Finance, innovation, agriculture, l’Afrique et les BRICS : Vif intérêt des russes pour le marché algérien

Comme il fallait s’y attendre, la visite d’Etat qu’achève aujourd’hui le président de la République à Moscou a été une réelle occasion pour identifier de nouveaux axes de coopération et d’investissement entre l’Algérie et la Russie.

Une visite d’Etat soldée par la signature de la Déclaration de partenariat stratégique approfondi entre les deux pays, et de plusieurs conventions, mémorandums d’entente et programmes d’action entre les gouvernements algérien et russe.

La cérémonie de signature tenue, aujourd’hui au Palais du Kremlin, a été coprésidé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune et le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine.

Développer des projets en partenariat

La finance, l’agriculture, l’industrie pharmaceutique ou l’innovation et les nouvelles technologies, sont en effet les principaux domaines dans lesquels les hommes d’affaires russes nourrissent une ambition singulière à développer des projets en partenariat avec leurs homologues algériens.

Cependant, les déclarations du président Tebboune lors des différents entretiens qu’il a eus avec de hauts responsables russes, autant que lors de son intervention à l’ouverture des travaux du sommet algéro-russe hier mercredi, n’ont fait que renforcer l’enthousiasme des investisseurs potentiels russes à opter pour le développement de projets sur le marché national, tel qu’il ressort de leurs réactions.

En s’entretenant avec le Premier ministre russe, Mikhaïl Michoustine, le chef de l’Etat a ainsi fait savoir que l’Algérie « s’apprête, dans les années à venir, à mettre en œuvre un plan d’investissement dans les domaines de l’énergie, des infrastructures de base, de l’agriculture, des produits pharmaceutiques, de l’agroalimentaire et des industries de transformation », tout en rappelant « es moyens importants de coopération (bilatérale, ndlr) disponibles dans les domaines du transfert technologique, du tourisme, de l’agriculture et des sciences ».

Des banques russes en Algérie

Toutefois, l’une des nouveautés qui marqueront le partenariat « stratégique » entre l’Algérie et la Russie est sans doute la vision future que semble adopter les deux pays dans le domaine de la finance.

En effet, soulignant l’importance d’ouvrir des banques privées en Algérie, le Président Tebboune a formulé le souhait de voir « le secteur privé national, étranger et russe, ouvrir des banques afin de favoriser la réalisation de transactions saines entre opérateurs privés, loin de toute dérive ».

L’intérêt pour l’investissement dans le domaine de la finance a été également exprimé par la partie russe par la voie du ministre du Développement économique, Maxim Reshetnikov, ayant appelé à coopérer dans les domaines financiers, notamment le paiement bancaire.

Hausse de 70% des échanges bilatéraux en 2022

Outre le domaine bancaire, le ministre russe, après avoir rappelé que le volume des échanges bilatéraux a augmenté de près de 70% en 2022, a fait savoir que « les négociations entre nous (Algérie et Russie, ndlr) se déroulent au plus haut niveau pour donner une grande impulsion à l’action bilatérale dans divers domaines, notamment l’économie et l’innovation ».

Pour sa part, le président de l’association d’affaires russe (Delovaya Rossia), Alexis Repik, confirme cette nouvelle vision qui se développe à Moscou envers le marché national.

L’Algérie « est l’une des destinations prioritaires pour les hommes d’affaires russes, particulièrement en cette conjoncture internationale marquée par des perturbations », a-t-il déclaré et de suggérer par là même d’élargir le partenariat stratégique à d’autres domaines avec de grandes potentialités qui n’ont pas été pleinement exploitées jusqu’ici.

Parmi ces potentialités, le président de Delovaya Rossia évoque le secteur agricole qui, selon lui, est l’un des domaines à développer dans le cadre de la coopération bilatérale avec, de surcroît, d’importantes opportunités pour l’Algérie de produire pour l’exportation, car, a-t-il afirmé, la plupart des produits agricoles algériens sont demandés en Russie et peuvent y être exportés.

L’aviation et le fret est l’autre nouveau créneau que les investisseurs russes semblent cibler en Algérie, selon le premier responsable de cette association ayant fait état de l’intérêt des hommes d’affaires russes pour l’investissement dans ce domaine. En outre, évoquant le climat des affaires en Algérie, Alexis Repik a affirmé que « les hommes d’affaires (russes) se sentent protégés et confiants ».

L’Afrique et les BRICS

L’intérêt des milieux économiques et des hauts responsables russes pour l’Algérie dépasse le cadre du marché national, puisque l’objectif qu’ils visent à travers l’élargissement du partenariat économique bilatéral et l’identification de nouvelles opportunités d’investissement dans des domaines nouveaux est le marché africain et l’espace méditerranéen.

«L’Algérie est un partenaire clé pour la Russie en Afrique », a affirmé le ministre du Développement économique, Maxim Reshetnikov au chef de l’Etat à ce propos, tandis que le président Tebboune a rappelé à Moscou que l’Algérie « ambitionne de figurer parmi les puissances économiques et industrielles en Afrique», et ce, à quelques semaines du sommet Russie-Afrique prévu cet été, de surcroit, et qui sera à coup sûr une occasion pour dessiner les contours d’un nouveau modèle de coopération entre la Russie et le continent africain dont l’Algérie serait l’un des piliers.

En plus du positionnement sur le marché africain, les deux partenaires misent également sur le groupe des BRICS, représentant 41% de la population mondiale et auquel l’Algérie a formulé officiellement une demande d’adhésion, pour développer une nouvelle approche de la coopération internationale avec une vision multipolaire.

M. Naïli

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