Finance islamique : lancement en 2023 des sukuk (Djamel Kassali)

Le ministre des Finances, Brahim Djamel Kassali, a annoncé aujourd’hui, à l’ouverture des travaux d’une journée d’études sur la finance islamique, organisée au Centre international des conférences à Alger, le lancement, en 2023, des sukuk pour les besoins de la finance islamique.

M. Kassali a affirmé que le cadre juridique et règlementaire régissant le marché des sukuk sera mis en place en 2023. Selon le ministre, l’Algérie dispose aujourd’hui de 294 guichets bancaires qui proposent des produits de la finance islamique, soit 66 217 comptes d’une valeur de 49 milliards de dinars de dépôts et des financements d’une valeur de 5 milliards de dinars.

Dans son intervention, le ministre des Finances s’est félicité du développement de l’industrie de la finance islamique dans le pays, à la faveur d’une nouvelle législation et d’un engagement des banques et des compagnies d’assurances à ouvrir de nouvelles agences et de nouvelles fenêtres de façon à intéresser un grand nombre de citoyens et d’investisseurs à travers le pays.

Le lancement des sukuk est attendu par tous les acteurs du marché financier, entre autres,  les banques, les compagnies d’assurances et la bourse d’Alger.

«C’est un message clair. Cela va animer la bourse. Nous sommes très optimistes quant à l’avenir de la finance islamique. La finance islamique va aider encore au financement de toute l’économie nationale» soutient le président de l’ABEF (Association professionnelle des établissements bancaires et financiers), Lazhar Latrach. Et ce dernier d’assurer de la  mise en place progressive de nouveaux produits charia compatibles selon les besoins et les demandes des clients. A préciser que cette rencontre de la finance islamique est organisée par l’ABEF.

De son côté, le directeur général de la Bourse d’Alger, Yazid Benmouhoub, affirme que cela va permettre aux banques et aux compagnies d’assurance qui offrent des produits de la finance islamique de pouvoir investir leur argent, le placer à travers les sukuk, voire procéder à des levées de fonds.

Financer des projets d’infrastructures

Pour Nacer Haider, le directeur général de Salam Bank, connu pour son grand engagement en faveur du développement de la finance islamique, l’arrivée prochaine des sukuk sera, en effet, à même d’apporter de grands changements et accélérer cette industrie naissante.

«Les sukuk sont un instrument de financement des besoins du Trésor public, de l’État ou d’entreprises privées, à travers l’émission de titres financiers qui sont l’équivalent des obligations et des bons du Trésor. La direction générale du Trésor, en coopération avec la Banque islamique de développement, travaille actuellement sur le lancement du premier suk souverain» nous dit-il.

Le directeur général de Salam Bank précise que ces sukuk serviront à financer des projets d’infrastructures qui sont financés soit par le budget d’équipement ou par le concours temporaire du Trésor public. La singularité de ces sukuk conformes à la charia réside dans le fait qu’ils ne représentent pas un droit de créance sur l’Etat ou sur l’entreprise mais un droit de propriété sur des actifs réels. Selon notre interlocuteur, les sukuk participeront au rendement généré par les projets financiers.

Le représentant de la banque islamique assure que la finance islamique est en pleine croissance en Algérie. En moins de deux ans, la mobilisation de l’épargne est considérée assez satisfaisante bien qu’il y ait plus de ressources connectées que de financements charia compatibles accordés. M. Haider fait observer qu’il y a un excédent au niveau de cette trésorerie et qu’il faudra donc rémunérer à partir des projets financés.

Pour ce qui est de la banque qu’il dirige, Salam Bank en l’occurrence, Nacer Haider rapporte qu’en l’espace de 12 mois, «nous avons pu collecter 10 milliards de dinars supplémentaires en compte épargne et 13 milliards de dinars en compte d’investissement. Nous avons des taux de croissance à deux chiffres, ce qui témoigne de la capacité de cette industrie financière islamique à contribuer à l’effort d’inclusion financière».

Karima Mokrani

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