Une vingtaine de chefs d’entreprises français ont séjourné à Oran pour prospecter le marché local et participer à des rencontres de type «Be to Be» programmées entre le 21 et le 24 novembre 2015.
[dropcap]L[/dropcap]’initiative intitulée «Entreprendre en Algérie» provient d’une association dénommée France Méditerranée pays Catalan que préside Pierre-Paul Haubrich. A l’occasion, c’est son adjoint qui a fait le déplacement : « Nous avons déjà organisé des caravanes culturelles mais c’est la première fois que nous animons une manifestation dans le domaine économique », indique Mohamed Moulay.
La journée du 22 novembre a été marquée par l’organisation, au Four Points hôtel, d’une rencontre ayant pour but d’expliquer aux invités français la spécificité du marché algérien.
Ce thème a été notamment abordé par le Directeur de l’Industrie d’Oran. F. Benyakoub qui est intervenu sur les nouvelles dispositions prises par le gouvernement pour faciliter l’acte d’investir en Algérie.
Un aperçu sur les lois et la réglementation régissant l’économie algérienne a été donné mais ce sont les avantages fiscaux ou autres pour lesquels les partenaires étrangers ouvrent droit qui ont été mis sur la table des discussions.
Des avantages conditionnés, par exemple, par la création d’emploi ou par l’intérêt accordé à certains secteurs stratégiques comme la sidérurgie, la mécanique, l’aéronautique, la chimie industrielle, le textile, etc.
Les entrepreneurs français ont exprimé des soucis précis concernant la problématique du rapatriement des fonds mais aussi des préoccupations d’ordre général sur, par exemple, la cotation boursière, une activité balbutiante en Algérie.
Succédant au directeur de l’Industrie d’Oran, Damien Soupar, représentant Business-France (dépendant de l’ambassade de France à Alger), a quant à lui présenté l’économie algérienne telle que perçue du côté français.
Il a également donné des indications sur la place de son pays sur le marché algérien devenu 2ème partenaire après avoir été détrôné par la Chine à partir de 2013.
Pour les investisseurs potentiels, Damien Soupar a également donné des orientations précises afin de les inciter à aller vers les secteurs porteurs.
Se basant sur les dernières lois de finances, Il évoque le secteur du logement et de l’urbanisme (nouvelles villes qui seront créées ex nihilo) mais surtout le secteur du ferroviaire longtemps laissé à la traine.
Pour lui, vu de France, le secteur agricole morcelé et très faiblement mécanisé reste également à développer pour minimiser le poids de l’importation dans le domaine alimentaire.
Les montants alloués dans les plans quinquennaux (286 milliards de dollars entre 2010 et 2014 contre 262 milliards de dollars entre 2015 et 2019) mais, surtout, le fait que des crédits soient à chaque fois reportés faute d’engagement ont été les arguments brandis face à certaines hésitations exprimées au sujet de la chute des prix du pétrole.
« Il y a peut-être, soutient-il, d’autres problèmes mais celui de l’argent ne se pose pas ».
Evidemment la baisse des recettes pétrolières va avoir (et a déjà) des conséquences sur les budgets mais, pour le moment et pour certains secteurs, les projets sont maintenus quand ils ne sont pas carrément augmentés.
« Les opérateurs français qui disent qu’il n’ ya pas d’argent en Algérie sont dans le faux », tranche-t-il et ses critiques concernent également la vision qu’ont les opérateurs étrangers du concept de la préférence nationale et de la loi dite des 51/49.
Pour ce dernier cas, c’est notamment la nécessité d’avoir des interlocuteurs fiables pour venir à bout des difficultés administratives qui a été mise en avant. « De plus en plus, on ne va plus seulement vendre du matériel et faire de l’import-export mais on va devoir proposer de l’accompagnement, parfois sur mesure, parfois de manière générale, mais un projet qui propose seulement de la vente a de très faibles chances d’aboutir », explique-t-il.
Sa participation à la rencontre n’a pas été fortuite car il pense que l’offre française est actuellement éclatée et peine à être unifiée.
D’où l’annonce faite pour l’organisation, en février 2016, d’un forum de partenariat multisectoriel, un événement qui se tiendra dans la continuité de l’initiative « Comité intergouvernemental de haut niveau algéro-français ».
Son idée est que « d’ici 5 ans, le marché algérien sera ouvert et ceux qui prennent les bonnes décisions aujourd’hui seront les gagnants de demain ».
Les commentaires sont fermés.