«RIO+20» passe la vitesse supérieure dans sa contribution à l’«Economie Verte»
Du 20 au 22 juin 2012 s’est tenue, à Rio de Janeiro, Brésil, la Conférence des Nations Unies sur le Développement Durable (CNUDD), mieux connue sous le nom de Rio +20, avec pour thématiques majeures l’économie verte dans le cadre du développement durable et l’éradication de la pauvreté et le cadre institutionnel du développement durable, tel qu’il a été convenu lors du 64ème assemblée générale des Nations unies (déc. 2009).
Cette conférence, qui s’inscrit dans le sillage des « Sommets de la Terre », dont celui de Rio de Janeiro, il y a près de vingt ans (1992) [ce dernier a conduit à l’adoption des trois conventions dites de Rio (Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques « CCNUCC», la C.N.U sur la Diversité Biologique «CBD» et la C.N.U sur la lutte contre la désertification « UNCCD »], avait pour objectifs ultimes le renouvellement de l’engagement politique en faveur du développement durable et l’évaluation des progrès réalisés et des lacunes à combler au niveau de la mise en oeuvre des textes issus des sommets préalables.
La Conférence a vu la participation de 29 373 participants, dont 57 chefs d’Etats et de gouvernements, 8 vice-présidents, 31 premiers ministres, 9 premiers ministres députés, 487 ministres, 12 250 représentants de 191 Etats Parties et 3 989 représentants accrédités de média.
Les discussions, lors de la conférence, ont été très intenses et ont porté sur le document «Draft zéro» qui a été élaboré suite à la décision prise lors de la PrepCom-2 (New York, 7 et 8 mars 2011) et qui a permis de passer de la phase des échanges préliminaires (preCom-1- New York, du 17 au 19 mai 2010) à celle de la rédaction.
Depuis, 677 mémoires ont été colligés, suite aux observations et remarques émises par les Etats Parties sur cette version initiale du draft, et ont servi à l’élaboration de l’avant-projet de 19 pages intitulé «L’avenir que nous voulons» [The future we want] qui a été débattu lors de la prepCom-3. [Du 13 au 15 juin 2012] et présenté à la conférence de Rio+20 en vu de son adoption.
L’économie verte dans le contexte du développement durable et de l’éradication de la pauvreté
Selon le PNUE, l’économie verte est « une économie qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources. » Elle se caractérise par :
• Un faible taux d’émission de carbone,
• L’utilisation rationnelle des ressources,
• L’inclusion sociale.
Peu de définitions précises existent du concept d’économie verte et, dès le début des négociations, de fortes oppositions se sont manifestées pour trois raisons majeures :
• le manque de définition claire et acceptée du terme d’économie verte ;
• le risque de le substituer au concept de développement durable, car la composante sociale en étant éludée ;
• la crainte qu’une économie verte engendre des freins et des barrières limitant le commerce international et générant de nouvelles conditionnalités à l’accès aux financements et à l’octroi de l’aide publique au développement.
Ces blocages originels n’ont pas facilité l’instauration d’un climat de confiance.
Difficile de concilier «Economie Verte» et «Croissance économique» dans le contexte de la «Crise économique mondiale».
La crise économique et financière, qui touche depuis 2008 les pays développés, n’a pas été sans influence sur la détermination de l’agenda de la Conférence de Rio +20. Même si elle s’inscrit dans un cadre international sur le développement durable, le thème mis en avant est celui de l’économie verte.
Le choix de ce terme n’est pas anodin et a fait débat dès le départ, car il peut prendre des orientations tout à fait opposées. L’économie doit être un moyen, pas une fin en soi, et le sens qu’on donnera à cette «économie verte» dépendra, pour beaucoup, de la vision que l’on projettera de nos sociétés.
De multiples questions se posaient et devraient donc être débattues à Rio : Cette économie verte est-elle accessible aux pays en développement ? Seront-ils soutenus pour cela par les pays développés au niveau des technologies et de l’aide publique au développement ? Ou, au contraire, cette économie verte ne risque-t-elle pas de justifier un protectionnisme à travers des normes exclusives ? Il faut donc clarifier le contenu de ce concept.
L’Algérie et l’économie verte
L’Algérie, par le biais de son représentant, a souligné que «l’économie verte doit être fondée sur les principes de Rio, en particulier celui de la Responsabilité Commune mais Différenciée ‘RCMD’», et a appelé à tenir compte des différentes approches et priorités nationales de développement.
Il a rappelé que la transition vers une économie verte doit s’inscrire dans une démarche qui élimine les barrières commerciales et met à disposition de nouvelles ressources financières et un transfert de technologies appropriées.
Les chefs d’Etats, et dans la déclaration finale de RIO+20, ont affirmé «que chaque pays dispose, en fonction de ses circonstances et de ses priorités nationales, d’une diversité d’approches, de visions, de modèles et d’outils pour parvenir au développement durable dans ses trois dimensions (Sociale, économique et environnementale) et ont affirmé que la transition vers une économie verte « nous permettra de gérer et d’utiliser plus rationnellement les ressources naturelles et de réduire la production de déchets».
Nos dirigeants ont souligné que l’économie verte devrait contribuer à l’élimination de la pauvreté et à la croissance économique durable, améliorer l’intégration sociale et le bien-être de l’humanité, et créer des possibilités d’emploi décent pour tous, tout en préservant le bon fonctionnement des écosystèmes de la planète.
De ce fait, la référence aux emplois verts, et après une contestation dure, a été remplacée par une proposition faisant référence à la croissance économique équitable et à la création d’emplois.
Les chefs d’Etats et de Gouvernements ont rappelé que les politiques de promotion d’une économie verte doivent être conformes aux droits internationaux et respectent la souveraineté de chaque pays sur ses ressources naturelles et ne constituent, en aucun cas, un moyen de discrimination arbitraire ou injustifiable, ni une restriction déguisée aux échanges internationaux.
Ils ont aussi appelé à éviter les actions unilatérales visant à résoudre les grands problèmes écologiques au-delà de la juridiction du pays importateur, et à veiller à ce que les mesures de lutte contre les problèmes environnementaux transfrontières ou mondiaux soient, autant que possible, fondées sur un consensus international.
Les pays en développement ont tous plaidé pour le renforcement de la coopération internationale, y compris l’apport de ressources financières nouvelles, durables et additionnelles, le développement des capacités techniques et le transfert de technologies en faveur des pays en développement pour mettre en oeuvre les bases de l’économie verte.
Enfin, il ne nous reste qu’à reconnaitre que le modèle de développement actuel ne permet pas la réduction des inégalités et l’éradication de la pauvreté. Or, ces deux enjeux sont prioritaires pour réussir ce XXIème siècle. Sans des avancées décisives dans cette voie, la cohésion sociale et la stabilité politique des pays seront en grand danger.
De même, il ne peut être possible d’obtenir des engagements de la part des pays les plus pauvres pour la gestion collective de la planète si les écarts de développement ne cessent de se creuser, sans que les pays développés ne s’engagent réellement dans cette démarche de production propre et durable.
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