Catégorie : Economie

  • Investissements chinois et qataris en Algérie : Les nouveaux projets et secteurs d’activités concernés se précisent

    Investissements chinois et qataris en Algérie : Les nouveaux projets et secteurs d’activités concernés se précisent

    Moins d’un mois après la série de visites effectuées en juillet dernier par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en Chine, Qatar et Turquie, et qui se sont soldées par la conclusion de plusieurs accords et mémorandums de coopération, les premiers contours de projets d’investissements de ces pays en Algérie commencent à se dessiner.

    A priori, les mines, l’énergie, le transport ferroviaire, la finance ou les infrastructures sont les principaux domaines d’activité dans lesquels les Chinois et Qataris viennent d’exprimer un intérêt réel pour y investir.

    Ainsi, reçu jeudi dernier par le ministre des Finances, Laaziz Faid, l’ambassadeur de Chine à Alger, Li Jian, a fait état de la disposition d’entreprises chinoises à financer de «grands projets économiques stratégiques», comme l’exploitation des gisements du minerai de fer de Gara-Djebilat, les mines du phosphate sises à l’Est du pays, le projet du Port-centre ainsi que la participation au programme d’extension du réseau national du transport ferroviaire, selon un communiqué rendu public par le ministère des Finances.

    Ces domaines d’activité, faut-il le rappeler, constituent une priorité du programme de diversification économique et de consolidation des infrastructures de bases déployé par les pouvoirs publics ces dernières années.

    Cependant, lors de sa visite à Pékin en juillet dernier, le chef de l’Etat a eu des engagements pour de nouveaux investissements d’entreprises chinoises sur le marché national d’un volume de 36 milliards de dollars, ce qui permettra à l’empire du Milieu de conforter sa position du premier pourvoyeur d’IDE en Algérie.

    Outre les secteurs des mines, l’industrie ou les infrastructures, le représentant diplomatique chinois en Algérie a fait état également de la volonté de son pays à étendre la coopération bilatérale algéro-chinoise à de nouveaux domaines qui sont la finance et les banques ainsi que la numérisation.

    En tout cas, comme le précise le communiqué du ministère des Finances, la rencontre entre Laaziz Faid et l’ambassadeur chinois se veut un début de la suite à donner aux accords et engagements pris lors de la visite du chef de l’Etat en Chine, puisque les échanges ont porté sur «les conclusions de la visite en Chine effectuée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, en juillet dernier, au cours de laquelle les dirigeants des deux pays ont affiché leur volonté ferme à consolider les relations solides entre l’Algérie et la Chine et à renforcer la coopération économique bilatérale», souligne le communiqué.

    Production de butène et de polybutène par le qatari Power International Holding et Sonatrach

    Au même titre que les Chinois, les Qataris eux aussi ambitionnent le renforcement de leur présence sur le marché national à travers le financement de projets d’investissements. Cependant, l’énergie et la pétrochimie sont décidemment les domaines qui intéressent le plus les investisseurs de ce pays.

    En effet, reçu jeudi dernier par Mohamed Arkab, ministre de l’Energie et des mines, l’ambassadeur du Qatar à Alger, Abdulaziz Ali Al-Naama, lors d’une rencontre qui a porté sur «les moyens de développer et de renforcer les relations de coopération bilatérale dans le domaine de l’énergie et des mines», a exprimé l’intérêt des entreprises de son pays pour l’investissement en Algérie dans le cadre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures et la réalisation de grands projets en matière de recherche, d’exploration, d’industries manufacturières et de pétrochimie, selon un communiqué rendu public par le ministère de l’Energie et des mines.

    La concrétisation des nouvelles ambitions qataries en matière d’investissement sur le marché national passera ainsi par le projet de création d’un complexe chimique de production de butène et de polybutène, que la société qatarie Power International Holding souhaite réaliser en Algérie en partenariat avec le groupe Sonatrach.

    En réponse à l’intérêt exprimé par le représentant diplomatique de Doha à Alger, le ministre de l’Energie et des mines a affirmé la disposition du groupe pétrolier national à travailler avec Power International Holding pour la réalisation dudit projet.

    Pour donner plus de consistance au projet en question, Mohamed Arkab a estimé qu’il (ce projet) «peut se concevoir dans un cadre intégré comprenant également l’investissement dans la recherche et l’exploitation de nouvelles réserves à même de contribuer à l’approvisionnement de ce projet en gaz». En d’autres termes, renforcer la production de Sonatrach en gaz par des volumes supplémentaires pour alimenter ce nouveau projet sans recourir aux capacités de production actuelles.

    R.N

  • Déficit de la balance commerciale avec la Chine : l’Afrique doit sortir de son statut d’exportateur exclusif de matières premières

    Déficit de la balance commerciale avec la Chine : l’Afrique doit sortir de son statut d’exportateur exclusif de matières premières

    Durant les quatre premiers mois de l’année en cours, la balance commerciale entre la Chine et l’Afrique a atteint 94,4 milliards de dollars, faisant ressortir une croissance de 8,9% par rapport à la même période de l’année précédente.

    Néanmoins, en se penchant sur les flux entre les deux partenaires et la nature des produits échangés, il s’avérera que seule une intégration régionale est à même de garantir au continent africain de sortir de sa posture de gisement de l’économie mondiale.

    De prime abord, tel qu’il ressort des données que viennent de publier les services de douanes chinois, la balance commerciale est toujours favorable à l’empire du Milieu qui a exporté vers l’Afrique pour 58,9 milliards de janvier à la fin avril dernier, alors que les exportations de l’ensemble des pays du continent vers cette puissance asiatique ne totalisent que 35,5 milliards de dollars. Si les exportations chinoises ont enregistré une croissance de 26,9% par rapport à la même période de l’année 2022, les exportations africaines vers la Chine durant les 4 premiers mois de 2023 ont, en revanche, reculé de 11,8% par rapport à la même période de l’année d’avant.

