Nacer Saïs lors des Partners day de la CAAT : «Le secteur des assurances doit se réinventer face aux risques climatiques»
Face aux nouveaux risques émergents, à savoir les changements climatiques, les nouvelles technologies et les tensions géopolitiques, le secteur doit s’adapter, a déclaré le président-directeur général de la Compagnie algérienne des assurances (CAAT), Nacer Saïs, lors du Partners Day organisé le 19 février dernier à Alger.
«Le système d’assurance traditionnelle doit se réinventer face à ces défis majeurs», a-t-il tranché, expliquant que «plusieurs évolutions pourraient être envisagées à l’avenir, dont une amélioration de l’offre assurantielle qui s’appuiera sur la mutualisation à grande échelle par le mécanisme de la réassurance».
Mais il faudra aussi des changements aussi bien du rôle des clients du secteur et que de celui de l’Etat, qui demeure primordial dans le cas des grands sinistres, comme c’est le cas d’événements naturels dévastateurs (séismes, grandes inondations, etc.). que les professionnels des assurances, tous réunis, ne pourraient prendre en charge seuls.
Selon Saïs, il est nécessaire qu’il y ait «un changement du rôle des assurés, des entreprises, avec de nouvelles obligations, notamment pour développer des mécanismes efficients de prévention et de résilience». «Une implication de l’Etat, en tant que garant ultime du dispositif qu’il conviendra de mettre en place tôt ou tard dans le cadre d’un partenariat public-privé, assureurs-Etats, qui favorisera l’intervention des finances publiques en cas d’épuisement des capacités financières disponibles, à l’occasion d’un sinistre catastrophique, est recommandée. Ces évolutions sont déjà en marche. Il faut les intensifier et les renforcer», a-t-il souligné.
Touchée de plein fouet par les bouleversements climatiques qui affectent notre planète, l’Algérie n’est pas non plus à l’abri des attaques cybernétiques et subit aussi les effets des tensions géopolitiques sur le plan économique.
Autrement dit, insiste le PDG de la CAAT, le secteur des assurances est appelé, lui aussi, à évoluer rapidement en Algérie.
«Avec la nouvelle réforme, en cours d’examen au niveau du gouvernement, le secteur devrait se transformer en véritable contributeur au PIB national, tout en continuant d’assumer sa mission d’accompagnement et de protection des biens de ses clients, que ce soit des particuliers ou des grandes entreprises». Et d’affirmer que la Compagnie algérienne des assurances (CAAT) «s’inscrit résolument dans la modernité», en revoyant ses méthodes de gestion, le management de ses équipes et en élaborant de nouvelles stratégies qui lui permettent d’atteindre ses nouveaux objectifs de croissance.
«Nous sommes conscients que le secteur des assurances en Algérie ne restera pas comme ça. Il est à la croisée des chemins», a-t-il encore insisté, se montrant optimiste quant au saut qualitatif que s’apprête à connaître la législation algérienne en la matière.
«Beaucoup de choses sont annoncées. Il y a un projet de loi qui va avoir un impact certain sur tous les acteurs de l’assurance. Nous souhaitons préparer la CAAT pour qu’on puisse faire des changements en douceur au lieu d’attendre la dernière minute quand ce sera obligatoire», a-t-il affirmé lors d’un point de presse organisé en marge de l’événement, durant lequel il a réaffirmé la solidité de la situation de la CAAT, en s’appuyant sur les chiffres d’affaires des exercices précédents.
«Le monde entier et pas uniquement l’Algérie parle des changements climatiques et de leurs effets et impact sur tous les domaines d’activité, notamment les assurances. Et qui dit changements climatiques, dit aggravation des risques naturels qui seront d’une intensité et d’une récurrence si importantes qu’il faut s’y préparer», a-t-il noté, rappelant que
«les assureurs sont en première ligne pour réfléchir à des solutions qui permettent aux entreprises et à l’ensemble du tissu économique en Algérie de trouver au moment venu les capacités nécessaires pour affronter ces risques».
«Avant que ce soit une question de prix, il s’agit de chercher les capacités à même de nous permettre non seulement de couvrir à la fois les risques liés aux phénomènes naturels, mais aussi ceux liés au développement technologique, c’est-à-dire les cybers-risques qui ont un impact certain sur les entreprises», a souligné le PDG de la CAAT.
Les différents intervenants à cette rencontre n’ont pas manqué d’insister sur cet aspect et la nécessité de revoir le mode de fonctionnement du secteur des assurances et d’impliquer d’autres acteurs économiques et institutionnels dans la lutte contre ces nouveaux risques émergents.
«Nous pensons que quelles que soient leurs capacités financières, les sociétés d’assurance ne pourront jamais affronter ces risques seules. Evidemment, il y a l’assurance et la réassurance nationale et internationale», a souligné Saïs, expliquant, toutefois, qu’«il y aura forcément l’intervention de l’Etat dans le cadre d’un dispositif national».
La tragédie de Boumerdès, qui a vécu en 2003 l’un des séismes les plus meurtrier qu’a connus notre pays depuis l’indépendance, est encore vivace dans la mémoire des Algériens qui, sans l’intervention de l’Etat et la solidarité citoyenne et internationale, la situation aurait était pire.
C’est d’ailleurs à partir de cette date que l’Etat a mis en place l’assurance Cat-Nat, un dispositif toujours en vigueur.
«Ce dispositif est certes géré par les assureurs, mais il bénéficie d’une garantie de l’Etat. C’est le schéma que préconise beaucoup de pays, un partenariat entre le secteur économique, les assureurs et les réassureurs et l’Etat», a conclu le PDG de la CAAT qui a profité du Partners Day pour dévoiler le nouveau logo de la compagnie.
Lyès Menacer
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