La librairie Point-virgule de Chéraga (Alger-Ouest) a organisé une rencontre intitulée « culture et développement économique » pour une conversation sur la culture.
Adelane Mecellem, CEO Afrique/Turquie du Groupe AXA, docteur Chérifa Bensadek, en économie internationale et développement et consultante à l’ONU et Demba Ba, responsable résident de la Banque mondiale en Algérie ont été les intervenants qui ont animé la soirée pour raconter leurs expériences respectives dans e domaine.
Demba Ba a commencé par se poser la question de savoir pourquoi les Etats ne financent pas la culture et d’affirmer que c’est un parent pauvre des budgets nationaux.
« C’est certainement parce que les Etats ont une certaine pudeur avant de parler de ce qu’ils considèrent comme un aspect lié au spirituel », répond-il.
Demba Ba a souligné que la culture passe de notion abstraite à une source de croissance notamment que l’économie de la connaissance est tirée par la culture tout comme les TIC. Il donne l’exemple du secteur culturel en France et au Canada contribuant davantage que l’agriculture à l’économie.
Mais les philanthropes et les entreprises peuvent aussi financer la culture et pas seulement les Etats, dit-il, ajoutant qu’il n’y a pas de tabou à parler de revenu dans ce domaine car la culture est considérée comme un produit commercial qui se vend et qui soutient aussi le secteur du tourisme.
Poursuivant son analyse économique, l’intervenant ajoute que pour un investissement de 13 milliards d’euros en France, il y a 600 000 emplois créés et 57 milliards de dollars de valeur ajoutée.
En outre, un financement de 47 milliards de dollars au Canada contribue à créer 600 000 emplois et plus de 2% de PIB comme l’audiovisuel qui est parmi les structures d’économie qui a besoin de soutien.
Mieux, au Canada, le secteur de la culture produit plus que l’hôtellerie et l’agriculture et la pêche. Selon Demba Ba a aussi souligné que l’industrie culturelle est associée en Allemagne à l’économie avant la Deuxième Guerre mondiale avec l’ouvrage « Dialectique de la raison ». On a alors commencé à parler de commercialisation des biens artistiques et culturels pouvant être standardisé pour être utilitaires dans la société.
En Algérie, la culture est-elle une source de croissance ? s’interroge-t-il. «Je ne pense pas que la culture est un élément de diversification de l’économie algérienne. Il faut commencer à analyser ce secteur pour étudier son potentiel sur une base purement économique pour le positionner», préconise-t-il.
De son côté, Adelane Mecellem, CEO Afrique/Turquie du Groupe AXA, présenté comme musicien et amateur d’art et philanthrope, et qui a fait le lycée à Chéraga, a raconté son expérience « concrète » en Algérie sur l’encouragement de l’art. Il a commencé par dire qu’AXA a déjà financé des actions artistiques : actions « déduites d’impôt».
Selon lui, les artistes ont des difficultés pour obtenir des revenus au moment où les droits d’auteur ne sont pas tellement respectés et il cite des artistes comme Amar Ezzahi « qui a vécu humblement ».
Mecellem dit qu’il est entré en contact avec les galeries d’art pour réfléchir à une sorte de sponsoring en ajoutant que ses clients dans le domaine des assurances sont même invités à des vernissages pour des acquisitions.
« Les artistes algériens sont connus et leurs œuvres peuvent être achetées et des entreprises comme Sonatrach, BNP et Société Générale ont initié des actions pareilles ce qui est immense », fait il remarquer.
Lors de ces vernissages, le sponsoring coûtait environ 400 000 DA pour la compagnie d’assurance. Le cadeau de fin d’année est aussi une occasion de révéler des artistes en faisant appel à des groupes de chant pour créer des CD et des livrets ou autres pour financer les artistes, souligne l’orateur.
Enfin, Chérifa Bensadek, docteur en économie internationale et développement et consultante à l’ONU, a quant à elle, a expliqué que l’art, sous ses différentes formes, a un lien avec le tourisme même si le tourisme de masse ne permet pas souvent des rencontres. Néanmoins, on parle de l’éco-tourisme (mariage entre préservation de nature et découverte des cultures et des populations dans ces espaces). Selon elle, le tourisme est pourvoyeur d’emploi mais cela a aussi un lien avec la préservation des sites naturels, dit Chérifa Bensadek.
Vient ensuite cette question : «Comment la culture peut-elle servir les populations notamment au Sud algérien qui regorge de fresques comme les sites de l’Ahaggar et du Tassili N’Adjer ? »
Cette spécialiste chargée de mettre en place une stratégie pour mettre en valeur la culture de la région devant profiter aux populations locales reste optimiste pour atteindre cet objectif.
Ali Soltani
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