    Les éléments d’analyse qui se dégagent de l’évolution de la balance commerciale Afrique-Chine indiquent, à première vue, que les exportations des pays africains sont constituées quasi exclusivement de matières premières. Si elles ont reculé de 11,8% durant les quatre premiers mois de cette année, les analystes estiment que c’est dû à la baisse des cours des matières premières sur le marché mondial, d’un côté, et à une reprise de l’économie chinoise plus lente que prévue après sa sortie de sa politique dite zéro Covid-19 depuis janvier dernier, d’autre part, ce qui a induit une demande moins dynamique en matières premières et minerais.

    La lecture qu’en fait l’ancien secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, Carlos Lopes, abonde, d’ailleurs, dans ce sens. «Le ralentissement de la croissance économique chinoise, due à des périodes de confinement prolongées et aux tensions géopolitiques qui ont perturbé les chaînes d’approvisionnement en 2022, a considérablement augmenté les stocks de minéraux en Chine et réduit la demande pour tous les produits de base», a-t-il déclaré en réaction à la publication de ces statistiques par les services des douanes chinoises.

    La Zlecaf, clé de voûte de l’intégration régionale

    A l’inverse, les importations des pays africains sur le marché chinois connaissent une prédominance de produits relevant de la petite industrie et des équipements, dont les textiles, machines, équipements électroniques divers.

    Alors que la Chine a pris ces deux dernières années des engagements visant à renverser cette tendance, à savoir encourager la diversification des exportations africaines vers le pays asiatique pour que le continent ne reste pas cantonné dans sa position de fournisseur de matières premières, c’est la même configuration qui se dégage. Pour rappel, en 2021, lors du Forum sur la coopération Chine-Afrique, le président chinois Xi Jinping s’est engagé à augmenter les importations de Pékin en provenance de l’Afrique, principalement les produits agricoles, mais deux ans plus tard, la situation reste inchangée. La balance commerciale de l’Afrique fait aussi ressortir un solde déficitaire que ce soit avec l’Europe, le reste de l’Asie, les Etats-Unis ou l’Amérique latine.

    C’est pourquoi donc, seule une intégration régionale effective et active est en mesure de permettre aux pays africains de diversifier leurs exportations mais aussi de mieux valoriser les matières premières, dont ils regorgent et en tirer profit, et ce, en développant des industries locales pour limiter leur exportation à l’état brut.

    En conséquence, les mécanismes comme la Zlecaf (Zone de libre-échange continentale africaine) peuvent s’avérer d’une importance capitale, à la seule condition de faciliter et accélérer sa mise en œuvre. A titre indicatif, dans un récent rapport, le FMI estime que l’entrée en vigueur de la Zlecaf générera une hausse de 53% des échanges commerciaux intra-africains.

    Dans le même sens, cette semaine, c’est la BAD (Banque africaine de développement) qui vient de mettre en garde les pays africains en les exhortant à développer les industries locales adaptées à la transition énergétique en cours. Faute de quoi, le continent risque de ne gagner que 55 milliards de dollars sur un potentiel de 8.800 milliards s’il se contente d’exporter à l’état brut les minerais nécessaires à la fabrication d’équipements pour la production et le stockage d’énergies propres, comme les éoliennes, les panneaux solaires ou les batteries pour véhicules électriques.

    Mohamed Naïli

  • Commerce extérieur : lancement de la nouvelle plateforme dédiée aux importateurs

    Commerce extérieur : lancement de la nouvelle plateforme dédiée aux importateurs

    Comme annoncé, le ministère du Commerce et de la Promotion des Exportations vient de lancer la nouvelle plateforme dédiée aux importateurs dans le but de réguler les importations de matières premières, de produits et de marchandises destinées à la revente en l’état.

    La régulation des importations se fera à travers l’enregistrement des importateurs, qui ont un certificat de respect aux fins de soumettre leurs candidatures par voie électronique via la plateforme, avec codes d’activité, et étudier et analyser les demandes des importateurs en se référant à la carte nationale du produit algérien et la remise aux importateurs dont les demandes ont été étudiées du document de règlement bancaire afin de mener à bien les procédures d’importation.

    Quant au processus de dépôt et de suivi des demandes d’importation sur la plateforme, il se déroule en trois grandes étapes. Il s’agit de l’obtention d’un compte utilisateur unique lié au numéro d’enregistrement commercial de l’établissement, d’accéder à l’espace utilisateur et déposer les candidatures par voie électronique via la plateforme et du suivi de l’état des demandes déposées et traitées.

    Zitouni annonce la révision de la plateforme d’Algex

    Le 11 avril dernier, le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, a annoncé le lancement par son département de la révision de la plateforme de l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Agex) dédiée aux importateurs en vue de renforcer son efficacité dans la régulation des importations.

    En fait, la révision de la plateforme vise à améliorer son fonctionnement, à remédier aux insuffisances enregistrées et à mieux organiser la filière de l’importation.

    Cette révision ne concernera pas le principe de son travail qui est la régulation des importations et la lutte contre les phénomènes négatifs enregistrés dans ce domaine à l’instar du transfert des devises et l’importation de marchandises qui ne respectent pas les traditions de la société algérienne.

    Parmi les améliorations annoncées dans ce sens, il y a la numérisation de toutes les procédures du début jusqu’à la fin en vue de garantir la transparence et permettre aux importateurs de suivre leurs dossiers.

