Bien malgré elle, l’Algérie a été embarquée dans une aventure au long cours: aller vers le renouvelable à un moment où la demande mondiale sur les énergies fossiles reste forte, soutenue ; et les recettes des hydrocarbures hautes avec un prix moyen du baril à 113 dollars.
Le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a même donné son aval pour poursuivre la production d’énergies fossiles, quitte à aller vers la très controversée méthode d’extraction des gaz de schistes (shale gas) par fracturation hydraulique, fortement décriée pour être très nocive pour l’environnement, notamment l’altération des nappes phréatiques.
En dépit de l’actuelle crise de la dette en Europe, la demande de brut sur les marchés reste vigoureuse et les prix sont hauts.
Ce qui, à priori, pose la question pour un pays comme l’Algérie d’une si grande précipitation pour envisager des investissements dans la production d’énergies renouvelables.
Globalement, le programme des énergies renouvelables algérien est orienté vers la production d’énergie à partir du solaire, puis thermique.
Selon les projections qui donnent comme date butoir 2030, l’Algérie devrait investir près de 62 milliards de dollars pour produire des énergies moins polluantes que le pétrole à partir du solaire, de l’éolien et probablement du géothermique. Objectif: produire d’ici vingt ans, 40% de la production globale d’électricité.
Adopté début 2011 en conseil des ministres, le programme algérien des énergies renouvelables doit mettre en place une puissance de près de 22 000 MW d’ici à 2030 dont 12 000 MW pour couvrir la demande nationale et 10 000 MW pour l’exportation “si les conditions y sont favorables”.
Une fois réalisé, ce programme permettra d’économiser, selon les prévisions, près de 600 milliards de mètres cubes de gaz sur une période de 25 années, soit l’équivalent des quantités annuelles de gaz exportées actuellement par l’Algérie.
Avec une soixantaine de projets identifiés dans ce domaine, l’Algérie envisage aussi de répondre aux besoins de pays étrangers en matière d’énergie électrique, et ce, en partenariat avec des acheteurs européens.
Pour autant, l’Algérie reste, inexplicablement, à califourchon sur deux options : la poursuite de la politique énergétique basée sur une croissance de la production de type fossile, et, pour faire dans la mode internationale qui veut que les énergies non fossiles soient mieux appréciées par les investisseurs écolo, annoncer un ambitieux programme de production d’énergies à partir du renouvelable.
Le coût de cette option, on le connaît: ce sera un investissement évalué, pour le seul volet électricité, à plus de 4 500 milliards de dinars, soit plus de 62 milliards de dollars. Mais d’ici à 2030, selon les prévisions des experts.
Sur la table, l’Algérie a plusieurs options: développer elle- même son programme, ce qui reste très coûteux, participer à des projets internationaux d’envergure comme Desertec, ou ne rien faire et poursuivre ses investissements dans le potentiel des énergies fossiles.
En fait, l’Algérie compte développer ces trois options: l’extraction de produits énergétiques fossiles, gaz et pétrole, qui se poursuivra au- delà de 2030, un programme national du renouvelable est mis en place et les autorités ont déjà donné ce qui peut s’apparenter à un partenariat avec l’entreprise Desertec.
Youcef Yousfi, fervent partisan des énergies fossiles, conditionne l’adhésion de l’Algérie au projet Desertec au moins par deux facteurs: d’abord que cette adhésion soit accompagnée par un transfert de technologie, ensuite que l’Algérie puisse exporter sa production de renouvelable réalisée dans le cadre de Desertec.
D’un coût total de 500 milliards d’euros, le projet Desertec ambitionne de couvrir à l’orée de 2050 la moitié des besoins en électricité du Proche-Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Europe, selon des estimations de Sonelgaz, chargée par le gouvernement de mettre en œuvre ce programme.
A côté de ce projet qui prévoit l’exploitation de l’énorme potentiel énergétique des déserts pour arroser durablement en énergie électrique toutes les régions du monde, et dont le versant industriel est Desertec Industrial initiative (DII) et le consortium Medgrid, l’Algérie a ses projets axés sur le solaire thermique au vu de l’avantage qu’il offre en matière de stockage de cette énergie.
Initiatrice et réalisatrice de ce programme de développement des énergies renouvelables, le groupe Sonelgaz prévoit la réalisation de 67 projets de production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelable, dont 27 centrales photovoltaïques, 27 centrales hybrides, 6 centrales solaires thermiques et 7 centrales éoliennes vers 2030, avec la réception d’un station hybride solaire-thermique à El Oued en 2016.
Un vaste programme qui, cependant, ne mettra pas KO la poursuite de la production d’énergie fossile, gaz et pétrole. Les réserves de pétrole de
l’Algérie dépassent les 10 milliards de barils, avec une production quotidienne estimée à 1,2 million de barils.
Selon des experts, la durée de vie des réserves des hydrocarbures conventionnelles est fixée à 20 ans, l’Algérie étant dès lors menacée d’importer du pétrole après 2030.
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