Entre juin 2014 et juin 2015, le fonds de régulation des recettes (FRR) a chuté de 33%.
En juin dernier, il cumulait 3441,3 milliards de dinars. A ce rythme, ce fonds créé, pour rappel, dans le cadre de la loi de finances à l’initiative du ministre des Finances de l’époque, Abdellatif Benachenhou, risque l’extinction.
[dropcap]L[/dropcap]e Conseil national économique et social (CNES) ne manque pas de le rappeler dans sa note de conjoncture pour le premier semestre de l’année en cours.
Chiffres à l’appui, le CNES avertit: «La possibilité d’une baisse du solde du FRR en deçà de son seuil minimal réglementaire, voire son extinction, est fortement plausible».
En effet, l’Etat a puisé 967 milliards de dinars de ce fonds entre janvier et juin derniers pour combler le déficit de la fiscalité pétrolière qui a baissé pour sa part de 33% au cours de cette période.
Se présentant sous forme d’un compte du Trésor, ouvert sur les livres de la Banque d’Algérie, qui enregistre les excédents de recettes de la fiscalité pétrolière résultant d’un niveau de prix supérieur aux prévisions des lois de finances, le FRR est ainsi devenu, depuis 2006, l’ultime recours du gouvernement face au déficit budgétaire alors qu’à sa création, il n’était pas question de l’utiliser dans ce but. Or, en 2006, une loi a été promulguée pour autoriser de combler le déficit budgétaire par le recours au FRR.
Ce qui repose de nouveau le débat sur l’utilisation de ce fonds dont le creusement risque d’aggraver la situation économique du pays.
Et ce, d’autant qu’à ce résultat s’ajoutent d’autres indicateurs inquiétants résumés dans le rapport du CNES.
Hausse des importations, déficit de la balance commerciale de l’ordre de 7,78 mds USD contre un excédent de 3,17 mds USD à la même période de 2014, baisse des exportations de 42% (19,28 mds USD contre 33,24 mds USD) et des réserves de changes qui devraient chuter de 20 milliards USD d’ici à fin 2015.
Autant d’indicateurs inquiétants qui interviennent dans une conjoncture économique mondiale marquée par la décélération dans la mesure où cette année est, selon le CNES, prévue comme la plus faible depuis la crise de 2009.
En effet, le retournement du marché international des hydrocarbures a induit un recul significatif des réserves de changes (160 Mds USD à fin juin 2015).
Certes, ce montant conjugué à la soutenabilité des indicateurs de la dette intérieure et externe a permis le maintien des équilibres extérieurs, mais la situation pose la nécessité « d’un changement structurel de modèle de croissance, dans le sens de plus de diversifications et de moins d’importations », tel que souligné dans le document du CNES.
« Il devient urgent d’engager la réflexion pour arrêter un cap de l’émergence et procéder à l’élaboration d’un plan d’émergence à l’horizon 2030 », conclut le CNES rappelant que les réserves de changes et le FRR offrent une opportunité de trois ans à cet effet.
Par Rabah Nadri
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