Son chiffre d’affaires est estimé à 260 milliards de dinars : l’Industrie des boissons cherche accompagnement
L’industrie des boissons, regroupant l’eau naturelle embouteillée, les boissons gazeuses et les jus de fruits, connaît un essor considérable en Algérie ces dernières années, avec la multiplication du nombre de petites entreprises ayant investi la filière, malgré une rude concurrence sur le marché.
Les chiffres fournis par l’Association des producteurs algériens de boissons (APAB) pour l’exercice 2022 parlent d’eux-mêmes, malgré un léger recul de l’activité durant la période de la Covid-19, qui a impacté l’ensemble du secteur économique.
Selon les estimations de l’APAB, le volume de productions de boissons en Algérie a atteint en 2022 plus de 4,57 milliards de litres pour un chiffre d’affaires estimé à 260 milliards de dinars. Les eaux embouteilles représentent près de la moitié avec 2,10 milliards de litres, détrônant les boissons gazeuses avec 1,50 milliard de litres, suivies par les jus de fruits et les boissons fruitées avec 0,70 milliard de litres durant la même période.
Si les boissons gazeuses maintiennent pour l’instant leur position, elles commencent aussi à perdre du terrain face aux jus de fruits et aux boissons fruitées, selon le président de l’APAB, Ali Hamani le débat sur le taux de sucre et la qualité des produits ayant commencé sérieusement à faire changer les habitudes de consommation des Algériens de ce genre de produits.
La réduction du taux de sucre a débuté en 2016
Selon l’APAB, cette industrie utilise à peine 9% du sucre et si effort de diminution il y a, elle devrait toucher tous les secteurs utilisant cette matière, devenue source d’inquiétudes des pouvoirs publics à travers le monde et un sérieux problème de santé publique.
Cette organisation affirme qu’à son niveau, la réduction du taux de sucre a débuté en 2016, mais l’effort de lutte doit également concerner toutes les sphères de la société et des institutions, à commencer par l’école. A partir du mois de juin prochain, le taux de sucre dans les jus de fruits ne devra plus dépasser les 105 g par litre. Le défi est en fait énorme, surtout pour le consommateur, habitué à un fort taux de sucre dans les boissons, mais aussi dans son café, les gâteaux, etc.
Même si la lutte contre l’usage jugé excessif du sucre dans les boissons est au cœur des préoccupations, la consommation de ces produits demeure importante. Cela représente par habitant environ 37,5 litres de boissons gazeuses consommés par an en 2022, contre 17,6 litres en jus de fruits et autres boissons fruitées.
62,6 litres d’eau embouteillée consommés par habitant en 2022
La récurrence des périodes de sécheresse ont fait consommer par habitant pas moins de 62,6 litres d’eau embouteillée en 2022, selon le directeur exécutif de l’APAB, Aïssa Zelmati, qui a présenté le bilan de cette organisation lors d’une conférence-débat en marge du Salon international de l’industrie des boissons et des aliments liquide Belvag qu’a abrité le Palais des expositions de la Safex, à Alger, la première semaine du mois en cours et à la veille du Ramadhan, un mois où les Algériens consomment beaucoup de boissons.
En matière de création d’emploi, cette industrie a permis de créer en 2022 quelque 22.000 emplois directs et 100.000 emplois indirects, affirme encore le représentant de l’APAB.
Evoquant le nombre d’entreprises activant dans le secteur, le conférencier a fourni des chiffres contradictoires. Selon l’APAB, leur nombre est estimé entre 400 et 500 entreprises, alors que l’Office national des statistiques avance un chiffre de 800 producteurs de boissons, tandis qu’au niveau du Centre national du registre du commerce, le nombre de producteurs inscrits est de 1 767.
Quant au taux d’intégration, il est estimé à 50% et la couverture nationale des besoins est de 98%, dont 85% sont assurés par les membres de l’APAB.
L’usage des bouteilles en PET représente 56%,
Selon toujours Zelmati, les 2% restants peuvent facilement être couverts par la production nationale, soulignant qu’en matière d’emballage plastique (PET), l’Algérie est autosuffisante.
A ce propos, l’usage des bouteilles en PET représente 56%, suivi par le carton tetra pack avec 36%, les bouteilles en verre (4%), le sachet en plastique (2,5%) et enfin la canette aluminium avec 1,5%.
Toutefois, l’industrie des boissons demeure dépendante du marché extérieur concernant les matières premières, pour moult raisons que Zelmati a évoquées dans le détail, ainsi que certains producteurs interrogés en marge du Belvag.
Il s’agit pour commencer du concentré de jus. «L’industrie des boissons utilise des concentrés de jus importés», avoue notre interlocuteur, expliquant qu’en Algérie, «nous n’avons pas de concentré de jus d’orange que nous importons du Brésil et des Etats-Unis, encore moins celui des fruits exotiques, comme la banane, l’ananas, la manque et la cerise. Parce que les oranges que nous avons en Algérie sont des oranges de bouche».
«Nous avons fait une étude en interne et avons constaté que si l’on récupère toute la production d’oranges en Algérie, elle suffira à faire marcher les usines pour trois mois seulement», dit-il, ajoutant que
«ceci sans oublier le fait que l’industrie de la transformation des fruits n’est pas développée en Algérie. Elle arrive à peine à alimenter les unités de fabrication des produits laitiers fruités, comme les yaourts».
Pour être précis, il y a seulement six entreprises en Algérie qui font la transformation de certains fruits qu’on trouve dans les yaourts, explique-t-il encore, alors qu’en matière d’utilisation du verre, les producteurs de boissons ont aussi recours à l’importation. La Tunisie voisine et l’Italie étant considérées comme les plus grands producteurs, nous confie, sous couvert de l’anonymat, un représentant d’une marque de boissons bien installée sur le marché.
Le peu d’entreprises locales qui ont investi dans la fabrication des bouteilles en verre sont très loin de répondre à une demande de plus en plus croissante en ce produit.
En matière de fabrication d’emballage, un producteur de bouteille PET, de bouteilles pour détergents et de bouchons PEHD et PP, Sétif Gold Plast en l’occurrence, s’est plaint aussi du manque d’accompagnement des autorités, notamment des banques auprès desquelles il affirme ne pas pouvoir obtenir les crédits nécessaires pour faire avancer son entreprise, créer de nouveaux emplois et prétendre à l’exportation d’une partie de sa production.
«Actuellement, nous tournons entre 5 et 10% de notre capacité de production, car nous avons un sérieux problème d’alimentation en matière première», affirme un responsable de la SGP, soulignant que «l’entreprise utilise entre 2 000 et 6 000 tonnes de plastique par mois. Malheureusement, ce produit n’est pas fabriqué en Algérie».
Sophia Rais
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