Dans cette petite commune qui domine la plaine de la Mitidja, le travail du rotin est le gagne- pain de nombreuses familles dont la famille Naci. Si Mouloud, le père, continue à venir à l’atelier, tout simplement pour travailler de ses mains l’osier qu’il triture d’ailleurs avec beaucoup d’affection devant le regard admiratif de ses deux fils Mohamed et Sofiane qui ont repris « l’affaire » familiale.
En Algérie la fabrication de meuble et autres objets utilitaire en rotin (corbeilles, paniers et abats jour) est un travail artisanal maitrisé à la perfection par les habitants de la commune de Koléa, situé à 32 km à l’est de la wilaya de Tipaza et à 42 km au sud-ouest d’Alger. La réputation de la vannerie et des artisans de cette région n’est plus à faire. Le métier et non seulement transmis de père en fils, mais aussi à des jeunes, de plus en plus nombreux à investir le créneau, selon eux, faute de mieux.
Dans cette petite commune qui domine la plaine de la Mitidja, le travail du rotin est le gagne -pain de nombreuses familles dont la famille Naci.
Si Mouloud, le père, continue à venir à l’atelier tout simplement pour travailler de ses mains l’osier qu’il triture d’ailleurs avec beaucoup d’affection. Ses deux fils Mohamed et Sofiane ont repris « l’affaire » familiale. Une affaire que le père, reconverti en chauffeur de taxi, a du abandonner parce que non rentable.
La passion étant la passion, Mouloud Naci abandonne le taxi et revient à sa vocation, la seule : la vannerie. Nous sommes en 1998, les Naci achètent un terrain et construisent un atelier ou les produits fabriqués sont vendus directement. Cette année là, Mohamed qui préparait le bac arrête ses études et rejoint son père. « Je ne voulais pas perdre de temps, je savais ce que je voulais faire. Et puis il fallait aider mon père pour lancer cette petite affaire » .
Aujourd’hui, les deux fils Naci sont propriétaires d’une boutique de meubles en rotin et d’un grand atelier ou ils emploient six personnes qu’ils ont formées eux- mêmes. « Si aujourd’hui notre travail est plutôt stable, derrière ce sont des années de dur labeur afin de monter cette petite entreprise », confie à DZEntreprise , Mohamed, le fils ainé qui a obtenu sa carte d’artisan en 2010 et que nous avons rencontré dans son atelier. Nous y avons également rencontré son jeune frère Sofiane qui nous « raconte » non sans fierté les différentes étapes à suivre pour la fabrication d’un objet en rotin, après nous avoir rappelé que le rotin n’était pas un roseau local, mais « un ensemble de fibres qui forme des bâtons de couleur jaune souple et robustes qui pousse dans les pays asiatiques, notamment l’Indonésie, et qu’on utilise pour la fabrication de meubles » .
Dans l’atelier ou l’ont se trouve, de grande bottes de 50 kg et de plusieurs mètres sont stockés précieusement. Des jeunes, chalumeaux en main, traitent la matière avec beaucoup de dextérité et de prudence.
Les conditions de travail semblent sommaires. « Le rotin est une matière dure, mais très flexible dont on extrait l’écorce intérieure. Les bâtons sont découpés aux dimensions de l’objet qu’on s’apprête à réaliser, à l’aide d’un chalumeau, on l’assouplit pour lui donner la forme qu’on souhaite, les bâtons de rotin sont vissés et chevillés les uns aux autres pour donner une forme aux meubles et les emboitements sont masqués par les lames de rotin », explique Sofiane alors qu’un de ses employés façonne un fauteuil.
Depuis 2010, au lendemain de la promulgation d’une loi interdisant l’importation du rotin d’Indonésie, la matière est importée d’Espagne, ce que regrette Mohamed Naci, « la qualité n’est pas la même que ceux importés d’Indonésie. Avant on importait de ce pays qui domine l’offre mondiale. Le rotin d’Indonésie est connu par sa bonne qualité ».
Le prix du kilo revient parfois à 5 euros, « c’est très cher quand on doit y ajouter le prix du transport, les taxes douanières et les impôts. On fait avec et on espère des facilitations.
Parfois les difficultés douanières lors de la réception de la matière première (les bâtons de rotin) que nous commandons en quantité nous décourage ».
Dans l’atelier, rien ne se perd, les déchets sont récupérés pour fabriquer de petits objets qui se vendent d’ailleurs très bien parce qu’à la porté de tous. Dans le point de vente, les petits objets côtoient les grands et ont en commun un travail fini et une certaine « élégance ».
Les prix des produits varient, un petit salon de 5 places est cédé à près de 35 000 da, le plus grand peut atteindre les 90 000 DA.
Pendant son parcours, cette petite entreprise artisanale a connu toutes sortes de difficultés, en particulier le manque terrible de clientèle. «Dans notre pays les produits en rotin sont mal représentés et je dirais même méconnus des Algériens, ils sont limités à la wilaya de Tipaza et la région d’Alger », souligne Mouloud qui met en exergue la difficulté de l’entreprise à avoir un réseau de distribution. Les « grossistes » offrent parfois des prix qui dévalorisent le travail et revendent l’objet à trois fois son prix.
Alors le choix est fait ! La vente directe reste la solution. De bouche à oreille, leur travail commence à se faire connaitre et avoir une réelle réputation. Les commandes affluent, ils décident alors d’agrandir leur activité en louant un autre local, plus spacieux leur permettant de fabriquer de grands meubles (salons, chambres à coucher, etc. )
Sollicité beaucoup plus par des étrangers connaisseurs et conscients du talent qui se dessine sur le plus banal des objets qu’il fabrique, Mouloud Naci, la soixantaine entamée, a consacré à la « transformation » du rotin tout son temps. Notre artisan raconte à DZEntreprise son parcours sinueux. « Ce métier ne m’a pas forcement apporté l’aisance financière, mais il s’agit d’un héritage que je me devais de transmettre à mes enfants, qui heureusement ont du talent.
Ils sont qualifiés et responsables et fournissent les efforts nécessaire afin que notre petite entreprise prospère. »
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