Mustapha Chaoui est le nouveau P-DG de l’Eniem, depuis lundi 25 janvier 2021, en remplacement de Djilali Maouzer. Le mouvement de protestation enclenché par les travailleurs, début décembre 2020, a eu raison du désormais ex-premier responsable de l’entreprise de l’électroménager de Tizi-Ouzou.
Son départ était une revendication «scellée et non négociable». Les travailleurs en colère ne pardonnent pas à l’ancien P-DG de l’Eniem son intention, selon leurs dires, d’aller vers un plan de redressement qui impliquerait une réduction des effectifs et des licenciements.
Début décembre 2020, l’ex-PDG de l’Eniem a annoncé un arrêt technique des activités de l’entreprise pour une durée d’un mois pour cause de contraintes financières qui empêchent l’importation de matière première. Le deuxième du genre en l’espace d’une année, après celui de février 2020, ce dernier faisant suite à un autre vécu en juillet 2019 pour cause des mêmes difficultés financières.
Le confinement imposé par la crise sanitaire liée à la Covid-19 est un autre facteur à l’origine d’autres préjudices financiers portés à l’entreprise. En avril 2020, les pertes étaient estimées à 700 millions dinars du chiffre d’affaires et 600 millions dinars dans l’activité production.
Après avoir affirmé plusieurs fois que la crise de l’Eniem est essentiellement d’ordre financier et est liée à la concurrence déloyale, le ministre de l’Industrie, Ferhat Ait Ali, a fini par déclarer récemment que des changements à la tête de plusieurs entreprises publiques industrielles étaient imminents. Il faisait déjà allusion à l’Eniem.
Le 18 janvier 2021, le P-DG du groupe Elec El-Djazair, Mustapha Ferfer, s’est rendu à l’unité commerciale de l’entreprise et s’est entretenu avec les travailleurs. A ces derniers, il a affirmé qu’il est en train d’étudier, «avec les responsables concernés, toutes les voies et moyens possibles pour trouver la solution idoine pour relancer l’entreprise et garantir la pérennité des emplois». M. Ferfer a évoqué une satisfaction des revendications des travailleurs «dans les meilleurs délais».
Déblocage du crédit de la BEA ? Dédouanement de la marchandise qui se trouve encore au port et l’aéroport ? Tout cela importe peu aux yeux des travailleurs pour qui ces problèmes «n’existent pas», leur principale revendication étant le départ du P-DG de l’entreprise, Djilali Maouzer. C’est désormais chose faite, les hautes autorités du pays n’ayant pas, semble-t-il d’autres solutions pour désamorcer le conflit.
Pour le désormais ex-PDG de l’Eniem, l’arrêt technique d’un mois s’est imposé de lui-même. L’argent promis par la BEA, à savoir 1,1 milliard de dinars, n’a pas été remis dans sa totalité à l’entreprise pour l’importation de la marchandise nécessaire. «Il faut déjà savoir que ce n’est pas de l’argent que la banque nous donne directement mais une autorisation d’acheter la matière première. Pour importer, il faut toujours passer par la banque. En octobre 2020, soit avant même la fin du délai de paiement de 9 mois, elle nous a débités d’une somme de 730 millions de dinars» rapporte M. Maouzer pour expliquer la non reprise de l’activité et la situation de blocage dans laquelle se trouve l’Eniem.
Et de poursuivre : «Quant à la marchandise acquise avec le reste de l’argent, elle est toujours au port et à l’aéroport. Les services des Douanes refusent le dédouanement des collections CKD. Le non renouvellement des autorisations CKD est un autre problème pour nous». Un arrêt d’activité qui est aussi à l’origine de l’annulation d’un marché de 700 millions dinars avec le ministère de la Défense nationale.
Ce blocage, de la part de la BEA, est non justifié, avait affirmé M. Maouzer. Selon ce dernier, «nous avons fait une garantie de 600 milliards de dinars pour ce crédit de 1,1 milliard de dinars. Nous avons hypothéqué tous les biens de l’Eniem. Nous ne comprenons pas pourquoi la banque ne nous accompagne pas». Un accompagnement nécessaire pour une relance effective de la production des différents appareils de l’Eniem connus pour leur bonne qualité et leur solidité. L’entreprise ambitionnait même d’aller vers l’exportation à la faveur de l’entrée en vigueur de l’accord de zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
En novembre 2020, l’Eniem a lancé un appel à manifestation d’intérêt en direction des start-up et des PME pour la sous-traitance. «Nous mettons à leur disposition des espaces, des bâtiments et des terrains avec un contrat de sous-traitance pour consolider la filière», avait fait savoir l’ancien P-DG. Selon ce dernier, l’Eniem a élaboré un plan pour augmenter l’intégration d’une gamme de ses produits à hauteur de 70% avec son fournisseur libanais, Matic.
Samia Hanifi
Les commentaires sont fermés.