    Pour rappel, les opérateurs économiques activant dans le domaine de l’importation de matières premières, de produits et de marchandises destinées à la revente en l’état, sont appelés à présenter leurs demandes au niveau d’Agex pour vérifier la disponibilité des produits et matières programmés à l’importation dans le marché national. Le document remis par les services d’Algex doit être joint au dossier de domiciliation bancaire pour finaliser les procédures d’importation.

    Accélérer le traitement des dossiers en suspens au niveau d’Algex

    Autre instruction donnée par le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations concernant les importations concerne l’accélération du traitement des dossiers d’importation en suspens et de faciliter l’importation des produits non fabriqués localement et la libération de l’importation des marchandises et des produits dont la production locale ne couvre pas le marché national.

    Pour rappel, en avril 2022, le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations avait informé, dans une note adressée aux banques via l’Association des banques et établissements financiers (Abef), que les importateurs doivent obtenir un document délivré par les services de l’Algex, pour domicilier leurs opérations auprès des banques.

    Selon la même note, les opérateurs économiques sont dans l’obligation de consulter une plateforme numérique, préalablement à toute opération de domiciliation bancaire, et ce, afin de vérifier l’indisponibilité des produits à importer sur le marché national.

    Fatiha A.

  • Importation de bovins : avant le Brésil et le Soudan, 69 000 têtes importées de France

    Importation de bovins : avant le Brésil et le Soudan, 69 000 têtes importées de France

    Sur un total de 78 000 bovins exportés par la France hors Europe, 69 000 têtes ont pris la destination de l’Algérie durant l’année 2022, soit plus de 88%. Selon les statistiques rendues publiques par l’Institut français de l’élevage (IDELE) en ce début avril, avec ce volume, l’Algérie vient de dépasser le record d’avant la pandémie de Covid-19 où 59 000 têtes bovines ont été importées de l’Hexagone en 2019.

    Néanmoins, depuis le début de l’année en cours, les importations de bovins vivants en provenance d’Europe ont nettement diminué, une raison pour laquelle l’Algérie s’est tournée vers d’autres marchés. Selon l’IDELE, la principale raison de cette nouvelle orientation est, d’un côté, l’indisponibilité de l’offre sur le marché français et, de l’autre côté, les tensions politiques entre l’Algérie et l’Espagne de ces deux dernières années ayant conduit à la suspension des échanges commerciaux entre les deux pays, alors que traditionnellement le marché algérien constituait un débouché de grande taille pour la filière bovine de la péninsule ibérique. 

    « Les naissances étant en recul depuis de nombreux mois, les disponibilités en broutards étaient toujours moindres en janvier 2023 et les exportations françaises de bovins de 4-16 mois de type viande ont poursuivi leur recul», souligne l’IDELE dans son récent rapport avant de poursuivre «depuis début 2023, le Ramadan approchant, l’Algérie souhaitait acheter des bovins finis et avait suspendu la délivrance de licences d’import de bovins maigres. N’ayant pu s’approvisionner en France ou en Espagne en jeunes bovins finis (manque de disponibilités pour l’une, tensions politiques pour l’autre), le pays a finalement acheté des bovins vifs finis auprès du Brésil. Il s’agit d’une première pour l’Algérie, qui a toujours préféré acheter des bovins vivants à l’UE pour leur qualité sanitaire».

    Il faut noter aussi que la baisse de l’offre en France a poussé les prix d’achat de bovins d’abattage à la hausse sur le marché européen, ce qui a incité les pouvoirs publics à opter pour d’autres marchés, dont ceux d’Amérique Latine et le Soudan.

    A cet égard, le P-DG de l’Algérienne des viandes rouges (Alviar), M. Lamine Derradji, a affirmé en mars dernier qu’en prévision du mois de ramadan courant et pour répondre à la demande en la matière, son groupe procèdera à l’importation de 20 000 tonnes de viandes fraiches et 10 000 veaux destinés à l’abattage, principalement du Brésil, Argentine, Colombie et Soudan.

    Des aliments de bétail avec des baisses de 1 500 à 2 200 DA/quintal

    Par ailleurs, bien que des solutions palliatives viennent d’être trouvées pour couvrir la demande en viandes durant cette période où la consommation repart à la hausse, le développement de la filière locale pour limiter le recours aux importations demeure la priorité des politiques sectorielles mises en œuvre par les pouvoirs publics.

    C’est dans cette perspective donc que, pour venir à la rescousse des éleveurs locaux et producteurs de viandes, confrontés à des hausses spectaculaires des prix d’aliments de bétail depuis plusieurs mois, l’ONAB (Office national des aliments de bétail), vient d’annoncer des baisses conséquentes des prix des intrants utilisés dans la fabrication des aliments de bétail et de volailles. Intervenant ce dimanche sur la chaîne Ennahar TV, le P-DG de l’ONAB, Hassan Benzaza, précise que «ces baisses de prix d’intrants destinés à la fabrication d’aliment de bétail et de volaille, dont le maïs et le soja, sont entre 1 500 et 2 200 DA/quintal selon le type d’aliment, et l’opération se poursuivra jusqu’à la fin de l’année en cours».

    Dans un communiqué rendu public la semaine passée, l’ONAB a également dévoilé de nouveaux prix pour les aliments prêts à la consommation selon la catégorie, parmi lesquels, l’aliment destiné aux jeunes bovins en phase d’engraissement est cédé à 5 250 DA/quintal et l’aliment pour vaches laitières à 4 710 DA/ql.

