A l’occasion du Salon International SIEERA organisé fin mars à Alger, la ministre de l’Environnement et des Energies renouvelables, Fatma Zohra Zerouati, a présenté la stratégie nationale à l’horizon 2030 sur ces deux sujets majeurs. Cette stratégie doit notamment viser au développement des énergies renouvelables sur l’ensemble du territoire, la modernisation de la gestion des déchets via le recyclage et la valorisation énergétique, ainsi que la nécessité d’attirer des investissements pour établir un écosystème compétitif et intégré.
Ce plan est annoncé après la mise en place de plusieurs projets locaux dans ces domaines au cours des dernières semaines. Début février, l’association à but non lucratif algérienne SIDRA a lancé, en collaboration avec le Ministère de l’Environnement et des Énergies Renouvelables (MEER) et l’Agence Belge de Développement, le projet Ecodzair, avec pour objectif d’accroître la coopération entre la wilaya d’Alger et les groupes de la société civile dans le domaine environnemental.
Dans le cadre de cette initiative, dix associations spécialisées dans les questions environnementales proposeront des ateliers afin de renforcer les capacités existantes de la ville et de faire participer la société civile locale à la protection de l’espace public en réduisant les décharges sauvages (ou illégales) et d’autres types de pollution.
En outre, le projet Ecodzair prévoit une campagne dans les médias afin de sensibiliser le public et améliorer la couverture médiatique des questions liées à l’environnement et à la gestion des déchets. SIDRA a ainsi signé un accord de partenariat avec la commune algéroise de Belouizdad, où elle mettra en place sa première campagne de sensibilisation.
L’annonce de l’initiative Ecodzair a été suivie mi-février de la mise sur pied d’un programme pilote de recyclage auquel participent 20 hôtels de la ville d’Oran.
Le programme – issu d’un accord entre les hôtels, le Ministère du Tourisme et de l’Artisanat, et l’Entreprise Publique de Gestion des Centres d’Enfouissement Technique – permettra à ses participants de dégager des revenus supplémentaires grâce au recyclage des déchets. Une fois le programme pilote achevé, tous les hôtels, établissements touristiques et restaurants classés participeront à cette initiative de développement durable.
L’économie verte, une stratégie nationale
Ce projet s’inscrit dans un ensemble plus vaste de politiques qui visent à apporter des solutions aux problèmes environnementaux et à diversifier une économie dépendante des hydrocarbures par le biais du développement de l’économie verte.
Selon le MEER, l’Algérie a investi entre 2001 et 2007 plus de 2 milliards de dollars dans plus de 1200 projets liés à l’environnement, parmi lesquels on peut citer la construction de sites d’enfouissement, de centres de traitement des eaux et de laboratoires de contrôle de la qualité de l’eau, afin de lutter contre la pollution.
En matière de gestion des déchets, la stratégie environnementale mise en place par le gouvernement à l’horizon 2035 comporte deux projets phares destinés à répondre aux préoccupations rencontrées dans les zones urbaines : le Programme National de Gestion des Déchets Solides Municipaux (PROGDEM) et le Plan National de Gestion des Déchets Spéciaux (PNAGDES).
Ces programmes ont permis l’éradication de plus de 2000 dépôts de déchets informels à travers le pays – le plus grand d’entre eux, situé dans la banlieue d’Oued Smar, ayant été depuis transformé en jardin public – ainsi que la réalisation de 177 sites d’enfouissement technique de déchets ménagers et de 38 autres pour les déchets internes.
Ces initiatives ont également permis de créer 47 établissements publics à caractère industriel et commercial, 16 centres de tri des déchets ménagers et cinq déchetteries. Ensemble, le PROGDEM et le PNAGDES procèdent à la gestion d’environ 13 millions de tonnes de déchets ménagers par an, dont plus de 7 millions de tonnes sont récupérables ou recyclables.
Des efforts pour attirer davantage d’investissements de la part du secteur privé
Si les efforts déployés par le secteur public ont su améliorer la gestion des déchets ménagers, la récupération des déchets et le recyclage constituent toujours en grande partie des activités informelles, ouvrant la voie à une participation accrue du secteur privé.
Le marché potentiel du recyclage en Algérie, pays qui produit 16 millions de tonnes de déchets par an, a été estimé à plus de 500 millions de dollars, selon les chiffres du secteur, ce qui montre bien qu’une gestion et une récupération insuffisante des déchets représentent non seulement des risques sanitaires mais également des occasions manquées. L’enlèvement, le transport et le traitement des déchets, tout comme le recyclage, sont considérés comme des secteurs présentant un fort potentiel de création d’emploi et d’investissement.
En outre, les discussions actuellement en cours entre différentes entités gouvernementales pour définir le cadre réglementaire de la Délégation de Service Public (DSP) peuvent contribuer à l’essor du secteur. Les DSP permettraient ainsi aux collectivités locales de confier la gestion de projets complexes ou nécessitant des investissements lourds au secteur privé, dans le but d’accroître l’efficacité et de réduire les coûts. Les DSP constitueraient ainsi une opportunité pour les wilayas et les municipalités de développer des solutions intégrées de gestion des déchets, focalisées sur leurs besoins spécifiques via la rédaction de cahiers des charges adaptés, tandis que les entreprises spécialisées seraient en mesure de leur apporter un haut niveau d’expertise.
L’Agence Nationale des Déchets (AND), chargée d’améliorer la collaboration entre les administrations, les communautés et le secteur privé en matière de recyclage, joue à ce titre un rôle central dans la politique de promotion des investissements, en accompagnant par exemple les collectivités locales dans la rédaction du cahier des charges et l’établissement d’une stratégie de long-terme.
Karim Ouamane, directeur-général de l’AND, a déclaré à OBG que l’agence s’attelait à établir des collaborations avec le secteur informel – par le biais duquel s’effectue 80% de la récupération des déchets selon les estimations – dans l’espoir de créer davantage d’opportunités d’investissement.
« L’adoption prochaine de nouvelles lois qui simplifieront la création d’entreprises – ainsi que la mise en place de mesures fiscales spécifiques – aura pour effet de stimuler le secteur en rendant la formalisation plus attractive pour les entreprises du secteur informel. »
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