CAPC : Le projet du nouveau président Rahmoun Zergoun
À l’issue de son mandat, qui peut être considéré comme celui de la transition, le président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), Mohamed Sami Agli, a cédé la place à Rahmoun Zergoun ce 13 mars lors d’une assemblée générale ordinaire.
Le nouveau président de l’organisation patronale s’est engagé à poursuivre le travail de consolidation, entamé par son prédécesseur, réaffirmant la volonté de la CAPC à fédérer toutes les forces patronales pour un seul objectif : l’économie du pays.
Élu en juin 2019, le désormais ancien président de la CAPC avait pris les commandes dans un contexte socioéconomique et politique difficile, qui a failli faire imploser cette organisation, dont la raison d’être était de défendre les intérêts du patronat mais aussi de participer au développement du pays.
L’arrivée d’Agli à la tête de cette organisation, qui s’appelait à l’époque Forum des chefs d’entreprise (FCE), est intervenue après la démission forcée en plein mouvement du Hirak de l’ancien patron de l’ETRHB, Ali Haddad.
Durant son mandat, Sami Agli avait la lourde tâche de réorganiser la maison FCE, minée par les divisions depuis 2004, en raison de son implication dans le jeu politique, provoquant le départ de nombreuses personnes parmi ses adhérents.
Le soutien public apporté par Ali Haddad et son entourage à la très contestée candidature du défunt président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat a provoqué, en effet, des remous au sein du FCE et le départ de certains membres n’a pas été sans conséquences sur l’image de marque de cette organisation.
Et pour se débarrasser de cette image qui lui collait à la peau, le FCE a commencé par changer d’appellation, devenant la CAPC, avant de reprendre une activité normale, bien que ralentie et discrète pendant la pandémie de la Covid-19.
Aujourd’hui, la CAPC entre dans une nouvelle ère et tente de jouer d’abord son rôle d’organisation patronale citoyenne, en affirmant vouloir se concentrer sur l’action économique.
Son nouveau président a annoncé les grandes lignes de ce que sera son mandat et le travail de la CAPC lors d’un point de presse qu’il a organisé au lendemain même de son élection.
En effet, la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) se dit entièrement disposée à relever le défi du développement économique prôné par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé Rahmoun Zergoun, successeur de Mohamed Sami Agli, en fin de mandat.
«Notre objectif principal est l’application du programme économique du président de la République», a déclaré, sans détour, le tout nouveau président.
«Nous sommes prêts à poursuivre notre travail en faveur d’une économie forte, dans le respect des acquis de l’Etat algérien», a-t-il ajouté, réaffirmant l’ouverture de la CAPC à toutes les organisations patronales qui œuvrent en faveur des intérêts de notre économie et du pays.
«Nous soutenons tous les programmes économiques mis en place et les efforts déployés par l’Etat algérien pour diversifier notre économie et atteindre l’autosuffisance et la sécurité alimentaires, qui sont aussi notre objectif à nous aussi au sein de notre Confédération», a-t-il insisté, citant l’exemple des assises nationales de l’agriculture qui ont eu lieu fin février dernier et durant lesquelles, le président de la République avait donné les grandes lignes de sa politique et affirmé que l’Algérie est capable de réaliser son autosuffisance alimentaire d’ici 2024 à 2025.
«En tant qu’hommes d’affaires et patrons d’entreprise, notre rôle est de relever le défi, surtout après l’adoption de la nouvelle loi sur les investissements et les avantages qu’elle offre pour les entreprises nationales et les investisseurs étrangers, que ce soit sur le plan financier, fiscal ou les tarifs douaniers», a ajouté Rahmoun Zergoun.
Selon lui, la CAPC défend et défendra les «investissements productifs» qui s’inscrivent dans la politique encourageant la production locale et les exportations, «particulièrement dans le domaine agricole», non sans omettre de rappeler que cette organisation patronale se félicite aussi des progrès faits dans les autres secteurs d’activité. «A notre niveau, nous sommes là pour appliquer ces plans et programmes de développement économique», a-t-il encore insisté.
Si Rahmoun Zergoun s’est montré satisfait des mesures prises par les autorités en matière de restrictions des importations, en guise de soutien et de protection de la production nationale, il a estimé que cela ne devrait pas être exploité par certains patrons pour asphyxier les citoyens en augmentant les prix et en commercialisant des produits loin de la qualité requise.
Revenant sur la contribution algérienne au développement en Afrique, annoncée par le président Tebboune, d’un montant de un milliard de dollars, le patron de la CAPC n’a pas hésité à afficher les ambitions et la volonté des entreprises algériennes à candidater certains projets qui seront financés dans ce cadre.
«Nous sommes capables d’apporter notre contribution et savoir-faire pour un plan de charge à l’extérieur», a noté Rahmoun Zergoun , citant en exemple les projets pouvant être réalisés dans les pays frontaliers et auxquels des entreprises algériennes souhaiteraient soumissionner éventuellement.
Construire un «front économique uni»
Le nouveau patron de la CAPC se veut rassembleur, réitérant l’appel de son organisation aux divers syndicats du patronat à «serrer les rangs» pour «défendre d’une seule voix les intérêts de notre économie et de notre pays, surtout à l’étranger».
«Evidemment, chacun travaille dans son domaine d’activité, mais nous souhaitons organiser des rencontres entre toutes les associations et les organisations actives dans le secteur économique pour bâtir un front économique uni, appuyer ainsi le programme du président de la République et offrir un saut qualitatif nouveau pour l’économie nationale».
Rahmoun Zergoun nie, à ce propos, la volonté de la CAPC à prendre le dessus sur les autres organisations patronales, en cherchant à les éclipser d’une manière ou d’une autre, comme cela pourrait être interprété ici et là, dit-il, tout en rappelant à plusieurs reprises que cette Confédération «demeure la première force de proposition et elle le restera».
Aujourd’hui, la CAPC demeure convaincue de la nécessité de ce que son nouveau président Rahmoun Zergoun appelle «réunification des rangs» pour reprendre l’expression utilisée par le président de la République dans un sens plus large.
Par ailleurs, la longue absence de la CAPC de l’espace public ces derniers mois, marquée notamment par l’annulation de certains rendez-vous et activités programmées depuis longtemps, n’était pas le signe d’une crise interne, a répondu Rahmoun Zergoun. «Nous étions occupés à préparer notre déménagement vers le nouveau siège à Hydra, mais nous n’avons pas arrêté de travailler et de réfléchir à comment apporter notre contribution au débat sur l’économie et sur le terrain de l’action économique», a-t-il affirmé.
Lyès Menacer
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