    La filière élevage, particulièrement dans son segment bovin, représente un enjeu stratégique dans le secteur agricole en Algérie, comme viennent de le souligner les spécialistes en la matière Mohamed Sadoud et Jean-François Hocquette dans leur récent ouvrage intitulé « la filière viande bovine en Algérie », «l’élevage bovin en Algérie occupe une place importante dans la consommation de viande algérienne et contribue fortement à l’économie nationale. Il constitue la deuxième espèce pourvoyeuse en viande rouge pour le consommateur algérien après l’ovin, avec une part de l’ordre de 23% (…) L’Algérie compte environ 2 millions de têtes bovines pour 125 000 tonnes de viande bovine produites».

    Mohamed Naïli

  • Croissance mondiale : une baisse de 2,2% par an est prévue pour la période 2022-2030

    Croissance mondiale : une baisse de 2,2% par an est prévue pour la période 2022-2030

    Le ralentissement de l’économie et la contraction de la croissance à l’échelle mondiale, dont les effets sont d’ores et déjà perceptibles à travers plusieurs pays, y compris ceux industrialisés, risque de perdurer et se projeter à long terme.

    C’est ce que vient de relever un nouveau rapport de la Banque mondiale, publié à la fin du mois de mars écoulé, selon lequel, «la vitesse limite de l’économie mondiale, c’est-à-dire le taux de croissance maximal à long terme sans risque d’inflation, devrait tomber à son niveau le plus bas depuis trois décennies d’ici 2030».

    Faisant allusion aux épisodes de crises que traversent de nombreuses économies au monde, notamment en Europe et aux Etats Unis, le rapport de 560 pages, passant à la loupe les différents aspects et secteurs d’activité de chaque région et sous-région au monde, met en garde aussi que «les crises bancaires systémiques et les récessions ont des conséquences durables sur la croissance et le développement».

    Constat qui intervient au moment où une crise financière similaire à celle de 2007/2008 a failli dégénéré en mars dernier du fait de la faillite de la banque américaine Silicon Valley, mais aussi du Crédit Suisse, tandis que des économies aussi puissantes comme la Grande Bretagne basculent dans la récession durant l’année en cours, a averti récemment l’autre institution de Bretton Woods qu’est le FMI.

    Dans son constat on ne peut plus pessimiste, le nouveau rapport de la Banque mondiale relève un net affaiblissement des leviers de croissance durant les 7 à 8 années à venir par rapport à la première décennie des années 2000.

    «Entre 2022 et 2030, la croissance moyenne potentielle du PIB mondial devrait reculer d’environ un tiers par rapport au taux qui prévalait au cours de la première décennie de ce siècle, et tomber à 2,2 % par an », notent les experts de la Banque mondiale dans ledit rapport, intitulé « des perspectives de croissance à long terme en baisse : Tendances, attentes et politiques », ce qui les amène à constater un « déclin progressif de la quasi-totalité des forces économiques qui ont favorisé le progrès et la prospérité au cours des trente dernières années ».

    Par zone géographique, le même rapport relève des contractions mitigées d’une région à une autre, précisant que « pour les économies en développement, la baisse sera tout aussi marquée : de 6 % par an entre 2000 et 2010 à 4 % par an pendant le reste de la décennie actuelle. En outre, les baisses seraient beaucoup plus prononcées en cas de crise financière mondiale ou de récession ».

    Toutefois, en dépit des facteurs plombant l’économie mondiale ces trois dernières années qui perdurent encore, (à savoir les retombées de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine), les auteurs du rapport en question demeurent rassurants, en notant que le phénomène limitant la vitesse de croissance de l’économie mondiale « n’est pas irréversible ». Pour ce faire, le rapport suggère d’aller vers «des politiques qui encouragent le travail, augmentent la productivité et accélèrent l’investissement» pour juguler cette tendance.

    Dans leur argumentaire, les experts de la BM montrent que, «si les pays adoptent des politiques durables et axées sur la croissance, la progression potentielle du PIB peut être stimulée de 0,7% pour atteindre un taux annuel moyen de 2,9 %. Ce qui permettrait d’obtenir, au lieu du ralentissement prévu, une accélération du taux de croissance potentiel du PIB mondial».

    Au niveau des pays en développement, la tendance au ralentissement qui se dessine à l’horizon 2030 peut être renversée si «chaque économie en développement devra reproduire ses meilleurs résultats des dix dernières années grâce à la mise en œuvre de mesures diverse», alors qu’ «à l’échelon international, la réponse politique suppose une coopération mondiale plus étroite et un effort accru pour mobiliser les capitaux privés.»

    Gagner jusqu’à 1,2% de croissance en Afrique du Nord

    Dans sa série de recommandations qu’il formule pour enclencher un cycle de croissance plus dynamique que ce que présagent les indicateurs actuels, le rapport met en avant des « mesures spécifiques à prendre par les pays » à plusieurs niveaux, comme la gestion budgétaire et monétaire, l’investissement et le marché du travail, la maîtrise des coûts des échanges commerciaux entre autres.

    Au niveau des politiques budgétaires, il est recommandé aux pays dans le nouveau rapport de la Banque mondiale d’ «harmoniser les cadres monétaires et financiers » de leurs économies respectives. Pour ce faire, «Les décideurs politiques devraient donner la priorité à la maîtrise de l’inflation, à la stabilité du secteur financier, à la réduction de la dette et au rétablissement de la prudence budgétaire». Ces mesures sont considérées comme étant susceptibles d’ « aider les pays à attirer les investissements en inspirant la confiance dans les institutions et les politiques nationales».

    L’accroissement du marché du travail est également perçu comme un facteur idéal pouvant booster la croissance à l’horizon 2030 dans le rapport en question qui relève qu’ « environ la moitié du ralentissement attendu de la croissance du PIB potentiel jusqu’en 2030 sera imputable à l’évolution démographique, notamment à la diminution de la population en âge de travailler et à la contraction de la main-d’œuvre à mesure que les sociétés vieillissent ».

