Matières premières à forte intensité technologique : La Cnuced appelle l’Afrique à intégrer les chaînes d’approvisionnement mondiales
Alors que la compétition s’intensifie entre les puissances industrielles, à l’instar de l’Union européenne, la Chine ou les Etats unis, pour l’accès aux matières premières nécessaires aux nouvelles technologies, la Cnuced (Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement) vient de mettre en valeur les potentialités de l’Afrique en termes de ressources minières, exhortant les pays du continent à saisir l’opportunité qui se présentent à eux pour intégrer «les chaînes d’approvisionnement mondiales».
Dans un nouveau rapport annuel pour 2023, publié cette semaine sous le titre « le potentiel de l’Afrique pour attirer les chaînes d’approvisionnement mondiales à forte intensité technologique», la Cnuced relève que l’Afrique est «forte de l’abondance de ses ressources et d’un marché à la consommation en pleine expansion», ce qui fait donc qu’elle «peut devenir une destination manufacturière de premier plan pour les industries à forte intensité technologique et un maillon essentiel des chaînes d’approvisionnement mondiales».
Compte tenu de son potentiel, le Secrétaire générale de la Cnuced, Rebeca Grynspan, estime que «c’est le moment pour l’Afrique de renforcer sa position dans les chaînes d’approvisionnement mondiales, alors que les efforts de diversification se poursuivent. C’est aussi l’occasion pour le continent de renforcer ses industries émergentes, de favoriser la croissance économique et de créer des emplois pour des millions de personnes».
Mais pour ce faire, des efforts doivent être menés à plusieurs niveaux pour que l’exploitation des ressources minières du continent puisse profiter aux économies du continent. Il s’agit notamment, précise le rapport de la Cnuced, d’ «investir dans les infrastructures, la technologie et le financement (pour) débloquer les opportunités de la chaîne d’approvisionnement de l’Afrique», suggèrent les rédacteurs du rapport.
Ne pas se contenter de l’exportation de minerais bruts
Ceci peut se faire eu égard à «l’abondance en minéraux et métaux essentiels en Afrique, comme l’aluminium, le cobalt, le cuivre, le lithium et le manganèse, composants vitaux pour les industries à forte intensité technologique», ce qui fait du continent «une destination attrayante pour les secteurs manufacturiers», alors que «les récents bouleversements causés par les turbulences commerciales, les événements géopolitiques et une conjoncture incertaine obligent les fabricants à diversifier leurs sites de production», autant d’opportunités donc qui se présentent au continent africain pour jouer un rôle centrale dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Outre l’abondance de ses réserves en minerais, «l’Afrique offre également des avantages tels qu’un accès plus court et plus simple aux intrants primaires, une main d’œuvre plus jeune, sensibilisée à la technologie et adaptable, et une classe moyenne en plein essor, connue pour sa demande croissante de biens et de services plus sophistiqués».
Toutefois, l’autre défi à surmonter pour que l’exploitation de ces ressources minières contribue d’une manière efficace à la croissance des économies locales, le rapport de l’agence onusienne recommande l’implantation au niveau du continent d’unités de transformation ou de fabrication de produits relevant de nouvelles technologies, comme les batterie pour véhicules électriques et téléphones, les composants pour panneaux photovoltaïques et autres, que de se contenter de l’exportation des ces minerais à l’état brut.
«Nous exhortons les pays africains à éviter d’être enfermés dans la fourniture «simplement» de matières premières, ce qui se traduit par une intégration de très faible valeur aux chaînes d’approvisionnement mondiales», a recommandé le secrétaire général de la Cnuced, tandis que le rapport de l’instance qu’il dirige estime que la mise en place de chaînes de valeur au niveau local permettrait, à titre indicatif, d’améliorer le salaire moyen au niveau du continent qui est actuellement de 220 dollars/mois, soit inférieur de beaucoup à la moyenne mondiale de 486 dollars/mois.
M. Naïli
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