L’Algérie, dont les réserves de change à la fin 2012 devraient légèrement dépasser les 200 milliards de dollars selon des prévisions du FMI, n’est pas totalement à l’abri du maelström qui balaie l’Europe, et touche indirectement les pays producteurs de pétrole.
L’Algérie, dont les réserves de change à la fin 2012 devraient légèrement dépasser les 200 milliards de dollars selon des prévisions du FMI, n’est pas totalement à l’abri du maelström qui balaie l’Europe, et touche indirectement les pays producteurs de pétrole.
En bon «argentier», le ministre des finances KarimDjoudi a mis en garde début juillet contre une hausse excessive des dépenses publiques, et préconisé un retour au protectionnisme, sinon une approche prudentielle en matière de gestion des dépenses et du portefeuille des investissements pour laisser passer la crise économique.
«Il faut qu’il y ait aujourd’hui une prise de conscience sur le fait que nous avons besoin d’une approche beaucoup plus prudente en matière de dépenses,notamment celles de fonctionnement et surtout celles relatives aux salaires de la Fonction publique nous avons atteint le plafond», a déclaré M. Djoudi.
Son Warning n’est pas fortuit: les prix du brut descendent au delà des 100 dollars/baril, la crise économique ralentit la croissance des pays développés et réduit les prévisions de la demande de pétrole, et affecte en bout de chaîne les pays producteurs.
«L’Algérie a besoin d’une approche plus prudente en matière de dépenses, notamment celles de fonctionnement, qui auraient atteint leur plafond en 2012» a averti, M. Karim Djoudi.
Les dépenses budgétaires ont atteint en 2011 5.731,4 milliards de DA contre 4.466,9 MDS de DA en 2010, en hausse de 28,3%. Le solde budgétaire réel, basé sur le prix réel du prix de pétrole, affiche un déficit estimé à 28 MDS de DA.
Mais, il a quelque peu tempéré l’intensité de ses avertissements, soulignant que l’enveloppe consacrée au plan d’investissement public (2010-2014) a été inscrite à hauteur de 87% depuis le lancement du plan et qu’il ne restait que 13% du budget quinquennal à allouer, le rythme annuel des dépenses d’investissement devant également baisser, ce qui va laisser l’économie nationale souffler quelque peu après les hausses salariales et les primes des années 2011 et 2012.
En fait, les dépenses d’investissement ne seront pas tellement affectées, puisqu’elles sont déjà inscrites au plan quinquennal 2010-2014 et budgétisées.
Les mises en garde de Djoudi ont été, d’autre part, confortées par un rapport de la Banque d’Algérie, qui est arrivée aux mêmes conclusions: l’économie nationale est trop dépensière, au risque de perdre l’équilibre budgétaire.
« Les dépenses budgétaires ont progressé de 28,3% en 2011 contre 5,2% en 2010, tirées par l’envolée des dépenses de fonctionnement les plus importantes de la décennie (? ) un tel rythme n’est pas soutenable, alors que la vulnérabilité des finances publiques aux chocs externes s’est encore accentuée », averti la BA dans son rapport de conjoncture de 2011.
Pour autant, des experts au ministère des finances estiment que l’Algérie sera relativement à l’abri de ces chocs externes, induits par la crise économique en Europe.
Les performances financières de l’Algérie, adossée à un matelas de 200 milliards de dollars de réserves de change et une épargne publique (Fonds de Régulation des Recettes) FRR de près de 5.500 milliards de DA, une dette extérieure soutenable de 4 milliards de dollars, sont autant d’indicateurs qui ont mis en place des coussins d’amortissement des éventuels effets d’une baisse des cours du pétrole à moyen terme.
C’est également un autre constat de M. Djoudi selon lequel la baisse des prix du pétrole, observée ces derniers mois, inquiète l’Algérie ‘’mais ne menace pas ses équilibres budgétaires actuellement, les dépenses effectives de l’Etat étant fondées sur un baril à 75 dollars seulement’’.
«La tendance baissière du prix du pétrole nous inquiète et nous impose d’être prudents mais nous ne devons pas perdre de vue deux éléments importants:
nos dépenses effectives constatées en fin de l’exercice sont basées sur un baril à 75 dollars et nos capacités de financement, cumulées grâce au FRR, aux réserves de change et au remboursement de la dette, sont considérables», explique M.Djoudi.
Pour le ministre des finances, la prudence doit s’entendre juste comme «un élément de gestion active de notre politique économique et financière pour anticiper des phénomènes susceptibles de gêner nos équilibres internes et externes».
Cependant, cette approche prudentielle adoptée par l’Algérie ne sera pas accompagnée d’une réduction de salaires, de transferts sociaux et de soutiens des prix, affirme le ministre.
Or, concrètement, la menace est là. Selon M. Youcef Yousfi, ministre de l’énergie et des mines, la baisse observée des cours de pétrole pourrait faire perdre à l’Algérie, dépendante à hauteur de 97% des recettes de brut, quelque 20 milliards de dollars.
La Banque d’Algérie a également relevé que l’Algérie a besoin d’un baril à 112 dollars pour équilibrer son budget déficitaire, qu’elle comblait souvent en recourant aux avoirs de son Fonds de régulation de recettes.
Le Warning de M. Djoudi sur l’économie nationale est, plus que jamais, d’actualité. Au moins jusqu’à la fin de l’année.
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