    La dynamisation du marché du travail pourrait ainsi faire gagner 0,2% à la croissance mondiale d’ici la fin de la décennie, alors que dans des pays comme ceux d’ « Afrique du Nord, la hausse du taux d’activité des femmes pour atteindre la moyenne de l’ensemble des marchés émergents et des économies en développement pourrait accélérer la croissance potentielle du PIB de 1,2% par an entre 2022 et 2030».

    Enfin, estiment les rédacteurs du rapport de la BM, l’intensification des investissements dans des secteurs jugés à forte valeur ajoutée comme les transports, l’énergie, l’industrie et l’agriculture pourrait faire gagner 0,3% à la croissance mondiale d’ici 2030.

    M. Naïli

  • COSOB : Youcef  Bouzenada remplace Abdelhakim Berrah

    COSOB : Youcef Bouzenada remplace Abdelhakim Berrah

    La Commission d’organisation et de surveillance des opérations de Bourse (COSOB) a désormais un nouveau président. Il s’agit de Youcef  Bouzenada, nommé par décret présidentiel le 26 février dernier et installé ce 27 mars par Laaziz Faid, le tout nouveau ministre des Finances. 

    Cette installation intervient à un moment où le secteur financier connait des ajustements avec les réformes face aux défis attendus de la relance et dynamisation du marché financier.

    Avec une expérience de 15 ans dans la Banque d’Algérie, Youcef Bouzenada a suivi plusieurs formations entre autres dans l’Institut du FMI pour le développement des capacités où il a eu Certificat de développement financier et inclusion financière (2021 – 2022).

    Pour rappel, en mai 2022, la presse avait annoncé que Abdelhakim Berrah, qui était le président  de la commission d’organisation et de surveillance des opérations de la bourse (COSOB) avait quitté son poste après 9 ans d’exercice dans le cadre de la politique en termes de réformes financières et bancaires. Abdelhakim Berrah est considéré comme l’une des compétences nationales dans le domaine financier, et ces dernières années, il a travaillé avec une équipe d’experts sur la préparation des plateformes dans le domaine de l’économie de la connaissance pour accompagner les sturt-up. Il a également cherché à soutenir la Bourse d’Alger avec plus d’entreprises concernées.

    Notons que la Commission est composée du Président de la COSOB, en qualité de Président de la commission,  et de six (06) membres. Le Président est nommé par décret présidentiel pour un mandat de quatre (4) ans.

    Les défis qui attendent Youcef Bouzenada

    Le nouveau président de la COSOB a du pain sur la planche dans sa nouvelle mission sachant que la COSOB a pour mission d’organiser et de surveiller le marché des valeurs mobilières en veillant notamment à la protection de l’épargne investie en valeurs mobilières ou tout autre produit financier donnant lieu à appel public à l’épargne et au bon fonctionnement et à la transparence du marché des valeurs mobilières. La Commission régule le fonctionnement du marché des valeurs mobilières en édictant des règlements Octroyer des visas, des agréments et des habilitations

    La surveillance du marché a pour objectif principal d’assurer l’intégrité et la sécurité du marché des valeurs mobilières.

    Aussi, le nouveau président de la COSOB est appelé à suivre les réformes financières et bancaires qui visent à assurer davantage de transparence et de stabilité dans la gestion financière du pays. Aussi, par la révision de la loi sur la monnaie et le crédit, une structuration de l’activité bancaire sera mise en place, en plus d’une orientation vers le digital.

    Il s’agit d’amendements profonds, de donner une forte impulsion au processus de réformes du secteur financier et bancaire, à travers l’adoption des critères internationaux et des meilleures pratiques dans le financement de l’économie.

    Fatiha A.

  • Atteinte à l’économie nationale : «C’est un crime qui ne saurait être pardonné» (Tebboune)

    Atteinte à l’économie nationale : «C’est un crime qui ne saurait être pardonné» (Tebboune)

    Dans ses interventions à la réunion du Conseil des ministres du 02 octobre, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, s’est attardé sur les menaces d’atteintes à l’économie nationale par des infractions différentes à la législation. Il a évoqué notamment l’infraction à la règlementation des changes et des mouvements de capitaux de et vers l’étranger.

    Lors de cette rencontre, le chef de l’Etat a instruit le gouvernement de procéder à une révision des textes de loi de façon à prévenir et sanctionner ces infractions. Le président Tebboune a affirmé que l’atteinte à l’économie nationale «ne relève pas du délit mais du crime qui ne saurait être pardonné, tout autant que les infractions à la réglementation des changes et des mouvements des capitaux qui constituent elles aussi un crime nuisible aux intérêts du pays et exige l’application des peines les plus lourdes».

    Le président Tebboune a souligné la nécessité de «veiller, par tous les moyens, à la préservation et à la protection des deniers du peuple de toutes formes de malversation».

    Aussi, en matière de règlementation, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a donné instruction de «rationaliser la règlementation dans tous les domaines, en tenant compte des mutations économiques à traiter dans le cadre d’une logique purement économique, afin d’insuffler un nouvel élan à la dynamique de développement en matière de services et d’investissement».

    Allant plus loin, le président Tebboune a ordonné au gouvernement de «procéder au changement des lois entravant la dynamique économique que connait le pays». La révision récente du code de l’investissement, avec la publication au journal officiel des textes d’application, témoignent de la volonté des hautes autorités de l’Etat de faire sortir l’économie nationale de son désarroi et de lui lever les contraintes bureaucratiques et autres qui lui portent grands préjudices.

