Elaborer des livres destinés aux enfants n’est pas seulement une affaire commerciale chez Djazia et Assia Ghouti, mais aussi une vocation.
Il existe une catégorie de super-héros qui habitent notre monde réel, pas celui de nos écrans télés ou celui des livres de bandes dessinées.
C’est le cas du petit Ahmed, atteint de leucémie dès l’âge de quatre ans, mais dont le courage n’a pas d’égal pour faire face à cette lourde pathologie.
«Un super héros, ce n’est pas de porter une cape ou un masque, de voler dans les cieux ou de gagner toutes les bagarres. Un vrai super-héros, c’est de pouvoir surmonter ses peurs, les maladies et les mauvaises surprises que la vie peut, hélas, nous réserver », lit-on dans « Ahmed le Super-héros », publié aux Editions Le livre magique à Alger.
Ecrit, illustré et conçu par les sœurs Djazia et Assia Ghouti, ce livre est le premier d’une série de sept livres qui vise à sortir de l’oubli cette frange de la société qui se bat contre la maladie dans le silence des murs des hôpitaux ou chez eux.
Ces livres sont édités au sein de la nouvelle collection de livres « La tolérance dans la différence », qui rassemble les titres suivants : La leucémie, Les enfants de la lune, La trisomie 21, L’obésité, Le handicap, Le diabète, L’autisme
C’est pour eux, à leurs familles et tous ceux qui sont touchés de près ou de loin par la maladie que ce projet de livres est destiné, dans le cadre d’une démarche caritative à laquelle s’est volontairement associé le producteur de boissons Hamoud Boualem sans la moindre hésitation.
«Lors de notre RDV avec les responsables de l’entreprise Hamoud Boualem pour leur présenter notre projet, ils ont été très attentifs à nos explications, sensibles et touchés par l’initiative », explique les deux sœurs, dont l’histoire personnelle leur a donné l’idée de lancer ce projet à destination des enfants malades.
En tant que sponsor de ce projet, Hamoud Boualem finance aussi bien l’impression que la distribution à titre gracieux de sept livres de la collection au niveau des établissements hospitaliers, des écoles, des associations, etc., à travers le territoire national.
«Etant donné qu’ils sont très ancrés dans le cadre caritatif, ils ont tout de suite accepté de sponsoriser notre projet, donc de financer tous les frais de publication mais aussi ceux de la distribution de toute la collection, car le but est de distribuer gratuitement les sept livres de la collection dans les hôpitaux et les écoles à travers les régions du territoire national », soulignent-elle, en remerciant toutes celles et ceux qui ont contribué à concrétiser ce projet.
Pour les initiatrices de ce projet inédit, dans le monde éditorial algérien, les entreprises peuvent jouer un rôle-clé pour aider les enfants malades ou atteints d’un handicap d’avancer dans la vie, en organisant des événements caritatifs au profit des enfants malades et leurs familles.
«Former des personnes à besoins spécifiques et les intégrer par la suite dans le monde professionnel, ceci pourraient encourager les enfants malades ou atteints d’un handicap de croire en leur avenir », affirment-elles encore.
Mais comment est né ce projet ?
«L’idée a germé dans notre esprit quand nous avons accompagné notre père qui était atteint d’un cancer pour faire sa chimiothérapie à l’Hôpital. Nous sommes passées par le service de pédiatrie où nous avons rencontré des enfants extraordinaires, ils avaient un courage indescriptible », racontent Djazia et Assia, le regard toujours aussi pétillant que lorsqu’elles se sont lancées en 2012 dans le monde de l’édition grâce à un crédit de l’ex-ANSEJ.
Durant le séjour de leur père à l’hopital, les deux jeunes femmes avaient devant leurs yeux des enfants « intubés de partout, les traces de la maladie se distinguaient clairement sur leurs visages », racontent-elles.
«Malgré leurs souffrances, les enfants avaient un sourire incroyable qui nous a énormément émues », se rappellent-elles. « Nous les avons vu vraiment comme des Super-héros et c’est de là que nous avons décidé d’écrire une histoire qui reflète le courage de ces enfants et par la même occasion écrire d’autres histoires qui parlent de maladies chez les enfants et en faire une collection qui s’appelle « La tolérance dans la différence » », expliquent-elles.
Et vu qu’il s’agit de faire des livres destinés aux enfants malades, les deux sœurs ont pensé à raconter la maladie dans un langage compréhensible par les enfants.
«Comme il existe des livres qui parlent de maladies mais avec des termes destinés aux adultes, notre idée était d’inventer des contes avec des textes simples, instructifs et adaptés aux enfants, accompagnés par des illustrations aux couleurs chatoyantes, afin de capter leur attention », expliquent Djazia et Assia.
Elle estime que « la contribution du monde de l’édition pourrait se faire en multipliant la publication des livres qui parlent de maladies chez les enfants, en pensant à organiser des tables rondes et des conférences avec des médecins, des associations, des auteures et des éditeurs lors des salons du livre, aussi au niveau des bibliothèques et des librairies, afin de parler de ces maladies et surtout donner la parole aux principaux concernés que ce soient les enfants malades ou leurs parents pour parler des difficultés et obstacles qu’ils rencontrent dans leur vie quotidienne».
Médiatiser ces événements pour en informer l’opinion publique fait partie du travail qui pourrait être fait en direction de ces enfants malades et de leurs familles pour les soulager de leurs souffrances et aider à la guérison quand cela est possible.
Sophia Rais
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