Dans cette interview, Mohamed Yaddadene, Consultant du secteur automobile, revient, entre autres, sur la hausse des prix des véhicules d’occasion et des véhicules neufs, pour les prochaines années. Il a affirmé que cette tendance haussière pourrait encore durer assez longtemps.
M. Yaddadene a, par ailleurs, déploré l’inexistence d’un climat des affaires propice et stable qui peine à attirer des investisseurs dans ce secteur.
Dz entreprise : Quel bilan faites-vous sur la situation actuelle du secteur automobile en Algérie ?
Mohamed Yaddadene : Un bilan négatif avec un marché complètement déstructuré qui n’arrange ni les clients algériens ni les recettes fiscales du Trésor public…Ceci dit, cela a permis cependant de réduire la facture des importations dans une logique voulue.
Certains observateurs ont été plus critiques à l’égard de la décision des pouvoirs publics qui ont opté pour l’importation des véhicules neufs. Qu’en pensez-vous ?
La preuve, il parait qu’il y a déjà sept 07 opérateurs qui ont eu des agréments provisoires pour l’importation de véhicules neufs. Importer du neuf, c’est tout à fait logique, quand on sait que le coût de l’occasion reste assez élevé à l’importation, la situation du parc automobiledoit continuer le renouvellement et le rajeunissement.
Le ministre de l’Industrie a signé récemment 07 autorisations pour 07 concessionnaires qui restent dans l’anonymat total. Pourquoi, ce flou ?
Aucune idée, l’information n’a pas été diffusée, c’est un choix à respecter mais le consommateur, qui a guetté la moindre décision, a besoin d’être informé afin de se préparer et d’éviter les rumeurs, donc la transparence doit régner. Pour rappel, chaque marque automobile est libre de choisir elle-même son distributeur ou concessionnaire en Algérie…
Cette mesure a suscité beaucoup d’interrogations sur le prix de ces véhicules. Avec la dégradation de notre monnaie nationale, certaines estimations parlent d’une augmentation de plus de 50%. Êtes-vous d’accord avec cette interprétation ?
Tous les indicateurs confirment que les prix seront effectivement plus chers dans une forte proportion, d’abord à travers le taux de change, l’inflation par les coûts sur les marchés internationaux et les coûts locaux, à moins d’une négociation sur des volumes importants, les prix connaitront une forte hausse sur l’ensemble des segments de produits.
Quel sera donc l’impact sur le prix des véhicules d’occasion ?
Pour l’heure, les prix des véhicules d’occasion sont partis vers la hausse sur tous les produits, la nature a horreur du vide créé sur le marché depuis quelques années. Cela va durer encore assez longtemps.
Prévue dans la loi de finances 2020 , l’importation de véhicules de moins de trois ans a été gelée par le ministre de l’Industrie. Quelle lecture faites-vous sur cette décision ?
C’est un choix important à partir du moment où on a opté pour l’importation de véhicules neufs. Ce choix est sûrement motivé par les expériences vécues par le passé, au point où le parc en a subi les conséquences. Pour information, les VO ou (Véhicules d’Occasion) coûtent assez chers là où ils se trouvent avec des moteurs inadaptés aux conditions de roulage en Algérie.
Quelles sont les prévisions du secteur dans les prochaines années ?
Cela restera compliqué de prévoir dans un tel contexte, il y a des choix stratégiques; d’abord de limiter la facture des importations et de réglementer le métier de concessionnaire avec les agréments provisoires attribués pour un volume d’environ 200 000 unités pour un marché qui demande plus de 450 000.
Tout comme le choix de mettre en place une vraie industrie automobile qui réponde au marché local et qui doit s’inscrire dans un programme d’exportation vers certains marchés comme c’est le cas, par ailleurs, dans certains pays. Tout reste à faire, il suffit de stabiliser le marché et surtout de créer un climat propice et stable au développement des affaires pour attirer les investisseurs.
Propos recueillis par Nacima Benarab
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