    Lors de la réunion gouvernement-walis, le 24 septembre dernier, le président Tebboune  a assuré que l’économie nationale «commence à se redresser». Il a rappelé «la reconnaissance par la Banque mondiale de la bataille d’appréciation du dinar menée par l’Algérie et laquelle reflète son engagement à revaloriser la monnaie nationale».

    Samia Hanifi

  • Gouvernement: Lakhdar Rekhroukh et Ali Aoun intègrent l’équipe Benabderrahmane

    Gouvernement: Lakhdar Rekhroukh et Ali Aoun intègrent l’équipe Benabderrahmane

    Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a procédé aujourd’hui à un remaniement ministériel, annoncé déjà depuis quelques jours. Cinq nouveaux ministres rejoignent le gouvernement que conduit le Premier ministre, Aimene Benabderrahmane.

    Brahim Merad, occupant jusque-là le poste de Médiateur de la République, est à la tête du ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, en remplacement de Kamel Beldjoud chargé désormais de diriger le secteur des Transports. Son prédécesseur, Abdallah Moundji, se voit confier le poste de Secrétaire général de la présidence de la République, en remplacement de Mohamed El Amine Messaid, décédé en août dernier.

    Le P-dg du groupe Cosider, Lakhdar Rekhroukh également président de l’Union nationale des entreprises publiques (UNEP) est nommé à la tête du tout nouveau Ministère des Travaux publics, de l’Hydraulique et des Infrastructures de base». Un « grand » ministère regroupant les deux départements des Travaux publics et des Ressources en eau.

    L’ancien P-dg du groupe pharmaceutique «Saidal», Ali Aoun, installé en mars dernier à la tête de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) intègre le gouvernement en tant que ministre de l’Industrie pharmaceutique.

    Au ministère de la Santé, Abderrahmane Benbouzid quitte gouvernement pour «d’autres fonctions». Il est remplacé par Abdelhak Saihi qui  occupait le poste de Secrétaire général à ce même département ministériel.

    Kamel Bidari, jusque-là recteur de l’université de M’Sila, arrive à la tête du département de l’Enseignement supérieur.

    Autre changement dans le gouvernement, Yacine Oualid, est promu au rang de ministre, s’occupant à la fois des Startups et des Micro-entreprises. De même, Mme Samia  Moualfi est désormais ministre de l’Environnement et des Energies renouvelables.

    Cosider, leader en Algérie et troisième en Afrique

    Dans le nouveau gouvernement, ce sont particulièrement deux noms qui attirent l’attention : Lakhdar Rekhroukh et Ali Aoun. Les deux noms sont associés à deux grandes entreprises publiques : Cosider et Saidal.

    Cosider est un groupe qui s’est grandement distingué au niveau national mais aussi international dans les travaux publics, avant que son activité ne s’élargisse à d’autres secteurs. C’est le troisième en Afrique en termes de chiffres d’affaires. Il dispose de plusieurs filiales et emploie plus de 40 000 travailleurs.

    En décembre dernier, Lakhdar Rakhroukh, en sa qualité de P-dg de Cosider, a reçu la médaille de l’Ordre de mérite «Achir» des mains du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Il a été récompensé pour «ses efforts ayant permis au groupe public de devenir leader en Algérie et troisième en Afrique».

    Si le P-dg de Cosider se voit confier également la charge de la gestion du secteur de l’hydraulique, c’est parce que le groupe s’est aussi spécialisé dans ce domaine. Cosider canalisation fait partie des entreprises chargées de la réalisation des cinq stations de dessalement de l’eau de mer.

    A ne pas manquer de rappeler que Cosider est aussi chargé de participer à la réalisation de quelques projets de la compagnie pétrolière Sonatrach. Récemment, Cosider a décroché un contrat de 16 milliards de dinars avec Sonatrach.

    Faire de Saidal un laboratoire de niveau international (Ali Aoun)

    Quant à Ali Aoun, nommé en mars dernier au poste de directeur général de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), ce dernier revient de loin. Après avoir fait de Saidal un géant de l’industrie pharmaceutique en Algérie, alors qu’il a avait été chargé initialement (1995) de mettre l’entreprise en liquidation parce qu’étant «à l’agonie», son engagement pour le développement de la production nationale lui a attiré des hostilités. Les lobbies du médicament lui ont déclaré une guerre féroce jusqu’à lui porter grand préjudice et l’éliminer de l’entreprise qu’il a fait grandir lui-même. C’était en 2008.

    Après plusieurs années d’absence, le président Tebboune le nomme  à la tête de la PCH. Une réhabilitation qui devient totale, aujourd’hui, avec son installation à la tête du département de l’Industrie pharmaceutique. Un domaine dont il connaît tous les secrets mais aussi les manœuvres malsaines des lobbies, s’exposant, ainsi, encore une fois, aux attaques des ennemis de toujours.  

    Fort de son expérience et sa parfaite connaissance du monde du médicament, Ali Aoun est d’autant plus confiant, car jouissant du soutien des hautes autorités publiques.  Dans un entretien à notre confrère «L’Expression» publié en juin dernier, M. Aoun, alors DG de la PCH, a déclaré : «Je suis très optimiste car il y a une volonté politique manifestée à plusieurs reprises et de manière franche par les hautes autorités du pays à leur tête le président de la République. Je le dis sincèrement que si du temps de Saidal, on avait cet appui politique dont on bénéficie aujourd’hui le secteur, on aurait fait de Saidal un laboratoire de niveau international».

    Karima Mokrani

  • La nouvelle loi sur l’investissement publiée au Journal officiel

    La nouvelle loi sur l’investissement publiée au Journal officiel

    Adoptée par les deux chambres du parlement, après le Conseil des ministres, la nouvelle loi sur l’investissement est publiée au Journal officiel N°50 du 28 juillet dernier.
    Cette nouvelle loi est inscrite sous N°22-18 du 28 juillet 2022.

