Risques industriels : la SAA aspire à fournir une assurance associant la tenue du risque répondant aux besoins des clients
Face à l’essor économique que connaît l’Algérie et les mutations du marché des assurances, la Société algérienne des assurances a su s’adapter et adapter ses services à ses assurés. La création de la cellule de prévention et d’évaluation des risques industriels répond à cette volonté d’offrir une prestation de qualité et aux exigences grandissantes du marché et des réassureurs.
Dans cet entretien, Soulali Nour Eddine, conseiller chargé de la cellule prévention et évaluation des risques à la SAA, explique le rôle de cette cellule et ses missions, ainsi que son mode de fonctionnement pour être à la hauteur des attentes des clients.
A quand remonte la création de la cellule prévention et évaluation des risques?
La création de la cellule prévention et évaluation des risques, CPER, remonte à la fin de l’année 2019. Elle regroupe 15 ingénieurs dont la majorité est issue de l’Ecole polytechnique d’Alger ayant suivi juste après leur recrutement, en 2015, une formation de 18 mois à l’Ecole des hautes études d’assurances de Delly Brahim, suivant un programme diversifié, comprenant les différents aspects ayant trait aux assurances, dispensé par des cadres expérimentés faisant partie du secteur des assurances et de la réassurance.
Ils exercent depuis la fin de leur formation en tant qu’ingénieurs souscripteurs dans les structures de la SAA les plus proches de leur lieu de résidence, avec un rattachement administratif à la direction générale.
L’idée d’étoffer la cellule par d’autres ingénieurs ne cesse de grandir, devenant un impératif incontournable pour faire face aux exigences grandissantes du marché des assurances et de réassurance, de telle sorte à avoir une bonne répartition géographique qui puisse couvrir les quatre coins du pays.
Qu’est-ce qui a motivé la création de la cellule prévention et évaluation des risques ? Et c’est quoi exactement son rôle ?
Avant de répondre à cette question, j’aimerai bien donner la définition d’une visite de risques considérée comme étant un service offert aux assurés pour les accompagner dans l’amélioration de la tenue du risque basée sur la prévention et la protection afin d’assurer la pérennité de leurs activités.
La création de cette cellule par les dirigeants de la SAA est motivée par les exigences grandissantes du marché des assurances et de réassurance, sous l’effet de l’essor que connaît l’économie du pays, avec un tissu industriel qui ne cesse de se développer rapidement, impliquant ainsi une augmentation de la probabilité de survenance d’un sinistre. Le principal des objectifs visé par la création de la cellule est l’amélioration de la qualité du portefeuille de la SAA, notamment la tenue du risque en évitant de se lancer dans tout ce qui est aléatoire.
Une des caractéristiques d’un contrat d’assurances est l’objet assuré qui doit être bien connu par l’assureur pour lui faire adapter une couverture d’assurances adéquate. Pour la souscription d’un contrat d’assurances automobile, l’assuré vient avec sa voiture pour son expertise. Ce n’est pas le cas pour les autres contrats d’assurances, particulièrement pour les risques d’entreprises où la procédure inverse est appliquée, qui consiste à dépêcher sur site des ingénieurs pluridisciplinaires pour essayer de collecter le maximum d’informations et d’éléments d’appréciation du risque pour permettre aux souscripteurs du contrat d’assurances de mieux apprécier le risque en optimisant leurs engagements.
La mission de la cellule vient en complément à la pratique déjà existante, plus efficace particulièrement pour les risques de masse qui consiste à envoyer aux futurs assurés des questionnaires à renseigner, mais cette pratique a montré ses limites pour les risques d’entreprises qui exigent plus d’investigations sur les différents aléas auxquels seront exposés les biens des futurs assurés.
D’où l’utilité d’envoyer des ingénieurs sur site pour avoir le maximum d’éléments d’appréciation du risque par rapport à tous les aléas appréhendés. Grâce à la conjugaison de tous ces éléments, l’ingénieur peut faire une analyse des risques, qui aboutira à leur hiérarchisation en fonction de leur probabilité de survenance et de l’ampleur des dommages qui en découleront.
Pourquoi la SAA a-t-elle eu recours à cette démarche précisément ?
En adoptant cette démarche, la SAA vise à imiter l’oiseau qui utilise ses deux ailes pour planer et avoir une vue d’ensemble des dangers qui peuvent mettre à rude épreuve sa traversée. Nous en tant qu’assureurs, nous faisons de la prévention et de la protection nos deux ailes qui nous permettront de planer haut avec la tenue du risque et survoler ainsi les dangers qui menaceraient la pérennité des entreprises.
La visite de risques sera sanctionnée par la rédaction d’un rapport reprenant le descriptif et le quantitatif en relation avec le risque à assurer, particulièrement les différentes recommandations qui sont greffées en tant que mesures correctives qui vont améliorer la tenue du risque qui aura un impact positif, d’une part, pour l’assuré qui verra la probabilité de survenance d’un sinistre écartée ou réduite et l’ampleur des dommages réduit si la survenance du sinistre est inévitable, tels que les évènements naturels, si le volet protection est valorisé à sa juste valeur ainsi que la pérennité de son entreprise sera garantie, d’autre part. Pour l’assureur, un risque bien entretenu implique une gestion des sinistres allégée et moins d’indemnités à débourser.
Votre cellule organise-t-elle des visites de risques chez les souscripteurs durant la validité de la période du contrat d’assurances ?
Avant la fin de chaque exercice d’assurances, un tableau à renseigner par les structures techniques de la SAA est envoyé par la structure centrale pour y porter les affaires jugées importantes et qui nécessiteraient une visite de risques. Ceci sans omettre de porter les risques pour qui un retour sur site est impératif afin de vérifier la prise en charge ou non d’une recommandation prodiguée dans le premier rapport de visite de risques ou si un changement est opéré sur l’objet assuré et qui aura une influence sur une ou plusieurs analyses des risques impactant le scénario le plus défavorable.
Parfois, des visites de risques sont programmées à l’initiative des réassureurs pour les méga-projets afin d’avoir une vue détaillée sur le risque à assurer, comme la visite de risques peut être une exigence d’un appel d’offres restreint.
Avant de conclure, j’aimerai bien insister sur l’influence d’une visite de risques tant sur le plan économique que social en tant que levier qui permet de pousser vers l’avant la rentabilité sans interruption de l’économie d’un pays et qui est matérialisé par l’amélioration de la tenue des risques qui assurerait leur pérennité et par conséquence aurait des retombées positives pour les deux parties contractantes.
L’assureur sera soulagé totalement ou partiellement de la charge des sinistres qui perturberait sa trésorerie par la gestion et le paiement des indemnités des sinistres. Quant à l’assuré, son activité sera épargnée totalement ou partiellement par des interruptions. Un arrêt total ou partiel qui affecterait le rendement, avec comme conséquence, la baisse du chiffre d’affaires, avec la possibilité de ne pas pouvoir faire face aux charges le poussant à envisager la possibilité de mettre au chômage une partie de son effectif. Il sera contraint d’investir plus pour retrouver sa place dans le marché en présence de la concurrence.
Entretien réalisé par Lyes Menacer
In DZEntreprise (avril 2023)
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