La surchauffe du marché du gaz naturel liquéfié se poursuivra sur le moyen terme. Mais l’entrée en production d’un grand nombre de projets à partir de la mi-2025 et la baisse de la demande mondiale induite par l’essor de plusieurs énergies alternatives devraient tirer les prix vers le bas.
Les prix du gaz naturel liquéfié (GNL) devraient rester élevés à moyen terme avant de commencer à baisser à partir de 2026 sous l’effet combiné de l’entrée en production d’une multitude de nouveaux projets et de la baisse de la demande consécutive au développement de plusieurs énergies alternatives, selon un rapport publié le 15 février par l’Institut d’analyse économique et financière de l’énergie (Institute for Energy Economics and Financial Analysis/ IEEFA).
Le rapport précise que le marché mondial du gaz naturel restera tendu durant les quelques prochaines années dans un contexte d’augmentation modeste de l’offre et de persistance de la forte demande en Europe. Mais ces prix élevés exerceront au fil des années une pression à la baisse sur la croissance de la demande, en particulier sur les marchés émergents.
Le Japon et la Corée du Sud prévoient d’ores et déjà de réduire leurs achats de GNL, grâce à l’augmentation de leur production d’autres énergies comme le nucléaire, l’éolien et le solaire afin d’atteindre leurs objectifs en matière de sécurité énergétique, de croissance économique et de décarbonation. Tokyo et Séoul prévoient de réduire la part du GNL dans leur mix énergétique à 17% et 9,3% respectivement, d’ici 2030.
La Chine a déjà réduit ses achats de gaz naturel de 20 % en 2022, en raison des prix élevés et du ralentissement de sa croissance économique consécutive à la politique zéro Covid. Les prix élevés de ce combustible ont également encouragé l’empire du Milieu à se rabattre sur les importations russes par gazoduc et à augmenter sa production nationale.
Les pays d’Asie du Sud, notamment l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh, ont aussi réduit leurs achats de GNL de 16 % l’an dernier.
2026, année record en matière de capacités de production
En Europe, où le plan « REPowerEU » vise à accélérer la transition écologique en stimulant les investissements massifs dans les énergies renouvelables, la demande de gaz naturel ne serait que d’environ 150 milliards de m3 en 2030, contre environ 175 milliards de m3 en 2022, ce qui signifie que le taux d’utilisation des terminaux de gaz naturel européens tomberait en dessous de 40 %.
Dans le même temps, un « raz-de-marée » devrait se produire au niveau de l’offre, avec l’entrée en production de nombreux projets d’usines de GNL à partir de la mi-2025.
L’IEEFA prévoit dans ce cadre que des projets d’une capacité cumulée de 17 millions de tonnes par an (mtpa) de GNL entreront en production en 2025, ce qui représente une capacité supérieure à celles des années 2023 et 2024 réunies.
L’année 2026 devrait battre le record de la croissance de l’offre mondiale de GNL avec l’entrée en service de projets ayant une capacité globale de 64 mtpa, soit une croissance des capacités de liquéfaction qui dépassera celles des cinq années précédentes années réunies.
Les capacités additionnelles qui devraient être ajoutées en 2026 augmenteront la capacité de liquéfaction mondiale d’environ 13 % en une seule année !
En 2027, les nouvelles usines de gaz naturel qui entreront en production injecteront 37 mtpa supplémentaires sur le marché.
Les projets dont l’entrée en production est prévue entre 2025 et 2027 couvrent les diverses régions du monde, dont le Golfe du Mexique, le Qatar, l’Australie, le Canada, le Nigeria, le Mexique, le Mozambique et la Russie.
Le rapport souligne par ailleurs que les projets de liquéfaction dont la mise en service est prévue à partir de 2026 devraient aboutir à une offre excédentaire qui coïncidera avec une baisse de la demande mondiale. Cela aboutirait alors à des prix plus bas que prévu, avec des bénéfices plus faibles pour les pays exportateurs et les négociants de GNL.
Agence Ecofin.
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