Allant concomitamment avec le contexte économique et géopolitique mondial, la croissance économique dans la région MENA va, elle aussi, subir les conséquences des effets de l’inflation mondiale, mais à des degrés différents, jusqu’à la fin de cette décennie, avertit la Banque mondiale.
La région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) devrait connaitre en 2023 une «croissance lente» de sa croissance économique, par rapport à l’année précédente, selon le dernier Bulletin d’information économique de la Banque mondiale, publié en ce début du mois d’avril.
«Selon les économistes de la Banque mondiale, la région MENA connaîtra une croissance de 3 % en 2023 et de 3,1 % en 2024, ce qui est nettement inférieur aux 5,8 % enregistrés en 20222», lit-on dans le document publié par la BM : «Destins bouleversés : Effets à long terme de la hausse des prix et de l’insécurité alimentaire dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord », soulignant que «le taux de croissance moyen de la région MENA masque des écarts prononcés entre les pays ».
Ayant profité de la hausse des prix du pétrole durant l’année précédente, entraînée entre autres par le conflit en Ukraine, les États membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) — Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar —, vont voir leur croissance ralentir de 7,3 en 2022 à 3,2 en 2023, prévoit le même document.
« Les pays en développement exportateurs de pétrole devraient connaître une croissance de 2,2 % en 2023, ce qui marque un fléchissement par rapport aux 3,9 % enregistrés en 2022 », explique ce rapport.
C’est le cas de l’Algérie, dont l’économie reste résiliente malgré le contexte de ralentissement économique et d’inflation mondiale qui persistera jusqu’à presque la fin de cette décennie, selon toujours la BM.
«En Algérie, la croissance descendra à 2 % en 2023, contre 3,1 % l’année précédente», explique les experts de la BM, précisant toutefois que «ces projections pourraient présenter un certain potentiel de hausse » dans les semaines et mois à venir. Et pour cause, ajoutent ces mêmes expert, «les efforts de l’Europe tendant à diversifier son approvisionnement énergétique pourraient soutenir l’investissement dans le secteur des hydrocarbures en Algérie, ce qui améliorerait les perspectives à moyen terme».
Les perspectives d’une accélération de la machine économique, grâce à un cadre législatif stable et plus attractif, avec la nouvelle loi sur les investissements, pourrait aussi contribuer à faire évoluer positivement le taux avancé par la BM qui affirment que «en 2024, le taux de croissance moyenne des pays en développement exportateurs de pétrole devrait se redresser légèrement pour atteindre 2,4 % ».
Enrayer l’inflation intérieure
Au ralentissement de leurs économies respectives, les pays de la région MENA doivent également faire face à l’augmentation du taux d’inflation, ce qui est un phénomène mondial. «La vitesse limite de l’économie mondiale, c’est-à-dire le taux de croissance maximal à long terme sans risque d’inflation, devrait tomber à son niveau le plus bas depuis trois décennies d’ici 2030», avait averti en mars dernier la BM dans son dernier rapport sur les perspectives de l’économie mondiale pour cette décennie.
« Dans la région MENA, les estimations de la Banque mondiale indiquent que chaque hausse de 1 % des prix alimentaires dans la région pourrait faire basculer près d’un demi-million de personnes supplémentaires dans la pauvreté (Lopez-Acevedo et al. 2022). Cela implique que depuis le début de la guerre en Ukraine, la hausse des prix a pu accroître de plus de 20 millions le nombre de pauvres dans la région MENA », rappelle le nouveau document publié début du mois en cours.
Cela poussé au moins dix pays de la région à prendre un certain nombre de mesures de lutte à la fois contre le ralentissement économique et à l’inflation. «Dix pays ont imposé de nouveaux contrôles des prix. Depuis octobre 2022, l’Algérie, l’Égypte et les Émirats arabes unis ont fixé de nouveaux prix plafonds pour les denrées alimentaires. La Jordanie a entériné de nouveaux contrôles des prix pour les denrées alimentaires et l’énergie», lit-on dans ce document, précisant que «cinq pays — Algérie, Égypte, Iran, Iraq et Jordanie — auraient assoupli les restrictions à l’importation de certains produits pour réduire les blocages sur le marché local et atténuer ainsi l’inflation intérieure ».
Fin février dernier, le président de la République Abdelmadjid Tebboune, avait rappelé à l’ordre son exécutif concernant les restrictions imposées sur les importations, estimant que cela ne doit pas être au détriment des citoyens. Le rapport de la BM rappelle dans ce sens que «depuis octobre 2022, l’Algérie, l’Égypte et l’Iran ont émis de nouvelles réglementations tendant à faciliter les opérations d’importation », notamment concernant de nombreux produits alimentaires de larges consommations et dont la production locale ne couvre pas la totalité des besoins.
Aussi et «depuis octobre dernier, l’Algérie, Bahreïn, l’Égypte, la Jordanie et le Yémen offrent un appui à l’achat de services publics et un soutien financier ou ont renforcé cette aide », notent encore les experts de la BM.
Lyès Menacer
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