L’agence Moody’s, spécialisée dans la notation, la gestion des risques et l’analyse financière, vient de passer au crible les banques africaines non sans présager un climat plus ou moins contraignant pour l’année en cours au niveau de certains aspects de la sphère bancaire continentale.
Dans son dernier communiqué, rendu public mardi dernier, Moody’s souligne en effet des écueils comme, entre autres, des pertes sur prêts, la détérioration de la qualité des actifs de la plupart des banques du continent africain durant l’année en cours.
Toutefois, l’agence de notation relève des points positifs dans le paysage bancaire africain durant cette année 2023, notamment au niveau de la stabilité de sa rentabilité, l’amélioration des marges nettes d’intérêts qui y sont attendues.
Tenant compte de la conjoncture mondiale actuelle marquée par une inflation galopante qui n’épargne aucune région au monde, rendant « l’environnement opérationnel des banques du continent difficile», l’agence américaine souligne ainsi dans son communiqué que « la qualité des actifs de la plupart des banques opérant en Afrique se détériorera, reflétant la réduction des revenus disponibles des ménages et la baisse des bénéfices des entreprises».
Moody’s note également une hausse des taux d’intérêt appliqués actuellement par les banques africaines, qui n’est pas de nature à favoriser les performances des banques du continent, mais qui permettra toutefois de compenser la hausse des coûts d’exploitation.
Pressions sur les liquidités et les devises dans les Banques africaines
Pour apporter plus de précisions sur ce dernier point, le vice-président senior auprès de Moody’s, Constantinos Kypreos, a expliqué que « la rentabilité sera soutenue par l’amélioration des marges nettes résultant de la hausse des taux d’intérêt qui compensera la hausse des coûts d’exploitation et des provisions destinées à couvrir les pertes sur prêts», tout en rassurant sur «les ratios de fonds propres déclarés (qui) resteront également stables», alors que « les banques (peuvent) potentiellement réduire les versements de dividendes si nécessaire».
Se penchant sur la conjoncture particulière des banques de certains pays du continent, les experts de l’agence de notation citent la situation qui prévaut actuellement au Nigéria et en Egypte, où les banques connaissent «des pressions sur les liquidités et les devises». Au Nigéria en effet, est-il utile de rappeler, la Banque centrale a émis dès le début de l’année en cours de nouveaux billets de banque, ce qui a entrainé une pénurie aigue de liquidités au niveau des guichets et distributeurs automatiques.
En outre, à défaut de nouvelles sources de financement, l’agence Moody’s note que, durant les mois à venir, les systèmes bancaires africains continueront d’être financés par les seuls circuits des dépôts et liquides, ce qui permettra toutefois de « soutenir la stabilité financière » dans ces pays.
Globalement, l’agence Moody’s relèvent des évolutions au niveau de certains systèmes bancaires de pays africains, comme l’Afrique du sud, dont les perspectives du système bancaire viennent de passer de négatives à stables, le Kenya ainsi que l’ensemble des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) où les perspectives de leurs systèmes bancaires respectifs resteront stables. C’est le même cas pour les banques nigérianes et égyptiennes, et ce, en dépit des contraintes en matière de disponibilité de liquidités et de devises auxquelles elles sont confrontées.
Mohamed N.
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