Sa passion de collectionner les pièces de poteries anciennes a grandement inspiré sa façon de faire. Jarres, vases, bougeoirs et autres objets décoratifs sortent de son atelier avec une patine qui vous ferait croire qu’elles datent de plusieurs années alors qu’elles sont toutes neuves. « Je viens de Maatkas, un village dans la grande Kabylie. Cette région est connue pour sa poterie qui a une particularité. En vieillissant, elle prend une teinte brune, et cela m’a donné l’idée de faire de la poterie qui ait cet aspect pour l’intégrer dans un décor moderne », nous raconte Smail Maakni, artiste-peintre et qui, grâce à des recherches, a pu réaliser une poterie qui ne ressemble à nulle autre.
[dropcap]Q[/dropcap]uand j’ai essayé de reproduire cette teinte patinée, j’ai dû faire plusieurs essais avec des teintes, généralement des couleurs chaudes, et des cires pour avoir de la brillance jusqu’à ce que je trouve enfin le bon procédé et que je sois satisfait du résultat final », nous révèle-t-il. Comment est-il arrivé dans le monde de la poterie lui qui avait choisi une autre voie au départ ? Un parcours bien spécial pour cet ingénieur en production pétrolière qui se retrouve, après sa retraite en 2007, artiste à plein temps. « Durant mon cursus à l’INH de Boumerdès, il faut dire que j’avais du temps libre, alors j’en profitais pour me rendre à la société des beaux-arts d’Alger deux fois par semaine. A cette époque-là, je m’intéressais au dessin et à la peinture à l’huile. Quand j’ai commencé à travailler, je me suis retrouvé au sud, exactement à Hassi Messaoud. Là, j’ai continué un moment à faire de la peinture à mes moments libres. Même dans ce domaine, je ne voulais pas faire comme tout le monde. J’avais trouvé un procédé qui consiste à réaliser des pièces avec un habillage et un modelage de sorte à ce que les objets et les personnages du tableau aient des reliefs ». Ces peintures sont bien accueillies par l’entourage de Smail et finissent par emporter un grand succès. Chaque tableau peint trouve preneur mais cette réussite ne semble pas l’encourager à persévérer dans cette voie et il décide de se tourner vers autre chose. « Le procédé que j’utilisais pour mes peintures, c’est-à-dire l’habillage, va m’inspirer pour réaliser des objets décoratifs en poterie ». Il choisit donc de retourner vers sa première passion, la poterie. Ce même procédé va le pousser vers la poterie patinée, puis celle avec des reliefs. « Ma première inspiration est venue du martelet, un objet avec lequel on travaille le métal, puis au gré de mes autres inspirations, d’autres objets voient le jour ou changent complètement de forme », nous confie Smail qui affirme aussi confectionner sa poterie sans aucune idée préconçue. « Le matin quand je suis dans mon atelier, je ne sais pas encore quel objet en sortira. C’est selon mon inspiration. Un même objet réalisé, il y a quelque temps, prendra une forme différente. C’est pour cette raison que vous ne retrouverez jamais la même pièce chez moi. Comme je suis aussi collectionneur d’art africain, vous retrouverez des objets inspirés par une hutte ou le corps de la femme africaine ». Ces objets prennent aussi des formes inspirées par la nature, comme le frêne par exemple qui prend la forme d’un vase. Avec Smail, rien n’est prémédité à l’avance : « Je travaille vraiment au gré de mon inspiration. Si par exemple, l’on me demande un tableau ou une poterie avec une description bien précise, cela me bloque totalement. Il faudrait que ce soit une innovation à chaque fois. Quand je participe à des salons, des clients me demandent un vase ou une jarre qu’ils ont déjà vus lors d’une précédente exposition mais, le plus souvent ils n’y sont plus car ils ont été déjà vendus. Je préfère avoir de nouveaux modèles à chaque fois au lieu de me répéter. Je suis artiste et je ne fais pas dans le commerce. Je ne travaille jamais sur des commandes mais selon mon inspiration du moment ». Depuis sa retraite, Smail passe des journées entières dans son atelier et il ne s’ennuie pas du tout. « C’est comme pour quelqu’un travaillant à plein temps, j’y passe la matinée puis l’après-midi jusqu’à 18 ou 19 heures sauf que, contrairement à quelqu’un obligé de travailler, j’aime beaucoup ce que je fais et je ne sens pas du tout le temps passer. J’essaye à chaque fois de trouver un autre procédé pour mes poteries. C’est à travers des tâtonnements que je suis arrivé à faire de la poterie patinée et je continue toujours de chercher. Je ne sais pas ce qui sortira de ces tâtonnements mais, le plus souvent, une poterie appréciée par mes clients ». La galerie d’art où il expose en est la meilleure preuve. « Mes poteries sont très prisées et mes clients viennent de partout ». Même quand il a participé à des expositions à l’étranger, Varsovie, Shanghai et en Allemagne, sa poterie a attiré la curiosité des visiteurs. Par Khadidja Mohamed Bouziane
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