ANIREF : Création de parcs industriels dits de « nouvelle génération ».


Consciente du lourd défi qui est de répondre de manière rapide et efficace à la problématique de la demande foncière industrielle, la première responsable de l’ANIREF ne ménage pas ses efforts et n’hésite pas à montrer de l’optimisme quant à l’atteinte de ses objectifs, notamment pour la création de parcs industriels dits de « nouvelle génération ».
Dans cette petite entrevue, Mme Mokraoui Hassiba Directrice Générale de l’ANIREF se confie avec sérénité et dévoile sa stratégie basée sur une compétence et une expérience avérées.

DZEntreprise : Quelle évaluation faites-vous de la stratégie nationale d’aménagement du territoire 2030 et où en est l’ANIREF de sa mise en oeuvre ?

Mme HASSIBA MOKRAOUI : Le schéma national d’aménagement du territoire SNAT trace les grandes lignes de développement national qui prône l’équité territoriale. C’est un outil qui donne à l’ANIREF une visibilité pour développer le grand projet des parcs industriels, notamment dans les régions du Sud et des Hauts Plateaux. En tant que sous-bassement, voire pilier, le SNAT nous donne des orientations pour l’implantation de parcs industriels de nouvelle génération dont le développement ne peut se faire qu’à travers la mise en oeuvre du schéma national.

Notre mission étant d’offrir plus de foncier à l’investissement, le SNAT nous accompagne dans cette démarche et nous permet de localiser la demande et de la valoriser par la création de parcs industriels pour répondre à la demande pressante et croissante tout en assurant l’équilibre territorial.
Notre préoccupation est de développer l’industrie en satisfaisant la demande foncière et pour répondre à cette préoccupation, qui a toujours été un frein à l’investissement, il est nécessaire d’établir des schémas clairs.

DZEntreprise : Vous êtes parvenus jusqu’à ce jour à lancer 13 parcs industriels sur les 49 prévus, pour quand est prévue leur réception et mise en service ?

Mme HASSIBA MOKRAOUI : Le monde évolue et les anciennes zones industrielles remontent aux années 70, elles sont par conséquent dépassées d’où la nécessité de moderniser les nouvelles zones, leur donner plus de confort et de commodités.

Un parc industriel doit répondre aux besoins des personnes qui y sont installées. Il faut déjà assurer une sécurité puis mettre en place des services d’appui pour viabiliser le site tels que les restaurants, les crèches, les espaces verts, les salles de conférences etc. C’est apporter une qualité de vie à cet espace qui doit être à proximité des axes structurants tels que le chef lieu, l’autoroute et autres. Nous nous sommes inspirés de ce qui se fait à l’international.

DZEntreprise : Comment !?

Mme HASSIBA MOKRAOUI : Un parc industriel doit avoir toutes les commodités nécessaires et permettre à ses occupants de travailler dans de bonnes conditions. Ceci étant, la livraison des premiers sites ne se fera pas dans l’immédiat car il s’agit d’un programme très récent mais surtout très
lourd sur le plan de l’investissement et qui demande beaucoup de temps pour sa mise en œuvre. La création de 49 parcs industriels n’est pas une mince affaire ! Il s’agit d’une décision politique validée par le conseil des ministres du 22 février 2011 mais dont la mise en oeuvre réelle n’a commencé qu’une année plus tard.

DZEntreprise : Qu’est ce qui est à l’origine du retard ?

Mme HASSIBA MOKRAOUI : Il fallait réunir les fonds nécessaires, localiser les sites, impliquer les autorités locales, en plus du travail mené sur le plan juridique, à savoir le déclassement des terres agricoles, la déclaration d’utilité publique et la signature des conventions avec le fonds national de l’investissement.
Il faut savoir aussi que le code des marchés publics prend le temps qu’il faut pour choisir les entreprises balaises qui peuvent prendre en charge l’aménagement de ces sites.

Tout ce travail est long, très compliqué et nouveau. Néanmoins la réception des sites se fera à partir de 2017 au fur et à mesure. Mais une fois réceptionnées, nous avons proposé à ce que ce soit l’ANIREF qui les gère, étant donné notre connaissance parfaite des sites que nous aménageons.

DZEntreprise : De par l’expérience passée, il s’est avéré difficile d’impliquer les opérateurs dans la gestion de zones industrielles ? Comment comptez- vous y parvenir ?

Mme HASSIBA MOKRAOUI : Tout dépend du départ. C’est comme pour un couple, il faut qu’il y ait dès le départ une confiance mutuelle. En plus de cela, il y a un engagement écrit de toutes les parties, notamment par la signature d’un cahier de charges qui définit les responsabilités de tout un chacun.
Le problème, qui existait auparavant, c’est que l’organisme aménageur était différent de l’organisme gestionnaire.
Ce dernier est perçu comme un intrus et cette situation crée une cassure dans la relation des opérateurs économiques avec l’administration chargée de la gestion de la zone industrielle.
Par contre l’ANIREF est tout à fait indiquée pour la gestion de ces parcs parce que nous les avons aménagés et que nous maîtrisons parfaitement leur technicité, ce qui nous facilite leur gestion et leur entretien.
Par ailleurs, nous sommes pour une gestion participative de ces parcs industriels qui engage autant l’Etat propriétaire de ces espaces que les opérateurs économiques qui les exploitent et qui ont tout intérêt à les promouvoir car il y va de la rentabilité de leurs activités.

