Un nouveau modèle de financement de l’économie nationale, c’est ce que préconise Abderrahmane Benkhalfa, qui estime qu’il « est hors de question de continuer à fonctionner avec une économie à deux vitesses, c’est à dire formelle et informelle. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas la fiscalité suffisante pour notre modèle de développement.» Fait remarquer ancien ministre des finances et nouvel envoyé spécial de l’Union Africaine, lors de son passage à la chaine 3, à l’évocation de la reprise de l’économie après la pandémie du coronavirus dont il faut évaluer le coût.
Selon Abderrahmane Benkhalfa, qui plaide pour un nouveau modèle de financement de l’économie nationale, le coronavirus à mis à nu les failles et les faiblesses de notre économie.
« Cette pandémie nous a montré les brèches, comme le retard constaté dans la digitalisation de notre économie. Si cette dernière était effective, comme pour certains pays, cela nous aurait permis d’avancer. C’est donc un point sur lequel il faut insister à l’avenir ».
Un point sur lequel il faut sérieusement se pencher si l’on tient à rectifier les erreurs et aller vers un nouveau mode de financement de l’économie.
Pourquoi revoir le mode de financement de notre économie
Après avoir évoqué quelques failles dans le modèle de financement de notre économie, le nouvel envoyé spécial de l’UA revient sur l’importance et la nécessité, en cette conjoncture précise, qui a lourdement impactée l’économie, l’entreprise et l’emploi, d’appartenir à une organisation régionale.
Celui qui estime que le modèle de financement de l’économie doit être revu et corrigé, affirme que « ce sont les alliances régionales qui pourront lutter le plus efficacement contre la pandémie.»
Abderrahmane Benkhalfa cite l’exemple de l’Union Européenne qui a mobilisé des sommes importantes pour les pays adhérents de l’UE afin qu’ils arrivent à faire face aux impacts de la pandémie du COVID-19.
C’est pour cette raison, estime l’ancien ministre des finances, que les alliances régionales vont se structurer davantage à l’avenir. « Il est évident et prouvé que faire partie d’une organisation régionale, est une protection sur le plan économique d’un pays».
Il rappelle à l’occasion que tous les pays du monde touchés par cette pandémie sont impactés à deux niveaux. « D’abord l’effet sanitaire qui engendre des coûts de prise en charge des malades et un effet économique avec des populations confinées, avec une portion de 50 à 60% de travailleurs qui sont à la maison et, plusieurs secteurs d’activités comme ceux des services qui sont totalement à l’arrêt».
Ensuite cette situation a automatiquement engendré une récession économique. « Cette récession sera encore plus importante lors du 2ème semestre où elle est estimée à 5% pour certains pays. Aussi, tout le monde est en train de revoir la façon qui lui permettra de dépasser cette crise conjoncturelle avec le moins de dégâts possibles ».
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« D’autant que pour nous les effets ne se limitent pas au coût sanitaire qui est totalement pris en charge par l’Etat. Il faut aussi compter avec toutes ces entreprises qui sont à l’arrêt et aussi le coût de l’énergie, qui est l’une des conséquences de la décroissance mondiale qui fait que les revenus sont divisés par 2 et même parfois plus ». Fait remarquer Abderrahmane Benkhalfa tout en réitérant son point de vue concernant le recours à un nouveau modèle de financement de l’économie.
La situation est encore plus complexe pour l’Algérie quand on sait que l’année 2019 n’était pas une année de croissance. « Pour dépasser cette situation, il est nécessaire qu’un nouveau modèle de financement de l’économie nationale soit au centre des réflexions.» Préconise Abderrahmane Benkhalfa qui précise également que « c’est notre seule manière de redémarrer sans toucher aux équilibres aussi bien internes qu’externes. Ceci doit s’accompagner d’un vrai changement dans la gouvernance de notre économie », et l’avènement d’un nouveau modèle de financement des entreprises peut y contribuer grandement.
K.M.B
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