    Elargissement des prérogatives de l’ANDI

    Comme souligné par ceux qui ont participé à son élaboration, la nouvelle loi promet d’améliorer le climat des affaires et de libérer l’acte d’investir. Dans son article 2, il est indiqué que les dispositions contenues dans le nouveau texte visent à «développer les secteurs d’activités prioritaires à forte valeur ajoutée, assurer un développement territorial durable et équilibré, valoriser les ressources naturelles et les matières premières locales, favoriser le transfert technologique et développer l’innovation et l’économie de la connaissance».

    Il est aussi question dans cette nouvelle loi de «généraliser l’utilisation des technologies nouvelles, dynamiser la création d’emplois pérennes, promouvoir la compétence des ressources humaines et renforcer et d’améliorer la compétitivité de l’économie nationale et sa capacité d’exportation».

    L’article 3 précise particulièrement que la nouvelle loi consacre la liberté d’investir et la transparence et l’égalité dans le traitement des investissements.

    Bien évidemment, cette nouvelle loi évoque la reconversion de l’Agence nationale du développement des investissements (ANDI) en Agence algérienne de promotion de l’investissement, et de l’élargissement de ses prérogatives, contrairement au Conseil national de l’investissement (CNI) qui voit les siennes se rétrécir.

    Ainsi, lit-on dans l’article 18 de cette nouvelle loi, publiée au JO que , cette agence est chargée de «promouvoir et valoriser, en Algérie ainsi qu’à l’étranger, l’investissement et l’attractivité de l’Algérie, en relation avec les représentations diplomatiques et consulaires algériennes à l’étranger», «informer et sensibiliser les milieux d’affaires», «assurer la gestion de la plateforme numérique de l’investisseur», «enregistrer et traiter les dossiers d’investissement», et «accompagner l’investisseur dans l’accomplissement des formalités liées à son investissement».

    Aussi, le portefeuille des projets relevant précédemment de la compétence du Conseil national d’investissement, est transféré à l’Agence, est-il indiqué dans l’article 39.

    Pour ce qui est du CNI, ce dernier a désormais pour seules missions de «proposer la stratégie de l’Etat en matière d’investissement», «veiller à sa cohérence globale et en évaluer la mise en œuvre» et «élaborer un rapport annuel d’évaluation qu’il adresse au président de la République».

    Un guichet des grands projets et des guichets décentralisés

    L’autre nouveauté est dans la création d’un guichet unique des grands projets et des investissements étrangers, de même que de guichets uniques décentralisés. Le premier étant «l’interlocuteur unique chargé des missions d’accompagnement dans l’accomplissement de toutes les démarches nécessaires à la concrétisation des grands projets d’investissement et des investissements étrangers». Quant aux guichets uniques décentralisés, ces derniers sont considérés comme étant «les interlocuteurs uniques des investisseurs au niveau local».

    L’article 21 de la nouvelle loi précise que ces guichets regroupent les représentants des organismes et des administrations directement chargés de l’exécution des procédures liées à «la concrétisation des projets d’investissement, la délivrance des décisions, autorisations et tout document lié à l’exercice de l’activité en relation avec le projet d’investissement et l’obtention du foncier destiné à l’investissement et au suivi des engagements souscrits par l’investisseur».

    A ne pas manquer de citer la plateforme numérique de l’investisseur. C’est un espace qui fournit aux investisseurs toutes les informations pouvant les orienter dans leurs projets.  Sa gestion est une des missions de l’Agence de promotion de l’investissement.

    Incitation à l’investissement

    La nouvelle loi sur l’investissement cite trois régimes d’incitation : régime des secteurs, régime des zones et régime des investissements structurants.

    Sont éligibles au régime des secteurs, apprend-on de l’article 26, les investissements réalisés dans les domaines des mines et carrières, agriculture, aquaculture et pêche, industrie, industrie agroalimentaire, industrie pharmaceutique et pétrochimie,  services et tourisme, énergies nouvelles et renouvelables, économie de la connaissance et technologies de l’information et de la communication.

    Les investissements éligibles au régime des secteurs bénéficient de :

    • exonération des droits de douane pour les biens importés entrant directement dans la réalisation de l’investissement
    • franchise de la TVA pour les biens et services importés ou acquis localement, entrant directement dans la réalisation de l’investissement
    • exonération du droit de mutation, à titre onéreux, et de la taxe de publicité foncière, pour toutes les acquisitions immobilières effectuées dans le cadre de l’investissement concerné
    • exonération des droits d’enregistrement exigibles pour les actes constitutifs de sociétés et les augmentations de capital
    • exonération des droits d’enregistrement, de la taxe de publicité foncière, ainsi que de la rémunération domaniale portant sur les concessions des biens immobiliers bâtis et non bâtis, destinés à la réalisation de projets d’investissement
    • exonération de la taxe foncière sur les propriétés immobilières, entrant dans le cadre de l’investissement, pour une période de dix ans, à compter de la date d’acquisition
    •  exonération de l’impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS)
    • exonération de la taxe sur l’activité professionnelle (TAP)

    Sont éligibles au régime des zones, les investissements réalisés dans les localités des Hauts-Plateaux, du Sud et du Grand Sud, les localités dont le développement nécessite un accompagnement particulier de l’Etat, ainsi que celles qui disposent de ressources naturelles à valoriser. En plus des avantages cités, les investisseurs inscrits dans cette deuxième catégorie ouvrent droit à l’exonération de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) et l’exonération de la taxe sur l’activité professionnelle (TAP).

