De grève en grève, les actions menées depuis plus de deux mois par des boulangers de six wilayas pour augmenter le prix de la baguette se sont heurté à une fin de non-recevoir.
Et si la Fédération nationale des boulangers est montée au créneau pour justifier unilatéralement cette augmentation, notamment en évoquant la pénurie de la farine et la hausse des charges en cette période de pandémie, le gouvernement a pris des mesures pour barrer la route à cette démarche qui pourrait provoquer des conséquences fâcheuses sur les petites et moyennes bourses déjà amenuisées par l’érosion du pouvoir d’achat et la flambée de plusieurs produits de large consommation sur le marché.
En ce sens, le ministère du Commerce, par le biais du directeur de l’organisation des marchés, des activités commerciales et des professions réglementées, Ahmed Mokrani, a négativement répondu aux boulangers de ce six wilayas qu’il n’a pas cité, affirmant que « le ministère du Commerce refuse catégoriquement toute augmentation du prix du pain subventionné », et ce, en déclinant un rapport adressé aux pouvoirs publics pour prendre en charge les revendications des boulangers.
« Le ministère du Commerce refuse catégoriquement toute augmentation injustifiée du prix du pain ordinaire subventionné (…) Le prix de ce produit est réglementé par le décret exécutif N° 96-132 en vigueur depuis 1996 », affirme ce responsable qui s’interroge sur les raisons qui ont motivé les boulangers de ces six wilayas à augmenter le prix du pain ordinaire de 10 à 15 dinars sans préavis, mais surtout au grand dam des consommateurs.
« Cette augmentation est inacceptable dans la mesure où ce produit est fait à partir de farine subventionnée, dont nous importons 7 millions de tonnes/an. Le ministère a reçu à plusieurs reprises les fédérations de boulangers et écouté leurs préoccupations et a préparé un rapport pour que les pouvoirs publics prennent en charge leurs revendications », a expliqué M. Mokrani.
Selon ce responsable, le ministère du Commerce a pris en charge certaines de ces revendications, comme l’approvisionnement continu en farine subventionnée et la lutte contre le phénomène de vente du pain sur les trottoirs, les coûts de l’électricité, du gaz, de l’eau et d’autres matières premières.
Pour ce responsable, il s’agit, certes, d’assurer une marge bénéficiaire aux boulangers pour sauvegarder les emplois et faire face aux charges, mais la priorité est de protéger le pouvoir d’achat du citoyen.
Selon M. Mokrani, « le dossier a été transmis et il est ouvert. Il y a une évolution positive et nous œuvrons tous pour l’intérêt général dans l’objectif de satisfaire les revendications soulevées », dira encore ce responsable qui révèle que parmi les propositions figurent la possibilité de recourir au seuil minimum d’impôts et de taxes douanières et d’autres options.
Ahmed Mokrani n’a pas manqué de rappeler que « la loi de Finances 2022 n’a prévu aucune augmentation de prix à l’exception du sucre après l’institution de la taxe sur la valeur ajoutée de 9%, adoptée suite aux propositions formulées par divers secteurs dans le but de réduire la consommation excessive de cette matière ».
Rabah Nadri
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