DZEntreprise : En tant que premier responsable de l’ANIREF, quel est votre sentiment par rapport au fait que votre institut soit le premier organisme algérien à recevoir le diplôme de reconnaissance « Committed to Excellence » EFQM ?

Mme HASSIBA MOKRAOUI : Certes, nous nous sommes engagés dans une démarche d’excellence et nous avions réussi à obtenir le diplôme de reconnaissance Committed to Excellence-EFQM (European Fondation for Quality Management) mais ce qui nous intéresse le plus, ce n’est pas le diplôme en soi, mais plutôt le souci de s’améliorer et de se développer en permanence.
Quand on gère une entreprise, cela devrait être une préoccupation majeure. Il faut s’améliorer dans les petits comme dans les grands détails. C’est un tout. Le fait de s’intégrer dans ce processus va nous booster et nous évitera de nous disperser.
Lorsqu’il y a des délais, de la rigueur et de la discipline, on est amené à se conformer toujours et de persévérer dans l’amélioration de soi.
C’est ce qui m’a encouragé, en tant que responsable, c’est intégrer ce processus qui nous apprend aussi à accepter nos défauts et à les corriger pour aller de l’avant. Il est important d’avoir un point de vue extérieur qui vous oriente.

DZEntreprise : Dans cet esprit de compétence, quels sont vos perspectives et surtout vos priorités pour l’année 2014 ?

Mme HASSIBA MOKRAOUI : Mes projets futurs s’articulent essentiellement autour des 49 parcs industriels à créer. C’est un projet énorme, lourd, difficile et compliqué.
Mon objectif est donc de motiver mes collaborateurs pour que l’on puisse travailler dans un climat professionnel, serein et convivial afin de lancer le maximum de projets de parcs et de les réceptionner le plus tôt possible.
La disponibilité foncière est certes plus importante au sud et dans les hauts plateaux mais les gens restent réticents d’où la nécessité d’engager un travail de communication pour amener la demande, actuellement concentrée dans le nord, vers ces régions.
L’essentiel, c’est de faire en sorte à ce que le foncier ne soit plus une contrainte pour l’investissement et faire la promotion des opportunités soutenues par les infrastructures de base existantes en l’occurrence l’autoroute est-ouest et la rocade sud.

DZEntreprise : Pensez-vous que l’infrastructure routière suffit à elle seule à encourager l’investissement industriel dans les hauts plateaux et dans le grand sud ?

Mme HASSIBA MOKRAOUI : Il est clair que l’infrastructure routière à elle seule ne suffit pas et qu’il serait intéressant de développer les autres secteurs, à la lumière du SNAT qui essaye de regrouper toutes les visions des autres secteurs, pour servir cette demande.
Certes, il y a un manque au niveau des autres infrastructures navales, portuaires et ferroviaires et il serait judicieux de les développer pour désenclaver toutes les wilayas du pays qui ont chacune un riche potentiel à faire valoir.
En attendant l’infrastructure routière est aujourd’hui intéressante et susceptible d’ouvrir de nouveaux horizons d’investissements pour peu que les opérateurs économiques soient bien informés.

site Web de l’ANIREF : Bien étoffé, accès facile à l’information.

En quatre années d’existence, le site web de l’agence nationale d’intermédiation et de régulation foncière ne cesse d’évoluer et de s’améliorer pour offrir toutes les informations utiles et susceptibles d’intéresser les investisseurs. Grâce à l’observatoire du foncier, il est désormais possible d’être au fait des prix du foncier industriel au niveau national, l’analyse des dossiers traités ainsi que la synthèse des activités de l’agence.
L’espace investisseur permet de connaître les disponibilités en matière de foncier économique, les actifs mis en concession, les cours des adjudications ainsi que les données des CALPIREF dans chaque wilaya.
Il est aussi possible d’avoir, avec un seul clic sur la zone choisie, toute la fiche technique sur n’importe quel parc industriel. Sa localisation, les données techniques comme la superficie, les délimitations et plus important encore, l’on vous explique même comment y accéder. Des infos en continu et en temps réel sur les travaux d’aménagement de nouveaux parcs industriels au niveau national permettront aux entreprises d’études et de réalisation, intéressées par ces projets de soumettre leurs offres.
Pour les étrangers qui veulent investir en Algérie, les informations utiles comme la géographie du pays, les agrégats macroéconomiques, le potentiel énergétique, les secteurs productifs ainsi que toutes autres informations sur le foncier industriel sont disponibles. Même si l’on y retrouve tout ce qui pourrait intéresser les investisseurs, la quête de faire toujours mieux est là. Ainsi, une enquête de satisfaction qui touche le profil des personnes qui consultent le site, le type d’informations recherchées, l’appréciation qu’elles apportent, est ouverte pour que des améliorations soient apportées à chaque fois.
D’un accès plutôt facile, la recherche n’est pas compliquée et permet dans un temps très court de se faire une idée sur le secteur du foncier économique en Algérie à travers les 42 parcs industriels répartis, les disponibilités, les prix mais, aussi toutes les actualités. En somme, tout ce qu’un investisseur voudrait savoir est à sa portée.

Entretien réalisé par Amel Hadjab

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