    En dernier, les investisseurs éligibles au régime des investissements structurants, outre les incitations mentionnées, ils peuvent bénéficier de l’accompagnement de l’Etat par la prise en charge, partielle ou totale, des travaux d’aménagement et d’infrastructures nécessaires à leur concrétisation.

    Enfin, ce qui est aussi important à retenir de la lecture de la nouvelle loi, c’est qu’il est clairement indiqué, dans son article 37, que «quiconque, de mauvaise foi, entrave par quelque moyen que ce soit l’acte d’investir, est puni conformément aux dispositions prévues par la législation en vigueur».

    Karima Mokrani

  • Salim Telidji : «La valeur des réserves de change placées en euro connaîtra une baisse»

    Salim Telidji : «La valeur des réserves de change placées en euro connaîtra une baisse»

    Dans le présent entretien, Salim Telidji, directeur des Méthodes CNED au Ministère des Finances, appelle à la vigilance et à la réactivité suite à la baisse de la valeur de l’euro. Une baisse avantageuse pour l’économie algérienne dans la mesure où les exportations sont libellées en dollar et 50% des importations en euros. Cet avantage risque d’être englouti par la hausse de l’inflation dans la zone euro.

    En ce qui concerne l’augmentation des prix du gaz à l’international, Salim Telidji soutient que les recettes supplémentaires engendrées vont permettre à Sonatrach d’investir plus dans l’augmentation de ses capacités de production de gaz et par conséquent, sécuriser les approvisionnements de ses clients.

    Quel est l’impact de la parité euro-dollar sur l’Algérie ?

    Salim Telidji : La monnaie européenne a connu une baisse de 10% par rapport au dollar américain depuis le début de l’année. Cette baisse est due à la divergence de politique monétaire entre les USA et l’UE, avec une hausse des taux d’intérêts directeurs de la Fedral Reserve plus rapide. Ceci a provoqué une fuite des flux financiers de placements en euro vers des placements en dollar US, entraînant une baisse de l’euro. Les conditions économiques et géopolitiques en Europe, notamment avec les répercussions du conflit en Ukraine, sont venues aggraver les incertitudes autour de la valeur de l’euro.

    Cette baisse est-elle, Mr Salim Telidji, avantageuse pour l’économie algérienne?

    Cette baisse de l’euro par rapport au dollar US est avantageuse pour l’économie algérienne dans la mesure où les recettes des exportations sont libellées en dollar et 50% des importations sont en euro. La valeur des importations en euro se trouve ainsi mécaniquement en baisse une fois réglées en dollar US. Mais cet avantage risque d’être englouti par la hausse de l’inflation dans la zone euro qui connaît une hausse sans précèdent, avec un taux de 8,6% en juin 2022.

    L’autre impact sur l’Algérie de cette baisse de l’euro, cette fois négatif, est sur les réserves de change placées en monnaie européenne (euro) et dont la valeur connaîtra une baisse. Ce qui appelle à la vigilance et à la réactivité de la part de la Banque d’Algérie

    Les deux chambres du parlement viennent d’adopter le nouveau code de l’investissement. Les textes d’application sont annoncés pour les jours à venir. Selon vous Mr Salim Telidji, peut-on espérer une reprise réelle de l’investissement national aussi bien qu’étranger dans notre pays ?

    Effectivement, la promulgation prochaine de la nouvelle loi relative à l’investissement, ainsi que des textes d’application y afférent, constitue un signal positif envers les investisseurs quant à la volonté politique forte des pouvoirs publics de relancer l’investissement productif dans le pays.

    La nouvelle loi relative à l’investissement apporte des améliorations significatives, notamment à travers la limitation du rôle du CNI à la seule mission de proposer la stratégie de l’Etat en matière d’investissement, le renforcement et la clarification des missions de l’ANDI, ainsi que la création des guichets uniques.  Cette loi vise aussi à garantir la pérennité du cadre législatif pour une durée minimale de 10 ans, ce qui constitue une avancée appréciable pour les investisseurs en quête de stabilité juridique.

    Néanmoins, il est à signaler que la reprise réelle des investissements est tributaire, d’une part, de l’application effective des dispositions de la nouvelle loi sur le terrain, et d’autre part, de l’amélioration du climat des affaires en général à travers la levée des entraves bureaucratiques, l’accès au foncier industriel et la modernisation du système bancaire.            

    Sonatrach est en train de négocier avec ses partenaires une révision à la hausse des prix du gaz. Qu’en pense Salim Telidji ?

    Les contrats d’approvisionnement de gaz à long terme avec des pays producteurs assurent aux fournisseurs un approvisionnement en gaz naturel, tout au long de l’année, à un prix défini dans le contrat. Ils sont conclus pour des durées pouvant atteindre jusqu’à 30 ans.

    Les contrats de long terme assurent une certaine sécurité d’approvisionnement en gaz naturel. Ils garantissent aux consommateurs un approvisionnement en gaz naturel continu et à des prix compétitifs

    La renégociation des prix est une opération tout à fait normale tel que prévue dans les contrats. En effet, les clauses contractuelles prévoient la révision des prix du gaz de manière périodique. La Sonatrach ne fait qu’activer ces clauses pour adapter le prix du gaz aux nouvelles conditions du marché. Il est à rappeler que ces mêmes clauses ont été utilisées par les clients de la Sonatrach pour demander des baisses de prix lors de la phase de cours bas du gaz.

    Les recettes supplémentaires vont permettre à la Sonatrach d’investir plus dans l’augmentation de ses capacités de production de gaz, ce qui va sécuriser les approvisionnements de ses clients.

    Entretien réalisé par Karima Mokrani