de l’agriculture, culture financière des acteurs économiques, efficacité de l’administration, relance et croissance des entreprises, réduction des déséquilibres régionaux et inégalités sociales, formation civique et politique de la jeunesse et tant d’autres domaine.

    Je crois fermement, face à la nouvelle révolution économique qui s’annonce irréversible,  que le peuple algérien a d’énormes ressources en lui-même et sera capable de réagir à l’instar d’autres peuples qui ont su conjuguer la modernité et leur authenticité, sous réserve  d’un changement radical de type de gouvernance et en donnant le primat aux compétences, l’émancipation par le travail, loin des intérêts rentiers source d’immobilisme et de régression économique et sociale. J’ose imaginer une Algérie où les nouvelles générations vivront confiantes et heureuses dans leur pays et où nous assisterons à un retour volontaire progressif des cadres expatriés.

    Pour cela, l’Algérie doit impérativement élaborer une stratégie d’adaptation avec réalisme qui sera l’œuvre des acteurs économiques , politiques et sociaux, tenant compte de la nouvelle transformation du monde, loin de l’ancienne vision bureaucratique, de croire que des lois et des nouvelles organisations déconnectés des réalités locales et internationales, sont la solution miracle, alors qu’il s’agit de s’attaquer au fonctionnement de la société. J’ose imaginer une Algérie où les nouvelles générations vivront confiantes et heureuses dans leur pays et où nous assisterons à un retour volontaire progressif des cadres expatriés. Pour cela, l’Algérie doit impérativement élaborer une stratégie d’adaptation avec réalisme qui sera l’œuvre des acteurs économiques , politiques et sociaux, tenant compte de la nouvelle transformation du monde, loin de l’ancienne vision bureaucratique, de croire que des lois et des nouvelles organisations déconnectés des réalités locales et internationales, sont la solution miracle, alors qu’il s’agit de s’attaquer au fonctionnement de la société.

    A.M.

     ademmebtoul@gmail.com