Mission du FMI en Algérie : «Les perspectives à court terme de l’économie algérienne sont favorables»
Le FMI a salué les réformes engagées par les autorités et appelé le gouvernement à poursuivre ses efforts pour à la fois juguler l’inflation et consolider les acquis de l’économie algérienne en dehors du secteur des hydrocarbures. L’encouragement de l’investissement prive, la diversification de l’économie et la multiplication des efforts pour assurer une croissance inclusive sont autant de recommandations que l’équipe du FMI a émis à l’issue de sa mission en Algérie.
La croissance de l’Algérie devrait atteindre les 4,2% en 2023 et les perspectives économiques du pays seront «globalement favorables», a déclaré Chris Geiregat, chef de mission du Fonds monétaire international (FMI) lors d’un point de presse organisé ce jeudi à Alger.
«La croissance économique devrait atteindre 4,2 % en 2023 », a-t-il affirmé au terme d’une mission qu’il menée du 3 au 14 du mois en cours, expliquant qu’en plus du secteur des hydrocarbures, la croissance est « tirée par l’industrie de la construction et les services ».
Cette croissance qu’il a qualifiée de « robuste » doit se poursuivre en 2024 et «l’inflation sera modérée», grâce entre autres à la baisse des produits frais, dont le prix sur le marché international devrait connaître aussi une certaine baisse, après les années Covid-19 et l’actuelle guerre russo-ukrainienne qui ont fortement impacté les prix sur le marché international, provoquant une onde de choc mondiale.
M. Geiregat et son équipe affirment que les bons résultats et les perspectives optimistes du FMI sont aussi le fait des nombreuses réformes engagées par les autorités algériennes, faisant références à l’adoption de plusieurs lois, dont celle de l’investissement, la loi monétaire et bancaire et la loi sur le foncier, qui vont encourager l’investissement privé dans notre pays et « stimuler » la croissance économique.
La mise en place des contrats de performances pour les dirigeants des entreprises publiques a été saluée par l’équipe du FMI.
La stratégie de numérisation adoptée par les autorités est, elle aussi, « une pierre angulaire » de toutes ces réformes, «pour améliorer la prestation de services, la gouvernance et la transparence», a insisté le chef de mission du FMI, dont l’institution avait déjà fait état de la bonne trajectoire de l’économie nationale dans son rapport rendu public début octobre dernier avec des prévisions de croissance de 3,8%.
«Les autorités algériennes ont mis en œuvre plusieurs initiatives pour améliorer le climat des affaires, diversifier l’économie et promouvoir les investissements privés», souligne M. Geiregat.
Ces réformes ont déjà commencé à se matérialiser sur le terrain, avec l’ouverture des agences bancaires à l’étranger, notamment dans quelques pays de l’Afrique de l’Ouest, où l’Algérie compte augmenter ses parts de marché dans le commerce continental, dans le cadre de la Zone de libre-échange africaine (Zlecaf). Cette démarche permettra un meilleur accompagnement des entreprises algériennes exportatrices.
En outre, l’excèdent de la balance commerciale, pour la deuxième année consécutive, constitue une véritable bouffée d’oxygène pour le gouvernement qui peut financer le déficit budgétaire « qui se creuse », en raison de la dépense salariale, des transferts sociaux et de la progression des investissements publics, a ajouté le chef de mission du FMI.
Pour rappel, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a lancé en 2023 un plan de revalorisation des salaires des fonctionnaires en deux temps, tout comme il a ordonné le lancement de nombreux projets stratégiques, comme le dessalement de l’eau de mer et dans le secteur énergétique et minier, sans oublier l’engagement massif de l’Etat dans la promotion des startups, pour ne citer que ceux-là.
Toutefois, cette croissance demeure «hautement vulnérable» à cause de la volatilité des prix de l’or noir et du risque inflationniste, ainsi que de l’impact direct et indirect du changement climatique, une donne que les économies mondiales intègrent systématiquement dans leur tableau de bord et leurs prévisions.
Ce que l’Algérie devrait également prendre en considération, suggèrent les experts du FMI, qui ont émis un certain nombre de recommandations à l’issue de ces consultations au titre de l’article IV avec l’Algérie en 2023.
«La mission encourage les autorités à poursuivre la voie des réformes en éliminant les barrières administratives et en l’améliorant la flexibilité des marchés des produits et de l’emploi», a affirmé M. Geiregat et son équipe, recommandant aussi un « rééquilibrage budgétaire graduel », et un « resserrement de la politique monétaire qui permettre de contenir le risque inflationniste ». Autres recommandations des experts du FMI, «une flexibilité accrue du taux de change permettrait à l’économie d’absorber les chocs externes».
D’ailleurs, M. Geiregat estime que l’inflation importée y est pour beaucoup d’environ de la moitié dans cette poussée inflationniste que les autorités ont de même réussi à freiner avec un ensemble de mesures de la Banque d’Algérie et un engagement de l’Etat à soutenir le pouvoir d’achat des citoyens en cette conjoncture mondiale difficile, indique le chef de mission du FMI, affirmant que « l’appréciation du taux de change a atténué cette inflation importée ».
Lyès Menacer
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